C'est qu'il a rarement le cœur en débordement, Acace. Il a le cœur meurtri par les mains adultes, par les photographies, par les rires gras, les paroles lourdes. Il se refuse Cosmos mais aime les mains douces, celles frivoles des quelques bonheurs placés au creux des lèvres. Il est tendre, là, sous ce cœur tout carré, tout cassé, tout de pierre. Car il a le palpitant qui s'emballe, quand Narcisse vient se blottir contre le corps fuyant. C'est que donner n'est pas un souci, non, recevoir, en revanche, ne devrait faire ainsi battre son cœur comme petit oiseau surexcité.
Mais il y a les murmures en cascade contre sa peau, contre son cou les lèvres qui glissent, et le frisson qui s'en suit est celui des amants qui cherchent réconfort dans les bras forts des amours chapardés. Oh, Acace se refuse amoureux, ne prend que liberté, mais peut-être refuse-t-il simplement le bonheur sur son plateau d'argent. Peut-être n'aime-t-il cette folle idée que l'on puisse aimer Acace, quand il n'est Cosmos. Et il se perd dans les amours, pourtant. Il a un instant d'absence, ne répond tout de suite à l'étreinte, mais se glisse finalement contre cette poitrine là, enroule les bras autour de ceux qui enlacent et surplombent le petit corps oublié et lève le menton pour croiser le regard de la fleur qui l'héberge.
« Mais je n'ai encore le souffle coupé, peut-être devrais-tu me le voler. »
Entre deux baisers, entre deux oreilles, sur les draps de satins, entre les plantes réveillées. Il s'en fichait bien, il ne réclamait que Narcisse en cette folle soirée (car le cœur est épris quand l'âme se méprend; il s'oublie malheureux pour goûter à des plaisirs qu'il aimerait taire avec ardeur).