birds (fly)falling

les chérubins ont des profils ciselés ;
et elle a la tristesse du diable qui coule dans ses veines d’ordinaire si acérées
elle n’a
lancinants chants des cygnes qui ont le cœur à l’arrête.

elle parlait d’amour à ses fantômes du passé
les démons sont devenus ses amis ;
les baisers en chair pour oublier les déboires de son histoire.

qui pense donc à la tristesse du diable du désert ; elle d’ordinaire tigresse
se fait aujourd’hui reine des enfers
reine des tourments à ce bar
un verre
toujours un verre
un de plus.

elle avait les larmes si aigres
qu’elle ne vit le cygne qui revenait aux temps des splendeurs ;
celles qu’elle n’a jamais connu ni des diamants sur terre ni des plus beaux cristaux en enfer ci-bas dans les vastes étendues pour ses
griffes de velours ;
des hommes qui suintent la lubrique damnation ;

tourne enfin la tête azalée,
le diable n’a pas que le nez sur son nombril car
il y a en sa compagnie le plus joli des cygnes ;
la chevelure en ruisseau vient reposer au creux de ses hanches si taillées dans un
cristal encore plus pur que celui infusant les veines des habitants
de ce pays maudit.

elle n’a vue très claire ; elle qui d’ordinaire chasse sa proie à des kilomètres.
mais le parfum de la belle hante ses pensées il n’y a besoin de vue quand l’on peut
ressentir ;
ô,
qu’elle ose ;
attraper du bout des doigts les siens effilées d’une douceur car elle est la reine des chérubins du désert
le sable est d’or dans son royaume empli de lassitude ;
elle cherche les plus beaux trésors dans les doigts enlacés même si c’est pour
jouer
((une douce tragicomédie)).

elle a la noirceur dans les traits de son visage qui s’étirent
car ce soir elle a la tigresse inassouvie dans les veines
elle a les châtiments pour ces hyènes qui rôdent autour d’un trésor ;
précieuses secondes à l’étreinte de douceur dans sa mer de sel
les larmes ont orné son cœur, mais ses joues restent sèches).

elle les a orangées à la lueur tamisée du bar, quelques étincelles de croc viennent vriller les rétines des hyènes au sale rire ;
elle a le grognement qui trépide au fond de sa glotte
un regard de défiance de son œil mordoré elle a l’ambre au fond des pupilles mais

mais elle l’accompagnera pour ce numéro-là.

« vous savez, j’ai un creux en ce moment ; mais votre chair est trop pourrie pour mes dents, alors je me contenterais de vous égorger si vous ((ne laissez pas ce précieux cygne entre mes pattes de velours)). »

ceux-là ne méritent plus longtemps son regard ;
car elle l’offre tout entier à celle dont elle rêverait de caresser avec douceur le creux du dos pour y emmêler ses doigts et ses ((rancunes les noyer dans le fleuve doré au parfum des fruits aux caractères pourprés)) ;
elle a encore dans ses traits le tigre mais celui-là ne mord pas, il

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une deux
une deux
une deux
elle a l’œil doré qui reste en suspension, glisse sur
les plumes luxuriantes de ce cygne qui lui semblait tant inatteignable
((pourtant qu’elle enfonce ses griffes dans sa main délicate)).

sursaute ; confuse, reprend forme humaine
elle a un rire gêné et voilà qu’elle redevient la gauche azalée
la gauche sauvageonne du désert qui ne connaît les bonnes manières
mais les gazelles ne se font voir qu’aux pays les plus illusoires.

les joues un peu rouges ; retire prestement sa main elle ne
mérite guère si précieuse étreinte.

« je vous prie de bien vouloir excuser mon… impertinence. j’oublie bien souvent que le désert ne connaît pas vos règles. »

bute sur les mots qu’elle n’utilise en général ; elle a la gaucherie dans ses propres paroles
((comment pourrait-elle espérer attirer l’attention de ce cygne,
puisqu’il appartient aux plus grandes sphères de ce monde ?)) ;

elle reprend place sur son siège, à distance respectable mais
(elle a toujours le parfum de ces soyeux joyaux qui tremblent dans le creux de sa hanche).

« vous semblez être une personnalité populaire ici. »

le verre de whisky cliquette entre ses pattes – ses mains, elle n’a
rien d’une gracile jeune fille pourtant qu’elle aurait aimé
devenir une belle louve de pedigree rien que
pour lui plaire.

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belle des joyaux de prestiges accents
a de jolies tournures ;
les ornements de ses paroles en sucre –
comme le miel,
tout doux tout en scène de tourbillonnants bourdonnements ;
tout doux des espoirs en rayon scintillants.

mais posture n’a sa place dans les belles boutures des palais de glace ;
la gueuse des sables mouvants dans ses pattes gauchères.

elle esquisse
maladroit de son habitude au cynisme
son amour au sarcasme ;
ses poisons aux ironies sans flamme.

« ainsi vous me découvrez ;
soyez donc sans rancune car le velours

((faisait-elle référence à l’astre des espoirs perchés dans le ciel obscur ;
ou la regardait-elle encore de ses yeux brillants de sa propre flamme
les reflets mordorés des extases sans luxure)).

« je ne suis qu’un animal sauvage de passage ; vous avez sans doute mieux à admirer ;

il y a un léger goût d’amertume ;
les belles tigresses sans fortune –
elle n’a que la boisson et les tourments de l’alcool à tirer
en cul-sec ((les glaçons ont les brisures qui résonnent en esthètes)).

les pupilles se plantent dans le vide mondain ;
la contemplation des délaissés des chérubins.

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les gouttes d’alcool ont des brûlures sanguines
dans les gorges qui se lassent des maux en rengaine séraphines c’était presque ;
passés à venir mais ça
elle ne le voyait venir.

alors elle boit ;
elle n’a pas l’alcool triste,
elle le tient (mal et bien mauvais ou bon tout ça au fond c’était
purement relatif
aux visions erratiques).

azalée rit aussi, jette un coup d’œil rapide à ce beau cygne ;
c’est qu’elle la taquine
joue d’elle
proie ou chasseur ah les paris
sont lancés il n’y que le doux charme
du hasard et des dés.

« je ne vous rejette pas ; au contraire,
vous auriez été tant désirée de tant d’hommes et de femmes alors

pourquoi je ferais exception.

mais votre monde le fait. »

elle a quelques mots énigmatiques qui tournent tournent
tournent dans tous les sens car le sens
a perdu sa mie aujourd’hui.

son petit rictus si facile si habile
lui vient aux lèvres c’est qu’il
c’était ainsi fallait-il se battre pour avoir
une seconde d’insomnie dans ses belles gloires ?

azalée se redresse soudainement ;
soudainement c’était ((très proche)) elle avait
soudainement c’était ((devant)) les yeux dorés
soudainement c’était ((d’un velours le souffle qui caresse les peaux)) plantés dans ses beaux yeux irisés ah
remplissait presque son âme d’arc-en-ciel extatiques.

« vous pouvez me récupérer autrement vous savez ;

une avance ;
était-elle bien effrontée mais elle n’avait
seulement le joyau qui ornementait cette douce soirée.

puis,
elle se rassied
((un peu comme si de rien n’était)) ;
perdues dans leurs pensées.

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ah c’est qu’elle l’avait bien compris ;
cygne des rois a des goûts bien puissants,
((maudits sont les jeux de pouvoir et pourtant
elle ne peut s’empêcher)) ;
de vouloir offrir des diamants à ses opales-là qui la brûlaient de leur caresse.

un sourire un peu féroce lui fend le coin des lèvres
la lumière tamisée du bar se reflète dans ses crocs ah ;
si immaculés

« je le sens bien ; vous n’aimez guère les félins qui viennent ronronner à vos pieds. »

((ah que pensez-vous donc de ceux qui
viennent y rugir y grimper
(sensuellement)
le long de vos longues jambes)) ;

mais azalée n’est là pour jouer avec ses plumes,
car c’était

aux sensations des doigts parcourant son dos,
y répond d’un frisson ((de désir peut-être l’avait-elle senti)) ;
ou était-ce son parfum qui venait tourner autour de ses narines ah

ses rideaux d’or ((voulait-elle pudiquement se cacher
de la traiter ainsi
de traiter ainsi
avec
un tigre ;

c’est qu’elle arrive tout de même à piquer son intérêt ((par quel miracle azalée)) ;
elle a les lueurs qui s’assombrissent dans ses ambres qui viennent relever
((contre elle contre lui contre ce monde ou ce paradis)).

« ah oui ? et quels yeux vous fais-je donc pour renier ainsi votre intérêt. »

ah azalée ;
reprend le dessus azalée ironique
azalée sarcastique
((celle qui hurle sa liberté aux roses des vents)) ;

insolente ;
lui fait face maintenant, coude sur le comptoir ah
décidé de te tenir à carreaux.

((les bonnes résolutions ne durent jamais bien longtemps
dans ses rancœurs qui viennent les tâcher)).

un sourcil haussé,
ses canines aiguisent sa curiosité elle

ce n’était plus ((seulement)) question de finir dans les draps dans les bras
entre les cuisses où se posent les plus belles lèvres de ces contrées ;
qui venaient s’opposer dans une étrange conversation alcoolisée.