Les réminiscences surgissent de temps à autre, un terrible cauchemar ancré dans ta mémoire, une nuit qui te sera inoubliable car t’aimerais qu’on t’efface ces horribles scènes vécu il y a quelques jours.

Mais tu n’es malheureusement pas maître de toi-même pour en décider ainsi, t’aimerais devenir amnésique et ne jamais te rappeler de ce type, cependant les choses se serait certainement reproduite après sans que t’en ai la conscience sereine, et indéfiniment ça aurait été une boucle.

Tu n’arrives plus du tout à dormir, tu n’arrive plus à penser à autre chose, tu as beau t’occuper avec les moyens du bord malheureusement tu étais dans l’obligation de camper à l’intérieur de ta tente pour un bon petit moment afin de récupérer et t’avais l’impression de suffoquer dans ce tissu. En fait t’étais littéralement en train de t’asphyxier à cause de la chaleur et de l’angoisse, même si tu es à l’ombre ça ne t’empêche pas de sentir cet air chaud te piquer violemment les narines.

Tu es dans une position de faiblesse mais si tu souhaites te rétablir un peu tu n’as pas d’autres solutions, tu trembles à l’idée de devoir le recroiser malencontreusement et qu’il enfonce le couteau dans la plaie petit à petit parce que tu es sur le sol sans pouvoir faire quoi que ce soit, cette idée te terrifie l’esprit que tu en deviens presque parano.
Tu t’es contenté de fermer les yeux et au fil des jours qui passe tes cernes se faisait de plus en plus grande à tel point que l’on aurait du mal à te reconnaître même sous cette touffe de cheveux et ça ne te rend même pas séduisant, on dirait un mort-vivant.

Mais tu recommences à te sentir un peu mieux physiquement parlant tu es enfin prêt à établir un plan : quitter le désert pendant un temps mais avant tu devais trouver un moyen où pouvoir te cacher le temps de respirer et d’encaisser ce que tu viens de vivre.
Car il ne faut pas oublier que tu restes un oublié, tu n’es donc pas le bienvenu sur n’importe quel territoire, cependant tu commences à connaître Celestia alors peut-être que tu trouveras un moyen pour pouvoir te planquer.

Pour le moment tu veux profiter de ces instants de solitude pour réfléchir sans être dérangé par un étranger, t’as pas envie de distribuer de l’eau à un quelconque passant ou touriste, tu te contentes de t’asseoir sur le rebord de cette fontaine en contemplant un point vide, sans parler, sans rien, le silence berce tes oreilles durant ces longues secondes où le temps passe à une vitesse lente.

Des bruits de pas retentissent dans tes oreilles et sur ta gauche se dévoile une silhouette d’un homme grand à la chevelure ébène, tu recommences à trembler tout doucement mais lorsque ses traits se dessinent sous les reflets du soleil tu te sens de suite soulagée.
Mars… Une personne que tu as pu fréquenter lorsque tu as atterri sur Athlea il fut un temps, si tu pouvais tu pleurerais de joie en le voyant présent, mais tu n’oses même pas te jeter dans ses bras pour avoir un peu de réconfort. Tu le sais qu’il n’est pas mauvais et que tu n’as pas à faire à un dangereux psychopathe.

Tes mains entourent ta taille et un sourire abattu s’affiche sur ton visage pâle et violacé par les ecchymoses.

─ Mars !

Tu t’exclames en le voyant malgré tes difficultés à articuler.

─ Ç-Ça fait longtemps…. J’ai besoin de toi..

Il avait toujours eu la peau sensible, Mars. La peau pâle, cliché de sa nationalité terrestre, elle cramait au soleil à la moindre occasion. Et le désert n'était pas le lieu de vie idéal, dans ce cadre. Mais il avait appris à s'adapter, à se protéger toujours avec des morceaux de tissu qui le recouvraient pour empêcher les coups de soleil sur son corps. Sauf ce jour-là. Une bête lui avait chipé ce qui lui recouvrait les épaules une fois qu'il eut le dos tourné, et le voilà à devoir marcher au soleil en soufflant comme un bœuf, regrettant soudainement ses choix de vie. Si ses épaules n'étaient pas encore rouges, il se dirigeait d'un pas décidé vers l'ombre des ruines ensevelies, espérant attendre la nuit pour sortir de sa cachette. Sauf qu'il n'avait pas vu Nemesis, là, pitoyablement assit sur le bord d'une fontaine, les yeux dans le vague et tremblant comme une feuille. Jusqu'à ce qu'il lui adresse la parole et que, surprit, il cligne des yeux en analysant son visage.

L'âge qu'avait pris le jeune homme se déguisait sur ses traits, tout comme sur les siens, il s'en doutait. Mais il se souvenait de lui, le garçon avec qui il visitait le désert pour trouver des trucs sans logique et pour comprendre Althéa. Il l'avait apprécié, pour une raison qui lui échappe encore aujourd'hui. Peut-être parce que, si les autres étaient lourds et lui tapaient parfois sérieusement sur le système, Nemesis avait toujours été à part. Il analysa sa silhouette, incertain de comment réagir. Il avait besoin de lui? Alors qu'ils ne s'étaient pas reparlés depuis trois ans? S'il s'agissait d'un nouveau client, il ne dirait pas non , mais... Il éprouvait un certain malaise de devoir travailler pour quelqu'un qui avait autrefois été... Peut-être pas un proche, mais un compagnon. "Nemesis." Il observa ses traits, et se rendit bien vite compte que quelque chose clochait. Que s'il lui réclamait son aide, il ne pouvait l'ignorer. Aussi s'approcha-t-il un peu plus, baissant les yeux pour protéger sa rétine du soleil. "Tu as besoin de moi?" Il passa une main sur son front, décollant ses cheveux noirs et essayant de cacher son malaise sous la chaleur et le regard du jeune homme. Même en relevant ses cheveux en une queue de cheval, il avait l'impression que sa nuque était bien trop exposée. Aussi chercha-t-il du regard un endroit où ils pourraient s'installer. Et à quelques pas de là, l'ombre d'un bâtiment lui paraissait attirante.

"Viens avec moi." Il se mit à marcher vers le point repéré, avant de finalement poser ses fesses à même le sable, ouvrant sa sacoche et en sortit une gourde. Après s'être désaltéré, il la tendit à Nemesis en l'observant avec un intérêt renouvelé. Et il fallait dire qu'il y avait de quoi, puisque toute trace du garçon plein d'entrain et de mystère avait disparu. Aujourd'hui, il faisait face à un homme apeuré, la figure tremblante au moindre bruit et la crainte au fond des prunelles. Il avait peur d'apprendre ce qui avait bien pu lui arriver, aussi décida-t-il de ne pas le forcer, de ne pas prononcer ces questions qu'il avait sur le bout de la langue. Pourquoi être parti? Pourquoi n'avoir prévenu personne? Pourquoi avoir abandonné ainsi? Elles lui brûlaient la gorge, mais à la place, il étendit ses jambes et tira sur son haut sans manches pour le décoller de sa peau, analysant ses bras blancs aux légères rougeurs, maintenant. "Tu disais avoir besoin de mon aide. Puis-je avoir plus de détail?" Il essayait de rester distant, ou, du moins, professionnel. Ce n'était pas le moment de se la jouer perso et de faire remarquer combien il avait l'air frêle. Bien qu'il aurait aimé comprendre et l'aider là-dessus.

Tu es si mal dans ta peau, tu es fracturé autant mentalement que physiquement, Mars ignore ce qui se cache sous tes tissus et il n’aimerais certainement pas voir ta peau parsemé de blessures, de mutilation, ça le rendrait mal mais surtout beaucoup trop curieux et tu n’aimerais pas évoquer le nom de cet homme qui t’a anéanti. Tu vas mentir et te contenter simplement de dire que tu t’es battu et que t’as besoin de quitter le désert pendant un temps.

Il était vital pour toi de prendre tes valises et de dire au revoir, mais à qui ? A qui tu vas manquer ? Peut-être à Carmen ou Andy mais tu en as besoin, énormément besoin car encore une fois si tu le recroises tu ne sauras même pas comment réagir, il va encore plus te détruire et tu seras sans défense et ta peau ne sera même plus pâle mais violette car il abusera de toi.

Et cette idée te terrifie l’esprit que tu es focalisé sur cette envie de t’en aller, tu n’auras pas eu le temps de faire tes retrouvailles avec ton ancien camarade mais tu n’as pas le choix, puis de toute manière tu espères qu’il pourra t’aider à trouver une issu de secours le plus vite.

─ Oui j’ai besoin de toi je… Désolé…

C’était si soudain cette demande que lui-même ça le rendait perplexe, mais il t’invite à le suivre pour que vous vous installer quelque part, certainement dans l’ombre situé non loin de la fontaine cependant tu ne pouvais pas t’asseoir sur le sol, pour des raisons évidentes alors tu restes debout.
Tu le remercie en prenant la bouteille d’eau, de l’eau purement minérale qui vient probablement de l’Oasis tu le reconnais grâce au goût, t’étais habitué à différencier les deux types de liquides.

─ Tu as grandi Mars, j’ai failli ne pas te reconnaître.

Il est devenu un charmant jeune homme depuis cette époque quand vous avez travaillé ensemble vous étiez jeune, très jeune, des adolescents en pleine croissance, le même âge, peut-être pas la même vision des choses mais vous auriez pus être camarade de collège.

Et lorsqu’il te pose la question, tes lèvres se remettent à trembler et tu inspires une bonne dose d’air chaud, il est difficile de parler sans avoir ces images qui se promènent dans ta tête, mais tu ne veux pas évoquer ce que tu as vécu cette nuit-là, pourtant tu meurs envie de lui dire que tu as besoin de réconfort.
Que tu as besoin d’une épaule, de câlins, de l’affection et de la tendresse car tu sens qu’à tout moment tu vas exploser et vouloir passer de l’autre côté.

Cette idée noire continue de te traverser l’esprit, demander à un oublié de te prêter un couteau pour « couper de la nourriture » alors qu’en fait t’aura envie de te le planter dans le cœur pour en finir une bonne fois pour toute.

Car t’as l’impression que le monde ne se gêne pas pour te chier dessus et te faire du mal.

Oui tu as envie de te suicider.

Tu mis longtemps à prendre la parole avant que tes prunelles se perdent dans les siennes.

─ Je dois quitter le désert pendant un temps, c’est urgent, j’ai besoin que tu me guides si tu le peux.

Tu as enfin pris ton courage à deux mains.

─ On n’aura pas eu le temps de faire nos retrouvailles, je suis profondément désolé mais je ne m’attendais pas à te… Revoir.

Mars aurait bien pu dire la même chose de Nemesis. Si lui ne le reconnaissait pas, alors qu'en était-il du jeune homme? Il avait beau avoir grandi, ses traits avaient beau avoir mûri, il n'en restait pas moins qu'il y avait quelque chose dans sa façon d'être qui était différent. Peut-être dans sa façon de s'agripper à ses propres vêtements, comme si ça allait pouvoir le protéger du monde extérieur, de jeter des regards aux alentours, comme prêt à tout type d'attaque. Mais si cela arrivait vraiment, Nemesis n'avait pas trop à s'inquiéter, car, à moins que la personne qu'il semblait s'attendre à voir sortir de n'importe où était un catcheur professionnel, il saurait les défendre tous les deux. "Toi aussi, tu as changé. Je ne m'attendais pas à te revoir dans le coin." Il rangea sa bouteille en observant le visage de Nemesis. Le fait qu'il ne se soit pas assit éveillait quelques soupçons, mais il n'était pas assez indiscret pour poser des questions. Et puis, ce n'était pas comme si il était assez proche de lui pour se permettre de réclamer des informations sur sa condition.

Il ne sait pas vraiment à quoi il s'attendait. Bien sûr, qu'il ne lui parlerait pas de ses problèmes. Ils n'étaient pas assez proches pour ça. Alors il fit taire sa curiosité, prenant son air professionnel et se redressant un peu pour se retrouver sur ses deux pieds, face à Nemesis. S'il le lui avait demandé, il aurait cherché à lui offrir ce réconfort dont il avait tant besoin. S'il lui avait demandé, il l'aurait peut-être pris dans ses bras. Parce que Mars n'était pas doué avec les mots, les gestes agissaient avec plus d'efficacité pour lui. "Ça devrait être possible." Il sortit l'un de ses carnets qu'il se mit à feuilleter. Il avait déjà eu ce type de commande, ce n'était pas tout à fait nouveau pour lui. "Tu as une préférence? La Vallée? Celestia?" Il redressa sa tête vers lui et analysa son visage. Analysa ses paroles. Et il songea qu'il s'agissait là peut-être d'une ouverture de sa part. Mais il ne savait pas s'il avait envie de s'y engouffrer, s'il avait envie de retrouver cette familiarité avec lui, après cette distance que Nemesis semblait mettre entre eux. "Je suppose que ce n'était pas ton but premier, de faire des retrouvailles." Cela pouvait sonner comme de la rancune, mais il n'en était rien. Il ne s'agissait que de faits : si Nemesis n'avait jamais cherché à le retrouver, il n'avait pas espoir qu'il cherche à le revoir maintenant. Surtout d'après la surprise qu'il lisait sur son visage. "Chercher refuge dans les autres pays est toujours plus difficile que de simplement y voyager." Il changea de sujet en baissant le menton, refusant de s'étendre sur les sentiments qui commençaient à lui venir. Finalement, peut-être qu'il lui en voulait un peu d'être partit comme un voleur. Mais ce n'était pas le moment d'en parler. Et il ne voulait pas le voir trembler plus encore.

Pour ce genre de surprise tu aurais aimé passer un peu plus de temps en sa compagnie, lui demander comment il vas depuis tout ce temps, est-ce qu’il était toujours chercheur, est-ce qu’il a retrouvé sa famille ou bien… A-t-il un copain ou une copine, toutes ce genre de question qui amène à s’intéresser à sa personne, car en cinq ans vous avez grandi tous les deux et chacun d’entre vous deux à évolué à sa manière.

Toi tu ne trouve pas que t’as changé, t’as cette impression d’avoir la même tête qu’avant, la même immaturité, ce n’est pas bon de penser de cette manière mais c’est ce que tu penses le mieux pour toi, mais bon tu n’as jamais réellement eu confiance en toi.

Mars se redresse pour te faire face et vos regards qui se perdent l’un dans l’autre te gêne, surtout quand tu es anxieux et que tu ne veux pas le dire.
Il te fixe et prend le temps de détailler ta peau abîmée comme s’il cherche à trouver une réponse à ce qu’il t’est arrivé, il a envie de te questionner mais on dirait qu’il ne veut pas le faire pour ne pas rentrer dans ta vie privée.

Mais il a raison d’une part il y a de quoi se faire du souci quand on te regarde de près, que ce soit au niveau de ton visage, de ta nuque ou dans ton dos caché par ton tissu, cependant est-ce que t’arrivera à être honnête ?
Tu vas forcément mentir alors que t’es apeuré par le moindre bruit, le moindre mouvement, comme si la bête va surgir à tout moment pour te dévorer à nouveau.


─ Celestia, c’est le plus proche et pour ça il me faut… Des vêtements chauds, je ne vais pas pouvoir tenir longtemps là-bas du coup… Je vais me contenter de quelques aller-retour...

Mars te rappelle qu’il est toujours plus difficile de voyager que d’hiberner dans un pays et ça, tu le sais mieux que quiconque.

─ Ce n’est pas ce que je voulais sous-entendre ! J’aurais vraiment aimer-

Tu n’as pas eu le temps de finir le reste de ta phrase que ton holokit se mit à vibrer une seule fois, tu as reçu un message d’une quelconque personne, tu te demandes bien qui ça pouvait être et lorsque tes yeux se baisse pour saisir celui-ci, son prénom apparaît sur l’écran déverrouillé.
Et tu te remis à trembler de tout ton être.

Il a osé t’envoyer un message et faire comme si de rien n’était.

Il a osé te dire qu’il pense à toi mais sans s’inquiéter, ni même s’excuser.

Tu gonfles, tu bouillonne, comment un être aussi pourri de l’intérieur puisse se permettre de « prendre de tes nouvelles » sans se soucier de ton état de santé.

C’est avec une telle violence -qui commence à cloître au fond de toi- que tu jettes l’appareil électronique sur le sable juste derrière ton collègue.
Le sable amorti la chute et le choc que celui-ci en ressort indemne.

─ DEGAGE !

Ton camarade ne saisit pas la situation ni même ce soudain changement d’humeur, en tout cas une chose est sûre tu as éveillé ces soupçons : tu cherches à fuir quelqu’un.

Tu le regardes de nouveau, d’une voix tremblotante et tu t’excuses comme si c’était nécessaire de se justifier d’avoir agi violemment sur une machine -alors que ce n’était pas de sa faute-.

─ J-Je suis…. Désolé….

Qu’est-ce que tu vas pouvoir dire pour te défendre ou même te cacher ?

Celestia, alors. Il était vrai que lui-même avait du mal à supporter les températures du pays, malgré le fait qu'il ait passé le plus clair de son enfance dans un pays froid. Mais il trouvait toujours un moyen d'enfiler trois tonnes de vêtements chauds par dessus sa figure, l'empêchant donc de finir aussi congelé qu'un bonhomme de neige. Il fallait être fou pour s'aventurer là-bas sans prendre de précautions. "Tu peux toujours trouver de quoi te vêtir avant de partir. Ce serait plus prudent." Il n'avait pas trop envie d'avoir la mort de Nemesis sur la conscience, à vrai dire. Même s'ils ne s'étaient retrouvés qu'aujourd'hui, il n'était pas assez immoral pour l'envoyer dans ce pays sans autre forme de procès. "Je ne vais pas t'aider à y aller si tu n'as rien pour t'équiper. Tu finirais congelé." Il planta son regard dans le sien quand il commença à s'exclamer, attendant la fin de sa phrase qui ne vint jamais. A la place, il souffla et tourna la tête vers les paysages de sable aux alentours. Et le fait qu'il ne l'ait pas regardé justifia son sursaut lorsque Nemesis jeta son holokit dans le sable.

Les yeux grands ouverts, il tourna brusquement la tête vers lui, demandant une explication. Sauf que son cri l'empêcha de dire quoi que ce soit, de bouger. Il cru d'abord qu'il s'était adressé à lui, avant de comprendre qu'il n'en était rien, et que la raison de sa rage était probablement son interlocuteur virtuel. Aussi resta-t-il immobile, essayant de lire sur le visage de Nemesis, essayant de comprendre son indignation, la source de sa haine. Mais il doutait comprendre quoi que ce soit simplement en observant un visage, aussi secoua-t-il légèrement la tête, comme pour signifier que cela lui était égal. Il se déplaça jusqu'à l'appareil, qu'il sortit du sable en le secouant un peu pour le dépoussiérer. Et, l'écran allumé, il eut l'occasion de lire les messages. Il leva la tête vers le jeune homme, souffla un peu. "C'est lui, que t'essayes de fuir?" Et il lui tendit son holokit en baissant un peu la tête. "T'es pas obligé de me dire ce qu'il s'est passé pour que t'aies autant envie de te casser de là. Mais je ne te laisserai pas partir sans préparatif. C'est pas une décision à prendre à la légère." Il planta son regard dans le sien et posa une main sur son épaule, assez délicate pour que ça se sente à peine, juste pour lui montrer son soutien.

"C'est pas grave, de s'énerver." C'était même plutôt naturel. Et il était assez bien placé pour le savoir, après le nombre de fois où des engueulades avaient été lancées par sa faute. Ça autant que des batailles adolescentes, puis adultes. Il était toujours là pour lever le poing si la situation s’envenimait de trop. "Combien de temps veux-tu partir?" Il chercha une réponse dans son regard. Il voulait savoir si c'était vraiment sa volonté, s'il ne voulait pas s'indigner contre la personne qui l'avait laissé dans cet état. Lui se battrait. Lui refuserait de rester si misérable. Mais il n'était pas Nemesis. Et peut-être que Nemesis n'éprouvait pas les mêmes besoins que lui.

La rage bouillonne, la colère ressurgit, tu te rappel de ces moments où tu as pété les plombs, où tes poings se sont déchainé sur le visage de cette personne qui a été le facteur de cette émotion caché au fond de toi.
Où ton cœur a tambouriné ta poitrine à toute allure, tu as apprécié ces instants où tu t’es senti vivant pour la première fois, et là tu penses que Lucius sera de nouveau celui qui va provoquer la bête qui sommeille en toi, tu as vu ce « Lulu <3 » affiché sur l’écran et il aura suffi à faire piquer une crise.

Comment une pourriture peut vivre avec la conscience tranquille alors qu’il t’a bousillé de l’intérieur, comment toi t’as pas envie de passer de l’autre côté du pont là juste maintenant.

Tu penses que t’es malade, que t’as encore choppé un virus qui te rend aussi impulsif mais non, tu découvres juste les saveurs de la vie, le goût de l’animosité, l’envie de meurtre, d’anéantir une personne et de la rendre en poussière.
Tu vas commencer à comprendre petit à petit que la vie n’est pas faite de bisounours, tu commences à prendre conscience des choses et ce jeune homme est le parfait exemple, il te traque, il te désire, il veut te détruire et tu ne dois pas te laisser faire. Tu dois sortir de cette cage, l’exploser et de te libérer de ces griffes et de cette possession.

Au moment où Mars pose la question, un silence pesant s’installe pendant de longues secondes, tu ne pouvais plus cacher que tu es en train d’établir un plan pour le fuir.

─ …. Oui…..

Ensuite il est allé chercher l’appareil que tu as violemment projeté contre le sol, tes yeux se sont perdus sur le sable et tu t’aperçois de sa main qui te rend ce qui t’appartiens, tu l’attrapes délicatement tout en tremblant avant de relever le visage vers ton ami. Il te faisait comprendre que cette affaire sera délicate et que tu ne peux pas quitter les dunes de sable aussi aisément, rien n’était à prendre la légère, surtout pas la situation dans laquelle tu es en train de vivre.

Tu ne pouvais plus rien faire pour mentir dorénavant.

─ Je sais bien… De base je ne devais pas m’adresser à toi, je voulais le faire tout seul mais… Tu tombes à pic… J’imagine ?

Sa main se pose sur ton épaule comme s’il cherche à te réconforter indirectement, mais soyons honnête, son message était la goûte de trop, toi qui ne voulais plus penser à lui, toi qui voulais te changer les idées finalement partir en solo est probablement une mauvaise idée surtout s’il commence à te harceler. Tes pensées vont se noircir petit à petit et ton cœur vas se craqueler, une coquille vide qui n’aura qu’une envie : la mort.

─ Au moins trois semaines…

Ton regard se rive sur le sol, dénudé de sentiments mais avec beaucoup de difficultés tu veux essayer de lui transmettre ce dont t’as besoin : de l’affection, du réconfort, vous n’êtes peut-être pas les meilleurs amis du monde mais c’est suffisant pour avoir un peu de son soutien.

─ Mars… J’ai besoin de tes bras…

La demande était difficile à faire.

Pourquoi le demander alors que tu peux le faire naturellement ? Parce que tu as ce sentiment d’inconfort de ressentir les mêmes choses qui s’est passé dans cette soirée, et tant qu’il ne touche pas à ta cuisse tu ne ressentiras pas de douleur.

Mars se demandait ce que cela faisait, de vouloir fuir quelqu'un au point de changer de pays. Nemesis se sentait-il tant en danger que cela? Il se doutait que oui. Sinon il ne choisirait pas le Mont Celestia comme destination, probablement le dernier endroit où un Oublié irait le chercher. S'il s'agissait d'un Oublié, évidemment... Il ne savait pas exactement qui était la personne qui lui avait envoyé ces messages. "Lulu", c'était assez vague comme surnom. Mais s'il en avait un dans le téléphone du jeune homme, cela voulait bien dire qu'ils avaient été assez proches, à un moment, pour qu'on lui attribue un surnom. "Désolé. Si c'est indiscret." C'était plus fort que lui. Parce qu'il avait comme ce besoin de savoir ce qui lui était arrivé, depuis qu'il ne l'avait plus revu. Il avait envie de comprendre qui il était, maintenant. Avait-il beaucoup changé? De ce qu'il en voyait, oui. Mais s'il ne s'agissait que d'un effet des maltraitances de ce Lulu, il se peut que se changement ne soit qu'éphémère. Et il songea intérieurement qu'il avait eu de la chance de tomber sur lui avant qu'il ne prenne cette décision à la légère. "Tu pourrais crever sous cette neige. Heureusement que j'étais là, c'est vrai." Il avait l'impression de gronder un enfant, en prononçant ces mots. Mais c'était probablement pour le mieux.

Trois semaines? Cela lui semblait quasiment improbable de le cacher aussi longtemps dans les forêts de neige... Il souffla en se massant un peu la tempe. La Vallée serait encore plus sûre, mais aussi plus loin. Les choix étaient limités, et pourtant... "Tu pourrais peut-être plutôt rejoindre la Vallée." Sa propre idée le fit grincer des dents, mais il devrait mettre sa fierté de côté. Parce qu'il avait sincèrement l'impression que ce serait le seul endroit sûr pour Nemesis, sur le coup. Orion était assez gentil pour accepter, il en avait eu la preuve la dernière fois qu'ils s'étaient vus et puis... Il se cherchait des excuses. Orion accepterait. "Je connais quelqu'un qui pourrait t'aider." Et les paroles de Nemesis le surprirent, il devait bien l'avouer. Il se mordilla la lèvre, comprenant ce qu'il impliquait, et décida que, si il avait besoin de réconfort, il le lui offrirait. Alors il l'engouffra entre ses bras, veillant à ne pas le serrer trop fort et glissant une main sur sa nuque, ne prononçant pas le moindre mot. Son épaule serait le soutien du garçon s'il en avait besoin, et ce, malgré la distance qu'il avait mis entre eux depuis des années.

Tu avais absolument besoin de cette affection et ce n’était pas facile de demander ce genre de choses surtout quand on se retrouve dans ta situation, où t’as l’impression de sentir des doigts parcourir tes hanches pourtant tu le sais. Tu le sais pertinemment que Mars est une personne avec un bon fond et que jamais il ne te fera de mal, lui-même se porte honneur pour venir te sauver au cas où si tu fini sous de la neige.

Ah s’il savait le nombre de fois où tu tes retrouvé à Celestia au bord de la mort parce que t’es qu’un pauvre enfant qui se promène inconsciemment sans se soucier du danger, la mort tu l’a frôlé plus d’une fois et celle-ci est prêt à s’accaparer de ton âme à tout instant où t’aura envie d’en finir avec toi-même.

─ Tu es mignon Mars…

Ses mots te faisaient doucement sourire jusqu’à qu’il t’enlace délicatement dans ses bras, tu frisonnes mais tu refuses d’obéir à tes peurs qui te disent de t’en aller, tu veux rester dans son étreinte alors tu enlaces prudemment sa taille en posant ton visage sur son épaule.

Comme tout bon scénario de film triste tu serais là en train de vider ton sac mais rien, tu restes silencieux, tu respires son odeur pour te débarrasser de celle qui te colle à la peau.
Ta respiration chaude s’abat sur son vêtement à mainte reprise, montrant un léger signe de faiblesse durant ce cours instant de tendresse, mais tu ne te défait pas de lui bien au contraire, t’aimerais même rester longtemps ainsi cependant tu doutes qu’il sois à l’aise avec toi dans cette position.

Par contre il mentionne la vallée mais un mot fait tilte à sa phrase : peut-être, il y a un moyen d’y accéder avec facilité ?

─ L-La vallée ?

Quelqu’un pourra potentiellement t’héberger le temps de ta fugue, serait-ce un rêve qui devient réalité ? Vas-tu pouvoir découvrir un nouveau pays et surtout pouvoir respirer afin de revenir plus fort mentalement ?
Tu décolles ton visage de son épaule afin de le regarder mais en gardant toujours cette proximité entre vous deux.

─ C’est vrai ce que tu me dis… ? Je vais pouvoir partir un temps ?...

Tu ne le réalise pas mais surtout tu n’avais pas envie de t’enthousiasmer trop vite, car peut-être que la personne en question ne pourra même pas te prendre sous son aile, du moins pas pour le moment mais t’avais confiance en ses paroles.
Mars ne va pas te la mettre à l’envers surtout qu’en sachant qu’il sait dorénavant pourquoi tu prévois de fuir le désert.

Mars ne comprenait pas bien d'où venaient ses paroles. Mignon? Pourquoi? Parce qu'il cherchait un moyen de l'amener loin d'ici? Il avait d'abord pensé qu'il s'agissait d'une demande intéressée à cause de son travail, mais comprenait maintenant que, même en n'étant pas rémunéré, il ne pouvait se permettre d'abandonner Nemesis ici. Mais cela ne faisait pas de lui quelqu'un de mignon. Simplement humain, enfin, à son avis. Car si ce Lucius avait été assez horrible pour maltraiter le jeune homme, il doutait à présent de cette humanité. "Ne dis pas de bêtise." En sentant ses bras s'enrouler autour de sa taille, Mars se rendit compte que se distancer des autres le rendait un peu plus faible face à ce type d'attention. Il le laissa poser son visage contre son épaule et pressa lui-même sa joue contre le crâne du garçon, se posant quelques questions, se disant que, bien qu'il se privait volontairement de ces brefs moments de réconfort -sauf quand Laoise l'engouffrait dans un câlin très énergique, il aimerait probablement que cela arrive plus souvent. Pourtant, il ressentait toujours un léger malaise de se retrouver ainsi contre lui. Le souffle contre sa peau contraste étrangement avec la chaleur environnante, et son murmure envoie un frisson dans son corps. Il ne semblait visiblement pas en croire ses oreilles, et un léger sourire en coin se dessina sur ses lèvres. "Tu crois vraiment que je me moquerais de toi?"

Pourtant, il y a quelque chose en lui qui le dérange. Il n'a pas spécialement envie de demander ce service à Orion. Ce serait un peu comme lui prouver qu'il lui éprouve une certaine attention, affection, non? Il ne savait pas trop. Tout ceci étaient des notions assez nouvelles pour lui, depuis qu'ils avaient fait ce petit marché entre eux. "Ouais, enfin, il faut que je demande à..." Il sembla hésiter sur le terme à employer. Orion et lui étaient-ils collègues? Amis? Camarades? Il n'en savait trop rien, et se racla donc la gorge. "A ma connaissance, s'il veut bien t'accueillir." Mais il doutait fortement qu'il refuse. Parce qu'il était gentil comme ça, Orion, prêt à rendre service à n'importe qui avec un grand sourire. Et ça le fit soupirer, pendant qu'il envoyait un message sur son holokit, mordant sa lèvre et fronçant les sourcils, se concentrant pour trouver les bons mots et finalement opter pour un simple "tu pourrais me rendre un service? Un ami a besoin d'un logement quelques temps... C'est assez urgent." Il ne pouvait pas faire mieux. Et il ne savait pas pourquoi il était aussi nerveux à l'idée d'envoyer ce fichu message. Peut-être simplement car il n'aimait demander de service à personne. "Voilà. Je ne sais pas quand il va répondre, par contre... Je peux lui envoyer ton contact?"