Poudre
aux
yeux
fard
de
pleurs
mort
en
deuil
serment
de ne plus aller de l'avant
Mariette a trop bu

Poudreuse
et
jeux
chat
haut
perché
monde
traversé
mais
plus
personne personne personne
plus personne pour s'occuper de Mariette il faut
bien le dire un jour
quand tout s'en va quand on broie sa mémoire
quand le coupe file ne marche plus quand il faut marcher dans le noir

Elle est étalée dans la neige
elle regarde le ciel
le ciel la regarde imperturbable
elle pourrait crier
mais ne le fait
qui pour l'entendre ? le ciel est sourd
Dieu est mort
comme tout le monde
comme elle bientôt bientôt bientôt
trop tôt

Mariette ne sait combien de temps elle reste là à observer le ciel
peut-être quelques minutes
peut-être des heures
elle ne compte plus
Mariette a trop bu
mais voilà que ta voix chante
ah oui c'est vrai tu devais venir aujourd'hui c'est vrai oui
mais Mariette a oublié
comme elle oublie la vie
comme elle s'oublie dans une fourrure plus chaude que sa peau
quand elle se fait monstre qu'elle se fait créature désavouée (quand elle ne veut plus faire de vœux)

Elle n'a pas peur non
plus peur de rien
si ce n'est de te perdre
et peut-être qu'elle est déjà en train de te voir disparaitre si elle en croit Sasha
car tu appartiendrais à une autre à présent et peut-être qu'elle ne pourra bientôt plus te voir
volée par la reine des glaces mais elle ah ne veut pas y penser
pourtant elle ne pense qu'à ça
et à comment elle pourrait te garder comment elle pourrait elle te voler
elle y pense
et la solution est évidente
Mariette n'a jamais aimé faire pitié mais elle donnerait son cœur aux loups pour te garder.

Alors elle dit sans bouger sans se lever sans hausser le ton sans émotions :

Je suis malade

car elle l'est
depuis un moment maintenant
elle ne l'avait jamais dit avant parce que ça fait peur
de le prononcer à voix haute
de le laisser traverser ses lèvres, s'étendre dans l'espace tel un champignon envahissant
le laisser prendre pied
le laisser s'ancrer dans une relation
je suis malade Raphaëlle est-ce que tu comprends ?
alors c'est moi qui tu devrais choisir car je n'en ai plus pour longtemps tu entends ?
non elle n'entend pas car elle ne dit pas Mariette elle ne dit plus rien elle laisse le mot être une sentence
malade
de vivre
apparemment la vie avait compris et offert la transcendance comme pour la soigner
de toute cette douleur qui l'a endeuillée
tiens mon enfant prend en soin c'est un cadeau du ciel
pour que tu retrouves bientôt toustes celleux qui te sont cher
qui t'ont coûté à aimer
bientôt
pas encore mais
bientôt
alors il faudra dire au revoir à Raphaëlle
peut-être est-ce mieux qu'elle ait Sasha, mieux pour elle, car lorsque Mariette s'en ira elle ne sera pas seule pour pleurer, même si Sasha et son cœur gelé ne risque pas d'être d'une grande aide pour éponger les pleurs, si elle l'aime vraiment elle saura peut-être la réconforter, si Mariette comptait vraiment.
comptait-elle vraiment ?

Dit est-ce que tu m'aimes ?

Et sa voix, s'éteint dans ces mots, on dirait une poupée cassée Mariette oh Marie gracie cette enfant qui est trop petite pour mourir, à peine le temps de vivre, à peine le temps d'aimer que déjà on l'a toute cassée, pas le temps d'être réparée, toute juste bonne à jeter, oh Marie, berce ce poupon, qu'elle dorme paisiblement
bientôt
oui
bientôt
elle rejoindra ses parents.

Bien sûr
mais elle n'est pas sûr
Bien sûr
peut être que tu dis ça parce qu'elle est malade
peut être que tu l'as prend dans tes bras parce qu'elle s'endormira pour de bon bientôt
peut être que tu caresses ses cheveux pour la faire plus belle, dépeigner ses nœuds, la rendre moins sauvage
alors qu'elle s'est déjà toute entière donné à ce mirage

Mariette se relève avec ton aide avec difficulté, elle voit trouble, mais ce n'est pas parce qu'elle pleure non, elle est livide, elle a trop bu encore une fois et ça se voit, dans son air ailleurs, dans ce flottement qui l'auréole pour de bon la rendrait divine presque dans sa voix sans ton, dans ses gestes lents, dans sa démarche alors qu'elle marche, s'appuie contre toi, comme si on lui avait coupé les ailes et qu'il fallait apprendre à marcher à présent. Elle traine des pieds, elle regarde le blanc blanc du sol neigeux, s'y planterait bien face la première pour s'endormir pour de bon, laisser les flocons la recouvrir ça ferait un joli tombeau non ? elle serait gelée et conservée ainsi, loin d'elle le monstre, loin d'elle la créature étrange qui grogne au fond de son petit corps d'adolescente. Elle serait ah
comme Ludde
le sang en moins
ou peut être que ses chats la mangerait bien
de faim
(elle ne leur en voudrait pas bien mieux vaut ça que de mourir le ventre creux et les miaulement intempestif pour la réveiller d'un vœux - non exaucé)

Et chez elle tu fais comme chez toi tu la pose là devant le feu qu'elle a oublié d'éteindre en sortant, et elle y plonge son regard qui fond devant, c'est elle qui pleure maintenant alors que tu lui sers le thé, c'est elle qui se dégonfle, mais elle ne sait pas vraiment pourquoi, peut-être de soulagement ? peut-être parce qu'elle aurait pu mourir oui, dans ce manteau blanc, mais tu es venu, quand bien même c'était prévu, tu étais venu et tu l'avais vu et tu l'avais prise dans tes bras comme une mère le ferait de son enfant mort né qu'elle ne voudrait pas quitter.

C'est si dur de vivre, ses pensées ne sont pas claires mais ça elle le sait, c'est comme un poids contre lequel elle se bat et qui jour après jour l'écrase un peu plus. Oh savais-tu comme elle avait pleuré alors qu'elle avait appris pour toi et Sasha ? savais-tu comme elle a eut peur que tu l'abandonnes comme toustes l'ont fait avant toi ? Elle ne sait plus ce qu'elle fait depuis, elle ne sait plus comment elle vie, et si elle se lève encore c'est sûrement à cause des chats, car ils viennent la piétiner dans son lit, hurler dans ses oreilles leur symphonie. Et elle ne leur en veut pas elle les aimes juste comme ça, comme une réponse du monde qui dirait oui Mariette on a encore besoin de toi.

Depuis quand ? Mariette fait tourner entre ses mains la tasse bouillante.
Elle
n'a pas compté
(alors elle hausse juste les épaules comme réponse à la question)
elle ne sait plus
plusieurs mois pour sûr
c'est que ça dur
peut-être même avant la mort de Ludde ? oui peut-être
oui c'est vrai car elle se rappel lui avoir dit, mais a l'époque ce n'était pas comme maintenant
elle n'en attendait plus rien à présent
à l'époque c'était comme un couperet mais pas assez puissant pour lui ôter l'envie de vivre tout à fait
car elle avait envie de se battre contre, de se battre et vaincre même sans médecin même sans médicament elle avait envie oui. Mais maintenant ?
C'est triste à dire
même si tu es là
elle n'a plus envie
elle ne veut pas
c'est trop dur tout ça
qu'on la laisse être une louve une dernière fois
slalomer entre les grands arbres de glaces, courir à en perdre haleine.
Qu'on la laisse donc chasser
(elle avait même un peu délaissé sa boutique qu'elle n'ouvrait presque plus)
qu'on la laisse s'abandonner
pour de bon
pour de bon oui....

Et est-ce que tu aimes Sasha ?

Ça lui vient comme ça, sûrement parce qu'elle veut l'entendre de ta voix, se crève cœur, elle veut cartes sur table, pouvoir se lamenter en ton nom lorsque tu ne seras plus là, elle veut pouvoir dormir jusqu'à plus soif en pleurant ton nom qu'elle aura perdu si vite, et sûrement que si elle allait mieux elle se battrait pour toi mais elle est si si fatiguée qu'elle ne sait même plus ce qu'elle fait, ce qu'elle dit non plus.

J'ai rencontré quelqu'un. Elle n'a toujours pas bu une goutte de son thé, son regard toujours fixé sur les flammes. J'sais pas si c'est bien, mais elle aime ça.

Qu'elle ne va pas bien
qu'elle soit plus louve qu’adolescente en ce moment
qu'elle ne soit plus qu'un corps en futur décomposition qui montre encore les dents
et ça lui avait plu
qu'on puisse ainsi s'amouracher de ce qu'elle considère être un déchet
là où plus de beauté ne nait
du sang sur les mains contre les lèvres contre ses lèvres elle y avait gouté et elle était restée
est-ce que tu aimerai toi aussi ce côté là de Mariette ? l'enfant louve qui s'oublie dans les bois, qui boit boit boit
tant et si bien qu'elle en mourra bien avant l'heure fatale et ça lui va bien comme ça
qu'elle meurt donc, que ça soit au moins ça de bien fait pour toutes les fois où cette dernière s'est moquée de son destin.

Oui
elle la veut
Oui
elle l'enferme dans son cœur
elle la réduit à néant
elle ne le sait pas mais Mariette en perdrait ses dents
de louve bien aiguisées
elles redeviendraient de lait
pour toi oh pour toi
elle aurait bien donné un royaume
mais comme tu le vois le sien est en déliquescence
que reste-t-il donc à donner ?
rien du tout
du tout
tout
et dans ses grands yeux noirs d'où pleuvent ses maigres armes se reflète le coup fatal, elle sait que ça ne sera pas suffisant, pour te garder, pour te gagner, pour te chaparder, que tu ne sois que sienne, que sa grande sœur, mais il faut croire que tes goûts sont très célestiens car te voilà à donner de ta douceur à deux animaux de la contrée : Mariette de chaire et de sang, et Sasha, de glace et de diamants.

est-ce que
tu vas partir toi aussi
est-ce que
tu vas t'enfuir dans des bras plus aimants ?
tu dis que tu l'aimes et tu l'as bichonnes mais elle ne sait pas y croire elle n'y arrive plus elle a trop perdu peut être que
ça vaut mieux comme ça
peut-être qu'il te faudrait loin d'elle et de sa vilaine ritournelle
qui fait tomber tout bas
tout
tout en bas
des escaliers qui tue sans prendre garde qui s'arrache comme l'on crache et jamais jamais
ne fait de miracle.
Oh il n'y en aura pas elle mourra
vas-tu lui tenir la main jusque là ?

Mariette
ne sait pas si elle veut
elle ne sait plus ce qu'elle veut
et tu dis que ce n'est pas bien l'amour malsain que ce n'est pas sain
mais il n'y a rien de sain dans la vie de Mariette rien du tout, et peut être que c'est mieux comme ça peut être qu'il faut l'embrasser se désacraliser être vandalisée peut être qu'il faut être tourmentée pour survivre ici bas ahah n'est-ce pas drôle survivre n'est-ce pas jusqu'à quoi ? jusqu'à être difforme et ne plus savoir qui nous aimait ? n'être qu'un amas de chaire monstrueux qui s'en prend à celleux que l'on voulait heureuxses ?
Sa main tremble, son thé suit, mais elle ne renverse rien heureusement,
elle ne fait pas de vague elle ne dit rien
elle qui a trop crié dans les bois
elle qui a trop hurlé jusqu'à en perdre la voix
elle qui a trop dansé pour sortir de soit devenir autre se dompter dompter ce que l'on a en soit cet horrible
horrible parasite qui prendrait tout de soit
alors elle devient louve
mais pas aujourd'hui
aujourd'hui elle t'affronte (bien mal cela dit)
elle fait front à ton amour qu'elle doit partager maintenant
elle vacille même engoncée dans son sofa, elle pose la tasse sur le côté, elle n'a rien bu, pourtant il faut mais sa gorge est trop sans dessus dessous pour ce gout, il lui faut quelque chose de plus fort, plus fort que toi et cet amour dont tu essaies de la revêtir. Mariette se redresse tant bien que mal, elle failli glisser mais elle se rattrape bien aux coussins, puis elle marche quelques pas, pas bien loin, juste là, juste derrière son siège, dans le buffet, là tous les beaux alcool, elle sort une bouteille de vodka et revient s'asseoir avec dans le siège, elle la tient contre elle la bouteille, sans pourtant en boire encore, elle la tient comme un enfant le ferait d'une peluche, pour se rassurer, pour se donner du courage.

Car il fait nuit blanche ici bas, les flocons ont fondus dans sa chevelure bien dépeignée par tes soins, mais ils y sont restés, comme fichés, c'est une couronne qu'elle porte avec elle même dans la demeure, et elle sent les bois.

Mais c'est moi cette maladie, c'est moi et ça sera moi jusqu'à la fin, de plus en plus moi, pourquoi tu peux pas être contente pour moi, c'est difficile de trouver quelqu'un qui aimera cette part de moi elle m'accepte louve, elle adule la sauvagerie, l'état de la nature, elle me comprend. toi tu...elle fronce les sourcils. Toi t'aimes bien Sasha ! alors que c'est une vipère, elle a fait pleurer Ludde ! elle n'a pas peur de marcher sur les autres tant que ça la fait grandir ! elle est vile et toi tu l'aimes, mais tu m'aimes aussi tu dis, qu'est-ce que ça dit de moi....

Rire grandiloquent qui se fini en toussotement, la voix les mots sont enroués, mais ils sont bien là, à vouloir piquer comme elle sait bien le faire Mariette, son côté bougon, son côté mauvais enfants, faire du mal en premier pour se dire qu'après, on l'aura mérité.

Elle essaie de rattraper la bouteille tant bien que mal, elle file file d'entre ses doigts. Et Mariette fronce les sourcils non c'était à elle cela, c'était elle maintenant, elle qui boit, elle qui se met sans dessus dessous pour oublier tout, et danser saoul jusqu'à n'en plus finir jusqu'à ne plus tenir debout jusqu'à tomber parmi les chats se rouler en boule. Tout ça faisait parti de sa vie maintenant, elle était l'enfant roi maintenant
roi avec sa couronne de glace
une cour de chat
régnant sur le blanc des plaines, sur les hautes piques de glace dans la forêt, gouvernant un monde sans bruit humain, gouvernant la forêt en son sein. Car c'était tout là, en elle, ses doux rêves de louves, qu'elle mettait en application dès que le soleil se levait ou se couchait (toujours aux extrêmes jamais au milieu).
Elle
avait trouvé la fève
encore et encore
toujours elle
qui croque dedans
pour tous les bonheurs du monde, qui s'ensuivent tous les malheurs du monde, il n'y avait pas beaucoup de choix comment savoir
avant de croquer dans la galette ce qu'on aura
et toujours elle tombe sur l'extrême car toujours
la fève
la fève Mariette
porte la couronne
même si tu n'en veux pas
même si tu pleures à ton couronnement

et maintenant peut-être qu'elle va te perdre.
ta longue tirade elle en boit tous les mots, elle se pend à tes lèvres, elle essaie derrière un regard broussailleux d'en voir la lumière.
est-ce trop tard ? pour marcher dans le long tunnel ? est-ce la sortie qui nous éclaire ? ou un train qui va bien nous traverser de par en par ?

Peut-être qu'elle veut me voir sourire che pas...j'ai pas dmendé... qu'elle bougonne en croisant les bras. J'étais djà comme ça ! qu'elle crie soudainement, comme pour asseoir son règne en péril, tu m'as juste...tu m'as juste vu autrement mais j'étais déjà comme ça....qu'elle fini en murmure regardant ses pieds. Alors c'est ainsi, Sasha a aussi deux visages, elle déteste ce parallèle, elle déteste lui ressembler et pourtant, les deux dames de celestia on bien des points commun, dans une autre vie oui...une autre peut-être....Mariette fait non de la tête rageusement, elle ne te regarde toujours pas.

Je te hais pas
elle renifle
J'ai juste peur
elle renifle plus fort
J'essaie de pas mais, j'ai peur
elle se met a sangloter
Raphaëlle Raphaëlle je...
elle glisse du fauteuil et s'échoue à tes pieds, elle attrape ta tenue au niveau de tes jambes, s'y accroche, n'arrivant pas à se relever, elle n'a plus la force.
J'ai peur de mourir Raphaëlle, comme Ludde, j'ai si peur, je ne pense qu'à ça, pourquoi pourquoi toujours moi...? d'abord mes parents, puis Ludde, Astrée qui disparait...est-ce que tu vas disparaitre toi aussi ??

Elle a envie de hurler mais elle s'échoue à la place, sur la plage des misères, elle n'est qu'un amas de petite fille à cet instant, qui a grandit trop vite, qui ne veut plus, qui ne peut plus, et pourtant, qui toujours est là, comme un mauvais coup du sort qui ne l'épargne que parce qu'il aime éponger ses pleurs, la voir devenir sauvage une fois qu'elle aura épuisé son quota humain pour la journée.