coquillages et crustacés

D’un ciel sans étoiles et d’un visage ayant perdu toutes couleurs - autres que celles mauves et bleus sous les yeux;
D’un ciel sans étoiles et de la brûlure dans les veines, poison qui ne s’éteignait pas, qui continuait de tout dévaster sur son passage;
Tes yeux n’avaient plus connu de repos - et le sommeil s’était éteint, s’était évadé alors que les rêves perdaient toutes les couleurs qui les avaient autrefois composés. De ce monde que tu avais construit pièces par pièces ne restait désormais que des miettes, des cendres qui s’écoulaient - sable d’un sablier retourné et pourtant, le temps semblait s’être désagréablement figé.


Pour te satisfaire, pour tourner dans ta tête - dans ton esprit; alors qu’encore et encore, tu trouvais des contrats - tu les accomplissais, tu les réalisais pour continuer de vivre, pour continuer de respirer.
(Pour faire ce qu’elle ne pouvait plus jamais faire ; pour vivre parce qu’elle ne pouvait plus observer le soleil se lever sur le désert que vous aviez habité ensemble.)
Son absence rythmait ton quotidien de milliers d’aiguilles transperçant ton coeur - son absence rythmait tes journées dans une solitude cruelle, aussi froide que les nuits de ce désert qui avait toujours été ton lieu de vie.


Un seul nom - qui t’avait conduit ici;
Un seul nom qui t’avait amené à assister au discours du maître des rêves. Il fallait également admettre que tu te demandais bien ce qu’il pouvait avoir à dire - tu te demandais bien ce qu’il allait annoncer. Alors - alors tes pieds t’y avaient mené,
À la gauche du maître des rêves, tu avais parcouru les personnes présentes - sans chercher à parler, sans chercher à t’exprimer, tes oreilles vrillant sous les acclamations, sous le bruit qui vous entourait.
Mais pour le moment, tu écoutais - tu écoutais le discours du maître des rêves, quand il empêchait la foule d’hurler - tu écoutais les mots qui étaient clamés - qui apportaient des réactions. D’un haussement d’épaules, tu accueillais les mots - tu acceptais ce qui était dit - tu les approuvais même. Parce que tu avais reproché depuis toujours l’attitude des royaumes - et tu ne pouvais accepter que soudainement, l’alliance soit faite. Soudainement, Célestia vous accepte.
Tout ça cachait forcément quelque chose, n’est-ce pas ? Jamais tu ne ferais confiance à Célestia, mais quelque part, tu ne faisais pas plus confiance au maître des rêves. Les révolutions ne mènaient qu’à la mort - elle en avait été la preuve - ton amère preuve qui brillait dans ton regard d’un incendie violent.
Une cinquième région, donc. Et si - et si tu voulais n’appartenir à personne ? Continuer d’errer sans appartenance, dans ta tête ? Ici et là, errer tel le fantôme que tu avais toujours été - jusqu’à trouver le meilleur plan pour venger celle qui avait toujours compté pour toi (celle dont tu ne prononçais plus le nom). Mais tôt ou tard; il te semblait que tu allais devoir faire un choix.
Et ton regard qui se pose sur elle.
(où ira-t-elle, elle ?)

résumé: Elias écoute sans rien dire; et il observe Carmen.

coquillages et crustacés

elle était
ennemie

et

alliée

quand elle soulevait des questions -
de ton propre esprit

Et jamais tu n'aurais voulu qu'elle soit suffisamment intelligente pour ainsi remettre en question le Maître des Rêves - et jamais tu n'aurais voulu qu'elle parle, qu'elle se prononce, qu'elle avance quelques questions enflammant la paranoïa qui brillait dans tes yeux, dans ton sang.

Ton regard avait vu le couteau être lancé et tes yeux s'étaient posés sur une personne dont le nom ne te revenait pas - elle n'avait jamais revêtu la moindre importance à tes yeux pour que tu retiennes des détails sur elle. Le fantôme que tu étais n'avait toujours vu qu'une seule personne - et désormais, ne voyait que les coupables de sa disparition; parce que -
Carmen était davantage bouc émissaire qu'unique coupable.

Carmen était celle que tu pouvais atteindre plus aisément, plus rapidement. Celle que tu pouvais frôler de tes doigts, que tu pouvais traquer en sachant que tu allais la retrouver. Sans jamais douter un seul instant - Carmen était uniquement la seule fautive que tu étais en mesure de blesser. Les autres se dressaient fièrement hors d'atteinte - idéologies qui l'avaient mené à la mort, et royaumes trop puissants pour que tu t'y attaques.

Tu avais écouté attentivement toutes les oppositions, toutes les questions et encore plus attentivement les réponses.
Tu l'avais dévisagé en remarquant qu'il avait enfermé dans une bulle celle qui avait cherché à troubler le calme - semblant chercher à dissuader quiconque de l'attaquer de nouveau.

Sa force ne te donnait pas confiance - sa force te poussait à ne rien dire toujours, seulement observer. Tu avais lancé un regard à Carmen, ne jamais la laisser s'échapper à ta surveillance - parce que malgré tout, tu comptais toujours lui faire payer. Lui faire payer la rage qui bouillonnait dans tout ton être.
Seulement, pour l'heure, il ne te semblait pas approprier de préparer une vengeance - quand quelqu'un capable de faire trembler ainsi la terre, emprisonner des personnes d'un claquement de doigts et faire taire une foule, se trouvait devant vous.

Tout ce qu'il disait semblait trop beau pour être vrai et tu ne savais pas dans quelle mesure il était possible de le croire.
Et bien malgré toi, tu ne pouvais qu'approuver Carmen. Créer une nouvelle région en opposition à une autre n'était certainement pas le geste le plus logique à poser - et ça ne pouvait qu'indiquer de mauvaises intentions.

Les « Mirages » qu'il avait dit - et ce nom te laissait beaucoup à penser. Un mirage était éphémère, cette région l'était-elle également ? Un mirage était un rêve qui s'évaporait et tu te demandais si ce nom avait été choisi pour sa signification.
Si tout ce qu'il promettait n'était que mirage.

Pouvais-tu faire confiance à une région nommée ainsi ? Déjà que tu ne faisais confiance à aucun royaume - tout ce qui vous entourait semblait baigné de mystères et de non-dits.

résumé: Elias se questionne énormément sur le Maître des Rêves et sa puissance, de même que le nom qu'il a lancé "Les mirages" - il ne fait pas vraiment confiance au Maître des Rêves, mais il ne parle toujours pas