les pas de sa majesté ont
quelques splendeurs que laissent les ombres,
quelques noirceurs qui s’effilochent aux traits de ce soleil
((apeuré)) tant
tirés par la fatigue ah oui il

avait encore la sale odeur de l’hôpital ((de blanc immaculé))
coincée dans les narines.

mais hélianthe est une bonne figure ;
voulait simplement fuir la réalité des catastrophes
il y en avait des gourmets à caer hrid c’était
la capitale la plus grande des villes ;

hélianthe oubliait peut-être simplement
((que l’honorable dame au rendez-vous était
à cheval sur son alimentation)) ;
elle lui avait envoyé un message pour ((se faire)) inviter
au déjeuner.

c’était que midi avait l’astre à son pic
il faisait d’un temps étrangement bon ((avait-elle choisi ce jour exprès))
pour une telle saison et le voilà
royal,
mais il n’avait pas le choix ((c’est que les lueurs lui piquaient encore les yeux
ah oui il avait sauvé le bal mais
a quel prix
la vie de son amie
ses havres de paix dans le noir)) ;

encapuchonné comme vulgaire voleur des plus grandes splendeurs
des lunettes de soleil encadraient ses yeux pourtant aux acuités
si faciles qu’il
((aurait pu révéler des secrets)) ;

mais d’aucune utilité aujourd’hui n’est-ce pas,
c’était un simple déjeuner avec une amie de célestia il
((et s’il pouvait éviter les quelques flashs qui lui crèveraient certainement
la vue c’était décidément
bienvenu)).

ah c’est que
sasha serait sûrement déjà devant la carte ;
de marbre et de colonnes de beau plâtre aux lierres
qui paraient ces quelques ornementations ?

le voilà arrivé,
il n’y avait eu d’obstacle c’était ((peut-être un peu facile mais cela l’arrangeait)).

donner son nom était un chuchotement à l’oreille du garçon de café
des gros yeux ronds plus tard,
était content de la voir malgré tout car
((venant d’un autre pays elle ne serait pas en danger avec lui
n’est-ce pas)) ;

avait toujours le goût aigre de la culpabilité dans les bras.

« bonjour sasha. cela nous fait plaisir que tu aies pris la peine de venir à caer. »

simple politesse,
il savait qu’elle ferait volontiers le chemin pour
quelques verres de vins de rosé sur une terrasse ensoleillée

((ah mais attention hélianthe
c’est que méfiance s’effrite ; il n’avait pas vu
une autre ombre qui le suivait
boîte noire dans les mains)).

« as-tu vu quelques mets qui te plairaient ? ici est le plus beau restaurant ((italien si ce pays existait encore)), leurs pizzas sont divines. »

hélianthe
n’y pense toujours pas ah
((il se fera bien vite remonter les oreilles par sa grande amie car
reine de ses gestes
elle le rappellera bien)).

ah c’est que sasha a toujours les mots
plus aiguisés que ses propres crocs ;
c’était presque aussi fort que la vodka))

mais c’est que prince des villas ne s’en offusque point
car là est l’une des grandes qualités de son amie.

« tu peux bien nous épargner un peu… ces lunettes de soleil n’ont pas été données. »

ah c’est qu’il y a un logo s’apparentant à des g entremêlés ;
sur un ton amusé,
hélianthe tapote la monture qui lui servait pourtant

« mais situation d’urgence, je te prie de nous excuser d’un tel accoutrement. »

fait presque une révérence faussement ((déférente)) ;
c’est vrai que pizzeria vient pauser un problème d’un tout autre genre
qui vient l’interrompre dans son élan gentiment ironique ;

a la place vient arborer d’une grimace semi-coupable semi-agacée ;
car la ligne de sasha ne lui était vraiment pas apparu comme priorité
un peu vagues des sorties de convalescence)).

sasha a les tapotements de madame diva ;
hélianthe manque pourtant de pouffer (bien peu élégamment pour telle stature).

« écoute, une salade italienne bien garnie … de légumes ; devrait faire l’affaire tu ne penses pas ? »

ainsi avait-il décidé de ne pas se lancer dans l’éternel débat sur la ligne
((pourtant bien équilibrée sinon parfaite – bien trop mal placé pour en parler))

et c’est qu’elle relance une autre pertinence
((avait-elle décidé de le mitrailler aujourd’hui)) ;
un peu trop sur ses lèvres
l’air de fatigue qui vient s’y dessiner à la place.

« toujours aussi perspicace… mais tu as sûrement déjà dû entendre parler de notre fameux bal d’halloween ((une catastrophe)). »

il tire une petite pause,
comme un personnage de quelconque rang
lui demander deux verres de rosé
((voulait-il trinquer mais à quoi donc)).

« disons que nous avons un peu trop sollicité les ombres ; c’est le prix à payer. »

car rien n’est gratuit
s’était-il retenu d’ajouter car

« comment vas-tu ? nous ne nous sommes pas revus depuis… un bon moment. »

c’est qu’il fronce les sourcils ;
peut-être bien que cela faisait déjà des mois
s'écoulent les diamants sur leurs beaux déboires.

le vin arrive ;
hélianthe trinque à sa grande amie
il était reconnaissant de sa présence.

c’est que l’idée d’une salade semble calmer la froide tigresse qui sommeille en elle ;
hélianthe soupirerait presque de soulagement
s’il s’en était réellement inquiété.

il rit doucement dans son accoutrement de vagabond ;
c’est vrai
que les paparazzi s’empresseraient de venir lui rapporter tout aux villas
contre quelque récompense
un buzz des gros titres et
ça ne les arrête pas)).

les verres trinquent
le cristal retentit en doux tintement
marquant le début du repas ((scellant, encore une fois
leur amitié)) ;

c’est que le liquide efface froideur dans sa gorge
y apporte quelque caresse réconfortante ;
ecoutant d’un œil attentif sasha car
c’est qu’il attendait aussi de ses nouvelles.

ainsi donc, elle avait le cœur épris ?
oh c’est que prince des villas s’en réjouit sincèr-
attendez ;
épris ??

finalement c’est qu’il manque de s’étouffer dans son coûteux verre
ah non,
ce n’était pas le moment de le recracher ((il fallait bien avaler la gorger
tousser un peu pour reprendre contenance et)) ;

l’interroger c’est que
la curiosité brille au fond de ses rétines d’or
une lueur un peu trop espiègle qu’on ne lui connaît
que rarement.

c’est qu’il s’apprête à laisser s’échapper sa question mais ;

oh non,
un autre problème vient s’ajouter à leur rendez-vous ((qu’il espérait pourtant calme
pour une fois mais)) ;
c’est sasha après tout.

et la voilà qui abat ses foudres pourtant retenues
sur le pauvre garçon qui semble
bien peu à l’aise dans sa tenue de serveur c’est
((glaciale)) de la célestienne c’était
aussi froid que les vents qui battent son pays là-bas.

hélianthe décide plus sage de n’intervenir ;
esquisse un rire étouffé à la vue de ce que sasha avait hasardeusement commandé,

levant les mains en signe d’innocence face à son regard bien noir
il reconnaissait sa ((petite)) erreur ;

« tu es sûre de vouloir prendre ceci… ? »

c’est qu’elle venait de s’infliger la pizza la plus chargée
((la plus coûteuse)) ;
accompagné des meilleurs fromages produits
mais ce n’était définitivement pas

sasha ne semble pas vouloir changer d’avis alors
il est temps de changer le sujet de la conversation ((avant de la voir encore plus
courroucée qu’actuellement))
il aimait bien venir manger ici, s’il pouvait éviter la catastrophe)).

prince des villas commande ((en plus)) une belle pièce de viande
accompagnée de ses belles frites cela
pourrait bien sauver leur déjeuner c’était tout de même moins
pire que la pizza six fromages.

c’est qu’hélianthe n’a pas oublié son cliffhanger ;
((le bruit du liquide se déversant dans les récipients luxueux vient rythmer les quelques
secondes de silence)) ;
il pose enfin sa question

« et qui est donc ta princesse ? »

oh il a toujours son petit sourire en coin
il ne s’était pas trop demandé si d’un roi ou d’une reine elle s’était éprise ;

« oh… à moins qu’il s’agit d’un prince ? »

mais même sa propre voix se semble pas convaincue de cette proposition.

le vin coule
laisse sur son sillage
des splendeurs vermeilles sur
ah ;
c’était très goûteux
et très somptueux en belle compagnie.

pourtant sasha semble
avoir fait promesse de
le tuer dans sa boisson préférée
en ce midi ensoleillé ;

manque pour la seconde fois
seconde amante dans son palais ;

oh bien sûr
bien sûr qu’il la connaissait la
plus belle danseuse de la vallée
((plus peste plus princesse encore que les cygnes qui y brillaient)) ;

lui lance un sourire grimaçant car
malgré tout ;
il savait que sasha lui resterait toujours chère
et vice-versa oh non
ce n’était pas ça qui l’inquiétait.

« sasha… ta reine ne se nommerait pas-t-elle raphaëlle ? »

oh à tout hasard
((hasard hasard ou coincidence car
après tout)) ;
le monde est petit mais
il aimerait entendre cette
surprise ((déception presque ?)) ;

c’est que soudainement
le repas arrive alors
qu’il ressasse ses échanges acides
avec ce vilain petit canard oh non finalement
ça ne l’étonnait guère qu’elle
somptueuse d’écraser
sous son talon sous ses ballets
les hommes les rois les princes les lois
ait réussi à séduire sasha et
il reconnaissait son bon goût c’est que
raphaëlle est un bijou à sa manière.

mais pizza six fromage et la magnifique pièce de viande
viennent ornementer leur table ;
attend la tempête sasha vite vite
il devait peut-être continuer la conversation
sur un sujet plus doux en fait
continuer la conversation
sur un sujet qui lui déplaisait fort bien.

« au moins, dois-je admettre ton goût magnifique. »

lui lance un clin d’œil malin
boit verre dans la main
sirote sa boisson tout en gardant un œil sur les expressions de sasha ;
jamais plaisant quand elle lance ses grandes foudres.

« alors dis-moi,
a quelle occasion as-tu pu la séduire ? »

oh hélianthe
a toujours sa malice ((amusée)) dans la voix car
il n’est là que pour approuver ses choix.

c’est que sasha avait manifestement
décidé de marquer ce jour-là
voulait-elle vraiment le faire s’étouffer
dans ce bon vin millésimé ?

oui,
hélianthe n’en doutait plus.

peut-être bien était-ce là sa vengeance pour la fameuse pizza
six fromages ((s’il vous plaît)) ;
qui l’écœurait lui-même rien qu’à sa vue son odeur
allons bon,
il aurait peut-être dû recommander un autre restaurant huppé.

secoue la tête face à son entêtement ((compréhensible)) ;
il l’emmènerait au meilleur bar à salade du coin
si seulement
elle lui semblait
pourtant s’amuser comme une folle avec
cette fameuse lueur dans ses pupilles

il serait bien peu avisé de la provoquer.

((pensait-il, car
il s’en sortait plutôt bien finalement

voilà que lui
roi des villas ;
((face à ses sournoiseries ou
face à son assiette peu recommandable)) ;
peut-être bien les deux.

« nous ne pensons pas que cette idée serait du goût de ta bien-aimée. »

et il reprenait ses couronnes plurielles ;
car définitivement
raphaëlle n’était pas un souvenir agréable à ses yeux
son propre trône qui ne lui sied guère

mais
sasha a quand même des goûts de premier choix.

hélianthe semble laisser traîner
face à son drapeau blanc
(deuil pour sa glotte ses poumons ou
son repas ainsi sacrifié)

pour les bêtises de sa reine préférée
((ne se doutait point de ce qu’elle lui ferait subir pour la suite)).

les bruits de sa fourchette d’argent
cliquètent contre l’assiette et son bout de viande
bien vite découpé
en morceau c’était
se délecter de ce petit répit.

« tu vises très haut, ça ne m’étonne pas tant. »

hélianthe redevient hélianthe
simplement ;
commande une autre bouteille car
il le sent
iels en auront besoin.

« est-ce que tu comptes un jour faire les présentations
à ton préféré ? »

et ça,
c’était pour la forme et
la monnaie de sa pièce ((d’or ou de diamant)).