Comme tout le monde, Thècle est furieuse en découvrant le scandale derrière le Kamikakushi. Pas pour l'écroulement des capitales et la destruction du monde tel qu'ils le connaissent, mais pour la Transcendance. Alexander, Kazuki et peut-être même Cassandra, c'est de leur faute à tous les trois si Thècle est malade, si bientôt Thècle doit mourir. Et Thècle dans sa lente agonie veut vengeance. Si elle doit tomber, alors les autres aussi !
Alors quand l'appel est lancé, la doyenne se porte volontaire sans l'ombre d'une hésitation. Traquer c'est sa spécialité. Des dissidents aux trafiquants d'animaux protégés en passant par les petits voyageurs clandestins à la frontière, l'humain est son gibier préféré. Et la jungle, c'est un terrain qui ne lui fait pas peur : elle est formée à évoluer en milieu sauvage. Si Kazuki est dans les parages, il n'a plus qu'à bien se tenir ! Même avec un rhume carabiné et des courbatures, Thècle est bien déterminée à l'attraper.

Seulement, une fois sur place, la douanière s'étonne de tomber sur un gamin et la directrice de l'orphelinat. Mathilde qu'elle s'appelle, elle la connait par l'intermédiaire de Muriel (paix à lui).

▬ Hum b'jour. Vous avez un cristal de localisation c'est ça ? Qu'elle s'interroge entre deux toussotements en se demandant pourquoi est-ce qu'on lui colle dans les pattes un tel duo.

Mais Thècle n'est pas au bout de ses surprises : c'est Monsieur le président en personne qui rejoint leur équipe. Elle a beau être âgée, elle est surprise et écarquille l'oeil devant la présence de Tatsuya qui les salue, l'air de rien.
Au fond d'elle-même, elle a un mauvais pressentiment. Notamment parce qu'il lui semble que la dernière fois que Mathilde et Tatsuya étaient ensembles, c'est son ex-collègue Muriel qui a trouvé la mort. Mauvais présage, mauvais souvenir. Elle s'éclaircit la gorge.

▬ Merci Monsieur. A-t-elle poliment répondu au président avant d'assister à la décomposition attendrissante (mais également un peu bête) du plus jeune, visiblement très impressionné par Tatsuya auquel il déblatère un discours qu'elle ne comprend pas bien.

Les voilà menés vers une colline, Thècle suit, déjà sur le qui-vive, observant leur environnement à la recherche d'indices. Une fois les premières instructions données, c'est elle qui prend la parole :

▬ Bien Monsieur. Kazuki est-il un habitué de ce genre d'environnement ? Si c'est un bourgeois citadin qui ne sort dans les bois qu'un dimanche sur quatre, il devrait être facile à repérer.

La ranger sort alors une longue-vue de son sac et commence à scruter le terrain en bas. Des traces de pas, un sentier de brindilles brisées, des objets laissés dans la boue, si passage humain il y a eu, elle ne devrait pas tarder à s'en apercevoir.

Se méfier des apparences donc. Les animaux acculés sont les plus dangereux et dans sa fuite, Kazuki a peut-être engagé des hommes de main. Ce serait la chose la plus intelligente à faire, songe-t-elle.

▬ Hum... quel intérêt Alexander a-t-il à ce que Kazuki s'échappe ? S'il était malin il l'attraperait lui-même pour rejeter toute la faute sur lui et conserver son pouvoir. Rétorque-t-elle. Elle a vu des tyrans bien pires s'en sortir avec des méthodes bien plus douteuses.

Au loin, il lui semble deviner des traces dans la terre. Un passage. Humain peut-être ? C'est le seul indice qu'ils ont pour le moment et pas question de passer à côté. Du doigt elle désigne sa découverte :

▬ Ce sentir a l'air d'avoir été emprunté, je vais aller vérifier ! Et elle n'attend pas qu'on lui donne une quelconque forme d'approbation pour réajuster la sangle de Toto et glisser sa longue-vue entre les doigts de l'adolescent : Si vous voulez guetter aussi. Tu dois avoir une meilleure vue que moi d'ailleurs. enfin sauf s'il passe effectivement ses journées devant un écran.

La voilà déjà en train de descendre la colline pour aller examiner ce qu'elle espère déjà être une piste. Si les autres veulent la suivre tant mieux, sinon tant pis. Pas de temps à perdre : quand on chasse il ne faut pas laisser sa cible gagner trop de terrain. C'est la base.

Finalement et contre toute attente, le plus inutile de la troupe c'est peut-être le Président qui les observe pendant que Thècle et Mathilde se lancent sur les traces, la directrice sous forme féline. Dans son dos, la ranger a le temps d'entendre l'adolescent interroger un oiseau avant de se reconcentrer sur ce qu'elle est en train de faire et s'éviter une malencontreuse chute. Elle oublie souvent qu'à Althea grâce aux cristaux, il existe mille et une façon de faire les choses.

▬ Pratique, pratique. Marmonne-t-elle en regardant le tigre flairer la piste avec peut-être un soupçon de jalousie. La méthode traditionnelle - entendre la sienne, semble un peu désuète désormais. Ça ne l'empêche pas d'examiner les empreintes dans la boue et de donner ses conclusions à voix haute : Un groupe de minimum cinq personnes. Celle au centre porte des bottes différentes, clairement pas adaptées au terrain. C'est peut-être notre homme et son escorte. La doyenne relève la tête et observe la direction vers laquelle mène leur indice. On peut les suivre bêtement ou on peut tenter de leur couper la route en passant par les marécages et en espérant qu'ils ne soient pas truffés de sangsues et d'autres bestioles.

Tatsuya les a rejoint. Thècle le toise un instant et songe que si le leader de Célestia se fait arracher un bras par un crocodile un peu vénère, elle ne tient pas particulièrement à être responsable.

▬ Peut-être pouvons-nous nous séparer ? Je peux les contourner, me positionner pour une embuscade, ouvrir le feu et vous me rejoindrez en suivant la piste. L'effet de surprise sera double.

Encore une fois, elle ajuste Toto sur son épaule, signe qu'elle est prête et parfaitement capable de donner l'assaut. La végétation épaisse de la jungle est un lieu idéal pour ce genre d'escarmouche : difficile d'y voir la menace arriver.