Onyx a l'habitude des étoiles qui ne s'éteignent pas (jamais). Il les observe parfois depuis la fenêtre qui donne sur les rues de la capitale, il penche le visage vers ce ciel obscur qui jamais ne s'allume et songe, songe, que peut-être un jour il voudra s'en aller loin des nuits éternelles. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, alors même qu'il entrouvre les paupières, il y a une main qui vient caresser sa peau, qui fait frissonner tout son corps, quand le murmure glisse contre l'oreille. Il sourit légèrement, c'est que son invité à moitié oublié malgré la nuit quasiment inoubliable qu'ils ont passé a les mains toutes en douceur, les paroles en candeur. Et Onyx, bien que prénom de l'invité oublié, ne se retient pas de se retourner contre lui, enrouler un bras autour du corps amoureux d'une nuit pour l'observer plus attentivement, pour le voir sous les lueurs étrangères qui passent au travers des fins rideaux.

« Bien et toi? »

Glisse un baiser sur la mâchoire, un autre sur la tempe, et se redresse, après quelques minutes à profiter simplement de la chaleur du corps tout blottit contre le sien. C'est qu'il est bon hôte, il traite ceux qui finissent dans ses draps comme des amis, des amants (des amoureux), et, d'une voix un peu rauque par le sommeil, tourne le visage vers Léo, lui sourit un peu et demande gentiment.

« Café? Thé? J'ai aussi du chocolat chaud. »

On ne dirait pas, dans la carrure de ses épaules, mais il est d'ailleurs plus du style à se servir de cette dernière boisson que des deux premières. Alors une fois le pantalon confortable clair contrastant avec sa peau foncée enfilé, il se dirige vers la petite cuisine toute reliée à sa chambre. C'est que sa maison n'est pas bien grande, lui convient ainsi. Il se sert du lait dans une tasse, avant d'observer l'homme encore sous ses draps et rit légèrement.

« Je suis navré mais... Je ne me souviens pas de ton nom. »

C'est qu'Onyx se félicite des baisers déposés, des paroles échangées. S'il a pu combler la nuit de son amant de minuit, il en est bien satisfait, oui. Alors il s'active dans sa cuisine, pour offrir une matinée toute aussi exquise, préparant deux chocolats chauds avec calme, dans la matinée agréable. Il sourit un peu lorsqu'on lui demande aussi son prénom.

« Eh bien, Léo, je pense que nous faisons là deux amants bien pitoyables, tu ne crois pas? »

Il rit un peu, car, après tout, la situation est bien cocasse. Comment a-t-il appelé le jeune homme, tout au long de leur précédente nuit? Il se le demande, en versant leurs deux tasses.

« Onyx. »

Au moins ne déçoit-il pas son invité, comme ses prochaines paroles le confirment. Il lui sourit avec douceur et vient traverser la cuisine pour poser une des deux tasses fumantes devant le roux qui a trouvé refuge dans son petit appartement. Il lui caresse légèrement la tête, comme véritable amoureux, la joue, aussi, avant de se retourner encore.

« Hm, je ne peux que confirmer. Et puis, pour une fois, l'alcool ne m'a pas menti sur ta beauté, faut-il croire. As-tu faim, aussi? »

Car il se sort une pomme, qu'il croque à pleines dents, en observant Léo d'un œil curieux. Il se demande, au même instant, s'il pourrait peut-être lui proposer de rester un peu plus longtemps avec lui, ne dirait non à un peu de chaleur humaine, à un peu d'amour. C'est qu'il lui en manque, terriblement.

« Je dois avoir du pain, de la confiture, si tu veux. Ou des fruits. »

Un sourire ourle les lèvres de l'Astre, qui observe son invité. Oui, c'est joli, Onyx. C'est la couleur de ses cheveux d'enfant, celle qu'il a perdu si tôt, déjà, comme si la vieillesse (la mort) venait s'emparer de ce petit corps adolescent avant même qu'il ait le temps de voir les années défiler. Mais il était encore en vie, Onyx, comprenait bien que ça n'avait jamais été qu'un leurre pour le rallier à la cause des morts, pour qu'il s'en méfie, pour qu'il les glorifie.

« Regretter, alors que tu m'as approché comme si tu voulais me dévorer tout entier hier soir? Je veux bien que l'alcool puisse rendre ivre (d'amour), mais pas à ce point. »

Il ricane, et puis prend une pêche qu'il dépose sous le nez de son amant de la nuit. Onyx s'approche des vitres qui illuminent un peu l'intérieur de l'appartement. Il ouvre une fenêtre, l'air frais entre, enivre et fait frissonner les peaux.

« On s'y habitue, peu à peu. »

Car oui, les lampadaires éclairent jours et nuits, non, les étoiles ne s'éteignent jamais. Mais ça ne le dérange pas, non, Onyx. Il aime regarder au travers de la translucidité de ses vitres pour observer les astres accrochés loin dans le ciel haut.

« Comme l'on doit bien s'habituer de la neige célestienne. Je crois me souvenir que tu viens de là-bas. »

Il s'installe à ses côtés, boit son chocolat.

Onyx sort rarement de la citée, Onyx n'est qu'Astre parmi les Astres. C'est certainement ce qu'il aurait répondu, oui, s'il n'avait des affaires (au mystérieux commanditaire) à régler dans d'autres pays, loin des horizons aux sombres jours, aux sombres nuits. Mais il sourit doucement. Car la neige célestienne, il n'a pas encore eu l'occasion de l'effleurer, du bout de ses doigts déjà froids, non. Peut-être un autre jour. Mais il n'aurait à mentir à son amant, en glissant la réponse du bout des lèvres.

« Non, je n'en ai pas encore eu l'occasion. Peut-être bientôt, qui sait? J'aime bien voyager. »

Voyager et découvrir, de nouveaux horizons, de nouveaux visages (de nouvelles cibles). Oh, il est curieux de tout découvrir, dans ce monde nouveaux. Peut-être car il veut repaître son cœur de tous les amours que Celestin a abandonné en lui, ce jour là.

« C'est joli? Polaris, Celestia. Peu importe. Je crois que je n'ai jamais vraiment vu de neige de ma vie. »

Il est enfant des chaleurs, malgré la nuit, l'absence du soleil ici est un climat auquel il faut s'accoutumer. Car la nuit enferme la fraîcheur, même en été (mais il ne le sait pas encore).

« Hm, si tu me proposes une petite visite, peut-être que je viendrai. »

Il a le sourire mutin qui tangue sur le bout de ses lèvres, un peu amusé, rien que pour voir la réaction de Léo.

Tout de jour, Polaris a certainement de quoi éveiller les esprits. Probablement est-ce pour cela que l’on ne l’a jamais envoyé là-bas. Ne serait-il trop dangereux, de se tâcher les mains dans un pays qui, de toute évidence, se souviendrait de sa venue parmi eux ? Car la sécurité est à son maximum, Donovan doit bien s’en douter. Il attendait que les proies sortent du terrier, pour mieux les dévorer. Mais celle qu’il avait sous les yeux, il l’observait de son regard rieur, car elle n’était pas bonne à déguster, non (tout juste pour rassasier un estomac à demi vide).

« Vraiment, tu ferais cela. »

Plus que la neige, Onyx en est certain, il y a Léo tout entier à découvrir, là-bas. Car que sait-il de cet homme, à part sa provenance, les doux sons de sa voix, les courbes de son corps ? Pas grand-chose. Et c’est qu’il aime connaître les anges qu’il tient entre ses bras. Les sous-entendus que celui-ci fait glisser jusque ses oreilles le fait rire légèrement, avant de se pencher pour pouvoir enrouler un bras autour de la taille de l’homme à ses côtés.

« C'est si gentiment proposé que je ne saurai refuser. C’est que je ne sais résister aux propositions si indécentes. »

Il a la voix suave au creux de l’oreille, lorsqu’il dépose un baiser sur la tempe, presque tout contre l’oreille, avant de se lever pour aller jeter les restes du fruit qu’il venait de dévorer.

« C’est que cela m’intéresse, d’en savoir plus sur toi. On dirait que tu es un secret tout entier, même après t’être glissé entre mes doigts, hm. Cela arrive rarement, à vrai dire. J’aime apprendre à connaître les gens. »

Avant de goûter à la saveur de leur peau.