Une maison qui brûle, c’est tout ce qu’il suffisait pour emporter une familles entière. Des grandes flammes sorties de l’enfers, qui venaient laper les derniers pans de vie des proches sans forces, laissés pour mort dans cette grande maison. Et Nina.
Nina qui avait réussit à s’en échapper.
Nina qui était là devait elle, aussi forte que ses failles béantes.

Pauvre Nina, aurait dû penser Lucrèce. Mais Lucrèce ne pouvait qu’admirer la jeune fille, toujours debout, toujours vivante, croquant la vie, l’instant d’avant sourire malicieux aux lèvres.
Elle lui essuie une larme de son pouce toujours perché sur son visage.

Lucrèce ne réagit pas, quand on lui arrache les mains des joues. Elle est après tout, envahissante, et le sait, le sent, dans cette situation. Elle ne veut pas lui faire plus de mal que ça, à cette jeune fille des flammes, revenue tout droit de l’enfers.
Mais elle a un hoquet de surprise, lorsque l’ange revient vers elle, se plonge dans ses bras. Et elle l’accueille, lui caresse les cheveux. « Chut, c’est fini maintenant. » s’entend-t-elle murmurer. Lucrèce est bien plus maternelle qu’elle ne voudrait se l’avouer.
Elle n’en a rien à faire de sa robe, alors qu’elle la sert un peu plus fort ; en rachètera probablement une nouvelle ensuite.

« Tu es si forte Nina. » pour avoir vécu toutes ces épreuves, seule. Mais maintenant, il y avait Lucrèce. Elle allait la protéger, la prendre sous son aile. « Et je suis là, tu n’es plus seule, tu n’as plus à t’inquiéter » car elle allait la choyer.

La petite Nina laisse ses larmes couler, couler sur la belle robe. Elle laisse toute ses peurs et ses chagrin se répandre sur le tissu, s'imprégner pour ne plus jamais avoir à les récupérer. Oh comme l'enfant se sent bien dans cette chaleur maternelle qu'elle ne connaissait plus. Elle qui défie les adultes d'habitude, s'accroche si fort pour ne pas tomber. S'appuie sur l'amour d'une femme, les doigts pressés, les poings fermés. Et puis les larmes cessent petit à petit, le chagrin s'en va et penaude elle recule doucement. Elle est maintenant honteuse de s'être laissée aller, elle qui est si forte. Et surtout en plein sur un chantier, d'autres ont dû la voir mais elle n'ose pas regarder autour d'elle. Après tout ses yeux rouges la dénoncent, montrent aux autres qu'elle a pleuré telle l'enfant qu'elle est. Alors la tête baissée, elle se cache derrière sa tignasse, essuie son visage de ses petites mains.

« Tu crois qu'ils ont pu monter jusqu'au paradis ? Qu'ils ont rejoint Mamie et qu'ils sont heureux ? »

Elle ne s'excusera pas d'avoir craqué, fera même en sorte de ne plus en parler comme si rien n'était arrivée. Nina ne la remerciera pas non plus, elle est trop fière pour ça. Même si au fond d'elle, elle est heureuse d'avoir trouvé quelqu'un qui la rattache à son passé. Même si ça fait mal, même si ça brûle encore. C'est ce qui lui manquait, une grande sœur à qui raconter ses bêtises, à qui confier ses peines. Peut-être qu'elle en a trouvé une ? Ou une énième victime de ses méfaits.