le thé a des chaudes volutes qui viennent
réchauffer leurs cœurs glacés ((par les morts les séparations
les chutes
les abandons)) ;
hélianthe ne peut s’empêcher de lâcher
un petit sourire ((la fatigue y transperce bien
ses lèvres tirées)) ;
a la vue des tasses peintes de naïveté.
c’était que la candeur lui rappelait leurs temps passés
dans ces pièces qui étaient ((les leurs)) ;
a bavarder à faire leurs devoirs à
echanger des rires ((ne pas oser
les baisers)) ;
en toute innocence de ces fleurs qui naissaient dans l’antre de leur cœur.
le breuvage laisse des picotements le long de son palet
((brûle la glotte mais)) ;
sensation bienvenue dans les transes le déni les fins qui venaient
toujours les séparer ((oh non ne laisserait faire cette fois-ci)).
icare parle ;
d’une douce voix qui vient mélodieusement
attrister les tympans de son amant
car les larmes qui transparaissent dans les
maux sont
des plus souffrantes.
hélianthe se souvient
se souvient de leur île
leur île paisible ;
leur vie paisible
leurs rires paisibles
leurs regards paisibles
((leur cœur en tourmente
battant la chamade
tous les jours toutes les heures les minutes
qui s’écoulaient pourtant sans rien se dire)).
oh il se souvient aussi
d’irène
petite sœur d’icare
elle le regardait toujours de ces grands yeux-là
plein d’admiration ((pourtant n’avait-il rien fait
pour mériter cette adoration)) ;
mais il l’appréciait, l’aimait comme
sa propre sœur ((l’avait-il oubliée en chutant dans les rêves qui
ignoraient les douleurs de ceux restés là-haut)).
mais irène n’est pas là ;
ne le sera jamais plus.
((et hélianthe
a les paupières qui éteignent les lumières de cette maison pourtant si
paisible ;
c’était pour
mieux gérer la douleur
la tristesse
la
réalité)) ;
dans les ombres qui leur offraient leur refuge.
mais cela ne la ramènera pas, n’est-ce pas.
«
j’espère qu’elle repose en paix, à présent. »
il le souhaitait sincèrement
ne voulait l’imaginer le visage ravagé par la tourmente
la peur et le désespoir oh ;
etait-ce le sien ou celui d’icare qu’il ne pouvait s’imaginer ?
car iels se ressemblaient c’était frappant
elle avait des yeux noirs
des cheveux corbeaux
le même sourire pétillant ;
mais c’était icare qu’il voyait
oh il ne voulait pas il ((n’avait pas été là)) ;
hélianthe a un sourire tendre
a la boule de poils opale qu’il tient tout contre sa poitrine
posée sur la table tout contre ((son cœur)) ;
le sien battait toujours lentement
posément ;
malgré les tourments car
((était-il devenu fort ou insensible mais c’est la damnation des princes)).
pourtant il était
sincèrement
triste ;
triste des malédictions triste des souffrances
triste de ne pas pouvoir revoir irène
triste
triste simplement de ne
pas avoir été là
combattre à ses côtés éliminer la solitude de ses bras.
et il était
heureux
presque ;
qu’icare ait décidé de sauter
six ans après
((oh heureux qu’icare ait risqué sa vie ? était-ce ironique sarcastique))
rien de tout cela,
lui-même
ne le sait pas.
«
je ne pensais jamais te revoir. »
oui ;
il pensait
ne le revoir qu’au sein des ombres
des abysses de la nuit
((en rêves ou cauchemars)) ;
en ange ou en démon vengeur
finalement peu importait mais
«
voilà pourquoi je n’ai jamais réussi à te revoir. »
un rire-sanglot qui s’évacue de sa voix ;
et son regard qui se fustige mais qui l’adore
se pose sur ce visage-là qu’il n’avait jamais réussi
a se remémorer car
il était toujours en vie ;
là-haut
dans leurs rêves les plus fous.
alors non,
«
il ne faut plus pleurer. »
et hélianthe l’enveloppe de ses bras oh
c’est qu’il a une stature bien plus large
le prend dans son étreinte sans trop de mal ;
n’était-ce pas pourtant presque l’inverse auparavant ?
«
nous ne nous quitterons plus,
icare. »
c’est qu’il voulait dire encore
et encore
son prénom ;
ce prénom qui l’avait tant sauvé
à trop s’approcher du soleil pourtant
ses ailes avaient fondu à vouloir le chercher
le garder dans son cœur
malgré les horreurs.
et hélianthe le garde
le garde toujours
contre son corps contre son cœur
((mais il a changé tu le sens n’est-ce pas)) ;
ne dit rien pourtant car
il n’y a rien de glorieux à cette histoire-là
«
je veux simplement te garder dans mes bras. »