Tes émotions étaient des montagnes russes. Un jour, tu te sentais pousser des ailes, tu avais l’impression de pouvoir t’envoler et atteindre des sommets, tu touchais des doigts les nuages et tu flottais dans un océan d’espoir. Tu avais l’impression de pouvoir être une nouvelle personne. Isadora faisait partie de ceux qui te donnaient cette impression. Puis le lendemain, tu t’écrasais au sol, et, quel brutal réveil, quelle brutale vérité que de savoir à quel point tu n’étais qu’une moins que rien vouée à ne pas réussir. Car c’était plus facile de te savoir condamnée et ne pas faire d’efforts, que d’affronter la déception d’essayer et d’échouer. Tu avais vécu toute ta vie avec l’échec, et désormais, tu en avais peur. Et la proposition d’Isadora, si douce, si alléchante, te vendait beaucoup d’espoir, mais aussi beaucoup d’incertitude quant à ta capacité d’être la personne qu’elle recherche.

Tu te sens déstabilisée. Tu rougis face à ses paroles. Toi, son type ? Quelle blague. Et pourtant, elle te troublait.
Il y avait encore un instant, tu pensais que c’était la générale qui était la plus déstabilisée.

Non Erina, c’est toi. Toi et toi seule.

Et les mots d’Isadora rugissaient en toi, ils te donnaient envie de libérer la femme forte et battante que tu aurais pu être, si tu n’avais pas ce tempérament lâche ancré dans ta peau, tes pores. C’était le chaos dans ta tête. Tu ne savais pas que faire, que dire face à sa proposition.

« Mais si être jolie n’est pas une force, alors quelle force est-ce que je pourrais être à tes yeux ? Je crois que tu ne te rends pas compte. Je n’ai aucune capacité spéciale. Aucune compétence particulière. J’ai 22 ans et je passe la serpillère, je nettoie vos armures. Et c’est tout. »

Est-ce de toi dont elle a besoin ? Ou est-ce d’elle dont TU as besoin ?
Tu hésites.
Tu hésites.
Tu hésites.
Tu effleures sa main, pose tes doigts sur les siens, sans lui serrer la main, sans la pendre dans la tienne. Comme pour ne pas signer un accord, et pourtant mettre un pied dedans. Tu es toujours comme ça : toujours à mi-chemin, tu ne t’engages jamais totalement, tu as peur,

« D.. d’accord. J’essayerai. Je ferai de mon mieux. J’en ai envie. » C’est mieux que de jouer aux séductrices pour Diavolo. « Mais… je ne te promets quand même rien. Tu connais les gens comme moi, Isadora. J’ai grandi pauvre. J’ai grandi aveuglée par le besoin d’argent. C’est quelque chose ancré en moi. Aussi longtemps que tu me paieras, je travaillerai à ton service. Mais… »

Tu ne finis pas ta phrase. Elle le sait. Les gens comme toi, les mercenaires, les yeux, les oreilles, vous n’avez qu’une règle. L’argent.

« Je dois partir, les autres ne vont pas tarder à rentrer. Est-ce que tu as un dernier mot à me dire ? » Et tu disparaîtras alors comme la voleuse que tu es.