La réponse d’Esperance tombe. Quelque part, ça le rassure d’entendre ces paroles. Oui, il a bien fait de s’engager dans la nouvelle révolution qu’incarne Carmen. Car même s’il la trouve extrême, même si lui n’irait pas jusqu’à tuer, il sait que quelque chose ne va pas dans tout ce qu’il passe au désert. Une souveraine, ça protège son peuple, ça ne cherche pas à atteindre son territoire. Ni ne cherche à gouverner par l’intermédiaire du marché noir. « Et si elle n’était pas seule à vouloir (pouvoir) gouverner ? » Si c’était ça le but de Carmen au final ? Mais est-ce qu’une souveraine devait être remplacée par une autre ? Et Andy dans tout ça ? Ne serait-elle pas mieux ? C’est une histoire qui dépasse Leonas. Ça le rend triste, mais en même temps il se bat ce pour quoi il croit. Un marché noir plus juste. Un marché noir avec quelqu’un d’autre à sa tête.

Mieux vaut parler d’autres choses. Des sujets qu’il maîtrise mieux, plus léger, et là où il ne risquerait pas de faire sauter sa couverture. N’est-il pas après tout ce qui s’approche le plus d’un terroriste au désert ?

« La lune est ma seule amante. » Poète Leonas, quand il le veut bien. Esquive les questions assez bien aussi. Ses conquêtes, il aime les taire pour laisser un peu plus de mystères.

Alors, lorsque vient le sujet du maître des rêves, l’homme le saisit avec un peu trop d’engouements par rapport au reste. Oh oui, il pourrait en parler des heures, lui, de son épopée. « Tu aurais dû venir Esperance ! C’était une super aventure avec tout un tas de bon compagnons. » Leonas prend un bâton trainant par terre, mimant la première scène. « Après le plongeon, on s’est retrouvé face à un cerbère sanguinaire à 10 têtes !! Alors tu me connais, qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai sauvé toute la populace avec mes talents. Bam bim. » il s’était plutôt enfui en essayant de prendre un chandelier avec lui, mais ça c’est une autre dimension. « Ensuite, ah ensuite ! Ensuite on a vu des sirènes, oh elles étaient belles, elle nous on emmené dans un château. »

Et si elle n’était pas la seule à vouloir régner ? La question te surprend, parce que t’as jamais vraiment eu vent d’un.e prétendant.e au trône du Marché noir. Les Révolutionnaires avaient été le plus près d’une telle ambition et pourtant, rien de Samson ne t’avait donné l’impression que ce qu’il cherchait c’était la place de Valentine. Alors qui d’autre ? Ta curiosité te demande de lui poser la question, mais y avait-il seulement une réponse… T’en sais rien, alors tu préfères donner la tienne pour l’instant. « Si quelqu’un d’autre veut s’essayer, peut-être qu’on devrait lui laisser la chance. » C’est un peu naïf de présenter les choses ainsi, parce que ce n’est pas si simple. « En même temps, il n’y a rien qui garantit que cette autre personne serait mieux. Sans compter le risque que les autres pays refusent un changement à ce niveau. » Parce qu’il ne faut pas se leurrer, si le Désert est vaguement reconnu à présent, c’est bien parce que le Mont Célestia l’a décidé. Comme quoi il y a des choses qui ne changent pas - ce qui ne manque pas de te déranger. « Mais s’il n’est question que de mon avis, je dirais qu’un peu de changement ne ferait pas de mal au Désert. Peut-être un pouvoir moins centralisé dans les mains d’une personne. » Parce que peut-être que l’unité n’est pas pour le Désert. T’en sais rien au fond. T’as beau avoir pris cette cause comme la tienne, t’habites quand même à Caer, pas dans les dunes.

Ça restera donc toujours aussi mystérieux que la vie sentimentale de Leonas. T’aurais pu poser plus de questions, t’en as envie après tout, mais ta curiosité est vite happée par l’histoire qui t’est racontée. Tu ne doutes pas du fait que t'aurais du venir, parce que c’est quand même bien intriguant tout ça. « Un cerbère ? » Oh tu pourrais peut-être rebondir ce qui est très certainement un mensonge - à savoir le fait qu’il a sauvé tout le monde - mais t’es bien trop interloquée par l’image d’un cerbère à dix têtes. Disons que c’est beaucoup à avaler. « Franchement je regrette de ne pas avoir été de l’expédition avec tous ces rebondissements. » C’est le moins qu’on puisse dire, ce que tu aurais pas donné pour vivre ça et pouvoir le raconter par la suite. Ça aurait fait tout un roman. « Et il y avait quoi dans le château ? À moins que tu sois parti avec les sirènes comme elles étaient jolies. » Tu rigoles un peu, comme pour montrer que tu n’es pas sérieuse. Tu l’embêtes un peu, mais tu veux quand même la fin de l’histoire.