Ses doigts parcourent les étagères dans la boutique silencieuse, ses pieds frigorifiés se réchauffe à vue d’œil, même si elle laisse encore des traces humides derrière chacun de ses pas. Elle caresse du bout des doigts les jouets, les statuettes, puis elle en attrape une d'un loup, il s'étire, les pattes avant tendue en arrière la queue relevée il baille et on aperçoit quelques crocs taillé dans le bois. Elle se met sur la pointe des pieds et l'attrape. Celui là fera l'affaire, il lui rappelleront Mariette, la jeune fille louve, les bois, cette rencontre surprenante, peut être un peu terrifiante, cette collision entre le monde en marche et celui à l'arrêt de la jeune fille, celui silencieux des forêts. Et peut-être que ça sera un bon charme lorsqu'elle repartira en forêt pour ne pas se faire attaquer par les jeunes filles louves.

Mariette referme la porte derrière elle, elle est revenue dans son chef lieu, les chats mangent tranquillement et Kajsa a pris place. Juste un verre d'eau qu'elle avait dit n'est-ce pas avant que Mariette ne disparaisse ? Elle s'en va statuette en main dans sa cuisine attrape un verre qu'elle rempli au robinet, l'eau est pure ici, pas besoin de bouteille. Elle revient enfin vers toi, et te pose dans une main, le verre, et dans l'autre, la statuette, puis elle s'assoit par terre au lieu de tirer une chaise, caressant certains chats un peu repu qui viennent la voir avant de vite retourner manger.

Les chats t'aiment bien.

Elle fronce les sourcils puis s'éclaircit la voix.

Je t'aime bien aussi.

Après tout tu ne l'avais pas repoussé malgré qu'elle ait bien failli t'attaquer, non, tu as gardé ton calme et tu as essayé de la rassurer, de la dorloter, malgré que tu ne la connaisse ni d'eve ni d'adam, et pour ça elle t'en est reconnaissante. Mariette attrape la couverture délaissée au sol et commence à la plier soigneusement pour te la rendre, elle a les joues rouges mais on ne sait si c'est du froid ou de sa confession.

Tu sais si tu veux remonter au village quelque fois pour dormir tu peux dormir ici j'ai une chambre de libre de toute façon... ça t'évitera de payer l'auberge.... puis ça fera de la compagnie aux chats autre que moi eh, c'est qu'ils doivent en avoir marre de toujours voir ma tronche parfois !

Bien sûr que non, mais elle s'essaie un peu à l'humour, en vrai elle ne connait rien de toi, mais Mariette s'est coupée de toutes les communications, elle a tout repoussé hors d'elle, loin de ses yeux, pour mieux souffrir, pour mieux se délaisser, se laisser aller, retourner à la nature, celle qui lui a pris, pour peut-être oublier ces maux, impossible pourtant, car tout lui rappel à lui. Il est temps qu'elle s'ouvre à nouveau, elle avait laissé de la place à Raphaëlle mais ce n'était pas suffisant, elle le sait bien, puisqu'elle se perd toujours le long des chemins épineux au lieu de danser comme sa sœur de cœur, danser par dessus cette souffrance, la sublimer. Non elle préfère s'enfoncer se geler tout contre le manteau neigeux.
Alors il faut faire des efforts
encore une fois
comme lorsqu'elle s'endormait à même les rues de Polaris
comme lorsqu'elle se laissait charmer pour une nuit par Mathilde
comme lorsqu'elle est venu toquer à la porte de Ludde
comme lorsqu'elle a remonté son corps sans vie
comme lorsqu'elle est entrée chez Vasili
puisqu'il faut vivre
pour pas bien longtemps
mais peut être juste assez pour apprendre à aimer de nouveau avant qu'il ne soit trop tard avant que la nuit polaire ne s'installe sous ses paupières, viennent rendre à la nature, son corps souffreteux.