C’est avec un peu de désespoir que la brune voit l’explorateur descendre le long toboggan, après que le sol se soit ouvert sous ses pieds. Ça, c’était bien quelque chose dont elle ne se souvenait pas, après l’énigme, dans leur rêve qui leur servait de première rencontre avec le Maître des songes. Soupirant doucement, elle se lance dans le toboggan en retard, après les autres. Arrivant dans la grande salle ronde à son tour, elle regarde la statue avec incompréhension.

S’approchant d’elle en fronçant les sourcils, celle-ci lui paraissait tout droit sortie de la caverne aux merveilles. Elle penche la tête sur le côté et regarde les bras de la statue.

« Elle est bizarre cette statue, non ? »

Carmen suit alors du regard la direction pointée par le primate, pour aller jusqu’à Raeb, ainsi que jusqu’au visage de la statue. Sans comprendre, elle soupire doucement, et croise les bras.

« Vous avez essayé d’y toucher, non ? Elle ne doit juste pas être contente. »

Vu toutes les choses étranges qu’elle a vues dans un monde comme celui-ci, elle n’est même plus surprise. Croisant les bras et soupirant, elle hausse les épaules.

« Il faut peut-être lui donner quelque chose ? »

Elle ne voit pas quoi. Et elle commence à regarder autour, pour voir s’il n’y a pas quelque chose qui pourrait convenir.

Il faudrait peut-être lui donner quelque chose. C’était ce que la jeune femme avait émis, comme supposition. Mais elle était tout de même loin de penser qu’il faudrait donner quelque chose de vraiment très précieux. Carmen soupire doucement, continue de regarder cette statue de primate, tout en serrant légèrement les dents. Qu’a-t-elle réellement à donner ? N’y-a-t-il pas quelque chose dont la brune aurait dû se séparer, un jour ? Il y a bien longtemps ? Ce qu’elle aurait dû abandonner lorsqu’il était encore temps, lorsqu’elle avait encore quelque chose à perdre. Quelque chose à perdre, sauf ça. Elle soupire à nouveau. Ses cheveux bruns volent légèrement alors qu’elle monte sa main à sa poitrine.

Il y a bien quelque chose qu’elle, elle aurait à abandonner. Mais en est-elle réellement capable ? N’aurait-elle pas dû faire son deuil depuis des années maintenant ? Voilà près de 7 ans qu’elle court dans le vide, et qu’elle cherche à retrouver un fantôme. Au point qu’un Cristal a pris son apparence pour la hanter, maintenant. Elle soupire longuement, avant de secouer la tête. Une voix lui parvient à nouveau, celle du spectre la pourchassant depuis des années.

« Tu es incapable de m’abandonner. Tu le sais. Ca fait des années que c’est comme ça, et que jamais tu ne pourras te détacher entièrement de moi. »

Et pourtant. Ces derniers temps, la brune essaie. Elle est allée bien trop loin, c’est pour ça qu’elle est ici aujourd’hui. Parce qu’elle a fait trop de mal, causé trop de torts et de douleurs aux gens qui étaient pourtant innocents. Elle se souvient encore du sang de Andy qui coulait sur ses doigts, après qu’elle l’ait poignardée. La française souffle à nouveau.

« Tu y penses réellement, hein ? M’abandonner, comme toujours ? Rien que ta présence ici est une trahison en soi, Carmen. Il t’aurait permis de me ramener. Et toi, tu préfères jouer les héroïnes pour soi-disant sauver le monde ? Tu es pathétique. Tu ne me mérites pas. »

Il n’y avait rien de plus difficile que d’entendre le fantôme d’une personne que l’on a aimée détruire tout ce que l’on a fait pour elle jusqu’à maintenant. Mais pourtant, la Pirate – si tant est qu’elle l’était encore – ne ploie pas devant cette illusion. Car c’est tout ce qu’elle est : Un songe, un souvenir. Quelque chose qui appartient désormais au passé. Soufflant un peu plus, et sentant sa respiration accélérer, le ton de la femme derrière monte.

« Tu ne peux pas m’abandonner, tu le sais ! Alors pourquoi est-ce que tu essaies quand même ? Je suis avec toi, maintenant et pour toujours ! Et je suis la seule qui t’apprécie réellement ! Tous les autres n’ont fait que te mentir, avant de disparaître ! Ou avant de t’attaquer ! »  

Mais maintenant, c’était terminé. Prenant une grande inspiration, Carmen retire sa main de sa poitrine, avant de souffler à nouveau. Finalement, c’est à elle d’ouvrir la bouche, pour la première fois depuis quelques temps. Elle qui parle vraiment enfin.

« C’est fini. J’en ai fini avec toi. Disparais. » Murmures pour elle-même. C’est difficile, et peut-être aura-t-elle encore plus de douleurs. Mais maintenant, elle n’a plus vraiment le choix. Secouant la tête, elle redresse la tête vers le singe.

« J’ai perdu ce que j’avais de plus cher. Elle est tienne, maintenant. Donc laisse-nous passer. »

Les fantômes du passé, même si c’est douloureux, doivent être laissés au passé. Et désormais, la voix ne lui parle plus.