Tu n'en revenais pas Isadora.
Alexander... Alexander était responsable de l'apocalypse. Ton propre frère, ton propre sang avait provoqué la chute du reste de votre famille. Toi qui l'avait admiré pendant ces années, pendant la reconstruction de votre monde, pendant son règne.
Tu l'avais servi comme le Dieu de ce nouvel empire, tu l'avais suivi et défendu aveuglement malgré sa réputation - malgré les frustrations, les incompréhensions.
Tu avais défendu un meurtrier.
Mais tu avais surtout défendu ton frère.  

***

Dix jours de siège, c'est assise sur le trône, accoudée et lasse que tu fixes la grand porte fermée. Tu avais encaissé sans faillir depuis le début de la chute, l'abandon de poste d'hommes ayant combattu à tes côtés depuis six ans. Tu avais gardé la tête haute sans montrer une seule seconde tes faiblesses face à ceux qui avaient eu le courage de rester à tes côtés. Alexander enfermé dans sa chambre, c'est chaque soir depuis le début que tu tambourines à sa chambre pour qu'il te laisse entrer - et sans succès tu ne t'étais pas résolu à défoncer sa porte.

En parlant de porte, la voilà qu'elle s'ouvre sur un jeune soldat. Sa panique te fait réagir, et tu te lèves précipitamment.
Alors ils sont entrés, ça y est... Tu déglutis et descends les marches du trône, tapes dans tes mains pour réveiller les soldats assoupis dans des futons de fortune.
Poses ta main sur l'épaule du jeune soldat alors que tu l'aides à se relever.

— « Debout. Personne ne va mourir aujourd'hui. »

Tu jettes un regard vers Fenrir derrière toi. Il sait pertinemment que si quelqu'un doit tomber aujourd'hui ça sera toi et au combat, pas Alexander, pas les innocents.
Et tu défendras coute que coute que ce n'est pas au peuple de s'improviser bourreau quant bien même il est légitime d'être juge.

— « Je gardais ce genre de discours pour la fin. Je sais que la plupart d'entre vous sont piégés ici par dépit, je sais que la plupart n'ont pas envie de combattre pour Alexander, ni même pour moi. Mais si vous ne le faites pas par honneur, faites le pour votre survie. Si vous n'êtes pas capable d'obéir par allégeance, obéissez par devoir. Vous laisseriez-vous piétiner injustement par la foule aveuglée de colère, vous laisserez-vous périr sans même défendre la valeur de vos vies ? Vous avez servi un Roi juste pendant six ans et son règne se termine peut-être ce soir, mais pour l'instant, il n'en est rien. Battez-vous pour la paix et pour l'avenir de Caer. »

L'épée plantée dans le sol, tu baisses la tête.

— « S'il vous plait, je m'en remets à vous. »

Soupires un coup, tu fixes Magdalène en fronçant les sourcils.
Puis le regard oscille vers Fenrir de nouveau, désolée de l'avoir impliqué malgré lui. Désolée de ne pas mettre ta propre vie en priorité ce soir - malgré les promesses.

Dans l'attente d'une réaction, c'est le coeur léger qui fait retomber la pression lorsque tu vois les soldats réagir, se motiver - pour combattre tous ensemble, une dernière fois peut-être.
Savoir que Fenrir est là et te soutient, ça te permettra sûrement de t'accrocher à la vie plus longtemps, de te battre pour survivre et pas que pour le Roi.
Abandonne tes rêves Isadora et sois leur lumière dans l'obscurité.
C'est pas grave si le trône s'effondre et que le peuple choisit par lui-même, mais Alexander ne mourra pas ce soir.

Magda te donne l'impression d'avoir pris plusieurs années en l'espace de dix jours. Si quelqu'un doit prendre ta place, tu espères que ce soit lui.
Face à Fenrir qui donne des directives, tu fronces les sourcils mais ne contredit pas non plus. Faites de votre mieux, en somme.

Le dénommé Hakim a repris du poil de la bête et tu étires un sourire fier, lui tapotant l'épaule avec force, reculant finalement quand Fenrir te tend l'épée, la soulevant vers le plafond lorsqu'une explosion retentit et que la moitié de la salle s'enfonce, des ministres avec elle.

— « NON ! »

Tu t'avances vers la fissure, penches la tête pour voir si tout le monde va bien.
Et apparemment, c'est le cas.
Hakim soulève le fait que c'est peut-être un piège, face à l'absence d'ennemis et tu serres les poings.

— « Fenrir, envoie un clone en bas. Magda, je te nomme chef de division. Tu dois tenir avec ton escouade la grande porte de la salle du trône, le temps qu'on puisse s'assurer de la sécurité des ministres. Je pense que c'est pour mieux détourner notre attention et prendre la salle du trône directement par l'avant. Les archers... »

Tu constates qu'ils ne sont plus beaucoup.

— « Restez en retrait le plus possible et surveiller tous les interstices. »

Résumé : Isadora est requinquée (lol) et est fière d'Hakim. Elle commande à Fenrir d'envoyer un clone en bas. Elle nomme Magda chef de division vu que je suppose que pas mal d'entre eux ont abandonné leur poste et lui ordonne de tenir la grande porte, car elle pense que l'explosion est une diversion. Elle demande aux archers de reculer pour couvrir une plus grande zone de manoeuvre et de surveiller les interstices.