Nous nous sommes baladés toute la journée ! Malgré une matinée... On va dire difficile ? La suite fut beaucoup plus agréable. On a fait un tour sur les hauteurs de la ville. C’est vraiment très joli et ca change de la vallée ça, c'est sûr. Le soleil ce couche malheureusement bien trop vite.

J’ai encore du mal à croire qu’Alvis se soit autant livré a moi et j’en suis infiniment touchée. Ça a dû  le libérer un peu de parler de sa vie passée et j’espère qu’il a compris que je serais là pour lui.
Nous marchons cote à cote en silence depuis quelques minutes. Ce silence n’est pourtant pas gênant. Je lui jette un regard en coin. Oui... J’ai envie d’être là pour lui. Cette pensée me rougie un peu les joues. Je ne sais plus si je pense à ca en temps que simple amie maintenant. Je ne voulais pas spécialement y faire attention au début, mais peut-être serait-il judicieux de profiter de nos vacances à deux pour... Y réfléchir ?

On arrive à un restaurant où Alvis avait réservé une place au préalable. Ce qui m’a agréablement surprise étant donné que mon estomac commençait a crier famine. Le restaurant ne paye pas de mine vu de l’extérieur, mais l’intérieur est charmant ! La lumière est douce, elle provient d’une multitude de guirlandes se baladant sur le plafond entre les pots de fleurs suspendus. Les murs sont couverts de cadre photo représentant des endroits cachés de la ville ou des paysages magnifique. Les tables sont en bois brut et les fauteuils (qui semblent incroyablement confortables) sont en cuir brun. Le restaurant n’est pas très grand et ça sent super bon ! C’est sûrement pour ça que toutes les tables son prises. On nous conduit à la nôtre. C’est parfait. Nous sommes un peu en retrait. Une bougie brûle et une rose dans son vase trône au milieu de la table. Je m’installe et ne peu m’empêcher de poser le bout de mes doigts sur la rose pour lui redonner un peu de fraîcheur grâce a mes aptitudes. Déformation professionnelle.

-C’est absolument magnifique Alvis. J’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne suis pas allée au restaurant !

Un serveur vient nous apporter un seau de glaçons avec une bouteille de champagne. Je le regarde nous servir les flûtes et le remercie avant de revenir au jeune homme .

-C’est toi qui as commandé du champagne?

J’insiste sur le dernier mot comme si on venait de nous poser un lingot d’or sur la table. Je suis un peu confuse étant donné que je ne l’ai pas entendu demander .

"Nous avons eu de la chance pour aujourd'hui, le temps nous a été clément par rapport à la saison, suffisamment pour nous laisser explorer tranquillement la ville. Là où Polaris avait touché la fibre nostalgique, je n'ai pas du tout eu cette impression-là ici. Même si l'homme aurait été pleinement capable de bâtir de tels structures, j'y trouve toujours quelque chose de déplacé, un détail qui m'échappe inlassablement. J'essaierai de me renseigner par la suite, mais j'ai bien peur d'être autant dans le flou que le reste du commun des mortels…"

La soirée avait bien avancé et le soleil tirait sa révérence en laissant derrière lui un voile rosé nuancé par les nuages qui parcouraient le ciel. Affamé après une journée riche en émotion, Alvis pensait déjà à ce qu'il allait manger dans le restaurant qu'il avait réservé plus tôt. Bien que petit, l'endroit était plutôt populaire et difficile d'y avoir une table à l'improviste, mais grâce à la saison grisâtre il y restait quelques tables, comme quoi il y avait aussi du bon dans cette période de l'année.

Le stress du jouvenceau lors de son premier rencard avait disparu et le jeune homme appréciait désormais ses vacances sans prise de tête. La présence de son amie à ses côtés le ravissait et il n'hésitait plus à la traînée d'un bout à l'autre de la ville avec enthousiasme, pour changer.

L'intérieur était extrêmement invitant et la délicieuse odeur de plat promettait beaucoup de chose. Sur un mur, le freelance vit un panorama d'une toundra plutôt familière sous un ciel infiniment bleu.

"Vous devriez voir ça lors d'une tempête, à couper le souffle…"

Enfin ils s'installèrent et Berry semblait ravie.

-Et moi dont ! Rétorqua-t-il.

Un serveur arriva pour leur servir une bouteille de champagne accompagné d'une carte. Avant même qu'Alvis puisse demander le pourquoi du comment le voilà qu'il était déjà parti. Offrir du champagne n'étant pas coutume dans cette région, la fleuriste eu raison de se poser la question. Commençant à sentir la patte de quelqu'un, le jeune homme retourna la carte avec un soupir.

On pense à vous ! Embrasse Berry de ma part ! <3

"C'est pas censé être l'inverse ? Je n'imagine pas la tête du réceptionniste qui a dû écrire ça."

Maintenant habitué aux intrusions de l'entremetteuse, Alvis rejeta la carte sur la table en riant.

-Lin t'embrasse, éluda-t-il simplement.

Il contempla la bouteille quelques instants, sans pour autant comprendre les informations indiquées sur l'étiquette.

-Un bon cru, peut être ? C'est l'occasion de gouter j'imagine.

Il servit Berry en première puis leva son verre en faisant tinté délicatement les flutes de champagnes, sans rompre le regard bien évidemment.


-À notre santé !

Il ne semblait pas savoir non plus comment ce champagne est venu à notre table. Son sourire m’intrigue, mais je pouffe de rire à mon tour en recevant le bonjour de Lin.

-C’est dingue, elle est partout celle-là.

Je trinque avec lui et regarde les bulles s’échapper du liquide doré. Avant de prendre une petite gorgée. Je fais la grimpasse, mais la seconde gorgée est un peu plus agréable.

-La dernière fois que j’ai bu de l’alcool, c’était l’une des préparations de Lin... Je dois avoir un pot ou deux de liqueurs de fruits caché dans l’appartement.

Autant dire que ma connaissance sur le sujet est très limitée. Je sais juste qu’il faut pas que j’en abuse sinon je ne vais pas vraiment être bien demain.

-Donc si t’en trouves... C’est bon, mais n’en abuse pas hein.

Je pris une troisième gorgée et repose ma flûte pour ouvrir la carte. Mes yeux parcourent les plats et s’arrêtent sur un en particulier qui me fait saliver alors que je ne sais même pas vraiment ce que c’est, peut-être que je vais partir sur ca, c’est mon cerveau cassé qui me le recommande !
Je baisse la carte en dessous de mes yeux pour voir si Alvis à fait son choix.

Bien que les intentions de Lin étaient innocentes, elle avait eu de la chance de tomber sur des gens aussi patients. Il était aussi pertinent de souligner que ni Alvis, ni Berry, ne s'était inquiétés du fait qu'elle savait dans qu'elle restaurant ils avaient réservé dans la journée même. Les Amari pouvaient se révéler très intrusifs, comme quoi les enseignements de l'oncle ont bien été transmis à sa jeune nièce.

"Sans rire…"

Ils trinquèrent avant de goûter le délicieux nectar.

"Pas mauvais."

La fleuriste évoqua quelques boissons alcoolisées laissé par la défunte Lin, un lègue un peu moins sérieux de l'ancienne propriétaire de la boutique. Le sujet de l'alcool artisanal raviva peut-être l'un des seuls souvenirs "amusant" que le freelance avait de la surface.

-Je ne remet pas en question l'expertise de madame Lin, mais j'ai une assez mauvaise expérience avec l'alcool artisanal. Tu imagines bien le réflexe des gens en cas d'apocalypse ? L'alcool à disparu en même pas une année, créant ainsi une demande phénoménale. Des brasseurs du dimanche ont pour la plupart empoisonné ou rendu aveugle leurs consommateurs. Les bouteilles sans étiquettes étaient regardées de la même manière que les malades et des gens payaient même des gouteurs pour savoir si l'alcool était buvable ! Le bon vieux temps…

Les jeux d'alcool avaient pris une toute autre signification avec le temps ; comparer cela à de la roulette russe était à peine une exagération.

Désormais, il était l'heure de faire un choix. Contrairement à ses habitudes, Alvis prit le temps de lire la carte avant de commander. Tomates farcies, blanquette de veau, bœuf bourguignon ou encore le bon vieux steak-frites, rien de dépaysant en somme.

"On est dans un restaurant français ? Comme quoi je n'ai pas fait assez attention en choisissant le restau."

Finalement il reposa la carte au moment ou un serveur s'approcha pour prendre leur commande. En feignant la courtoisie, le jeune homme laissa son amie choisir en première, avant de lancer à son tour :

-La même chose s'il vous plaît.

Il semble apprécier le champagne et je m’en veux un peu de ne pas m’y connaître assez pour savourer comme il le faut. ça a ne m’empêche pas de déjà finir ma flûte en écoutant mon colocataire remuer d’autres souvenirs de la surface. J’en ai presque recraché ma dernière gorgée en apprenant que certaines concoctions pouvais faire de très gros dégâts.
Je n'ai pas eu le temps de lui répondre. Il était déjà plongé dans le menu.

Je me surprends a le fixer. Les mèches qui tombent sur son front, ses cils qui me semblent incroyablement longs comparés aux miens, son visage est harmonieux, ses lèvres... Oups, j’ai dû finir ma coupe un peu trop vite, j’ai les joues qui me chauffes un peu. J’ai l’impression qu c’est un syndrome récurent quand je suis avec lui !
Je n'avais même pas entendu le serveur venir vers nous.
Alvis me charge de choisir pour nous deux. Et j’ai un léger sourire.

-Tu me fais très très confiance alors, je ne connais presque rien sur cette carte !

Je m’éclaircis la voix, un peu gênée et je m’adresse au serveur qui me regarde un peu comme une inculte a ne pas connaître la cuisine qu’ils servent alors que je suis française moi-même. J’aurais peut-être pas dû leurs dires...

-Alors ça serra du pot-au-feu s’il vous plaît ...

Son air méprisant fait place a un sourire de comédien, il me remercie et retourne en cuisine.
Je rabats une mèche de cheveux derrière mon oreille et joue machinalement avec mon piercing.

-J’aurais dû faire semblant de savoir ce que je disais au moins ça aurait peut-être été moins gênant ... Excuse moi.

Je remets un fond de champagne dans ma flûte sans pour autant y toucher.

La soirée aurait pu être parfaite si ce n'était pas pour ce qui avait suivi. Le fait qu'Alvis laisse le choix à son ami sembla l'amusée quelque peu, elle qui ne reconnaissait rien de ce qui était affiché sur la carte. Quoi de plus normal pour une amnésique ? Rien ne lui était revenu jusqu'à maintenant et ces cinq dernières années étaient tout ce qu'elle connaissait. Prenant conscience que ces saveurs pouvaient potentiellement stimuler la mémoire de Berry, le jeune homme lui rendit son sourire avec espérance, avant de découvrir le regard du serveur.

Une telle arrogance… Toisant, perché en haut de son savoir, un déchet… Rien que du mépris dans le seul but de rabaisser quelqu'un…

Toute penaud, la fleuriste commanda deux pot-au-feu avant de cacher sa gêne du mieux qu'elle le pouvait. Avant de s'éclipser, le serveur croisa à son tour le regard d'Alvis. Froid et furieux, le freelance semblait percer l'âme de cet homme pour s'en dégouter encore plus, calculant minutieusement son prochain coup. La jeune femme s'excusa, ce qui eut le don de l'énerver encore plus. Avec le peu de patience qu'il lui restait, Alvis sourit à son amie en lui effleurant la main.

-Un instant… Souffla-t-il en se levant.

En trois pas il rattrapa sa proie en l'interpellant.

-Pardonnez-moi, tonna Alvis, captant l'attention de quelques clients au passage.

Le serveur se retourna, eu un mouvement de recul en constatant qu'il ne s'était pas encore échapper et s'efforça d'afficher son détestable sourire d'hypocrite.

-Oui, monsieur ? Rétorqua-t-il.

-Il semblerait qu'il y a eu un problème à l'instant, je demande réparation.

-Excusez-moi monsieur, mais…

Alvis venait de lui saisir une épaule et il le tira lentement vers lui pour pouvoir lui chuchoter aisément à l'oreille. Serrant ses doigts plus fort qu'il ne le devrait, la douleur que cela provoqua ne fit qu'ajouter un peu de piment au milieu d'un volcan.

-Il serait dommage que votre patron apprenne votre relation intime avec sa femme dans ce même restaurant, sans imaginer la réaction de votre propre épouse…

Le serveur blêmissait a vu d'œil, son petit masque de comédien mesquin venait de tomber et une goutte de sueur ruisselait déjà sur son front. Le freelance avait fait mouche.

-Avouez que vous n'êtes pas très discret, mais je pourrais peut-être vous aidez à garder votre petit secret. Ajoutez-nous un accompagnement avec notre commande, sur la maison bien sûr, et je ne veux plus voir votre tête à notre table, chuchota Alvis en lançant ses derniers mots comme des couteaux.

Il relâcha enfin l'infidèle en reprenant un ton plus posé et un sourire carnassier. Inconsciemment, le freelance maudit cet homme méprisable, littéralement ; un voile invisible venait de tomber, attendant son heure…

-Sommes-nous d'accord ? Lança Alvis, nonchalant.

-O-Oui, bien sûr monsieur. Tout de suite.

Tel un poisson remit à l'eau, le serveur se faufila parmi les tables pour rejoindre les cuisines le plus rapidement possible. Satisfait, le freelance retourna à sa table et reprit comme si de rien n'était.

-Tu n'as absolument rien de fait de mal, ton amnésie ne devrait pas provoquer de tels réactions chez… Ce genre d'individu.

Il lui prit la main et la serra dans l'espoir de la réconforter.

Alvis se lève en effleurant ma main, un frisson me parcourt brièvement, mais je perçois son regard noir, plutôt effrayant. Il interpelle le serveur.
J’ai commandé un plat qui ne lui a pas plus ?

Je les regarde, mais je n’arrive pas à entendre. Alvis parle à l’oreille de l’employé. Celui-ci change de couleur. Il ne doit pas lui dire des choses très agréables et je ne pense pas que ce soit en lien avec le menu... Il finit, par revenir à table avec un air satisfait.

Je comprends maintenant pourquoi il a été le voir après qu'il m'ai fait comprendre que je n'avais pas à m'excuser et je ne sais pas trop si c’était une bonne chose.
Il prend ma main, j’adore ce contact même s’il peut paraître anodin.

-J’veux pas savoir ce que tu lui as dit, mais tu sais, il a au moins eu la descente de ne pas faire de commentaire. Je suis pas fan de la confrontation, tu sais. Enfin...Excepté cette bonne femme qui est venue a la boutique le jour où tu es arrivé pour la première fois chez moi.

J’enlace mes doigts entre les siens en faisant attention du mieux que je peux de ne pas lui faire mal.

-Je préfère ça.

Je lui souris timidement, indiquant nos mains d’un hochement de tête. Ses mains paressent toujours si grande comparé aux miennes !

Les efforts d'Alvis en compagnie de Zirkon payaient enfin. Inconsciemment, il retenait maintenant des détails et des discussions anodines qui pouvaient avoir lieu autour de lui. Pas de là à découvrir tous les secrets des gens qui l'entouraient évidemment, mais suffisamment pour trouver des failles avec un petit peu de concentration. Des alliances assorties, des sourires furtifs, une trace de main enfariné sur une fesse… Non vraiment, ils n'étaient pas discrets du tout. Heureux de sa performance, le jeune homme fut un peu refroidi pars la réaction de son amie.

"Je suis allé trop loin ? Après réflexion c'était plutôt extrême, mais j'ai agis sur un coup de tête… Etait-ce parce qu'il avait insulté Berry ? Ou alors parce qu'il me sortait par les yeux ? Je ne saurais le dire."

Avec un air un peu abattu, Alvis observait leurs doigts liés.

-Je… Pardon, je n'aurais pas dû.

Il fit une petite pause avant de reprendre.

-C'est juste que, même avec un simple regard, certains ne se rendent pas compte à quel point on peut blesser les autres. Alors évidemment quand il s'en est pris à toi…

En levant les yeux, il croisa à nouveau le regard de Berry. Plus que jamais il la trouvait magnifique, chacun de ses traits le séduisait et accélérait ses battements, son visage rougissait quelque peu.

"Est-ce que je peux enfin me l'avouer ? Lui avouer ? J'en reviens pas que j'ai faillis lâché le morceau la dernière fois, ça me semble tellement dur à dire maintenant."

Il laissa peser sa phrase en caressant doucement la main de la fleuriste, comprenant que des amis ne pouvaient pas se comporter ainsi. Empoignant son courage, Alvis décida d'avoir le cœur net.

-J'ai peur de te perdre, plus que n'importe qui d'autre. Et quand tu es avec moi, je ne prends même plus la peine de réfléchir, tout devient plus simple. Est-ce que… C'est pareil pour toi ? Suis-je aussi important à tes yeux que tu ne l'es pour moi ?

D'habitude calme et posé, la voix du jeune homme trahissait son émotion. Pas de la peine, ni de la colère comme à l'instant, seulement de la sincérité, et de l'amour.

Son air satisfait a vite fané sous mes paroles et fini par s'excuser avant de justifier son acte. Je secoue doucement la tête pour lui faire comprendre qu’il n’a pas besoin de s’excuser. J'ai l’étrange impression d’avoir vécu ce genre de brimade toute ma vie... Ma vie avant la catastrophe. 

Nos yeux se croisent et il semble me regarder de la même façon que moi un peu plus tôt. Son visage s’empourpre. Il semble chercher ses mots. 
Alvis exprime sa peur de me perdre, son ressenti quand il est en ma présence. J’entrouvre la bouche. J’entends mon cœur battre dans mes tempes. J’ai l’impression qu’il décrit mon état et je pense bien savoir ce que c’est.

Je sursaute et défais ma main de la sienne quand un autre serveur dépose nos entrées sur la table. 

-Voici pour vous, deux tartelettes chèvre épinards offerts par la maison semble t’il. Bon appétit.

Je le remercie et observe mon plat qui semble appétissant tout en retournant les paroles de mon interlocuteur en boucle. Je déglutis et m’attaque a la découpe de cette tartelette. 
Mes cheveux tombent devant mes yeux et cache un peu mon visage écarlate. Je me rends bien compte que le temps que je prends à répondre est incroyablement long. Je me contente d’acquiescer en remuant timidement la tête de haut en bas. J’ai l’impression de lui faire une déclaration d’amour alors qu’il ne pense peut-être même pas à la même chose que moi. Je repose mes couverts et agrippe mon pull près de mon cœur pour ajouter un peu plus de précision a ce que je ressens.

-Ça me fait presque mal des fois... Juste là. Mais... Ce n'est pas une mauvaise chose hm ?

Noyé dans son regard, il attendait la réponse plus que tout au monde. N'entendant que ses tempes qui battaient puissamment sous la pression, il ne vit pas le serveur arriver lorsque les mains de Berry lui échappèrent dans un sursaut. Furieux d'avoir été interrompu, Alvis tourna la tête rageusement avant de réalisé que ce n'était qu'un autre serveur qui apportait de délicieuses tartelettes aux chèvres et aux épinards toutes juste sorties du four.

-Oh oui, merci, répondit-il en perdant aussitôt son hostilité.

"Pourquoi j'ai l'impression d'être en milieu hostile ici ?"

Le silence se prolongea alors que la fleuriste cachait sa gêne, mettant à son tour Alvis mal à l'aise. Un simple hochement de tête en réponse à cette déclaration quasiment explicite, le jeune homme ne put s'empêcher d'imaginer les pires scénarios.

"C'était trop ? Ce n'est pas réciproque ? Je ne lui plais pas. Je la gêne et je vais devenir une nuisance. Je n'aurais jamais dû."

Tout appétit l'ayant quitté, il remua sans conviction la tartelette pourtant exquise tout en se lamentant silencieusement. Enfin elle reprit, clarifiant quelque peu ce qu'elle ressentait aussi. Encore un peu confus suite aux dégâts mentaux qu'il venait de subir, le freelance se calma quelque peu. Il la voyait, le visage d'un rouge écarlate, la main posée sur le cœur.

"Elle… ? Elle n'a pas de problème cardiaque hein ? Je suis stupide, bien sûr que non elle est en parfaite santé, pas vrai ? Non non, c'est simplement parce que s'était trop tôt, il lui faut un peu de temps voilà tout. Cet ascenseur émotionnel…"

Trop secoué pour pouvoir choisir le ton de sa voix, il répondit en soufflant :

-Non. Bien sûr que non.

D'habitude plus éloquent, Alvis était trop occupé à faire le tri dans ses pensées qui le submergeaient avec du pessimisme et de l'espoir. Ne sachant quoi faire de son agitation, il décida de goûter au plat dans l'intention de temporiser un peu.

-Mmh ! C'est délicieux ! S'exclama-t-il, bluffé par ce plat pourtant si simple.

Évidemment que ça l'est ! La douceur du chèvre le calma et lui laissa le temps de se rappeler qu'il n'avait pas à se prendre la tête avec elle. À nouveau souriant suite à son désarroi, l'agitation du jeune homme avait cessé.

-Tu peux tout me confier Berry, je serais toujours là pour toi.