Beaucoup de choses s’était passé dans les derniers temps et tu réalisais avoir mis de côté certains choses que tu aurais dû régler avant. Comme cette livraison rapide dans le désert qui s’était déroulée étrangement. Tu étais de retour dans les montagnes de neige, dans ton habit de neige d’un rose pétillant qui dégrade vers un mauve tout aussi vif. Comme si tu avais trouvé cette tenue dans les années 80, comme si tu étais tombé dans une autre époque lors de la chute. Peu importe les couleurs, elle était chaude et c’était tout ce qui t’importait, bien que la couleur donnait vie à ta peau de lait. Tu avais envoyé un message rapide à Pavel, lui proposant de te rejoindre à l’entrée de la forêt de givre pour une petite promenade avec un petit pique-nique improvisé, même si au beau milieu de la neige, c’était plutôt curieux.

Tu espérais pouvoir passer un bon moment au nom de ton anniversaire passé, mais aussi, pour remettre sur la route la façon dont s’était déroulé sa livraison rapido-presto dans le désert. À ton retour, tu n’avais pas eu l’occasion de lui parler, il était en réunion ou quelque chose du genre. Tu avais donc laissé le paquet sur son bureau, laissant un post-it sur le dessus. Poppy t’expliquera en détails un autre jour, mais ce n’était pas le bon destinataire.. ??? Un bonbon dans les poches, un dans la bouche puis tu t’étais enfuis vers d’autres destinations, livrant ici et là pour finir par un détour dans les égouts. Aujourd’hui était jour de repos et tu allais en profiter avec ton ami.  

Tu adorais ce lieu, avec la lumière qui brille dans la glace et les teintes qui en ressortent, pas les bleutés, les violets et le brillant qui s’en dégagent. Tu trouvais une certaine paix à travers les créations de la nature, une paix qui te faisait du bien après la destruction de ce soleil qui te semblait protecteur et non dangereux comme l’avait décrit ce groupe. Une paix qui te rappelait la peur que tu avais ressenti cette nuit passée dans le désert, à craindre les créatures du désert, incluant l’Homme. Tu avais certes eu une bonne compagnie et tes joues rougissaient encore en y pensant. Peut-être était-ce seulement le froid qui les mordait, peut-être que non. Tu repoussas les pensées, considérant seulement qu’il était temps  de te dépêcher pour rejoindre Pavel et lui donner une petite leçon de vérification d’identité des gens.

Pouvais-tu vraiment te plaindre? Tu avais été payé pour un voyage aller-retour dans les sables brûlants, tu avais ajouté une personne dans ton carnet de connaissance, bien que tu te demandais encore ce que cette relation allait t’apporter ou ce qu’elle allait devenir. Ton esprit jonglait encore entre le mensonge qu’il avait ficelé et la protection qu’il avait promis de te donner par la suite. Tu soupiras lentement, prenant plaisir à voir la vapeur s’échapper de ta bouche, comme si tu transformais en petit train. Tu formais de nombreux petits ronds, attendant au lieu de rendez-vous qu’un rouquin vienne te rejoindre. Lorsque la neige commença à craquer non loin de toi, tu te retournas toute souriante, tapant des mains, le bonheur dans le tapis.

▬ Monsieur Pavel! Pour des raisons de sécurité, nous vous demandons de répondre à quelques questions. Tu fis une pause, réfléchissant aux genres de questions que tu pouvais lui poser, plaçant ton index emmitouflé dans tes grosses mitaines de laine grise.Quel était le nom de votre premier animal de compagnie? Dans quelle ville êtes-vous né? Quelle est le nom de jeune fille de votre mère? Tu riais doucement, voulant le laisser dans l’incompréhension de tes questions.

Ton rire était timide au départ, mais voilà qu’il est devenu incontrôlable et dérangeant. De ce son aigu, comme une personne qui s’étouffe, il y a un cillement léger, parce que tu ne t’attendais pas à ce qu’il te réponde et tu vois qu’il ne semble pas comprendre, comme si autre chose l’avait inquiété. Tu réussis à retrouver ton souffle, mais pas ton sérieux.

▬ Poppy voulait vérifié que tu étais bien Pavel avant de partir en exploration.. Ça te rappelle pas quelque chose?

Tu faisais référence à l’histoire du client dans le désert, de ce message que tu avais laissé, mais vous aviez le temps pour parler. L’endroit où tu voulais le mener pour pique-niquer était à plusieurs minutes de marche, une bonne demi-heure au moins, mais tu connaissais le chemin par coeur, ayant traverser ce jardin de givre si souvent, caresser l’écorce glacé des arbres. Ainsi, tes pieds dansent sur le sol, petite Poppy, tu tournes par là et par ici, sautillant sur place comme un petit faon dans la neige, heureuse et satisfaite. Tu souffles devant toi et commences à avancer dans le petit sentir tapé, autrement tu aurais besoin de raquettes et imaginer Pavel avec cet attirail te faisait bien sourire. Pour une autre fois, peut-être. Tu étais déjà étonné qu’il ait accepté ton offre, n’ayant pas une allure très exploratrice de base.

▬ Poppy a du te ramener l’enveloppe. Quand Poppy est arrivé à l’Oasis, il a lui a dit qu’il avait menti, que tu n’avais pas envoyé le message à la bonne personne. Ça ne te ressemble pas de faire une erreur de destinataire.. Est-ce que tout va bien, Pavel?

Ton pas s’arrête brusquement et tu imagines Pavel qui te rentre dedans ou te marche sur les talons tant tu arrêtes sans prévenir. Or, tu te retournes et croises les bras, piochant le sol en lui envoyant une motte de neige sur les pantalons. Le stress, toujours le stress. Cet homme allait clairement mourir d’un infarctus provoqué par une crise de nerf. Tu n’étais pas satisfaite, tu t’attendais à plus de détails, à des informations croustillantes ou seulement une explication plus complète. C’était vague le stress, comme une tentative de fuite, comme pour éviter de parler.

▬ C’est cette histoire de Worldvlog, ce fameux stress? Poppy ne savait pas qu’elle côtoyait une célébrité si souvent.

Tu décroises tes bras et soupires en les levant au ciel, étirant ton dos. Or, il eut un son, un petit craquement et ce n’était pas la faute des tes articulations qui se laissaient aller, mais plutôt ton manteau qui semble être un peu petit pour résister à ce type de tension. Ce n’est pourtant pas la première fois que tu le portes, que tu bouges dedans, mais tu sens une petite fraîcheur dans ton dos et ton esprit ne peut s’empêcher de se demander s’il s’agit d’un hasard ou un coup de malchance provoqué par une certaine personne. Tu te demandes toujours jusqu’à quel point les choses arrivent parce qu’elles doivent arriver ou si un cristal est derrière tout ça lorsque tu te trouves près de lui. Comme cette fois où tu t’es blessé au centre d’achat et comme d’autres petites niaiseries ici et là.

▬ Oh.. Rien de particulier. Poppy travaillait, elle est allée dans le désert, elle est allée dans la Vallée et dans les égouts aussi.

Tu avais dit les derniers mots rapidement, comme s’il allait passer facilement dans la phrase, comme si de rien n’était, mais ça ne te dérangerait pas d’ouvrir sur ce sujet avec Pavel. Tu avais envie de parler de la poussière de soleil, celle que tu gardais dans un pot dans ta chambre. Tu fis un petit sourire espiègle avant de reprendre ta marche comme si de rien n’était, comme si tu n’avais pas un trou dans ton manteau.

Ton départ espiègle fut brimé par deux mains qui s’accrochèrent à tes épaules et ton corps vibra, comme s’il s’attendait à être secoué bien que c’était pas l’action qui suivi. Tu aimais la façon dont le poisson avait mordu à l’hameçon. Bien que tu avais énuméré la liste de choses que tu avais fait comme si tu tentais de le cacher, tu avais envie de tout lui raconter en réalité. Tu te retournas en sautillant sur place, ne faisant aucun commentaire quant à sa comparaison, ignorant complètement à quoi il faisait référence. Or, ton sourire brillait autant qu’une annonce de dentifrice et tu lui attrapas les mains, pour partager ta joie avec lui.

▬ Ô Pavel! C’était super effrayant, mais super à la fois. Tu connais ce sentiment?

Tu lui redonnas sa liberté avant de continuer à marcher, te disant qu’il serait plus agréable d’en parler en étant assis là où tu prévoyais pique-niquer. Tu étais à côté de lui, l’entraînant dans le pas en continuant ton histoire. Il n’en restait plus très long à marcher à travers les arbres qui dévoilaient un spectacle unique, comme mille diamants scintillants autour de vous.

▬ Tu sais, les travaux dans le métro? Hé ben, Poppy est allée explorer avec Abigail et Griffin, tu les connais peut-être? Poppy va garder leur fille de temps en temps, elle est adorable! Oh, mais ça c’est une autre histoire ce brin d’amour! En tout cas! On est rentré dans les conduits et y a des rats qui sont tombés devant nous! Des rats à deux têtes. Tu savais qu’il y avait des animaux comme ça à Polaris? C’était fou, Pavel, Poppy te l’dit! Mais l’odeur.. Pouah!

Tu eus une mimique de dégoût alors que vous arriviez devant la séparation du chemin. Il fallait aller à gauche ou à droite et tu t’arrêtas, analysant. Tu savais où aller pourtant, Poppy. Or, ton arrêt d’agir et ton visage songeur pouvait faire croire à ton acolyte que tu étais perdu, bien que ce n’était pas le cas. Tu analysais les possibilités, tu te demandais quel paysage tu voulais présenter à Pavel, parce que les chemins menaient à des choses différentes. Ton doigt s’agita en l’air et tu fis la petite vache à mal aux pattes dans ta tête pour choisir la route, un acte tout à fait rassurant pour le fonctionnaire, l’inconnu de la forêt.

▬ Poppy parle et parle, mais toi aussi, tu as des explications à lui donner.

Ton index s’immobilise sur le chemin de droite et tu prends alors la voie de gauche, parce que tu es une personne si logique, petite Poppy. Tu avances dans la neige, de celle qui craque doucement, de celle qui te fait plaisir. Tu tends la main pour tendre ta moufle vers l’écorce des arbres, caressant la glace qui les recouvre, comme s’il allait les figer dans le temps, les immortaliser pour toujours. La forêt en entier était ainsi et ça rendait le tout féerique, parfaite pour toi, pour ton esprit d’imagination enfantine, pour ton bonheur.

Tu lèves la tête pendant que des éclats de glace tombent non loin de vous. Une nuée d’oiseau a pris son envol en vous entendant arriver et cette petite pluie improvisée ressemble à des diamants tombant du ciel, bien qu’ils n’ont aucune valeur. Tu avances à petits pas et te retournes vers Pavel pour poursuivre votre discussion.

▬ Un mot : Worldvlog. Tu expliques à Poppy depuis quand tu es une popularité des réseaux sociaux? Poppy en connaît un et tu ne colles pas au profil. Tu mènes une double vie?

Tu prononce les derniers mots en te penchant vers lui, perforant sa bulle intime, le visage soufflant près du sien. Ton sourcil droit est soulevé et tu le fixes d’un œil curieux, examinateur, mais tu ne sais pas comment analyser ses réactions. Tu veux seulement être intimidante comme une enquêteur, pour lui sortir les vers du nez. Or, tu n’es pas comme ça, toi, Poppy. Tu n’es pas capable d’être sérieuse si longtemps, surtout devant cette tête confus. Tu te recules alors, lui permettant de reprendre son intimité, avant d’éclater de rire. Tes pommettes sont rouges, tu souris, le bonheur illuminant.

▬ Allez! Poppy est toute ouïe!