Tu n’es guère surpris d’entendre les autres partager tes appréhensions, pour certain.e.s, avec beaucoup plus de virulence. C’est sans doute une réaction à laquelle Rodrigo devait s’attendre. Il n’était pas ce qu’on pouvait qualifier d’un pari sensé en ce moment. C’est bien pour cela que son offre t’intéresse beaucoup plus que tu ne le laisses paraître.
Si Mars a le tact de faire preuve de ses soupçons par des voies silencieuses, d’autres ne s’empêchent pas de dire haut et fort ce qu’iels pensent du richard en disgrâce. Tu les écoutes sans les arrêter. Bien sûr, dans un monde idéal, on t’aurait laissé seul à parler. Mais pour cela, il aurait fallu que tu viennes seul. Bien que tu considères ces cinq comme les plus compétent.e.s des membres de la Révolution, tu connais également de plus en plus leurs caractères particuliers. Impossible d’empêcher une bonne partie d’entre elleux de lâcher le fond de leur pensée à tous vents. Cela t’irrite un peu, mais ce n’est pas grave, donc tu laisses couler.

Il n’y a que Kiana qui exprime un intérêt incertain, ce qui n’échappe pas à Rodrigo, qui s’est laissé écorcher sans broncher. Ce dernier se met donc à répondre à vos questions (et insultes), en ordre, comme s’il les avait mémorisées dans leur plus menu détail. Tu vois cela comme une démonstration de son intellect autant que d’une réponse.

Tu arques un sourcil inquisiteur en l’entendant dire vouloir régner. Il ne cache pas ses ambitions. Tu le laisses jouer son script, où il fait mine d’aller offrir ses services à d’autres plus accueillant.e.s. Des autres, tu sais qu’il n’y en a pas, sinon, pourquoi serait-il ici ? Tu ne lui réponds pas tout de suite. Ce qu’il dira aux autres te sera tout aussi utile.

Ton expression se durcit encore lorsque tu l’entends parler d’armée. Voilà le point le plus important de l’affaire. Si tu as à ta disposition de fervent fidèles et un nombre croissant d’oublié.e.s sympathiques à la cause, ce n’est rien face à une armée entraînée et bien équipée. Cette armée est autant une bénédiction qu’une menace pour vous. Qui pourrait empêcher Rodrigo, une fois le fait accompli, de garder ce territoire seulement pour lui ? Tu n’as pas oublié l’avertissement de Mars.

Pour ce qui est du sort de la chancelière, tu n’en as cure. Ce n’est pas ce qui t’inquiète. Tu as toujours été clair sur ce point, tout ce qui devra être fait pour la révolution, tu le feras. Si tu dois faire disparaître toi-même cette chancelière, tu le feras.

Tu dois te contenir pour cacher ton enthousiasme grandissant pour l’idée. Certes, c’est risqué, et tu ne fais absolument pas confiance à ce Rodrigo. Cependant, l’occasion est trop belle pour être manquée.

« Kiana a raison. Laissons donc une chance à notre camarade. »

Tu insistes sur ce mot avec un sourire glacé, le genre qui ne se rend pas jusqu’aux yeux. Tu veux faire comprendre à l’ancien propriétaire des villas que tu entends coopérer par autant d’opportunisme que lui, et non pas par naïveté. S’il se demande d’ores et déjà comment il se débarrassera de vous une fois les mers du Sud acquises, tu fais la même chose.

Tu as déjà pris ta décision, mais tu ne peux accepter ainsi sans plus de précaution. C’est pourquoi tu fais un court signe de la tête vers Moebius. Tu te rappelles bien comment il a usé de son cristal lors de ce procès improvisé, pour différencier les traîtres des allié.e.s.

« Moebius, si tu veux bien vérifier ces belles promesses. »

Tu appuies ton menton sur tes mains et tu ne lâches pas le caérien des yeux. Tu imagines que les autres en profiteront aussi pour le questionner à leur loisir. Toi, ton esprit est déjà en route vers les mers du Sud.

résumé: Samson est chaud pour aller prendre les mers du Sud. Il demande à Moebius de révéler les secrets de Rodrigo pour être sûr qu'il ne leur cache rien.