Il regarde l’écran sans avoir trop d’expression, sans vraiment de réactions. Est-il surpris de voir que ce qui s’est passé n’est pas ce qui a été décrit dans les journaux? Pas du tout. Il y avait eu des vents dans les tunnels, il avait entendu les échos, les murmures qui avaient dit que ce n’était pas tout à fait vrai sans savoir ce qui était vraiment arrivé. Maintenant, il en avait le coeur net. Son regard se détache de l’écran et il continue de regarder le dossier. Il feuillette, mais il a beaucoup trop de page. Il aimerait pouvoir prendre le temps de lire, d’analyser, de prendre les photos, mais c’est quelque chose qui leur manque. Partir avec le document? Ça serait beaucoup trop évident, Kazuki s’en rendrait compte immédiatement. Et puis, qui sait, il est peut-être déjà au courant qu’il y a des souris dans son bureau? Peut-être y a-t-il des caméras ou bien autre chose..

Aleksei secoue un peu la tête et laisse tomber les pensées de conspiration, il doit reprendre sa tâche principale. Ainsi, il a remis le dossier à sa place et il reprend place près de Desmond, appuyé contre le cadre de la porte où il tend l’oreille, ouvre les yeux. Il le sent que quelque chose va bientôt arrivé, c’est trop calme. Un garde pourrait revenir, ça fait longtemps qu’il les a quitté. Il lui reste encore du temps pour son changement d’apparence, il n’est pas au bord de la catastrophe, mais voilà qu’il entend un bruit de pas et le poil sur ses bras se lève.

Il faut réfléchir et vite. Desmond réagit et ferme la porte avant de sauter sous le bureau. Les yeux du jeune polarien fouille la pièce, mais il ne voit pas vraiment de cachette digne de ce nom. DaMarcus pourra toujours devenir un fantôme, mais lui, il n’y pas d’option. La main du jeune homme tourne la poignée de la porte et il sort du bureau avant que leur nouvel invité ne puisse le voir sortir. Au pas de course et une fausse panique sur son visage, le blondinet qui porte toujours l’apparence du joueur de l’équipe de foot s’avance vers l’inconnu et passe son bras autour de ses épaules, une attitude beaucoup trop familière, mais commune pour les joueurs de sport. Il l’attrape comme s’il était l’un de ses coéquipiers et le tire dans la direction inverse, pour l’éloigner de la salle où sont les autres.

— Sympa! C’est les autres qui vous ont dit de venir m’aider à chercher la p’tite? Je l’ai vu remonté par ici, mais je l’ai pas encore retrouvé. Je suis déjà aller voir par là, mais les portes sont barrés.. C’est impossible qu’elle soit dans ces locaux.. Je vais regarder dans ce local là, vous pourriez vérifier dans l’autre?

Il lui adresse un sourire sincère avec une pointe de désespoir bien maîtrisé. Bientôt, il faudra que Mariette sorte de sa cachette pour vrai pour qu’il puisse sortir du bâtiment sans soucis, mais pour l’instant, il espère seulement que ses amis dans le crime se portent bien dans cette petite pièce pleine de secrets.

Le doux sourire amical d'Aleksei disparaît dès que le garde appuie sur le bouton et que l'alarme se met à retentir. Ses mains se plaquent sur ses oreilles et il regarde froidement l'homme devant lui. Il veut s'exprimer, mais sa voix se fait étouffer et son nouvel « ami » le prend par le bras pour le forcer à descendre par la cage d'escalier. À peine quelques marches sont descendus que le polarien se libère de sa prise et continue d'agir par lui-même, voilant son visage d'une colère et d'une frustration qui ne lui appartient pas.

— Clairement, vous n'avez pas parlé à vos collègues et vous voulez seulement effrayer cette pauvre enfant! Votre nom? Parce que croyez-moi, je me gênerais pas d'en glisser un mot à Tatsuya qui voulait que cette soirée soit magique pour eux.

Son regard est glacial et il espère que jouer la carte de l'idole frustré aidera à ce qu'il change d'avis ou qu'il arrête cette fichue alarme au moins. Or, son visage se change en surprise en voyant une petite souris qui descend les escaliers à toute allure. Un soupir de soulagement, comme s'il venait réellement de la retrouver, mais il est vraisemblablement heureux qu'elle n'est pas été arrêté par les gardes et espère que les autres sont aussi libres qu'elle.

Aleksei pousse le garde et remonte les marches pour aller à la rencontre de sa petite princesse qu'il prend dans ses bras et la serre très fortement pour qu'elle puisse se réfugier auprès de lui. Il se retourne vers le garde, les sourcils froncés, le visage partagé entre le soulagement et la colère. Il faut continuer d'abattre les cartes.

— Vous pouvez arrêter ce vacarme ou vous voulez la traumatiser? C'est l'une des orphelines que l'on m'a confié comme à toute l'équipe par Tatsuya et Kazuki. Elle a voulu jouer à cache-cache et elle est visiblement beaucoup trop doué parce qu'autant vos collègues que moi n'avons pas réussi à l'attraper avant maintenant !

Il fait une pause et soupire avant de reprendre son rôle, avec plus de douceur cette fois.

— S'il vous plait? Il n'y a pas de raison de sonner l'alarme, je voulais seulement lui faire plaisir. Escorter nous jusqu'à l'entrée si vous le voulez, mais arrêter cette sonnette et calmer vos collègues qui paniqueront pour rien.

Il ne pourra pas tous les aider, mais si chacun retourne à son poste, il espère que les autres auront eu l'intelligence de sortir du bureau de Kazuki et que si tous les gardes retournent au sixième étage, alors les autres étages seront libres pour permettre une fuite discrète. Il est temps de lever sa révérence et au moins, Mariette et lui pourront partir simplement, sauf si cet homme décide de leur créer problème. Et puis, ils ont toujours l'invisibilité de DaMarcus au cas où, qu'est qui pourrait arriver de mal?