Iseult à l’affut,
comme le chat tapi dans l’ombre,
le monstre sous le petit lit.
La noire cape qui dissimule les envies, la sombre capuche pour cacher les yeux pétillants d’arrogance. Elle voit, elle sait ; et se dit qu’elle ne repartira pas les mains vides. Qu’il est laid le grand bonhomme à sortir ainsi de la taverne en s’exclamant. Un éclat d’or, le tintement d’une bourse accrochée à la ceinture. Elle a les doigts qui démangent Iseult, la folle envie de venir les glisser sur le cuir, crocheter et s’évader.
Mais patience, patience.
Les monstres ont toute la soirée, jusqu’à la fin de la nuit. Démon au jean trop grand, jean troué tandis que de ses mains toutes salies par la terre, elle vient étouffer un bâillement. Sautille sur un pied, puis sur l’autre. Oh l’ennui des petits vols à la tire. L’homme se décide enfin à bouger -quel idiot peut-être devrait-il creuser sa propre tombe pour un peu d’avance- et la souris suit ses pas. Silencieuse comme une ombre, elle grimace de manière effrontée à un marchant rangeant déjà son échoppe face au soleil qui s’en va (et reviendra toujours le lendemain).

Les idiots sont nombreux, elle n’a pas eu à patienter longtemps. Oh s’engager dans une ruelle tout isolée, en voilà une bonne idée ! Il s’arrête un peu, semble chercher son chemin. Alors le démon s’avance, petit pas léger, petit pas rapide. Et d’un geste vif, attrape la bourse et n’est déjà plus là. Court, court aussi vite qu’elle le peut, le souffle rapide et amusé, les pièces d’argent toutes belles au creux de sa voleuse de main.
Court court et derrière elle, un cri de colère ; on la poursuit et là voilà qui peste un peu. L’idiot s’est rappelé qu’il avait de longues jambes. Bien plus longue que les siennes, toute mince de sauter parfois un repas.
Le hurlement rageux se rapproche, demande l’arrêt immédiat de cet odieux méfait.

Iseult ne connaît pas le mot « méfait » mais Iseult ne se trouve pas odieuse pour autant. Elle a bien envie de se retourner pour crier à son tour mais l’idée de se faire attraper la calme aussitôt. Alors elle saute sur un baril, s’accroche à la bordure d’une fenêtre et tout en agilité, se retrouve à courir sur les tôles un peu bancales du toit d’une taverne. Elle sautille, s’agrippe à une fenêtre encore plus haute et continue sa course dans une jolie roulade.

Et finalement, elle s’arrête. Bien cachée sur le toit d’elle ne sait quel bâtiment, elle marmonne pour elle-même « quel idiot… » et s’assoit en tailleur pour reprendre son souffle. Au loin, plus un son et la gamine sourit enfin de son petit larcin, vient soupeser la bourse avant de déverser une pièce ou deux dans sa main, petit sourire aux lèvres car aujourd’hui encore,
Personne ne l’a attrapé.

Les traques te manquaient, Linn.
Les longues et immuables chasses, parties de cache-cache entre ombres et lumières, entre couteaux et surprises. De celles dont on ne laisse pas la sourie repartir (tout à faite vivante), qui laissent la faim et la soif de côté.
Car tu n’es plus, une traqueuse. Plus tout à fait. Tu as des responsabilités, des missions à assumer.
Et aucune raison d’être ici, à l’autre bout du continent.
Encore moins à surveiller un aussi signifiant et pathétique homme.

Mais cet homme, oui cet homme, il vous intéresse. Il vous intéresse tellement que lorsque des menaces ont été émises à son encontre, une escorte à été déployée.
Au fil des semaines, seules des prostituées l’ont approché si bien que la garde rapprochée s’est réduite, encore et encore. Les menaces n’ont jamais été mises à exécution, et cette histoire a fini par vous faire perdre du temps.
Sauf que toi, Linn, tu ne peux pas le laisser gambader joyeusement seul dans la nuit.
Il a beau te répugner, tu le sais être une proie facile.

Une proie qui vient tout juste de se faire attaquer.

De ton ombre, tu regardes la sourie s’échapper, larcin entre les griffes. Si tu devais aller t’inquiéter pour l’idiot (ne devrais-tu pas le réconforter, l’aider, toi sa gardienne, Linn ?) tes yeux ne peuvent s’empêcher de suivre l’oisillon qui court et court. Vol et puis s’envole.
Agilité cachée.
Et un souvenir frappe ta tête, étourdissant. Un toi plus jeune qui saute de toit en toit, riant, volant. Une enfant des rues intrépides, au pignon de pain dans la main. Un peu comme elle.
C’est peut-être ça qui te fait la suivre.

Tu quittes ta cachette, emprunte le chemin des étoiles ; un pied sur une brique, les mains sur un abris, un balancement dans le vide, et te voilà déjà sur les toits. Mais l’oisillon n’est pas là, pas à portée de vue, du moins. Tu sautes, un, deux, toits. Quelques roulades, quelques pirouettes.
Mais la rattraperas-tu seulement ?

Un soufflement brise le silence. Un marmonement, là derrière la cheminée.
Tes pieds de plume la contourne, et enfin, tu la retrouves, cette enfant des rues, cette toi de maintenant.

« Il n’a pas besoin de cette bourse, mais j’apprécierai si tu la lui rendais. » Tu n’en as pourtant rien à faire de cet imbécile, à peine bon à se tenir debout. Mais ta mission reste pourtant ta mission, et peut-être cachait-il même des documents importants dans sa bourse.

Iseult est heureuse, Iseult à la sourire au coin des lèvres, le butin bien en main et l’effronterie tout en couronne là posée sur sa tête.
Qui serait là, à un jour l’attraper ?
Qui qui qui. S’envole trop haut, dégringole trop bas. Iseult et ses voltiges, ses ailes dorées qu’elle seule pourrait imaginer.
Et soudain, une brique qui craque et c’est le sursaut, l’impression d’être coincé ; serait-ce la fin ou le début ? Elle ne bouge pas Iseult quand la grande dame apparait. Ne bouge pas, toute serrée contre son précieux butin là plaqué contre sa poitrine. Les crocs invisibles oh promis elle mordra (si fort qu’elle en rira).

Les traits aussi asiatiques que les siens, Iseult juge et fronce les sourcils. Car on ne dérange pas les voleurs à moins d’en être un soi-même. Elle n’aime pas ça, peut-être vaudrait-il mieux pour elle de délier ses petites ailes.
Elle ricane pourtant à la demande. Fuir ? Oh non Iseult ne fuit pas. Rendre son beau larcin ? Et demandera-t-elle une jolie courbette avec ça ?
« Il a besoin d’un trou où s’enterrer et puis c’est tout. Je l’ai volé à la loyale ! » Elle se redresse enfin, sert d’une main toute colère la bourse remplie d’or et d’argent. Aussi rapide qu’elle peut bien l’être, l’autre main vient attraper un poignard à sa ceinture.
« Dégage. »
Mot craché avec toute sa sincérité. Elle n’est pas en colère Iseult, probablement un peu nerveuse, toute protectrice quant à son larcin du soir.

Elle est belle Iseult, à voler sur les toits, l’arrogance aux lèvres. Elle est belle les cheveux dans le vent, le butin entre les doigts. S’en rend-t-elle seulement compte ?
Toi, la faucheuse, le monstre, tu as le temps d’un instant cette étincelle d’admiration dans tes yeux mort d’émotions. C’est une innocente jeunesse qu’elle t’offre, une jeunesse que tu as perdu (renié) sous les couches de cicatrices qui couvrent maintenant ton corps.

« Il est sous ma protection, pour l’instant ». Mais tu aurais tout l’occasion de le tuer une fois cette protection envolée.

Elle est rapide, l’oisillon, à sortir son poignard. Elle est précise, motivée. Elle a la hargne au ventre et l’hostilité aux lèvres.
Tu la regardes sortir cette lame, presque avec la tendresse d’une mère, en souriant. C’est enfantin de menacer son butin avec un bâton de bois.

Tu sors une de tes lames également. Tu la regardes, un moment, avant de prendre une inspiration et de lancer la lame dans les airs, là sur la cible que tu as défini.
Un corbeau tombe du ciel en plein vol.
Ce n’est pas quelque chose que tu aimes faire, ces démonstrations. Ce n’est pas quelque chose que tu fais, d’ailleurs. Mais elle, Iseult, elle est spéciale à tes yeux.

« Voilà ce que l’on va faire. »

Tu sors une bourse de ceinture, que tu viens lui tendre.

« Si tu arrives à me prendre cette bourse pleine de rubis d’entre les mains, je te l’offre, ainsi que celle que tu as déjà. Si tu n’y arrives pas… » mais tu ne finis pas ta phrase.

Si tu lui proposes ce jeu ce soir, c’est bien que tu as vu ce quelque chose en elle.

Iseult à l’arrogance collé à la peau, non non personne ne lui dérobera son larcin. Personne ne saurait la rattraper, là entre deux voltiges sur les toits poussiéreux. Ne sait que lire dans les yeux de l’autre ? Le danger, petite lueur prédatrice. C’est un coyote, un lion, un monstre ; pourra-t-elle y échapper ? Courageux petit être armé de son faible couteau, se demande bien si elle fait le poids.

« T’aurais du mieux surveiller ton petit protéger alors. »Mimique sournoise, elle soulève la bourse dans un air de défis. Ah c’était donc ça la surveillance ? Le laisser se faire dépouiller par les enfants rebelles avides d’aventure ? Elle ricane un peu devant ce qu’elle croit être l’incompétence.
Si elle savait.
Mais la voilà soudain bien attentive quand poignard est alors retiré de sa cachette. Iseult se crispe, à l’affut du moindre mouvement. Et pourtant, petit rossignol bien lent elle n’aurait pu rien esquiver face à la rapidité du geste.
Un oiseau mort à ses pieds. Elle dégluti, les yeux arrondis. La fuite ne lui paraissait plus aussi déraisonnable à présent. Mais la gamine secoue la tête pour se reprendre, réellement impressionnée derrière son masque courroucé. Elle aussi aimerait savoir lancer comme ça, elle aussi aimerait briser les cieux et y voir pleurer les larmes de sang. Le corbeau à ses pieds comme un trésor tombé des nuages.
Toutes à ses réflexions, Iseult recule brusquement d’un pas quand l’autre lui tend une bourse. Mais la tête est relevée, tout intriguée.
Voilà de quoi l’intéresser, la forcer à rester (une minute promis rien qu’une minute) et s’extasier devant la promesse de beaux rubis.
Et le défis, oh le défis, comment résister. Alors Iseult sourit, fait tournoyer une seconde sa lame au poignet.

« Ca me va. Si je n’y arrive pas… » Elle imite le ton de l’autre, laisse trainer les mots dans un demi sourire effronté. « … je te devrai une faveur ! »
Elle oublie vite Iseult, le noir cadavre à ses pieds et les lames trop vite relâchées. Elle oubli vite qu’elle n’est qu’oisillon entre les mâchoires des montres. Trop téméraire elle pense pouvoir voler, s’accaparer.
Car elle ne perdra pas, n’est-ce pas ?
Mais la jeune fille n’attend plus aucune réponse, sa lame est rapidement lancée sur l’ennemi tandis que déjà, elle se met à bouger. Car si elle à au moins appris une chose de ses années sur terre, c’est qu’il ne fallait jamais rester immobile face au danger.
Alors elle bouge, se rapproche un peu en sautillant.
Cette bourse, elle l’aura.  

Ah, que c’était embêtant, de devoir protéger quelqu’un. Tu n’aimes pas ça, Linn. Car d’un certain côté, même si tu pourrais très bien le laisser crever à n’importe quel moment, il te rend faible. Tu dois faire attention, veiller sur lui, t’assurer qu’il ne lui arrive et arrivera rien.
C’est un travail à plein temps qui te rend dépendante, d’une certaine façon.
Mais pas avec la dépendance que tu aimes (dans laquelle tu te complais).
Et ce qu’elle appelle petit protéger, n’est rien d’autres qu’une personne importante que tu veux garder en vie, avec sa bourse pleine si possible.

La bourse pleine de joyeuses promesses réussit à retenir l’attention de la voleuse. N’est-ce pas un joli appât pour une incorrigible gamine des rues ?
Et ça te plait, ce challenge que tu viens de lui lancer.
Des rubis contre une faveur.
Une faveur ou des rubis.

S’il n’y avait qu’une seule perdante, tu te sais déjà gagnante dans cette joute ; en toi l’excitation ne faisait que monter. Voilà bien longtemps que tu ne t’étais pas éprise de passion pour une activité quelconque.

« Fait attention à ce que tu dis » car tu n'oublies jamais.

Peut-être est-ce toi qui devrait faire attention, alors que la lame file à pleine allure vers ton visage. Un pas vers l’arrière, à peine trop tard, te vaudra une fine entaille au niveau de la joue.
Elle avait les serres affutées, cet oisillon.

Tu recules encore un peu, la main toujours tendue mais qui bientôt vient attacher la bourse à ta ceinture. Tu aurais pu la laisser pendre dans le vide, laisser un peu de facilité ; mais tu vois bien que cela aurait été un affront.
L’oisillon est bien plus aigle que rossignol.

Tu reprends la lame encore coincée dans le plumage de ta malheureuse proie pour venir l’essuyer contre ta manche. Tu la regardes un moment avant de la ranger ; non ce soir tu ne voulais pas blesser, pas (plus) tuer mais bien jouer (tester).
Alors tu t’approches à nouveau d’Iseult, prépare tes mains à la désarmer.

A l’affut, Iseult se sait dans son élément : les toits les plus haut et les acrobaties comme un envol oh pourvu qu’elle ne s’écrase pas (dix mètres plus bas). Mais l’autre est sauvage, parait indomptable. Si elle ne le montre pas, la voleuse est inquiète. Infime petite sensation là au creux du ventre, à la faire vibrer d’inquiétude.

Mais l’oiseau ne veut finir comme le corbeau à ses pieds.
Mais elle sait déjà qu’elle peut gagner,
qu’elle va gagner.

Sourire railleur quand le premier sang est versé, infime gouttelette qui perle comme une promesse (de victoire et d’éternité). Iseult est rapide, sautille et s’avance comme un rêve ; un cauchemar. Elle fronce les sourcils à la vue de la lame rangé à la ceinture. Car Iseult veut le combat à la loyal, Iseult veut se battre comme son égale. Peste intérieurement, ah elle lui fera bientôt sortir ses aiguisés jouets !
Mais oh petit démon encore jeune, trop enjoué et précipité à s’en prendre les pieds. Ne cherche même pas une ouverture, se lance à corps perdu dans la dangereuse aventure. Si elle essaye de feinter, toute élégante tactique est délaissé pour préférer se jeter sur la grande dame et ses oiseaux morts. Elle se baisse, vise rapidement du pied le genou de l’autre, espère la faire tomber ; déchiqueter. Une main se pose déjà à la ceinture pour parer à toute éventualité.
Le sourire qui ose défié toujours ancré.

L’oisillon est bien sûre d’elle, fonce fonce fonce sans regarder, les lames aux poings et la fougue au fond des yeux. Elle est tempête ce soir la jeune Iseult, lorsque les coups s’abattent sur toi. C’est un jeu de lames bien orchestré et savamment mené. Un coup de genou qui devrait te faire tomber se retrouve dans le vide, alors que tu te décales d’un pas rapide.
Il n’y a plus de feintes, plus de gentillesses qui viennent peupler ses gestes.
Et c’est ça que tu veux voir.
Peut-être t’es-tu trouver un nouveau jouet à transformer ? C’est que te sens seule, parfois. Les nuits seraient plus fraîches à deux (monstres).

« Tu manques de rapidité. » seul commentaire qui franchisse tes lèvres jusque là scellée. Tu sors tes lames, tes précieuses dagues venant par paire, que tu lances à tour de rôle contre Iseult. L’une sur son flanc droit, l’autre vers sa jambe gauche. Même sans cristal activé, tes gestes restent ceux d’une experte, qui n’a pas l’habitude de manquer sa cible.
C’est un test, que tu lui tends là. Maintenant que tu sais comment elle se déplace pour attaquer, tu veux voir comment elle se défend.
Alors, peut-être lui livras-tu certains secrets, à cette enfant des rues.

La rage la rage, comme une flamme recrachée à chaque mot, chaque pensée. Peut-être finira-t-elle cadavre aux pieds des grands Iseult, peut-être plaindra-t-elle son pauvre corps percé de lames car elle n’aurait su s’arrêter. Baisser la tête face à la défaite. Car dans sa tête elle chante victoire, se voit déjà reine, impératrice et guerrière bien que l’issu du combat ne fasse aucun doute.
Elle n’est qu’oisillon sur sa branche, bat vigoureusement des ailes pour espérer s’envoler ; ne pas s’écraser.

Et la remarque de l’autre la fait enrager encore plus. Manque de rapidité ? Oh non Iseult est poussière sur les toits, éclairs dans les airs. Manque de rapidité ? Elle peste, crache aux pieds de l’ennemi dans un geste tout sauf élégant car ce mot elle ne connait pas.
Mais finalement, les lames de l’autres sont sorties alors Iseult peut enfin sourire.
Sourire oui, qui finit bien vite en grimace quand il devient évidant que ses feintes de marchent pas. Un cri de douleur vient à la place franchir ses lèvres boudeuses, si orgueilleuses alors que la dague s’enfonce dans sa jambe gauche. Elle si fière d’avoir réussi à éviter de justesse la première lame, se voit vite redescendre sur terre.
Elle s’écroule à moitié sans cesser de pester, de crier de vilains mots, splendides insultes que personne n’oserait jamais répéter. La blessure n’est pas profonde et ce n’est que du fer dans la chair, là où elle ne tuera pas mais oh qu’elle douleur. Elle l’arrache Iseult, jette cette arme qui ne lui appartient pas dans un tintement métallique alors qu’en maudissant le monde, elle se remet faiblement debout sans faire attention aux sentiers rouges qui creusent la peau.
Le regard mauvais, toujours mauvais.

« T’aurais dû viser la gorge. »

Sans un mot de plus, la voleuse lance à son tour une énième dague.
Vise le cœur, vise la mort.
Se fiche bien du reste Iseult, se fiche même des beaux rubis promis à présent.

Les mots ont cet impact que tu ne comprends pas. Ou plutôt, que tu as cessé de vouloir comprendre. Tu considère depuis bien longtemps qu’ils ne sont pas fait pour toi, que tu es au-dessus de tout ça. Mais ah regarde comme tu ne l’es pas Linn. Tu es comme Iseult, un oiseau qui se bat pour montrer sa valeur. Montrer qu’il n’y a pas de manque de rapidité qui tienne. Et tu le sais, en plus, qu’elle est bien plus forte que le premier venu. Tu le sais mais tu n’as pas pu t’en empêcher. Comme un professeur qui veut pousser son élève à faire toujours mieux.
Mais Iseult n’est pas ton élève,
à peine une connaissance que tu viens de rencontrer.

La lame s’enfonce devant ton visage resté imperturbable. Nulle goutte de sang de te décrochera jamais la moindre expression. Ce qui devait arriver arriva n’est-ce pas ? La lame devait trouver la chaire comme une prophétie écrit à l’avance. C’est un peu ce que tu sais faire, écrire des prophétie. De ce que tu crois, du moins.
Et là, tout de suite, ta prochaine prophétie est de rendre un peu plus Iseult comme toi.

« Je ne vise les gorges que de ceux que je dois tuer. » et tu ne veux pas la tuer. Tu n’en as ni l’ordre ni la passion.

Lorsqu’à son tour la voleuse lance sa lame contre ton cœur, tu l’accueils sans un seul battement de cils entre des doigts. Ils enserrent la lame à quelques millimètre de la mort certaine qu’Iseult te préparait. De ta main, il n’y a que le sang qui goûte à présent, alors que tu relâches la lame par terre. Tu as fini de jouer, tu as finis de tester : tu sais maintenant de quoi elle est capable.
De la destruction qu’elle peut apporter.
Et peut-être pour la première fois depuis bien longtemps, tes joues se plissent dans un sourire.

« Tu es douée, continue. Vient ensuite me trouver quand tu seras meilleure. »

Dans un mouvement de main, de celle encore indemne, tu lui lances la bourse pleine de rubis.