Depuis qu’il était arrivé au village, Leonas ne pouvait s’empêcher de froncer le nez. Il avait l’impression qu’après son aventure aux marécages, ses habits n’avaient pu se défaire de l’étrange odeur. Il faut dire qu’avec ses péripéties – il était tombé dans les eaux remplies d’anacondas, s’était enfui au péril de sa vie – sa tenue était imprégnée debout.

Et c’est que Leonas n’avait pas prévu de payer une cabane pour la nuit. Ah ça non, ce ne serait que de l’argent gâché. Lui il préférait dormir à la belle étoile, à la dure. Et s’il fallait dire adieu à la douche, et bien tant pis.

Il essayait donc de faire outre, marchant le long du chemin qui menait aux nouvelles cabanes. Car si le marchand ne voulait pas dépenser un sous, il préférait tout de même dormir non loin de quelques présences humaines (la jungle peut vraiment se montrer effrayante en pleine nuit).

De son expédition, il ramenait tout un de créatures encore bien vivantes dans des petits sacs en plastique. Il faut dire que même si ces poissons valaient leur pesant en caerus, certains acheteurs en donneraient le double pour en avoir vivant.

Leonas prend l’un de ces petits sachets pour venir l’admirer. Un poisson bariolé de couleurs y nage en rond, dans un état qui fait se demander s’il est bien encore vivant. Il sourit toute fière devant sa capture. Cela valait bien toutes les douches du monde.

à travers le plastique, il semble apercevoir une silhouette qu’il connait bien, Leonas.

« Mais si ce n’est pas ma bonne Esperance ! »

Il range le poisson dans le sac avec le reste, ouvre maintenant grand les bras pour son amie.

« Alors tu es venue visiter la région ? Il y a de très beaux temples (objets), la faune y est très belle (à revendre), et tu devrais voir la cascade, quelles belles contrées ! (à voler). »

Quel drôle de monde n’empêche. C’est ce que tu ne peux pas t’empêcher de penser lorsque tu t’aventures dans la jungle nouvelle découverte. Il y a tellement de questions sans réponses qui entoure Althea et parfois tu te demandes si tu n’aurais pas plutôt du essayer de résoudre ces mystères. Une noble tâche pour laquelle tu n’as aucune aptitude. Défendre les Oubliés, essayer de changer leur situation est bien plus dans tes cordes. Alors pourquoi l’exploration de la jungle ? Simple curiosité, ce genre d’appel irrésistible qui t’entraine souvent dans les pires situations qui soient.

Mais pas aujourd’hui, parce que cette fois, la chance est de ton côté.
Comme souvent en fait.

T’entends une voix qui s’élève, la reconnais rapidement. « Leonas, mon cher ! » Un oublié, un oublié charmant avec qui tu peux rêver pendant des heures. Tu le sers rapidement dans tes bras, contente que ton chemin ait trouvé le sien. Il t’arrache même une rire sincère avec sa description de la région. « Toujours le sens des priorités à ce que je vois. » Une petite taquinerie en prime, mais c’est bien affectueux. Il ne faut pas se méprendre sur tes intentions, il n’y a aucun jugement dans tes mots. « Mais oui, je suis venue explorer, j’ai pas pu résister. » Toujours cette curiosité qui t’habite et qui dicte bien souvent tes actions. T’aurais eu du travail à faire pour ton prochain chapitre, mais certaines choses priment chez toi.

Et t’as bien fait, vu que t’es tombée sur Leonas. « Et toi alors ? T’as flairé une bonne affaire ou un monde meilleur ? » Tu saurais pas dire si la jungle est mieux que le désert. Les deux sont affreusement chaud, mais l’humidité de la jungle n’est pas faite pour tout le monde. Pas faite pour toi en soit, même si t’es pas du genre à te plaindre. Puis tu comptes d’autant plus t’attarder maintenant qu’il est là. C’est comme tomber sur un compagnon d’aventure, même s’il serait tout aussi probable que vous vous installiez sur une roche pour refaire le monde. C’est ce qui se passe généralement, juste que d’habitude c’est plutôt sur un tapis ou le sable.

Le sens des priorités il l’avait bien Leonas ; sinon il n’aurait pas fait tout ce voyage rien que pour quelques poissons. C’est que ses voyages étaient devenus rares depuis qu’il s’endormait plusieurs fois par jours. Alors un voyage dans la jungle comme celui-ci, n’était-ce par il espérait tirer un bon petit pactole ?

Il est content de la voir, cette bonne Esperance. Peut-être même qu’il pourrait échanger quelques histoires au coin du feu s’ils décidaient de planter leurs tentes à côté. C’est quand même plus rassurant de cette façon, non ? Ah oui car dormir seul en pleine jungle… un frisson passe chez Leonas.

« ça n'm’étonne pas de toi! La jungle devrait bien se tenir, Esperance arrive ! » Il serait bien retourné avec elle dans la jungle, mais il en ressortait tout juste et erf c’est que ça le fatigue toutes ses aventures. Il lui laisse bien toutes ces gesticulations.

« Ahh c’est que les acheteurs n’manquent pas pour les p’tites bêtes exotiques de la jungle. Je l’ai bravé au péril de ma vie pour rapporter quelques specimens. » Il montre ses sacs de poisson tout fière. Ils sont beaux de toutes leurs couleurs, tournant en rond, venant se cogner contre le plastique. Il finit par les ranger dans son sac sans fond avec un peu d’appréhension – allaient-ils ressortir vivants ensuite ? Morts ils ne valaient que le prix de poisson grillé au feu de bois.

Il prend Esperance par l’épaule, l’amène un peu plus loin sur son chemin en chuchotant »
« Mais si j’étais toi j’ferrai attention, hun ? Il y a de sales histoires sur cette jungle. Une histoire de montre, mi-crocodile mi-humain qui ère pour trouver à manger. Il sort en fin de journée ou au début de matinée. » Des murmures qu’il avait entendu un peu plus tôt, pas forcément les plus fiables mais il valait mieux prévenir son amie que de la laisser s’enfoncer sans connaître les dangers.

Leonas trouve toujours le moyen de te faire rire. La jungle n'a qu'à bien se tenir ? Peut-être, tu comptes bien tout explorer cette région de fond en comble après tout. Pas tout aujourd'hui, encore moins considérant que ta route a croisé celle d'un ami, mais un jour ou l'autre tu viendrais à bout des secrets qui s'y trouvent. « Exactement ! » Tu rigoles un peu à gorge déployée, tout de même curieuse de savoir ce que la jungle cache. T'aimerais bien savoir comment vous avez pu ignorer son existence pendant les dernières années. Comme quoi Althea réserve toujours un peu plus de mystère, ce n'est pas plus mal, ça reste toujours intéressant comme ça. Pas que tu penses que ce soit possible de se lasser d'un monde où il y a encore tant de choses à faire, mais c'est ton opinion personnelle.

Tu regardes les poissons dans leurs sacs individuels avant qu'ils ne disparaissent tous. « Je vois que t'as plus d'un poisson dans ton sac. » Ou plus d'un tour dans son sac, voilà la réelle réplique, mais tu te permet un peu plus d'humour. « Et toujours le flair pour les bonnes affaires. » Tu ne doutes pas que les gens soient près à payer un prix fort pour se procurer des espèces un peu exotique, ce n'est pas tout le monde qui a envie de s'aventurer dans une jungle mystérieuse.
Jungle qui se révèle peut-être plus dangereuse que tu n'aurais pu le penser, du moins si t'en crois les racontards que te souffle Leonas. « Vraiment ? Je ferais mieux d'être prudente dans ce cas. » Pas que tu sois bien inquiète. Les chances que la créature existent vraiment sont minces, les chances qu'elle te tombe dessus le sont encore plus. « Et toi alors ? T'es sur le chemin du retour donc tu cours aucun risque ? » T'as bien envie de lui proposer de faire un bout de chemin avec lui. Ça t'éloigne de ton objectif d'exploration, mais ce ne serait que partie remise. Le marchand est toujours une bonne compagnie et une source d'informations (plus ou moins fiables) alors autant en profiter. « T'as pas d'autres tuyaux sur la jungle ? » Ironie s'il en savait plus que toi alors que c'est dans ton pays. Ça montre bien que la fierté nationale ne fait pas partie de tes priorités.

Son rire se mêle à celui d’Esperance. Il n’a pas besoin de beaucoup plus pour rire, ce grand gaillard ; une rencontre, un blague et le voilà rempli de joie. C’est que ce genre de chose lui suffit dans sa vie. Il ne se plairait sûrement pas dans toutes ces grandes villes de Célestia, à aller au centre commercial ou à Caer, à courir de fête à fête. Lui n’a besoin que d’un peu de rire, un peu de rencontres, un peu de ciel étoilé sous lequel dormir.

« Le but Esperance, c’est d’être le premier sur le marché. Une fois l’opportunité passé c’est trop tard tu vois ? Car l’autre aura déjà le monopole. La réputation va par le bouche à oreille : il faut avoir le bon produit au bon moment et alors Althea entier saura que c’est toi le bon vendeur. »

L’art de vendre, tout un art. Un art auquel Leonas s’adonnait avec grande passion ; puisqu’il voyageait dans les quatre coins du continent pour rapporter les meilleurs produits et créer de nouveaux marchés.

« Toi prudente ? » Et il repart dans un rire. « Esperance tu es bien des choses, mais je ne pense pas qu’ce mot-là puisse te décrire. » sans peur, fonçant toujours sur le danger ça oui. Presque trop, de l’avis de Leonas, qui lui préférait les petites missions sans prétentions, comme aller pécher du poisson.

« Moi ? Oh là ! Moi j’ai mauvais goût, les bêtes s’enfuient sur mon passage. Et puis si je les rencontrais, tu sais bien que je les combattrais à mains nues pour me défendre. » Ce qui était absolument faux ; il fuirait en courant, pousserait sûrement la première personne venue sous les dents de l’homme-crocodile dans l’espoir que la personne joue les héros.

Il lâche enfin Esperance, réfléchie à ce qu’elle lui demande. Des tuyaux, hun ? Ils en avaient probablement quelques-uns.

« Fait attention aux marécages, j’ai entendu qu’un gars s’était retrouvé englouti sans qu’on puisse le sauver. Surtout alors que la vie va tomber. Ah ça m’fait penser ! On m’a dit que du bien de la cascade aux fleurs. Si t’as un peu de temps à perdre en pleine nuit c’est l’endroit où aller. » Il s’arrête. « Bon alors Esperance, raconte moi ta dernière aventure, j'ai besoin de nouvelles histoires pour mon public! »

Le soudain cours - conseil vraiment - sur les bonnes choses à faire pour conquérir un marché est une agréable surprise. Oh, ça ne te servirait jamais, ce que tu fais n'a pas vraiment de valeur marchande, du moins tu veux aucunement que ça en ait, mais c'est intéressant. L'art de vendre n'est pas pour toi, mais t'aimes entendre l'enthousiasme dans les dires des autres, t'aimes voir la passion dans leur regard. Puis Leonas a un talent pour rendre tout intéressant, sans doute pourrait-il t'annoncer la pire nouvelle du monde que t'y trouverais ton compte. Puis bon, c'est toujours utile de savoir certains trucs. « Donc j'imagine que ton nom sera bientôt sur toutes les lèvres comme étant l'homme à aller voir pour les espèces exotiques ? » T'aimes te dire que son nom sera sur toutes les lèvres un jour ou l'autre de toute façon, alors pourquoi pas pour ça.

Tu ne peux que rire, encore, face à ce qu'il te réplique. Sans doute a-t-il raison, la prudence n'est pas un trait qui peut te décrire, du tout. Tu pourrais feindre d'être vexée, mais qui es-tu pour t'opposer à la vérité ? « On ne peut pas tous avoir la protection du mauvais goût. » Pas très sérieuse même si tu supposes que ce n'est pas faux. Du coup t'as ni la protection de la prudence - qui t'es étrangère - ni celle du mauvais goût... « En fait je devrais rester avec toi pour que tu me protèges en cas de danger. » Pas que t'as besoin de protection, t'es de ceux qui se tire toujours d'affaire. Tu sais te défendre, un minimum (merci à maman), mais tu sais très bien que tu ne choisirais jamais l'affrontement plutôt qu'une autre solution. « Mais je note, ça me semble deux endroits à surveiller. » Et quand on dit que tu n'es pas prudente, c'est aussi pour ça, parce que maintenant, t'es curieuse à l'idée de voir le marécage qui engloutit les pauvres inconscients.

Ta dernière aventure ? T'as l'impression que t'as rien de fabuleux à raconter en vérité. T'as été trop sage ces derniers temps, c'est ce qu'il faut comprendre. « Je suis allée visiter les Mers du Sud, je ne pouvais pas résister à voir les changements de mes propres yeux. » C'est ballot, t'avais jamais pris le temps de le faire quand elles appartenaient à Caer Hrid. « Ça n'a pas été très mouvementé, tu me connais je m'entends bien avec tout le monde. » Ça, c'est plutôt faux, t'as tendance à poser trop de questions et tu sais que ça ne plait pas à tout le monde. Une pause et puis : « Je peux te raconter comme j'ai fouillé des épaves, ça manque peut-être un peu de rebondissements, mais te connaissant tu sauras très bien pallier à cette lacune. » Un petit rire traverses tes lèvres. T'as beau être une bonne communicatrice, t'as pas le talent de conteur de ton ami.

Leonas était un vantard ; de ce qui crie leur succès au monde entier, invente des histoires pour se glorifier. Mais Leonas est un marchand, est un marchand se doit d’être le plus inventif possible sur la façon de se vendre pour attirer la clientèle. Plus on entend parler de lui plus on viendra non ? C’est qu’Esperance a déjà bien compris comment ça marche : oui c’est comme ça qu’il devrait être connu sur Althea (entre deux trois autre choses). « Mais ne l’est-il pas déjà Esperance » bon pas vraiment, ou peut-être que si en fonction des frontières. Si on ne le connait peut-être pas dans les pays, au désert c’est un marchand (qui se veut) réputé. Les milles affaires de Leonas.

Entre eux d’eux, c’était probablement elle la plus apte de le protéger. Il ne savait pas quelle enfance il avait eu (et s’il le savait, probablement qu’il prendrait un peu plus de pincettes avec la demoiselle) mais elle semblait bien plus vaillante que lui. Pour pouvoir arpenter Althea sans aucune peur, toujours à la recherche d’une info croustillante ou alors en pleine investigation, il ne pouvait en être autrement. « Ahhh voilà, ça je trouve ça ingénieux ! Comme ça, si l’on croise une bête, je me mets devant pour l’empêcher de te croquer et elle sera de toute façon effrayer par ma seule vue. Oui-oui voilà, elle fuira devant la toute-puissance de Leonas ! »

Les mers du sud, bon endroit, un peu dangereux dernièrement avec tout ces maudits révolutionnaires. Leonas en frisonne presque : ah qu’ils étaient embêtants. Ils étaient comme des moustiques autours de Victoire, qui les empêchaient, eux les pirates, de pouvoir la faire destituer (tuer pour d’autres moins idéalistes et pacifistes que Leonas). « Jparis qu’elle reste aussi festive et ensoleillée cette mer du sud. Ils changent pas beaucoup de chose ces révo, mais bon c’est ptete mieux comme ça. T’imagines s’ils y avaient mis une dictature ? Même moi j’aurai pris les armes pour leur dire que franchement c’était un peu trop. »

Il sourit devant la phrase qui suit. Elle, s’entendre avec tout le monde ? Aussi vrai que lui était le plus valeureux chevalier d’Alexandre. « ça a changé la mode alors, j’croyais que les politiques aimaient pas trop les fouineuses dans ton genre. » lui, ça le fait rire plus qu’autre chose. Peut-être qu’il rirait moins, s’il faisait parti de ces fameux politiques.

Il se retourne vers elle au mot épave. Il n’attendait que ça, une histoire. C’est qu’Esperance était une de ses sources d’information préférée ; peut-être même sa dernière héroïne phare. « Tu me flattes ma belle, mais c’est toi qui est au centre de ces histoires. Allez raconte !! Je suis à cours d’histoires dernièrement, j’ai besoin de me renouveler » il était même prêt à s’arrêter et à planter la tente en lançant le feu de bois pour se plonger dans l’ambiance.
 

Ne l'est-il pas déjà ? Tu supposes que oui, t'as surtout aucune envie de le contredire. « Il pourrait l'être encore plus. » Il y a toujours place à l'amélioration après tout, ça c'est une certitude que tu as depuis presque toujours. Tu ne sais pas à quel point Leonas veut la célébrité, à quel point il veut voir son nom sur toutes les lèvres. C'est très peu pour toi de toute façon, tu vanterais ses mérites autant qu'il le faut, mais tu préfères te tenir loin des éclats des projecteurs - pas que ça ait bien fonctionné par le passé. Tu te tiendrais aussi loin des créatures dangereuses, ne serait-ce que pour te cacher derrière ton ami (non). Vous savez tous les deux que ça n'arriverait jamais, parce que ta curiosité te pousserait à t'avancer - puis t'es la plus à même de vous défendre. Tu rigoles (encore) à ses dires, un franc sourire étirant tes lèvres. « Et comme ça, on pourra vanter ta toute puissance en prime. » Une façon de plus de populariser son nom, ça te semble être un bon plan, au moins sur papier. À croire qu'il faudrait que tu gardes ça sous la main en cas de besoin, pas que Leonas serait toujours avec toi pour ça.

Mais pour l'instant, tu peux profiter de son agréable compagnie et ça te suffit amplement. Tu peux raconter ton dernier voyage, celui qui s'est passé presque sans embrouille - si on oublie la lapin qu'on t'a posé. « Je sais pas si c'est vraiment les Révolutionnaires qui mènent le bal là-bas, c'est la Reine du marché noir qui règne je pense. » Pour ce qui est de faire une dictature, tu la croirais plus capable d'imposer un tel régime que les Révolutionnaires. Mais bon, peut-être que t'as une bonne opinion du groupe en raison de leur cause, une cause qui t'est chère. T'aimerais croire que ça t'en rapprocherait, mais ce serait vite dit, parce que comme le fait remarquer Leonas, les fouineuses comme toi ne sont pas souvent les plus apprécier des politiques, des Révolutionnaires non plus tu supposes. « Ça c'est seulement si on oublie mon charme légendaire. » Ouais, même si t'avais vraiment un charme légendaire, il serait occulté par ta curiosité sans fin.

Une curiosité qui se retrouve tout de même chez Leonas, même si la comparaison n'est pas parfaite. Il est tout de même là à te demander des histoires et tu ne peux que céder. T'as pas son talent de conteur, mais t'aimes tout de même raconter tes aventures. « Très bien. Je disais donc, je suis allée aux Mers du Sud pour découvrir ce qui avait changer. » Pas grand chose donc, juste le nom des dirigeant.e.s. « Imagine le soleil brulant qui illumine tout ce qu'il touche. De l'eau qui scintille et qui regorge de mille et uns trésors. » Tu t'arrêtes le temps de réfléchir à l'élan dramatique que tu voulais donner. « T'as déjà eu l'occasion de plonger ? » En sirène, c'est surtout ce qui t'intéresse, mais pourquoi pas là-haut, avant tout ça. T'aimes toujours autant en apprendre sur les autres, surtout un ami.  

S’il pouvait l’être encore plus, la gloire n’était pas la finalité de ce que recherchait Leonas : l’argent oui, la bonne réputation oui, la gloire non. Il préférait que ce soit son commerce qui s’accapare tout ça. La gloire, la vrai, c’était pour les héros comme Andy ou Esperance, pas pour les baroudeurs comme Leonas, insaisissable comme le vent, voyageant dans tous les royaumes en tout temps pour vendre sa marchandise au plus offrant, rapporter monts et merveilles des contrées les plus éloignées.
Lui aussi, prend le rire quand Esperance parle de toute puissance. Ah il avait beau vouloir paraître comme tel, il n’en était rien, et certains personnes, bien que prétendant le contraire, en était tout à fait au courant.

Il ne peut que lui donner raison sur la reine du marché noir, lui aussi redoutait ce qu’elle venait d’annoncer : une reine toute puissante contrôlant les révolutionnaires comme des pantins. L’idée ne lui plaisait guère, d’autant plus qu’il avait bien peur de devoir les affronter à un moment ou à un autre à cause de ses idéaux à lui. « T’en penses quoi toi, de tout ça ? Est-ce que tu penses que Valentine devrait régner sur le désert ? Est-ce qu’elle est juste ? Est-ce qu’elle… mérite tout ça ? » Il prend conseil Leonas, ne sait pas trop, pas tout à fait, si sa nouvelle cause est juste. Si Valentine mérite vraiment d’être destituée (tuée) ou si au contraire elle était capable d’apporter la prospérité en étant une bonne souveraine. Il sait qu’Esperance est plus éclairée que lui sur la question.

Il se perd un peu dans ses pensées avant de rattraper le reste de la conversation. « Oui, n’oublions pas ton charme absolument légendaire, j’suis sûr que t’en fais craquer plus d’un non ? » les ragots ne font pas forcément partis de ses passions mais la curiosité si. Une curiosité moins exacerbée qu’Esperance, mais tout de même. « Tu vas rire, la seule fois où j’ai vraiment plongé c’était avec le maître des rêves. On a fait ses larbins, tu t’rends compte. »


 

Tu ne t’attendais pas à une conversation aussi sobre, aussi sérieuse avec Leonas alors que vous vous trouviez dans cette jungle nouvellement découverte. Il vous arrive souvent de refaire le monde, souvent avec une bouteille dans les parages, mais c’est bien différent cette fois. C’est une question concrète, une question complexe. Ça t’arrache un soupir alors que ton esprit se met en branle, allant à mille à l’heure pour donner une réponse réfléchie, intéressante. Qu’est-ce que tu penses de tout ça, en fait ? Tu ne t’es étrangement jamais arrêtée sur la question bien longtemps, peut-être parce qu’il y a toujours eu d’autres priorités, d’autres feux à éteindre. Peut-être y aller étape par étape. « Je ne pense pas que qui que ce soit devrait régner. » T’es évidemment partiale à la démocratie, même si ce n’est jamais parfait. « Elle n’a pas montré qu’elle était particulièrement juste ou qu’elle voulait aider la cause des Oublié.e.s. » Parce que bon pour toi, faire un marché noir qui ne profite qu’à elle… Disons que ce n’est pas un exemple de dévotion à une cause. Autant dire que, comme pour la majorité des dirigeants, tu n’as pas une si grande admiration pour la Reine du marché noir. « Mais en même temps, si elle est la seule qui veut diriger, peut-on dire qu’elle ne le mérite pas ? » Au fond, la notion de mérite est difficile à jauger, difficile à rendre objective. Même si t’estimes que Valentine ne mérite pas plus qu’un autre de se retrouver à la tête du Désert, tu vois difficilement une solution simple.

Mais les choses importantes n’en ont jamais vraiment.

C’est tout de suite plus simple de parler de tes dernières aventures, de ton supposé charme légendaire. Peut-être que tu en as vraiment un, ça expliquerait comment tu as pu survivre pendant toutes ces années. Cela dit, autant tu pourrais probablement raconter des histoires sur le sujet, autant la réalité est un peu plus ennuyante. T’as jamais vraiment la tête à ça, jamais de grandes disponibilités pour les autres. « Probablement pas. » Que tu dis finalement, en riant un peu. Ce n’est pas que tu t’apitoies sur ton sort,  c’est juste que t’es consciente que ce n’est pas tout le monde qui a les mêmes intérêts que toi. « Je suis certaine que t’as plus de succès que moi. » T’es curieuse de savoir si c’est vraiment le cas. Enfin, pour toi ça reste évident.
Vous auriez peut-être pu continuer dans les ragots un bref instant, poussés par la curiosité, mais il rebondit sur ta question et tu fronces les sourcils. « Ah, tu m’as pas raconté ça. Comment ça se fait ? » Tu te rappelles vaguement d’un article dans la Gazette sur le Maitre des Rêves, mais ça ne vaudra jamais un récit direct. Ta curiosité est plus que piquée maintenant.