Quelle finale ! Quelle soirée ! Mais quelles conséquences pour ce lendemain ? Ton dos te fait mal, et tu n’oses pas ouvrir les yeux, pourtant, ça fait bien cinq minutes que tu es conscient. Tes os craquent alors que tu bouges à peine, tu grognes, venant passer une main dans tes cheveux graissés par la fête de la veille. Cette sensation que rien ne va, tu la connais que trop bien. Alors tu restes dans le déni, jusqu’à ce que tu entendes une voix qui ressemble à tout sauf celle de ta femme.

Oh, merde ?
Non, ça va, t’es au milieu d’une mine.
Attends, quoi ?

Tu te redresses tout d’un coup, et tu te tournes vers les deux femmes bien familières. Non, en fait, tout va bien, si t’oublies le fait que tu sois au milieu de nulle part, avec d’autres personnes, en plein milieu de cette mine froide. T’as l’habitude du froid, mais là, c’est vrai que ça caille très très fort.

« Ouais, je me souviens… On s’est retrouvés dans un endroit sombre, un peu comme celui-là. »

Avec un soleil bizarre aussi. Bah ! C’est fini maintenant, là, il faut se concentrer sur le plus intrigant :  sortir d’ici, et vite ; parce que tu n’as pas envie de rencontrer de nouveau les rats avec le tétanos magique. Tu te relèves pour de bon, venant faire le tour de l’endroit où vous vous trouvez, intrigué par l’ascenseur. Vu la gueule, de celui-ci, t’as pas envie de te risquer à poser un cul dedans.

« Vous savez ce qu’on dit ? Si les lumières sont à gauche, c’est qu’on remonte. »

Mais t’as pas le temps de finir ta phrase que les filles sont déjà en train de partir dans une direction totalement au hasard. Ni une ni deux, c’est hors de question que tu te retrouves seul, alors tu viens te faire tout petit derrière elles, pour ne pas trop les déranger. Tu es comme dans leur ombre, sans pour autant l’être littéralement.

Dorothea se sentait nauséeuse. Sa langue claqua contre les parois de sa bouche tandis qu’elle tentait de s’extirper des brumes du sommeil. Le corps encore engourdi, elle avait l’impression que sa salive avait été remplacée par une consistance pâteuse, dénuée de goût. Ouvrant difficilement les yeux, Dorothea cligna des paupières à la vue conjointe d’une ampoule nue dont la lueur crue lui brûla la rétine et le visage angoissé d’un individu masculin qu’elle ne connaissait absolument pas.

Cette information fit naître mille et une questions qu’elle ravala, en même temps que sa salive. Son inconscient lui souffla que poser des interrogations aussi idiotes que « Vous êtes qui ? », « On est où ? » ou encore « On se connait ? » n’allait nullement rien arranger. Face aux questions de l’inconnu, Dorothea grogna un « Gnoui », la gorge encore enrouée. Mince, que s’était-il passé ? Elle se souvenait s’être forcée à suivre ses collègues de travail dans un bar pour fêter la victoire du FC Celestia mais après cela, trou noir.

Une angoisse sourde lui étreignit le coeur, distillant l’adrénaline dans ses veines. Dorothea se força à se rasseoir, ignorant les protestations de son corps perclus de courbatures. La présence d’une autre femme et sa prévenance envers elle l’apaisèrent un peu. De toute évidence, à écouter ce que le duo échangeait comme dialogue, ils s’étaient retrouvés ici sans en connaître la raison, ni savoir où ils se trouvaient. Se levant en s’appuyant contre le mur, peu confiante en ses jambes encore flageolantes, Dorothea acquiesça aux propos de la jeune femme. Oui, sortir semblait la meilleure opportunité à l’instant présent.

« Je n’ai pas l’impression de très bien capter avec mon holokit, voire pas du tout, je pense qu’on peut déjà supposer qu’on ne se trouve pas à Polaris. »

— Je sais pas, souffla Dorothea.

Elle avait parlé à voix haute et dans la pièce exiguë sa voix avait résonné plus fort qu’elle ne l’aurait voulu. La Canadienne se contraignit à détailler son point de vue, espérant ne pas être la cinquième roue du carrosse formé par ce trio.

— On est peut-être juste à un endroit où le réseau passe très mal habituellement. Je vais tenter de voir dans l’autre armoire. On trouvera peut-être des archives des lieux.

Encore pu à l’aise en société, sauf groupuscule bien connu de ses habitudes, Dorothea plongea tête la première dans l’armoire, comme si elle tentait de s’y engouffrer. La paperasse dégoulinait presque des étagères. Tout compulser reviendrait à mener des heures de recherche, voire de jours. Autant la Canadienne appréciait de mener de fougueuses recherches que le cadre ne l’attirait pas assez pour y rester plus longtemps.

Repoussant de multiples chemises cartonnées, Dorothea finit par déceler ce qui semblait être un plan d’architecte : en témoignait le papier bleuâtre. La jeune femme le tira hors de sa cachette, retira l’élastique et le déroula entre ses mains. Tendant les bras, Dorothea détailla l’objet de son inspection cherchant un indice quelconque : un nom d’architecte, une précision sur la commande, une localisation. Elle finit par la trouver, nichée dans un des recoins de la carte.

— Je sais où en est, clama-t-elle.

Ne disposant d’aucune punaise, Dorothea plaqua la carte sur le mur d’une main. Son index désigna l’inscription.

— On est dans la mine aux métaux du Mont Celestia ! Ce doit être pour ça qu’on capte rien. On doit se trouver à je ne sais combien de kilomètres sous terre…

Ce qui rendait l’enfermement encore pire que prévu. Ils ne pouvaient pas décemment demeurer dans une pièce entièrement close où l’air allait se raréfier. Dorothea conserva ses angoisses pour elle. Il ne fallait pas paniquer.

— Il doit y avoir une clé quelque part. On doit se trouver dans la loge du gardien. Ah au fait, je me rends compte que si on doit coopérer, vaut mieux savoir comment on s’appelle, non ? Moi, c’est Dorothea.

Enchanté compagnons d’infortune.

Résumé a écrit:

Dorothea se réveille avec la fraîcheur d'un lendemain de soirée agité. Elle essaye de se rassurer en disant que s'ils captent mal c'est qu'ils doivent être à un endroit où le réseau passe mal. En fouillant une armoire, elle déniche un plan des lieux : bingo, ils se trouvent aux mines de métaux. Elle suppose qu'il doit y avoir une clé quelque part et donne son nom (ce sera plus pratique pour la suite).