Doucement, tu te laisses prendre au jeu. Tu te présentes, lui donnes ton numéro sans toutefois pouvoir lui donner d’adresse. Tu n’es pas certaine de comprendre pour le reste, les jours de présence par exemple, mais ça te semble pas nécessaire. Alors tu te contentes de lui demander s’il veut savoir autre chose, te concernant, te laissant tomber sur le sol pour t’y asseoir, ton regard levé vers lui. Levé aussi vers le ciel sombre, vers cette nuit permanente qui en est presque oppressante. Non, tu ne pourrais définitivement pas vivre ici. Après toutes les horreurs dont tu as été témoin à la surface, tu as besoin de soleil. Tu as besoin de lumière.
Il ne sait pas quoi te demander mais te propose de partager ce que tu veux. Alors tu hoches la tête, fait mine de réfléchir. Que peux-tu bien lui dire ? As-tu quelque chose d’important ou d’intéressant à lui dire ? Oui, sans doute. Ta vie n’est pas si fade que ça, tes intérêts non plus. Mais avant, il revient vers Nyx, cette déesse que tu as prétendu être quelques instants. Ça te fait sourire. - Oui, c’est un très beau royaume. Un très beau royaume, juste pas pour toi. Toi, tu es une fleur. Tu as besoin de lumière pour grandir. Pour t’épanouir.
- Bon, alors... Je suis tombée ici il y a deux ou trois semaines. J’ai été recrutée à Celestia il y a quelques jours. J’ai vu ce qu’il y avait à la surface. Tu as vu les monstres. Tu as vu l’homme que tu aimais en devenir un, lentement mais sûrement. - J’étais fiancée. Il est mort, comme bien d’autre. - J’ai perdu mon père dans la chute. C’est parce que je voulais lui parler que je suis tombée. Que j’ai trébuché. C’est un accident qui t’a amené jusqu’ici. Un bel accident. - Je suis une artiste, comme mon père, j’aime la peinture. Les beaux tableaux, exprimer ta vie au travers ton art. - Je vais peut-être faire une peinture d’ici. Bon, la place est un peu sombre pour tes goûts à toi, mais rien ne t’empêchait que d’y ajouter ta petite touche personnelle et des éclats lumineux dans cette nuit noire.
Il l'écoute, Hector, les oreilles grandes ouvertes, pendant qu'il est encore concentré. Il écrit ce qu'elle lui dit, ne l'écoute pas vraiment en fait. Il entend, oui, c'est plutôt cela. Il note et comprendra plus tard, quand elle aura fini de lui dire quoi encrer sur ses pages. Hoche la tête en faisant cela. Et s'arrête en même temps que les paroles. Il ne relève pas les yeux. Il prend la peine de tout lire, de tout comprendre. Cela le frappe. Elle est comme lui. Nouvelle ici. Pas pour les mêmes raisons, mais les choses sont ainsi. Et la phrase s'échappe.
Je voulais voir les enfers.
Découvrir les Champs Elysées, sans prendre en compte le danger. Les monstres ne l'ont pas surpris, mais ses parents oui. Lui, n'avait fait que suivre, n'avait fait qu'entendre les paroles et écouter les autres. Et finalement, il était parti. Il en avait eu assez, avait voulu voir ailleurs. C'était beaucoup plus intéressant, plus passionnant. Il relève les visage, plante ses yeux dans ceux de Jade pendant quelques instants à peine, pour détourner le regard vers le lac.
J'ai juste marché. Je pensais qu'il y aurait des marches. Non.
Il n'y avait pas non plus eu de taxe à payer pour arriver ici. Il était juste tombé, avait sombré dans ce monde qu'il découvrait avec cette sensation qui lui rappelait ce qu'il avait ressenti avec sa mythologie. Il imite des marches avec ses pieds, mais sur place, comme pour montrer ce qu'il veut dire par là.
Et ton père ? Moi, il est en haut. Je suis venu sans.
Il pointe du doigt le ciel nocturne. Sa mère aussi est en haut. Cela ne le touche pas plus que cela.
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