Le réveil n’est pas agréable. Il n’est jamais agréable. La fatigue t’habite alors que tu ouvres les yeux sans trop te souvenir où tu t’es endormi la nuit dernière. Mais tu te souviens que ton portefeuille doit être encore plus fatigué que toi. Un léger soupir traverse tes lèvres, cherchant malgré toi le courage pour te lever. Il est tôt, trop tôt, mais il faut que tu ailles à l’arbre à vœux, et tu le sais, c’est mieux quand on y va tôt. Moins de monde, sûrement plus de chance... ce n’est qu’une observation, mais tu fais confiance à celle-ci. Tu t’y accroches, vu que tu n’as pas d’autre choix pour survivre de toute façon. Il faut se lever, aller chercher une demande, la faire, attendre l’argent et... t’as vraiment pas le courage, hein ? Mais il le faut. Il faut survivre, Amos.
Trouvant finalement assez de force pour ouvrir entièrement les yeux et faire face au soleil éclatant, tu te redresses et t’étires longuement, prenant un peu de temps pour toi avant de sortir de ton lit. Temps bien court car rapidement, tu te lèves et t’habilles, enfilant une simple tenue que tu as acheté pour faciliter tes déplacements dans le désert, avec un masque en tissu en supplément pour éviter d’aspirer bêtement une tonne de sable. Comme à ton habitude, tout de noir, tu es donc prêt de ce côté-là. Tu prends ensuite tes armes, les prépare, n’oublie pas les flèches en plus, puis les place dans ton dos et dans ton sac. Tu rajoutes deux trois babioles et ton holokit dans ce dernier, et te voilà partie pour l’arbre, un petit moment de marche devant toi, gentiment accueilli par le désert et sa chaleur...
Sur le chemin, tu joues avec une fleur du désert que tu as ramassé sur la route, alors que tu chantonnes une chanson que tu écoutais à l’époque, sur Terre. Tu te demandes au passage si tu t’es habitué à la chaleur, vu que tu as l’air d’y être plus résistant qu’en arrivant ici. Mais pas le temps d’y réfléchir plus longtemps que te voilà devant l’arbre de tes désirs. Tu t’avances pour déposer la fleur en son pied avant de faire une petite prière, habitude que tu as prise, pour Hana. Une fois cela fait, tu te permets de regarder autour de toi et remarque avec une légère surprise que tu n’es pas seul. Alors oui, tu n’as aucune raison d’être surpris, mais ça arrive toujours. Tu n’aimes pas spécialement les gens, du coup quand tu sors de ton monde pour remarquer qu’il y a des gens ce n’est jamais un moment très plaisant. Ne disant rien, t’occupant de ce que tu as à faire plutôt que de t’attarder plus longtemps sur eux, tu te mettais donc à regarder les demandes, nouvelles ou anciennes, évitant soigneusement les personnes par-ci par-là, attendant qu’ils finissent de lire avant d’y passer, espérant au fond de toi qu’on ne prendra pas une demande qui aurait pu t’intéresser.

La routine recommençait, inlassable, insatiable. C'est qu'elle occupait les pensées. Levé tôt, couché tard, la nuit sans aucun rêve, les pas encombrés des inquiétudes. C'est que cela fait tant de temps qu'il n'a pas vu Will. La dernière fois remontant à leur discussion à propos de son grand frère de fortune se rendant à la Vallée. Était-il en train de croupir dans quelques geôles délabrées? Il commençait à s'imaginer le pire (n'était pas loin de la réalité). Mais il n'avait pas le droit de le chercher après qu'on lui ai demandé explicitement de ne pas le faire, de le laisser prendre quelques vacances. Et à présent? A présent, le voilà, l'Oublié, vêtu de ses tissus les plus clairs pour camoufler ses parcelles de peau sensibles au soleil. Il y a, sous les feux de l'aurore, les curieux, les habitués, ceux qui ne viennent que pour laisser quelques paroles rouler. Oh, il répond aux saluts, c'est qu'il connaît un peu tous les habitués à ce lieu. Sauf ce gars, là-bas. Lui, il ne l'a jamais vu, mais s'en fiche pas mal.

Et puis, il faut attraper un bout de papier, lire les quelques instructions. Un travail de recherche d'informations, cette fois, à propos d'un objet volé. Bonus s'il était récupéré. Ah, ça, Mars savait faire, alors le voilà qui remet déjà le papier dans son sac pour en sortir son holokit et entrer en contact avec la personne. Mais à peine eut-il le temps de se retourner, le voilà qui heurte déjà l'inconnu de tout à l'heure, et il faut redresser le menton, envoyer un regard un peu perdu.

« Ah, désolé, je ne vous avais pas vu... Vous vouliez quelque chose? »

Peut-être parce qu'il se tenait étrangement proche, pour tout l'espace qu'ils avaient à leur disposition.

Rien. Rien ne te parle. Tu soupires discrètement sous ton bout de tissu avant de continuer à chercher. Tu finiras par trouver quelque chose ! Ne perds pas espoir comme ça. Et au pire, tu prendras celui qui te parles un peu plus que le reste, c’est mieux que rien. Tu crois. Finalement, tu te retrouves à regarder un dernier endroit, mais il y a déjà quelques personnes. Tu attends donc sagement, mais tu ne peux t’empêcher de zyeuter la demande qu’un inconnu regarde. C’est... c’est intéressant en vrai, cette demande-là. Tu la fixes de toute ta force, tu la veux. Tu l’auras. Tu te le jures. Sauf que non. L’inconnu la prend et la range rapidement, assez rapidement que tu n’as pas le temps de dire quoi que ce soit. Et il fallait qu’il se retourne et se heurte à toi, en bonus. Tu recules légèrement sous le choc avant de le regarder, étonné, et perdu, ne sachant plus quoi dire d’un coup. Mais la raison te reprends lorsqu’il te parle. Tu clignes légèrement des yeux à son excuse avant de baisser ton regard vers son holokit et de le remonter instantanément vers lui, remarquant quelque tristes centimètres de différence entre vous, pas en ton avantage. Bon. Tu fais quoi ? Parce que là il va contacter le client. Tu rentres dans le tas ? Tu passes à autre chose ? Non, pas ton genre ça. Alors on rentre dans le tas :

“Oui. Votre demande. Elle m’intéresse.”

Pas la peine de passer par quatre chemins, tu veux cette mission, et c’est tout. Tu n’as pas le courage d’en chercher une autre, et tu mises donc pour une fois sur ta chance, ou plutôt ta capacité à être têtu. Peut-être qu’il va faire tête basse et te la donner pour aller en chercher une autre. Non, en fait, tu n’y crois pas, c’est un mercenaire, quoi. Mais t’essayes, t’as rien à y perdre, ou peut-être une dent. Mais ça sera difficile de se taper ici de toute façon. Il y a du monde, et encore, ce n’est pas aussi bondé que d’autre fois, mais c’est suffisant. Donc si l’un de vous frappe, ça va peut-être faire baston générale. On va éviter ça. Par contre, gueuler, tu peux faire, et lui aussi, tu en es sûr. Et tu es patient, tu gagneras. Au pire tu perdras effectivement une dent, mais lui aussi.

Ah, il s'attendait à tout sauf à ça. Des gens loufoques dans le désert, il y en a à la pelle (ce n'est pas pour rien qu'ils se sont fait rejeter de tous les pays, après tout, parfois (ne rentraient dans le moule parfait)). Mais de ceux qui voulaient voler le job des autres? Cela lui fit froncer un peu les sourcils, le voilà bien incertain, ne sait véritablement quoi dire. S'agissait-il d'une farce? D'une blague de mauvais goût pour tenter une approche un peu étrange? Il a cet air un peu énervé (c'est naturel sur ce visage), mais tente de se détendre avec un léger rire, en serrant son holokit dans son poing.

« Vraiment? Eh bien, je suppose qu'il va falloir que vous vous en trouviez une autre. »

Ah, s'il s'était agit de Mackenzie, sans doute aurait-il accepté qu'il l'accompagne si cela lui permettait de retrouver l'objet. Mais Amos? Il ne l'avait jamais vu, se méfiait un peu, d'autant plus qu'il était bien franc et violent, à ainsi lui réclamer quelque chose qu'il avait saisi en premier. Oh, car dans le désert, c'était chacun pour soi, parfois, et, aujourd'hui, il refusait d'être clément. Surtout pas face à si peu de politesse, car, croyez le ou non, Mars aurait peut-être été plus sensible à un "s'il vous plaît".

« Mais vous trouverez votre bonheur, il y a plein d'autres demandes. »

Il le contourne, se concentre sur le message qu'il tente d'envoyer. Oh, vraiment, cela le mettait un peu de mauvaise humeur dès le matin, cette histoire, il devrait vite oublier pour que ça passe. Et se mettre au travail était peut-être bien la meilleure solution...

Tu le vois froncer un peu des sourcils, se crisper. Ça ne va pas dans ton sens, comme prévu. Ta voix de la raison te dit de reculer et de laisser courir, mais tu es fatigué, et tu n’as pas envie de chercher autre chose, tu ne veux pas de quelque chose de compliqué, et cette demande est parfaite. Son léger rire te fait hausser un sourcil. Il ne te prend pas au sérieux, en fait. Ou en tout cas, il n’a pas l’air. Mais tu as le plaisir de remarquer qu’il ne veut à priori pas régler ça par le conflit direct, ce qui t’évite de le faire aussi. La discussion, c’est tout aussi bien. Rester têtu, c’est encore mieux. Il veut que tu en trouves une autre, de demande, et toi tu ne veux pas. Tu ne dis rien sur l’instant, baissant simplement ton masque pour être plus à l’aise, pensant à comment trouver un moyen de l’avoir. Tu pourrais peut-être être plus gentil, mais il aurait fallu commencer par ça. Et puis écraser sa fierté ou son égo pour une demande, eeeh... tu n’en es pas encore là. Du coup, tu vas essayer autrement.  
Tu l’entends tenter de clore la conversation et le voit passer près de toi pour aller ailleurs. Tu penches légèrement la tête sur le côté avant de te retourner pour le suivre du regard et voir son dos, tandis qu’il a l’air d’être sur son holokit. Du coup, il doit essayer de contacter le client. Et du coup, tu n’acceptes pas. Tu affiches un rictus qui s’efface aussitôt avant d’avancer vers lui de nouveau et de te baisser légèrement pour passer entre lui et son holokit :

“Et comme il y a plein d’autres demandes, vous trouverez votre bonheur ailleurs aussi, n’est-ce pas ? Pourquoi ne pas accepter et éviter un conflit inutile ? Je ne risque pas de vous lâcher de si tôt, avec tout le respect que je vous dois.”

Car tu le connais, de nom seulement, mais tu le connais. Mars est un mercenaire depuis des années, il était là bien avant toi. Et pourtant vous avez réussis à ne jamais vous croiser auparavant. Ça devait sûrement arriver un jour, et tu aurais sûrement préféré que ça ne soit pas dans une situation où vous risquez de vous battre pour une demande, mais ce n’est pas possible de toujours avoir ce que l’on veut. En disant ça... tu devrais peut-être l’appliquer aussi ici, tu crois pas ?

Oh, il avait commencé un message simple du style "bonjour, je m'occupe de la demande que vous avez laissé à l'ar-" mais s'était fait couper par Amos, qui, d'une façon ou d'une autre, s'était penché juste assez pour lui couper la vision de son écran. Il se fichait de lui, c'était ça? Il n'avait pas que ça à faire, de s'ennuyer d'un gars un peu trop borné, et sa frustration commençait un peu plus à se lire sur son visage, alors que son regard croisait celui tout aussi sombre d'Amos. Il affiche lui aussi un sourire en coin et penche le visage vers lui, leurs deux fronts presque collés, ce qui fera certainement reculer l'autre Oublié. Rien qu'un peu.

« Et moi, je crois que vous n'êtes pas en position de marchander, pour le coup. »

Il se recule rien qu'un peu pour redresser le menton et mettre son holokit en veille. Il fronce les sourcils, observe un instant le visage un peu délicat, mais lui aussi scarifié, de son vis-à-vis. Oh, Amos, il faut mieux choisir ses cibles, car Mars n'a pas la patience en son honneur, bien au contraire, et surtout pas dans ce genre de cadre. Il croise les bras, se doute que s'il essaye de s'évader sur le côté, Amos le rattrapera de nouveau.

« A qui ai-je l'honneur? Je suppose qu'il me faut au moins le prénom de mon nouvel harceleur. T'es un fan? Pourtant, t'as pas une tête de groupie, donc sois gentil et laisse moi faire mon job en paix, on peut toujours oublier ton insistance inutile. Car ici, tu es le seul à alimenter un conflit. »

Ah, dans le passé, il lui aurait peut-être déjà fichu son poing dans la joue. Mais aujourd'hui, on lui a peut-être appris à ne pas se jeter tête baisser dans les bagarres... Peut-être aussi qu'il n'a pas très envie d'avoir un œil au beurre noir pour sa prochaine visite chez Orion, mais ce n'est qu'un détail.

Il y avait un changement dans son visage, léger, mais il était bien là. Tu as son attention, aussi mauvaise ou bonne soit-elle. Et vos regards se bloquent avant qu’il ne se rapproche soudainement, te faisant reculer par réflexe, bien que tu ne perdes pas le contact visuel, lui offrant une surprise dans tes yeux. Mais il avait un point dans son argument : Tu n’es clairement pas en position de marchander. Sauf que qui n’essaye rien n’a rien. Et puis, il faut croire que ça t’amuse un peu, juste un peu. Malgré toi, tu n’as pas eu beaucoup d’interaction dernièrement, et même si tu n’es pas fan de ce genre-là, tu ne peux pas t’empêcher de ressentir une légère, très légère euphorie, sans trop comprendre pourquoi. Toi et ta logique émotionnelle, hein. D'un commun accord avec toi-même, tu ne laissais pas une seconde de plus passer que tu enfermais ce sentiment au fond de toi, ne voulant plus en entendre parler. Ce n’était pas le moment.  
Reprenant ton sérieux bien rapidement, tu le vois reculer et tu te redresses correctement pour lui faire face. Le jugeant du regard, sans vraiment le faire pour autant. Tu le vois ranger son holokit, tu as donc désormais toute son attention. Et là tu penses pouvoir assumer qu’elle ne sera pas bonne. Trop tard pour reculer. Quoi que, sûrement pas. Mais trop tard pour ta fierté. Tu l’écoutes patiemment lorsqu’il te demande qui tu es et qu’il alimente le reste de son discours. Tu aurais pu être un fan, dans une autre vie. Dans celle-ci, autant dire que c’est raté. Pas que ce soit de sa faute, c’est juste ainsi. Sur ses derniers mots, tu baissais un instant les yeux vers le sol, avant de les remonter vers lui. Comme un souvenir, un sentiment enfoui, tu avais eu un moment de doute. Mais tu n’avais pas le temps pour ça...

“Amos.”, et tu n’as rien envie de dire de plus pour te présenter. Inutile. Tu enchaînes rapidement, comme pour te répéter à toi même la raison de ce petit jeu que tu étais en train de faire : “Je pense que tu n’es pas si idiot, et que tu sais qu’ici, la pitié est rarement de mise. Je ne crois donc pas en le fait de pouvoir avoir ce que je souhaite en jouant là-dessus. Alors oui, j’alimente ce conflit. ”

Tu soupires légèrement avant de passer une main dans tes cheveux pour les tirer en arrière, posant tes yeux sur son sac. Tu n’iras pas jusqu’à voler, tu ne le feras jamais, mais ce que tu veux est là-dedans. Un léger tic te faisant pencher la tête sur le côté un fragment de seconde te rappelle que c’est clairement une mauvaise idée, et tu repasses à l’intéressé du jour.

“Et donc, je n’ai pas de pitié non plus. Je n’applique pas les règles du premier venu ou du senior quand quelque chose m’intéresse, j’ai donc toutes mes raisons de faire ceci actuellement.”

Des raisons que seul toi pourrait te créer...

Mars est un peu sur le cul, parce qu'il est assez certain que, s'il n'a pas envie de lui foutre son poing dans la gueule, il le ferait s'il n'en avait pas le choix. Et Amos lui parlait de conflit, comme si cela allait régler quoi que ce soit à cette situation. Décidément, il enchaînait surprise sur surprise, et, s'il avait été satisfait de voir cette même pointe de stupéfaction dans le fond des prunelles de l'autre Oublié tout à l'heure, elle s'était vite dissipée. Il souffle, un peu sur les nerfs. Plus qu'il n'aimerait l'admettre.

« Alors, Amos, tu sais pourtant qu'ici il ne faut pas "alimenter le conflit", il pointe un doigt sur le torse de l'homme face à lui à ces paroles, avec n'importe qui. Si t'as envie de finir ta journée dans une tente de soin, c'est pas mon cas, alors va faire la guerre avec quelqu'un d'autre, ça m'arrangerait bien. »

Il hausse les sourcils avec un air intrigué, avant de pouffer de rire. C'est qu'il laisse peut-être son impatience pointer le bout de son nez dans ses prochaines paroles, après l'avoir vu lancer un regard vers son sac.

« A part ta flemme de chercher quelque chose d'autre à faire, t'as des raisons pour essayer de me racketter? T'as pas choisi la bonne cible, si t'espérais que ce soit facile. »

Il réfléchit un peu, et a une très bonne solution pour se casser tout en douceur, à dire vrai, mais elle ne serait pas totalement efficace, dans le sable. Petite grimace, il essaye de pousser Amos pour le dégager de son chemin.

« Fiche moi la paix, tu veux, tu vas finir par m'énerver inutilement Amos. »

Tu souris en ton fort intérieur en entendant ton prénom. En vérité, tu es bêtement fier de remarquer qu’il est devenu bien plus sérieux comparé à l’impression qu’il te donnait plus tôt. Et tu écoutes ce qui a l’air d’être un conseil, mais que tu n’arrives pas à prendre tel quel. Tu ne baisses pas des yeux malgré ce doigt qui est apparu dans ton champ de vision pour te pointer, tu écoutes avec attention. Le problème, c’est que tu n’as pas non plus envie de finir dans une tente de soin. Et pourtant, tu y tiens à ta guerre, guerre que tu ne feras à personne d’autre, puisque les autres ne t’intéressent pas. Pour l’instant.  
Et tu reperds son sérieux. Mais tu gagnes son impatience. Tu l’entends pouffer mais tu n’y réagis pas plus que ça, malgré un léger haussement du sourcil droit. Mais ses mots ensuite explique cette réaction. Le sac, hein. C’est vrai que c’est difficile de ne pas remarquer un regard un peu insistant sur ses propres biens... bien que tu ne le feras pas, tu ne peux pas cacher que la pensée t’a traversé l’esprit, et tu te maudis pour ça. Baissant légèrement le regard, un court moment d’absence, et te voilà ramener sur cette “Terre” par un mouvement qui ne vient pas de toi. Comme si la raison venait de te frapper, tu hausses les épaules, nonchalant :

“Je te laisserai la paix lorsque j’aurais eu ce que je veux. Si tu ne veux pas la guerre, rends-moi simplement ce “service”, et je te laisserai donc tranquille.”, un rictus sur ton visage, relevant ton regard vers le sien, tu levais les mains vers le ciel : “Mais toi aussi tu as tes raisons, un ego, et une fierté. Alors ça ne serait pas si simple de juste te plier à ça, hein ? Ou alors tu appliques juste des soi-disant règles ?”

Tu rigoles discrètement, et tu sens que ça risque de lui taper sur les nerfs si il l’entend, le remarque, mais tu n’es pas à ça près. Et à priori, ta meilleure chance est de le pousser à bout. Il faut juste que tu presses le pas, car ta concentration ayant été perturbée plus tôt, tu as réalisé que vous attiriez largement l’attention, plus que tu ne peux l’encaisser. Et tu sens l’angoisse pointer le bout de son nez, et tu ne veux pas retomber là-dedans. Tu n’avais qu’à avoir ce pauvre petit bout de papier. Maintenant que tu y penses, ça doit pas être si compliqué de donner rien qu’un bout de papier, quand même !... bien que ça ne doit pas être compliqué d’en abandonner un non plus. Mais c’est toujours plus simple de mettre la faute sur les autres. Ça sera pour plus tard, la remise en question.  

Ah, il croyait vraiment que quelques paroles menaçantes et Mars allait se plier à sa volonté, hein? Il avait beau ne pas avoir de rancune à trouver un autre job pour le coup, il y avait toute cette histoire de fierté dans sa tête qui se combattait avec le ridicule de la situation. Mais il n'avait définitivement pas envie d'abandonner contre Amos, qui semblait bien décidé à le faire chier jusqu'au bout. Et s'il avait envie de lui faire remarquer qu'il agissait comme un gamin de trois ans à qui l'on refusait une sucette, il préférait se taire : n'était sûrement pas mieux.

« On va établir un truc, entre nous, tu veux. » Et ce n'était définitivement pas une question, mais bien une affirmation. « Ton petit jeu d'intimidation ne fonctionne pas du tout, alors range moi ce sourire deux secondes. Et enfin, non. J'ai déjà accepté ce job, de toute façon, difficile de faire marche arrière maintenant, tu crois pas? »

Et sur le coup, peut-être parce qu'il déraille un peu, mais aussi parce qu'il est vachement frustré par la situation, il sent sa colère se transformer en une douleur, non sur son corps, mais sur celui d'Amos. Comme une sensation de se tordre la cheville, ça ne doit pas faire du bien, n'est-ce pas? Et ça fait mal, ça fait grimacer. Ça dure juste assez longtemps pour que Mars le contourne avec un air blasé.

« Plies toi à la simple réalité que t'es arrivé trop tard, reviens pas dans mes pattes. »

Oh, il n'y avait aucun indice sur le fait que cette douleur, ce soit Mars qui l'ait provoquée. Pas même dans l'inflexion de sa voix, l'angle de son corps, mais la sensation s'était déjà évaporée alors que Mars rejoignait le campement.