Combien de temps ? Combien de temps depuis que tu t’es cloîtrée chez toi, et que tu as arrêté de sortir, si ce n’est pour récupérer de quoi manger et de quoi boire, c’est à dire de quoi survivre ? Combien de temps, que tu évites le plus possible les gens, que tu ne donnes de nouvelles à personne ? Que tu as arrêté de sortir, de discuter, de sourire ? Tu ne sais pas exactement. Tu as mal. Tu as terriblement mal.

Tu te retrouves dans ta tente, cet endroit que tu connais bien trop. Quelques jours, voilà le temps que tu as passé, enfermée ici, essayant d’éviter le plus de gens possibles. Un choix encore hésitant : Dois-tu réellement rejoindre Victoire ? Ou plutôt, dois-tu réellement rejoindre Valentine ? En vérité, ton cœur hésite encore. Tu te demandes ce qu’elle, elle aurait fait à ta place. Peut-être aurait-elle suivi sa mère, sans vraiment réfléchir.

Assise sur le sol, roulée en boule, c’est comme ça que tu es actuellement, Carmen. Souffrant terriblement, un mal de cœur terrible. Une véritable perte, comme si tu avais perdu un membre de ta famille. Mais… Victoire n’était-elle pas comme une sœur, pour toi ? Une sœur perdue, une sœur terriblement aimée. Celle qui t’a sauvé la vie. Et pourtant, toi, tu as été incapable de la sauver. Tu l’as abandonnée, et désormais, elle est morte. Elle est morte, et jamais plus personne ne pourra l’aider. Jamais plus tu ne pourras la voir… Si ce n’est par l’intermédiaire de Valentine, qui prend son apparence.

Ah, cette femme… Une femme terrible, qui prend le choix de prendre la place de sa fille, trompant tout le monde. Et pourtant, tu ne parviens pas à lui en vouloir. Une véritable femme, une grande femme, que tu as toujours terriblement apprécié. Il faut le dire : Même lorsque tu étais en haut, avec Victoire, tu appréciais sa mère. Mais pourtant, aujourd’hui, tu sais que tout sera différent. Parce que, tout simplement… Ta meilleure amie n’est plus là.

Tu as réfléchi, tu as bien trop réfléchi dans cette situation, dans ces derniers jours. Ta douleur a grandi, également. On ne peut pas dire que ces quelques jours t’aient fait du bien, bien au contraire. Quelques traces de morsure sont présentes, sur tes petits doigts frêles, ainsi que sur tes mains et tes poignets. Pourquoi ? Parce que, tes dents étaient de terribles armes. Des armes, de quoi se défouler. De quoi se faire ressentir de la douleur, pour peut-être réussir à extérioriser un peu ? Non, tu ne sais pas. Peut-être que cette douleur est bien trop présente, et que tu ne réussiras pas à faire avec.

Tu as hésité. Peut-être que tu aurais dû le faire. Tu t’es demandé ce qui se serait passé, si tu avais fait le choix de la rejoindre. Avec ces quelques couteaux, ces flèches, et cet arc, cela aurait été très simple pour toi. La rejoindre aurait peut-être été la manière la plus simple d’accepter sa disparition, et de te libérer de cette douleur.

Mais en même temps, tu avais peur. Peur de la douleur que ça pourrait causer aux gens : Il existe des gens à qui tu t’es peut-être bien trop attachée, pour parvenir à te tuer, et à disparaître, de cette manière. Peut-être que les gens t’en voudraient, si tu disparaissais, toi aussi. Et pourtant, c’était techniquement ce que tu avais fait. Ce manque de réponses, depuis quelques jours. Cette absence, d’un coup. Tu ne voyais plus personne, tu ne voulais voir plus personne.

Tremblante, les yeux gonflés par les larmes, et le visage sali par tant de tristesse et de douleur. Les bras trempés, dans un état lamentable. Et un mal de crâne terrifiant, à force de pleurer, et de te déshydrater. Tu n’es pas assez forte pour supporter tout ça, Carmen. Tu n’es pas assez forte pour supporter le fait que tu ais couru pendant cinq ans après une personne, pour finalement apprendre qu’elle était morte. Tu n’es pas assez forte pour survivre à tout ça. Tu n’es qu’une faible. Faire croire à tout le monde que tu es forte. Quelle blague. Toi, tu connais la vérité. Tu es incapable de surmonter ça.

Tu es incapable de surmonter la mort de ta meilleure amie, qui était bien plus que ça pour toi. Qui était la femme la plus importante de ta vie. Son sourire, son absence. Deux forces qui contrastent. Tu as terriblement mal, Carmen.

Peut-être aurais-tu, au final, dû mourir avec elle, quand tu es arrivée dans ce monde.

Tu n’entends rien d’autre que tes propres lamentations. Ta colère et ta rage envers toi-même : Les raisons de pourquoi il y a de telles marques sur tes mains, parce que tu te détestes d’être aussi faible, et de l’avoir abandonnée, alors qu’elle aurait pu survivre si tu avais été là, et si tu avais été plus forte. Si tu avais été meilleure, et pas seulement capable de fournir un soutien émotionnel, et ainsi pouvoir aider réellement. À chaque pensée, chaque coup de couteau que tu te mets-toi même dans le cœur, y est associé une larme. Et dieu sait que tu as beaucoup pleuré ces derniers jours, ton cœur brisé, en mille morceaux.

Roulée en boule, finalement, tu ne fais pas attention à tout ce qui se passe autour. Et encore moins à la personne qui se trouve devant toi. Tu ne vois rien d’autre que tes malheurs, que ta souffrance. Que ton cœur brisé. Cette absence, tu sais qu’elle va être bien plus compliquée que tout le reste à surmonter. Sûrement l’un des obstacles les plus difficiles à surmonter. Ta meilleure amie, la seule chose qu’il te restait, ici. Disparue. Morte.

Et finalement, la tape sur ta tête te fait doucement bouger. Cependant, tu essaies de t’enfouir un peu plus dans tes bras. Te cacher, ne pas être là. Cependant, la voix que tu entends… Ce n’est pas celle du jeune homme qui est devant toi. Cette voix, tu la reconnais. Et dans un soupir, tu réponds.

« Victoire… ? » Telle est la voix que tu entends. Est-elle venue te chercher ? A-t-elle remarqué l’état lamentable dans lequel elle t’a laissé ? Ou alors est-elle simplement venue se moquer de toi, te dire que tu l’as abandonnée ? Te dire que sans toi, tout serait pareil, et que tu ne valais rien pour elle ?

Tu redresses doucement la tête – ou plutôt te fait doucement redresser – et finalement, tu te rends compte que ce n’est pas celle que tu crois devant toi. Parce qu’elle n’est pas là. Parce qu’elle n’est plus là. Elle a disparu. Elle est morte. Tu remarques finalement la personne devant toi.

Un homme, et non pas Victoire. Cet homme, il s’agit de Mars. Celui avec qui tu es sensé travailler, et certainement l’une des personnes que tu avais complètement ignorées ces derniers temps. Tes yeux se posent sur eux, et des larmes continuent de couler. Tremblant doucement, tu le regardes, les yeux toujours gorgés de larmes. Finalement, tu hoches lentement la tête, venant attraper le mouchoir qu’il te tend.

« M-Merci… » Un murmure. Tu n’es pas sûre qu’il entende chacun de tes mots, mais tu t’en fiches. Tu viens simplement te moucher, pour la première fois depuis quelques jours. Tes bras te font terriblement mal, tes jambes aussi. Combien de temps es-tu restée assise ici sans bouger, aujourd’hui ? Peut-être un peu plus de trois heures. Trois ou quatre heures, tu n’en sais pas vraiment quelque chose. Ta perception du temps étant un peu réduite à néant, après ces quelques jours sans presque jamais voir la lumière du jour.

Tes mains tremblantes viennent attraper la bouteille d’eau qu’il te tend. Mais… Pourquoi acceptes-tu ce qu’il fait ? Pourquoi acceptes-tu aussi facilement qu’il vienne, et qu’il t’aide de cette manière ? Qu’il s’occupe de toi ? Pour une raison très simple, Carmen. Car tu as toujours été dépendante des autres. Tu as toujours attendu que les gens t’aident, et qu’ils te portent. Parce que tu es faible. Tu refuses de l’admettre… Mais tu es faible. Peut-être aurais-tu vraiment dû disparaître, dans ces ruines. Il y a tant de fois où tu as failli mourir. Est-ce que tu n’aurais pas dû vraiment mourir ?

Tu bois la bouteille d’eau, cul sec. Tu as besoin d’eau, de te réhydrater. Mais dans tous les cas, le mal de crâne ne disparaîtra pas. Pas tout de suite. Tu as encore bien trop mal. Tu as encore bien trop mal, que ce soit au cœur, ou à la tête. Tu as été abandonnée. Tu as abandonné presque tout. Chacun de tes mouvements te fait mal. Tu redresses finalement la tête vers Mars, et pas l’ombre d’un sourire apparaît sur ton visage. Jamais tu n’as été aussi mal dans ta vie. Jamais tu n’as eu autant mal au cœur que ces derniers jours. Après tout, Victoire était bien trop importante pour toi. Nemesis avait raison. Tu n’aurais pas dû autant t’attacher à elle. Elle a disparu.

Les paroles de Mars te parviennent à moitié, essayant tant bien que mal de sécher tes larmes. Tant bien que mal de te sentir un peu mieux. Mais il n’y avait rien à faire. La douleur était toujours aussi grande, toujours aussi forte. Tu avais mal, Carmen. Aussi mal que si on avait arraché une partie de toi. Tu le regardes, sans vraiment comprendre ce qui se passe actuellement. Sans vraiment comprendre pourquoi il tient tant à ne pas te mettre en danger. Pourquoi tient-il réellement à s’occuper de toi de cette manière ? Sa dernière phrase, elle te fait l’effet d’un poignard. Nouvelle douleur lancinante dans la poitrine, tu te laisses tomber en avant, tes cheveux bleus retombant devant ton visage.

« J’ai… Je… » Les mots que tu essaies de prononcer, ils ne sortent presque pas. Ton coeur se met à battre de plus en plus fort, et il te fait terriblement mal. Les mots, ils restent coincés dans ta gorge. Tu n’arrives pas vraiment à parler, et tu commences à avoir de la difficulté à respirer. Pourtant, tu essaies de t’avancer vers lui, de manière aussi lamentable que tu l’es, ces derniers jours. Car oui, Carmen, tu es lamentable, ces derniers jours.

Tu viens t’agripper à ses vêtements, à lui, pour venir te coincer contre lui, te serrer contre lui. Besoin de quelqu’un, peu importe qui. Tu te fous de qui c’est, tant que tu as de la chaleur humaine. Tu n’en peux plus de la solitude. Tu n’es pas faite pour la solitude, Carmen.

« Pourquoi… ? Pourquoi…. ? » Pourquoi est-elle morte ? Pourquoi est-elle partie ? Pourquoi t’occupes-tu de moi ? Pourquoi est-ce que je me retrouve encore seule ? C’est tout ce que ces pourquoi veulent dire. Parce que, quoique tu dises, tu te retrouves encore une fois seule. Encore une fois, tu as perdu tout ce qui t’était cher. Encore une fois, tu as perdu tout l’amour que tu avais pour une personne. Encore une fois, cette personne a disparu.

Et c’est pourquoi, aujourd’hui, tu es aussi lamentable que ça. Aussi lamentable, face à celui qui est sensé être ton collègue. Et toi-même, tu ne sais pas pourquoi tu cherches tant que ça à te coller à lui. Pourquoi tu veux à ce point le sentir contre toi.

Tout simplement parce que tu ne supportes pas la solitude. Et parce que tu es faible. Alors tu as besoin de réconfort, Carmen. Alors tu as besoin d’aide, et tu as besoin qu’on t’aide. Qu’on te soutienne, qu’on te porte. Parce que toi, seule, tu n’arriveras jamais à rien. Toi, seule, tu n’es rien. Alors qu’aidée par les autres, tu es quelqu’un. Aidée par les autres, tu deviens capable. Mais désormais, tu es incapable.

Cette situation, tu n’es pas vraiment sûre de la réaliser. Après tout, elle est bien trop irréelle pour que tu parviennes à l’imaginer. Même si toutes ces circonstances te paraissaient si irréelles. Tu ne pensais réellement pas qu’il était possible que celle que tu chérissais tant, celle que tu voulais tant retrouver, était morte. Celle que tu croyais encore devant toi, que tu croyais t’ignorer… Est en réalité morte. Elle n’est plus là, tout simplement. Et l’image d’elle qui était ancrée en toi, son sourire, ne voulait définitivement pas disparaître. Mais en même temps… Tu ne voulais pas qu’il disparaisse. Tu ne veux pas qu’elle disparaisse définitivement.

Tu as trop aimé cette femme. Tu l’as bien trop aimé pour qu’aujourd’hui, elle disparaisse simplement. Mais tes larmes ne se calment pas, elles ne se calment jamais. Elles ne se calmeront probablement jamais : Bien trop de douleur dans ton cœur.

Te serrant, certainement de la pire manière possible, contre Mars, tu continues de tremper son haut de larmes. Les bras enroulés autour de son cou, le visage plaqué contre son torse, et les larmes qui coulent, encore et encore, alors que tu sens chacun de ses mouvements attentionnés. Chacun des mouvements qui agissent sur toi : Sa main dans tes cheveux, et ses bras qui te serrent doucement contre lui.

Pourquoi ? Pourquoi agit-il comme ça ? Tu ne le connais pas. Il ne te connaît pas. Alors pourquoi est-ce que tu acceptes ça ? Pourquoi est-ce que ça ne te dérange pas, qu’il te voie dans cet état ? Peut-être tout simplement… Parce que tu ne le connais pas, tout simplement. Tu ne sais pas si tu aurais réagi de la même manière, s’il s’agissait de Nemesis. Ou encore d’Andy, ce qui aurait été encore pire. Andy… Cette femme…

Une femme que tu admires énormément. Qui a encore la force de rallier un groupe, alors qu’elle s’est faite écraser par tu ne sais pas combien de personnes. Une personne qui a encore la force de faire tant de choses. Alors que toi, toi… Toi, tu te retrouves écrasée, et tu te retrouves à pleurer, dans les bras d’un inconnu. Elle est bien plus forte que toi. Et puis… Au final… Tu l’apprécies, cette femme. Comment pourrais-tu rejoindre son groupe, et au final la trahir, en lui plantant un couteau dans le dos ?

Mais pouvais-tu vraiment abandonner Valentine, pour autant ? Pouvais-tu vraiment abandonner la mère de ta meilleure amie, celle qui était morte, alors que toi tu avais survécu ? Est-ce que tu pouvais vraiment faire ça ? Tu te demandes sincèrement ce que Victoire aurait fait, à ta place. Si elle était encore là, qu’aurait-elle fait ? T’aurait-elle aidée ? Aurait-elle pris la décision de se battre aux côtés de sa mère ? Ou aurait-elle décidé d’aider Andy ?

Les mots de Mars résonnent en toi. Tu n’es pas seule. Tu n’es pas seule. Tu n’es pas seule… ? Non. Tu ne l’es pas. Même si tu ne t’en rends pas compte : Il existe des gens qui tiennent vraiment à toi. Des gens qui sont encore là, même si tu n’avais aucune idée de tout ça. Même si tu les négligeais, alors qu’eux, étaient là pour toi. Tu n’étais obnubilé que par Victoire. Alors qu’il y avait d’autres personnes, qui pouvaient être toutes aussi importantes qu’elle. Un hoquet après, tu finis par réussir à calmer tes larmes. Serrée contre le jeune homme, tu finis par redresser lentement ta tête : Pour la première fois depuis cette nouvelle, tes larmes ont arrêté de couler.

« Je… Je ne suis pas seule… » Tu répètes ses mots. Tu déglutis, lentement, avant de hocher la tête. « Je ne suis pas seule… » Ce n’est pas parce que Victoire n’est plus là, que tu es seule. Victoire vit encore, dans ton coeur. Mais tu n’es pas la seule à souffrir de son absence.

« Mars… » Tes yeux viennent se poser sur son visage, alors que tu trembles encore un peu, toujours aussi douloureuse, ayant toujours autant mal aux mains. « Je suis désolée… » Des excuses, sincères. Peut-être pas envers lui, mais envers tous ceux que tu as négligés.

« Que dois-je faire… ? » Tu lui poses la question. Ton visage revient se plonger dans son torse. « J’ai perdu tout ce que je connaissais. Je me suis rendu compte que j’avais fait du mal à ceux qui tenaient vraiment à moi… Et j’ai négligé tout le monde. Mon monde s’est effondré. Et… Et je ne sais pas ce que je dois faire… » Plaquée contre lui, tu restes collée.

« S’il-te-plaît… Je ne peux le demander à personne d’autre… Aide-moi… » Des mots qui tremblent, la voix qui saute encore. La voix qui tremble encore.

Jamais personne ne t’avait vue dans un tel état. Et jamais, de toutes façons, tu n’avais été dans un tel état. Et… Tu as besoin de son aide. Tu ne sais pas vraiment qui il est, mais… Tu as tout de même confiance en lui. Et de toutes façons… Il est le seul à pouvoir t’aider.

Non. Ce qui t’est arrivé ne pourra pas se régler facilement, tu le sais. Victoire est morte, après tout. La seule qui te permettait d’avancer et qui te donnait envie d’avancer est morte. Elle a disparu, et elle n’est plus là. Il ne reste plus que Valentine, qui prend sa place. Sa mère, la plus à même de respecter ce que sa fille aurait voulu, c’est normal, non… ? La mère est celle qui connaît le mieux son enfant… Et te voilà, au milieu de tout ça. Et la mère de ta meilleure amie morte qui n’attend même pas que tu te sentes mieux avant de ne te demander de trahir tous ceux à qui tu tiens.

Tes yeux se lèvent vers ceux de Mars. Ton visage est encore sali par les larmes, mais il est hors de question que tu abandonnes. Tu te laisses faire, venant te laisser poser sur le lit, là où tu as l’habitude de dormir. Cet endroit, c’est bien ta tente. Tu es encore en vie. Ce n’est pas parce que Victoire est morte que tu as aussi le droit de mourir… Elle n’avait pas le droit de t’abandonner, pourtant, elle. Mais elle est quand même partie. Lui en veux-tu pour autant ? Non. Comment pourrais-tu lui en vouloir ? Elle n’a peut-être pas choisi de perdre la vie.

Aujourd’hui, la douleur dans ton cœur menace d’exploser, encore une fois. Mais Mars a raison. Tu n’es pas seule. Tu es loin d’être seule, n’est-ce pas ? Il y a bien des gens qui sont encore là, pour toi. Et toi, tu t’apprêtes à les trahir. Toi, tu t’apprêtes à leur causer du tort, encore une fois. Pourtant, ils ont assez de problèmes comme ça, non… ? Tu ne sais pas trop. Tu baisses la tête, te laissant faire. Tes doigts te font encore mal. C’est évident, avec toutes les morsures que tu t’es toi-même faite. Tu trembles un peu, essayant de calmer les pleurs qui sont là.

Alors qu’il manipule tes doigts, un petit cri se laisse entendre. « Aïe ! » Tu n’es pas en position de te plaindre, cependant. Tes yeux observent Mars, pendant qu’il te parle. Et que ton cœur bat d’un second souffle, en entendant ses paroles.

Tout le monde est tombé ici, et pourtant, tout le monde continue à vivre. Toi-même, tu as continué à vivre, à courir après ta meilleure amie. Mais aujourd’hui, elle est partie. Tu n’as plus vraiment de raison de vivre, Carmen… Tu laisses échapper un soupir, en baissant la tête. Il faut que tu ailles voir les autres, que tu t’excuses auprès d’eux. Nemesis avait raison. Tu étais bien trop obnubilée par ta meilleure amie, et tu en as négligé tes amis. Il faut que tu les voies, que tu leur parles. Que tu t’excuses. Mais comment pourrais-tu t’excuser sérieusement, en leur plantant un tel couteau dans le dos ? Tu baisses la tête. Ton cœur est encore à moitié déchiré. Tu ne sais pas quoi faire. Dois-tu vraiment continuer ? Dois-tu vraiment marcher sur les traces de Valentine, et faire ce qu’elle veut que tu fasses ?

Dois-tu vraiment devenir une espionne à sa solde ? Alors qu’ils ont déjà suffisamment de torts comme ça ? Tu hoches doucement la tête, avant de la lever vers Mars.

« Dis… Tu veux bien… Rester avec moi… ? » Tu ne veux plus qu’il s’en aille. Il est le seul à t’avoir jamais vue dans un tel état. L’autre étant… Victoire. Et elle n’est plus. Tu n’as plus personne sur qui te reposer. Mais tu as envie de te reposer sur lui. De trouver des gens qui seront capables de t’aider. Et tu as envie que Mars en fasse partie. Tu as envie qu’il reste avec toi. « Je suis désolée de te demander ça… Je veux… Je veux plus être seule… » La solitude est ce qu’il y a de pire. Il n’y a rien de pire que la solitude. Et ces cinq années précédentes, sans le savoir, tu t’es forgé une coquille dans laquelle tu seras seule. Et si tu prends la décision de les trahir…

Tu seras seule, à nouveau.