Le feu danse et se gonfle de fierté.
Il hypnotise les plus jeunes, les séduit tout en les effrayant.
Et pourtant la femme, flamme n'est que douleur, elle lèche la peau de sa langue brûlante et laisse une traînée sur le derme. Des traces et cicatrices qui jamais ne disparaissent de la surface.
Et ses yeux d'enfants, jamais ne se sont détournés de cette danse meurtrière et destructrice.

Nina s'est brûlée la paume à l'âge de trois ans en voulant attraper le feu dans la cheminée familiale. La nounou s'est détournée une seconde, une seule petite erreur et ce fut la catastrophe. Elle venait d'arriver, jeune et volontaire. Elle fut congédiée l'heure suivante.
Elle en a gardé une trace la pauvre petite. Son erreur fut d'être en pleine croissance. Les brûlures sont mauvaises et sournoises. La peau qui s'étend et qui se régénère très vite n'a pas le temps de réparer les dégâts. Elle se contente de l'étendre mais n'en a pas conscience.

Le feu a détruit une partie de l'école de Nina alors qu'elle était à l'institution secondaire. Les flammes ne l'ont pas touchée, mais sa fumée a bien imprimé sa marque dans les poumons de la jeune fille.
C'était le même jour que l'effondrement des capitales.

Nina ne s'est plus jamais brûlée. Mais sa vie, elle, est partie en fumée. Jour après jour, l'enfer s'est abattu sur Terre. Et il a prit possession de son cœur.
Les transcendés, la famine, le cauchemar.
Sa famille n'était pas si mal au cœur de leur grande maison barricadée. Mais même les plus riches viennent à manquer de nourriture et de produits de première nécessité. Et l'argent n'ayant plus aucune valeur, ils étaient réduits au même niveau que les autres.

Le feu à brûlé leur maison, plusieurs de ses frères à l'intérieur. On pouvait voir l'incendie de très loin dans la nuit et même les larmes de Nina n'ont pas pu éteindre les hautes flammes. On pouvait les voir danser dans ses yeux larmoyant, s'élancer vers le ciel qui aurait dû être étoilé.
Leur survie aura durée cinq ans.

Le malheur des transcendés était un fléau.
Mais pas autant que la malédiction des Hommes.
Le diable avait tenté certains et le feu avait été leur arme. Criant vengeance contre ces gens qui avaient tout eu, on les mena à l'abattoir. Ligotés et affamés on les fit marcher pendant plusieurs jours. Nina ne comprenait pas ce qu'on leur voulait. Elle a crié et insulté jusqu'à ce que sa voix se coupe.
Silencieuse, ce fut la dernière à être jetée au fond du gouffre.

Trois cadavres ligotés retrouvés dans les souterrains. Trois cadavres et une jeune fille tremblante de colère. En tombant, c'est un brasier qui s'est allumé en son cœur.
Et sur sa peau des langues de feu.
Passion morbide, elle ne cesse d'observer ces petits foyers parcourir ses bras, ses jambes, son ventre. Elle qui n'avait jamais eu de vrai intérêt, la voilà qui cogite et tente de trouver un sens aux enfers qui se trouvent dans le creux de son ventre.