C'est le couché du soleil, au loin. Les ombres tanguent, la pyramide dans le lointain (ce qu'il en est pour l'instant) a cet air massif, un peu inconnu finalement. Et ça fait un peu peur, ça fascine. Et puis plus loin, là, assit sur le bord des eaux. Il y a Nemesis. Il ne sait exactement combien de temps cela fait depuis leur dernière véritable rencontre, celle où ils se sont parlés, où ils ont communiqué directement. Il est pourtant certain que, pour une fois, c'est lui, qui a proposé ce rendez-vous. Peut-être entre vieilles connaissances, simplement, peut-être car un détail lui était revenu en mémoire. Ce genre de détail qui froisse, qui retourne un peu le cerveau et puis, le visage de Lucius qui tourne, tourne en boucle. Il ne devrait pas s'immiscer dans les affaires des autres, c'est vrai, mais est déjà impliqué, depuis le temps. C'était lui, qui lui avait permit de fuir le Désert quelques temps. Il ne le referait pas deux fois, si ses doutes étaient avérés, si les réponses attendues n'étaient pas celles prononcées par Nemesis.

Mais pour l'heure, le voilà qui s'approche, qui presse une bouteille, plus fraîche que la température de chaude après-midi avait laissé derrière, contre le front de son compagnon. Il s'installe aussi à ses côtés, engloutit presque la moitié de l'eau du récipient et puis, un bref regard en coin.

« Ça fait longtemps que tu m'attends? J'ai eu un léger contre-temps. »

C'était un peu involontaire, vraiment. On ne voit pas les heures défiler, quand on est occupé. Il laisse ses doigts se tremper dans l'eau à leurs pieds et puis se rince le visage, souffle un peu. Et cela fait du bien, cela rafraîchit, aère ses pensées. Il faut qu'il cesse ses réflexions, il faut qu'il reste cet ami pour le jeune garçon. Un soutien, en quelque sorte. Il ne voulait le brusquer.

« Alors, qu'est-ce que tu deviens? J'ai l'impression que cela fait si longtemps qu'on ne s'est pas croisés. »

Il marque une pause, et rit un peu. Il peut bien lui dire ses propres mésaventures, après tout.

« Si tu veux savoir, je suis encore plus interdit de séjour à Caer. Adieu les plages et les filles en bikini. » Comme s'il y était jamais allé pour ça. « Plus sérieusement, à part ça eh bien... Je crois que je n'ai pas de nouvelle incroyable à t'annoncer. Ah, si, j'ai goûté à des croissants affreux dans une boulangerie l'autre fois. Je ne te la conseille pas. A Caer, justement. A croire qu'ils font tout pour que ce pays me dégoûte. »

Hausse les épaules, boit de nouveau.

L’aventure qui s’est enfin achevé, tu as réussi à escorter le convoi en y laissant au passage pleins d’égratignures, de morsures et tout autres trucs moins grave que ta cuisses qui s’est retrouvé dans un sale état.
Un bien mauvais souvenir finalement tu en ressort gagnant mais pas satisfait pleinement, pas parce que depuis vous possédiez des pyramides en construction loin de là mais disons que tu te serais passé de la présence d’une personne.

Tu as encore en travers de la gorge cette scène qui s’est déroulé sous tes yeux, tu tes sentis totalement trahis et tu as l’impression que ce serpent possède aussi le contrôle sur ton entourage -c’était de la paranoïa complètement-.

Mais maintenant tu es de « retour » dans le désert après avoir fui pendant une décennie, ce cristal te permettait de te camoufler en tant que vraie panthère et puis de toute manière une fois transformé tu as du mal à gérer tes pulsions, tu te nourris de viande bien saignante d’une pauvre bête qui est passer à travers ton chemin.
Car tu n’as pas spécialement envie de dire à toutes les personnes que tu croises sur ta route que tu es un Oublié qui fugue son pays pour une raison obscur, ou sinon c’est toi qui vas t’attirer tous les problèmes et la curiosité du monde.

Des souvenirs lointains remontent dans ta mémoire immergée par des images, ces moments passés seul à l’Oasis en train d’essayer de faire grandir ton eau, l’impression d’avoir déserté ton pays pendant un an comme si tu n’avais plus jamais connu de canicule depuis des lustres, et pourtant il est vrai que tu viens simplement le soir sans t’enfoncer plus loin dans les dunes.

Et puis un geste sauvage, une bouteille d’eau froide sur ton front qui te faisait sursauter, tu étais tellement absorbé par tes pensées que tu as oublié le fameux rendez-vous avec Mars, cela date depuis l’arrivé des transcendés que vous ne vous êtes pas vus tous les deux, alors effectivement ça commence à faire un petit bout de temps.

─ J’ai pas vu le temps passer pour être honnête, j’ai failli t’oublier. » C’est toujours comme ça de toute manière, Mars s’asperge le visage d’eau et par précaution tu ne va pas l’arroser sans son consentement puisque c’est comme ça que tu perds des potes. « Je m’éloigne du désert depuis quelques temps et j’oublie qu’ici c’est ma maison. »

Mars banni de Caer ? Qu’est-ce que cela pouvait dire ? Tu ne t’es pas renseigné des nouvelles choses qui se sont déroulé à travers les autres pays, tu es resté confiné dans le tiens depuis le convoi et honnêtement ce qui se passe ailleurs ne t’intéresse pas, du moins pas pour le moment.

─ J’ai aidé des Polariens à traverser le désert pour un envoi qui nous était destiné, j’imagine que ce sont les pyramides qui sont en train d’être construite ? Sinon voilà.

Un tout nouveau Nemesis peut-être ? Le jeune homme ne retrouvera pas celui qu’il a connu il y a de cela six mois maintenant.

Le regard qui se perds sur l’horizon qui se dessine sous tes yeux, étrangement la vue de celui-ci ne te laisse pas indifférent tout reviendra comme neuf, c’est un nouveau avenir qui se bâti.

La franchise de Nemesis le fait bien rire. Il s'en fiche un peu, qu'il ait failli l'oublier. Tant qu'il était tout de même là, ça lui allait. Il se repose à ses côtés, il se laisse s'affaisser sur ses poignets. C'est plutôt reposant de s'installer ici, quand le soleil sombre, emportant les vies avec lui. Il est plus serein ici qu'en pleines dunes, autrefois le contraire, entouré de quelques personnes. Il sait que la terreur de chacun est de voir débarquer le premier Transcendé entre ces quelques tentes, mais l'union fait la force, paraît-il. Alors il serait plus logique d'affirmer qu'il est plus sûr de rester entre ces communautés de gens, par les temps qui courent, plutôt que de se laisser aller à s'enfuir seul entre quelques grains de sable.

« Vraiment? Ca doit être dur, de rester indéfiniment dans un autre pays que le Désert... Après tout, nous ne sommes jamais les bienvenus. Nulle part, éternellement, en tout cas. »

Lui-même faisait des allers-retours entre la Vallée et le Désert, pour pouvoir voir Orion. Il ne se le cachait plus trop, qu'il n'y allait que pour lui. Il faut dire que la réalisation de ses sentiments jouait beaucoup de son envie à passer les frontières plus fréquemment. Mais il se doutait que les raisons de Nemesis étaient toutes autres. Alors il décida de poser la question, espérant recevoir une réponse honnête, après la prise de nouvelles. Savoir que Nemesis a su participer à la construction de cette pyramide, en quelque sorte, lui rappelle son propre échec en territoire inconnu. Quelle farce, vraiment.

« Si tu fuis là-bas, est-ce à cause d'une personne en particulier? »

Sous-entendu fort, il est très probable qu'il ait raison, qu'il cherche à fuir cet homme qu'il a pu apercevoir quelques fois chez les Révolutionnaires. Mais il aimerait en être sûr, pour... Il ne savait trop pourquoi. Peut-être mieux haïr cet être, qui avait laissé son compagnon dans un état lamentable, la dernière fois.

Le bleu azur change de couleur au fur et à mesure que l’astre solaire descend du ciel rejoindre la pénombre,  honnêtement si ces retrouvailles se déroule à merveille ce serait splendide car récemment les gens ont tendance à ne pas prendre de tes nouvelles de plus moment tout est devenu compliqué.

Tu penses avoir perdu deux « amis » pour des raisons futiles et que tu ne peux plus compter sur quiconque t’épauler, Mars a prit de tes nouvelles il t’a donné rendez-vous ici mais ce dont tu ignores c’est qu’il possède maintenant des infos sur la personne qui s’est servi de toi il y a de cela quelques mois.

Il connaît son prénom mais il a vu son visage et tu ne savais même pas qu’il est chez les révolutionnaires car tu es en plein break, coupé du reste du monde, coupé du désert et peut-être même que c’était mieux ainsi.
Aimerais-tu l’apprendre ? Honnêtement tu es désespéré que tu ne chercherais même pas à le balancer.

─ Certes je ne suis pas la bienvenue quelque part mais avec un cristal je peux me faire passer pour un animal sauvage alors ça m’aide un petit peu. J’épuise toute mon énergie mais peu importe, je fais un peu de la "survie" si je peux dire. »

De la survie, c’est exactement ce que tu faisais, tu chasses des animaux qu’ils soient plus faibles ou plus imposants que ton gabarit, ton estomac se résume à de la viande et de l’eau, ton lit n’était plus une tente mais de l’herbe, du Man versus Wild mais en moins hardcore et avec plus de facilité.

La question de ton collègue fut brutale et ça te rappelle des souvenirs pas joyeux ou tu l’avais supplié pour chercher un lieu où pouvoir être en sécurité, « est-ce à cause d'une personne en particulier ? » non ce n’était pas spécialement à cause de lui malgré lorsque tu utilises tes attribué tu arrives à le repérer de loin et à esquiver son chemin.

Les raisons sont ne sont pas les mêmes, elles sont différentes et peut-être pas compréhensible pour Mars.

─ Non, je ne me sens plus comme chez moi, ici, je veux voir de nouveaux horizons je suis lassé de ces étendues de sable et puisque qu’il y a personne avec moi alors je le fait tout seul. ».

Puisque tu es réellement seul.

La solitude est ce qui détruit le plus. Peut-être que Mars l'a appris avec le temps passé à errer dans le désert, à fuir chaque être vivant possiblement sur ces terres. Il n'en sait trop rien. Mais cela fait du mal, cela tire le cœur. Et peut-être que de voir les autres s'éloigner, oublier, ou pire... Peut-être que c'est ce qui donne envie de ne plus rester seul. Car Mars se souvient du gouffre dans sa poitrine quand il a cru Orion mort, en plus de sa mère. Car il sait que cela fait si mal, de ne plus avoir de nouvelles de Will au fil du temps. Et il aimerait des réponses. Il aimerait savoir ce qu'il fait actuellement, s'il a encore de quoi s'inquiéter, ou s'il est trop tard. C'est la pensée de trop, avant de se reconcentrer sur Nemesis. Il n'est plus temps de se lamenter sur ceux qui ne prennent plus de nouvelles, ni de devenir martyr de sa propre vie.

« Et ça t'apporte quelque chose? »

Il marque une pause pour observer le soleil en déclin à l'horizon.

« Devenir cet animal, est-ce que ça te rend plus serein? Est-ce que tu te sens mieux, quand tu n'as plus à rester avec des humains? Tu n'es pas obligé de vivre comme ça, tu sais. »

Peut-être était-ce un choix réfléchi, mais Mars avait cette sensation étrange que ce n'était finalement pas ce dont Nemesis rêvait. Meis il se trompait peut-être, aussi.

« Tu as des motivations particulières, pour choisir ce mode de vie? »

Oh, il aimerait comprendre. Et il lui donne plus ou moins une réponse à cette interrogation. Mais est-il nécessaire de devenir animal pour voguer de pays en pays? Il n'en sait rien. Cette idée lui paraît presque absurde. Mais peut-être songe-t-il ainsi, simplement car il a toujours eu l'occasion de se promener dans Althea sans prendre la peine de se demander s'il avait véritablement le droit d'être là. Les souvenirs des mers de Caer, des neiges de Celestia, des lacs étoilés de la Vallée. Oh, il n'a jamais demandé à personne pour voyager. Et il finissait toujours pas revenir au Désert. C'était le seul passage obligatoire dans l'épopée. Car aucun pays ne laisserait un Oublié séjourner trop longtemps chez eux. Il y avait forcément une limite de temps, et peut-être que les gouvernements risquaient de mettre Nemesis en prison, un de ces jours, simplement pour s'être aventuré là où il n'aurait le droit de se trouver.

« Je vois. Tu joues avec le feu, finalement. »

Joue un peu avec sa bouteille, sans vraiment regarder son compagnon du jour.

« Tu sais que tu risques gros, si tu ne reviens presque pas? »

Peut-être passait-il pour une mère poule, mais que pouvait-il y faire, exactement? C'était devenu plus naturel, de se préoccuper de son prochain.

Mars est probablement l’un de tes seul proches de ton âge sur qui tu devrais prendre exemple, peut-être a-t-il ce courage et cette détermination de ne pas se laisser marcher sur les pieds et de voir de l’avant, peut-être était-il cette personne idéale sur qui tu pouvais t’identifier, te comparer, peut-être pouvait-il devenir cette épaule sur qui se reposer.

Agir comme un animal, ça te plaisait ? Vivre comme un animal sauvage cela te rend-t-il plus heureux ? Est-ce que tu te sens en sécurité, bien dans ta peau ? Il y a plein de questions sans réponse et pourtant tu restes de marbre face aux questionnements de ton ami, mais cela te rapporte quelque chose ? Loin des humains es-tu plus serein ? Est-ce qu’au fond depuis ce traumatisme cela n’a pas causé quelque chose au plus profond de ton être pour ne plus te sentir comme chez toi ?

Quelles sont tes motivations ? Te laisses-tu engouffrer par tes pulsions sanguinaires parce que tu n’oses pas lever la main sur un humain, de te battre pour ta propre vie ? Dans ce désert il n’y a pas de loi, pas de limite simplement se battre pour survivre ou ne rien faire pour se laisse mourir, toi-même tu le sais, il n’est question de vie ou de mort dans ce pays...

Longuement tu réfléchi sur ces décisions que tu as prises afin de répondre à ton camarade sur ce choix de vie que tu as décidé d’emprunter depuis quelques temps, mais au fond tu ne sais même pas quoi répondre, tu voudrais être honnête mais il est compliqué de t’exprimer correctement.

Tu risques de te faire taper sur les doigts par les autres royaumes si tu restes trop longtemps sur leurs territoires, ils sont beau vous laisser passer pour autant tu n’as pas le droit d’y résider, n’oublie pas ton statut Nemesis, tu n’es qu’un grain de sable parmi tant d’autres et ils ne feront pas exception pour ta gueule.

Tu dérives tes prunelles vers le sol qui se trouve sous tes pieds, toujours recroqueviller tu perds l’intérêt du ciel azuréen pour répondre à Mars, mais en réalité tu es totalement chamboulé et perdu avec toi-même, tu ne sais plus quoi faire de ta propre vie, tu ne sais pas ce que tu souhaites réellement.

Dans ton cœur il y avait ce trou noir qui n’arrive pas à disparaître et tu n’as aucune discussion avec ton alter ego.

─ Je me sens peut-être mieux ainsi, loin de tout le monde et de ce désert, je ne me plait plus ici, je ne considère plus le désert comme ma maison. Je sais que je prends des risques à me promener sur les territoires des royaumes mais honnêtement, je ne sais pas ? » Tu serres un peu plus tes jambes contre ta poitrine et tu y déposes ton menton au-dessus de tes genoux. « C’est peut-être le mode de vie qui me plait le plus finalement, être un animal sans qu’on me regarde bizarrement. » Inspirant un bon coup, ce soupir franchi la barrière de tes lèvres. « Peut-être que je ne veux plus vivre ici, mais que je n’es pas le choix alors je m’en vais ailleurs, je ne sais vraiment pas quoi te répondre Mars.. Je ne sais pas, vraiment. »

Oh, c'est que le risque devient de plus en plus fort, quand l'Oublié quitte le pays. Et vers où va-t-il? Il est interdit ne serait-ce que de passage sur le territoire caerien, c'est vrai, mais, même avant ça, Mars n'était nullement le bienvenu sur ces terres. Traqués, combien d'Oubliés finissent par croupir quelques temps dans les geôles du pays? Il souffle du nez, joue avec sa bouteille, observe l'eau créer quelques clapotis. C'est qu'il est difficile de vouloir raisonner Nemesis. Lui-même rêve d'ailleurs, de nouveaux horizons, de tout découvrir de ces terres inconnues, alors comment pourrait-il dissuader quelqu'un de fuir les grains de sable du désert, quand lui-même refusait de les garder sous le nez trop longtemps. Nemesis a peut-être découvert, lui aussi, cette délectation de sans cesse changer d'environnement.

« Tu sais, je crois que l'on peut voyager dans Althea sans risquer sa vie inutilement. Et je ne dis pas ça pour te brimer, parce que je sais ce que c'est, de vouloir traverser tout le pays. Je n'ai qu'une envie, c'est bien de faire ça. Mais tu n'es pas obligé de passer tout ton temps en dehors du Désert. Je doute que tu puisses rester sous forme animale trop longtemps non plus. »

Il en savait quelque chose. Ses ailes ne pouvaient rester une journée entière, et, bien que Nemesis pouvait très bien maîtriser son don mieux que lui, il n'en restait pas moins qu'il doutait fortement qu'il ait la capacité de rester vingt-quatre heures sous forme de bête. Il lui envoya un léger sourire pour appuyer son propos. Il ne souhaitait que son ben-être, et Nemesis n'allait pas bien. Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Peut-être qu'il se sentait un peu trop investi dans cette histoire qui ne le regardait pas, mais il faudrait qu'il en sache plus sur ce Lucius après cette conversation, d'une façon ou d'une autre.

« Je comprends ce que tu veux dire. Parfois, j'ai l'impression d'avoir une étiquette qui indique que je vis au Désert collée sur le front. »

Ça le fait rire. Ça lui rappelle l'adolescent trop curieux qui l'avait suivi dans les rues, qu'il a perdu de vue. Il souffle, hausse les épaules et puis se redresse un peu, toujours en position assise, mais le dos plus droit, le regard dirigé sur la silhouette de son ami. Il n'est plus temps de tourner autour du pot. Il fallait bien avancer les choses, après avoir donné quelques conseils (que, il l'espérait, Nemesis suivrait).

« La dernière fois que j'ai vu les autres Révolutionnaires, j'ai vu un gars que je ne connaissais pas. »

Marque une pause, cherche à voir s'il avait bien capté l'attention de Nemesis. Et quand il croisa finalement le regard curieux de celui-ci, il essaya de le rassurer en gardant une voix neutre, malgré tout.

« Il avait un prénom que je connaissais, pour une raison inconnue. Et j'ai cherché longtemps avant de me souvenir : c'était le même prénom que j'avais pu lire sur ton téléphone, quand je suis allé le récupérer dans le sable, la dernière fois. Quand je t'ai proposé de l'aide d'Orion. » Marque une pause, serrant les genoux contre le torse. « Tu connais beaucoup de Lucius, à part lui, au désert? »

Ce trou noir perdure dans ton cœur et tu es complètement perdu dans ton propre chemin, ta propre identité, tu n’es pas un animal tu es un humain, un homme autant fragile de l’intérieur que de l’extérieur, un homme qui ne demande qu’à réclamer l’affection d’autrui.
Tu cours vers les gens et tu essayes d’attraper n’importe qui pour espérer avoir ce dont tu as besoin, de cette amour que personne n’arrive à te transmettre. Quand arrivera-tu à te contrôler ? Quand parviendra-tu à te comprendre ? A être en accord avec toi-même ?

Si tu continues sur cette voie tu ne pourras plus jamais faire marche arrière, et de te laisser guider lentement sur ce chemin parsemé d’obstacles.

─ Je suis bien quand je ne suis pas ici, vraiment, je ne sais pas pourquoi en plus, et je le sais très bien mais j’ai que quelques heures qui me sont accordés. Je suis tellement fatigué mais, je m’efforce à utiliser mon cristal, j’ai déjà dormi sur le sol en étant pas en panthère. Je suis complètement fatigué Mars..

Tu lui partage tes souffrances d’utiliser tout le stock de ton cristal, tu te forces à rester ainsi, à te cacher dans la nature à confronter plusieurs animaux qui veulent ta peau mais parfois il vaut mieux fuir que d’essayer de te blesser volontairement.
Et visiblement vous semblait tous les deux vous comprendre, lui aussi possède le cristal de transformation animale, lui aussi a cette impression d’avoir une étiquette sur le front qui vous désigne en tant qu’Oublié, tu ne montre pas tes papiers à tout le monde et pourtant c’est comme si on vous repère à des kilomètres.

Tout part de préjugés certainement, ceux qui font trop de bêtises, ceux qui sont des criminels finissent forcément dans le désert, vous n’êtes pas la bienvenue pour ça, pourtant tu n’as jamais semé la pagaille, jamais tué qui que ce soit dans ta vie.

Il se redresse en laissant un petit rire lui échappé avant de poser ses prunelles dans les tiennes et lorsqu’il commence à parler tu as l’impression qu’il va dériver sur un sujet qui te concerne, et au fur et à mesure qu’il complète ses mots tu saisis tout de suite et il a réussi à captiver ton attention… Et puis viens le mot qui te rappel ce que tu as vécu des mois avant, de cette soirée qui ta marqué l’esprit à jamais, de ces retrouvailles ou tu as fini dans ses bras.

Lucius ? Chez les révolutionnaires ? Tu n’étais plus présent depuis des semaines et tu aurais aimé ne jamais savoir qu’il se trouve aussi dans ta « deuxième maison », les pupilles qui s’agrandissent, le doute, l’hésitation, la panique tu commences à murmurer ces quelques mots.
 
─ Il… est chez les révolutionnaires ? Vraiment ?

Tu marques une pause, peu importe où tu es, peu importe ce que tu faisais il sera toujours dans ton ombre, l’envie de vouloir revenir a soudainement disparus, t’as pas envie de te le côtoyer une fois de plus, et durant le convoi tu as pus esquiver de former une équipe avec lui et pourtant les si peu de secondes passés avec ont été insupportable.

Que pouvais-tu faire ou dire par rapport à ça ? Rien, le laisser ici et faire comme si vous vous connaissait pas et pour cela tu dérives ton attention ailleurs afin de répondre.

Un soupire de plus ou de moins, un soupire pour évacuer le mouvement de couteau dans la plaie que Mars vient de créer.

─ Je ne connais rien de lui, et dans le désert je n’es pas beaucoup de personnes proches.

C'est que la douleur de Nemesis se répercute étrangement en lui. Peut-être est-il trop sensible, peut-être aussi qu'il se demande comment il est possible de réellement vivre ainsi. Le désert n'était pas une part de gâteau, c'était vrai. Mais ce que son ami s'infligeait? Il ne comprenait pas. Et c'était peut-être simplement car, lui, avait passé cette phase de "je ne me sens bien nulle part". Peut-être qu'il s'était habitué, qu'il avait fini par accepter tout ce qui l'entourait sans rechigner. Mais peut-être aussi qu'il s'est senti accepté par d'autres personnes, et pas seulement comme le gamin qui ne faisait que fuir la réalité. Il souffle par le nez, aimerait bien que Nemesis se rende compte qu'il se faisait souffrir bien seul, à ainsi s'exiler. Mais l'écouterait-il seulement? Il avait l'air bien parti pour simplement ressasser plein de mauvais souvenirs.

« Si tu es fatigué, tu peux toujours revenir à la maison, tu sais. Je peux comprendre qu'il te soit difficile de revenir, mais... C'est peut-être ce qui te ferait du bien. »

Il marque une pause et puis soupire. Il sait que Nemesis est bien borné sur son idée (ou juste déprimé), mais cela ne l'empêche pas de trouver cette situation un peu absurde, dans toute cette peine.

« L'inconfort de cette vie-là ne devrait pas te satisfaire, tu sais. Même si tu veux voyager, il y a des moyens plus sûrs de s'y prendre. »

Mais il regrette ses prochaines paroles. C'est que Nemesis ne fait pas réellement part de ses sentiments, quand il lui parle de Lucius, mais il essaye de le comprendre au travers de ses regards, de ses réactions. Et il ne semble pas véritablement apprécier la nouvelle qu'il lui apporte. Avait-il donc vu juste? C'était bien ce connard qui avait mis le garçon dans tous ses états, qui les avait rejoints? A croire qu'il était le démon des rêves de Nemesis, qu'il ne pouvait s'empêcher de le poursuivre à chaque endroit où il se déplaçait, où il pourrait se sentir "chez lui". Mais il décide de mentir. De nier le connaître. Et pourquoi? A quoi bon? Mars ne saisit pas bien, il a envie de lui dire que toute cette situation est ridicule, qu'il n'a pas de pitié à avoir envers cet homme, qu'il voulait juste s'assurer qu'il s'agissait bien d'un pourri. Mais il ne peut décemment pas faire ça. Il n'est personne pour engueuler Nemesis ainsi.

« Tu sais, je peux comprendre que tu refuses de voir la réalité. Je ne t'en voudrai pas pour ça. Mais je te demande car... Je n'aimerais pas qu'il fasse plus de mal à d'autres. Si ce n'était réellement pas lui, tu n'aurais pas fait cette tête. Je n'ai pas véritablement besoin de ton approbation, j'ai bien compris. »

Et il serait capable de se débarrasser de lui si besoin était. Peut-être qu'une discussion avec Andy suffirait, mais il n'utiliserait pas Nemesis comme excuse, n'était pas assez impliqué dans cette affaire pour se le permettre. Et surtout, il ne le ferait sans l'accord de ce dernier. Il faudrait trouver une autre excuse, peut-être donc confronter directement ce serpent. Il verrait bien. N'impliquerait pas le jeune homme qui semblait perdu dans ses pensées, à ses côtés.

« Je ne mentionnerai jamais ton nom à qui que ce soit si cela le concerne. J'espère que tu n'en doutes pas. »

Il n'est pas comme ça, Mars.

La vérité te frappe de plein fouet, ce destin et cette condamnation tu la rejettes constamment au fond de ton cœur meurtri par les cicatrices irréparable, qu’elles soient visible ou pas.
Physiquement ou mentalement tu as été infecté et au fil des jours qui s’écroulent tu commences à saisir ce monde dans lequel tu vis, trop longtemps tu tes laissé bercé par ton propre paradis ou les gens sont gentils, bienveillant.
Trop longtemps tu as été dorloté dans les bras de ta mère et de ta sœur, tu te relèves, tu gravis des échelons, peu importe les murs qui bloque ton chemin tu les casses un par un avec tes poings, le petit chaton inoffensif devient le lion aux griffes acérées.

Ce n’est que le commencent d’un tout nouveau chapitre.

─ Je ne veux pas revenir dans le désert mais, je suis curieux de savoir ce qu’il y aura à l’intérieur des pyramides. Après tout je fais partie de ceux qui ont réussi à escorter le convoi, non ?

Maigre sourire.

Aujourd’hui tu n’arrives pas à déterminer ce qui se trame dans ta poitrine, c’est lourd comme de la pierre, c’est douloureux comme des aiguilles plantées dans la peau, c’est un cycle temporel et interminable, c’est une calamité, un courroux.  Mais à la fois : le néant.

Un vide.

Ton ancien partenaire ou plutôt, ton « ami » n’a fait que d’aggraver les choses, involontairement il t’a remémoré que ton némésis est dans les parages même là où tu ne t’y attendais pas, se plaint-il d’avoir été refusé alors que sa déficience mentale est un danger pour tous ?

On vous a livré la pire des espèces dans le désert et pourtant vous combattez ceux voulant ravager ces terres, tous livré au même sort vous êtes obligé de vous entre-tuer il n’y a pas de loi, pas de règle juste de la survie.
Personne n’ose tendre la main de l’autre.

Mais c’en ai trop, Mars ne cherche pas à te blesser tu pouvais bien le sentir dans ses paroles bienveillantes qu’il cherche juste de l’information.

─ Il a d’yeux que pour ma gueule, je doute qu’il fasse du mal à d’autres personnes que moi. De toute manière si ça devait arriver, préviens-moi, j’en ai assez d’être un-

Shhht tu as failli dire à voix haute que tu es une « chose » pour lui, tu ne veux pas révéler ce qu’il a fait, son identité est mise à découvert par Mars mais dans tous les cas, tu espères qu’il n’ira pas balancer à la chef. Il n’est pas au courant de toutes ces atrocités, ce qui te couvre un petit peu malgré que tu aies révélé à Andy que tu as failli mettre fin à tes jours.

─ Oublie son existence, elle n’est point importante au soin des révolutionnaires de toute façon, j’ai quelque chose de plus important à te demander Mars.

Peut-être que ton « ami » saura te répondre correctement, depuis un certain bout de temps ce mot te démange, tu l’as sur le bout de la langue et tu aimerais avoir des explications, essayait de le comprendre malgré que ton principal handicape t’empêche d’aller au-delà de ta compréhension.