panique sur la ligne 8.

Une fois les vidéos visionnées et récupérées, tu n’avais plus grand-chose à faire au sein de cet endroit. Rester pouvait s’avérer dangereux tant pour toi que pour tes coéquipiers du soir. Pourtant, et malgré le fait qu’on te l’ait beaucoup répété, la curiosité étant un vilain défaut prédominant chez toi, tu avais tenté dans savoir plus sur la situation présente via les caméras situées dans le métro. Peut-être un peu trop de gourmandise, puisqu’une telle action impliquait une prise de risque loin d’être nécessaire. Votre mission était remplie, vous aviez répondu à vos questions et même obtenu des réponses plus ou moins compromettantes. Néanmoins, difficile de s’arrêter une fois le sucre en bouche.

Mais malheureusement, que vous le vouliez ou non, vous alliez bien être obligé de faire selon les conditions de la situation. En effet, les sécurité polarienne s’était finalement mise en marche, détectant votre présence, mais surtout vos fausses identités. Quatre individus, les données étaient donc correctes et même sans description physique détaillée, tu ne doutais point du fait qu’il s’agissait de vous. Un souffle traversa tes lèvres tandis que tu te mis à réfléchir une seconde.

Les choses tournaient en ta faveur. Fuir en compagnie du reste du groupe pouvait s’avérer problématique et ce, pour plusieurs raisons. Vous étiez plus voyant, plus facilement repérables, déjà. Il était évident que perdurer en tant qu’une seule entité rendait votre traque plus aisée. En vous séparant, dans le meilleur des cas, vous vous assuriez de séparer les forces adverses pour que chacun de vous puisse être poursuivi. Tu préférais avoir un quart des agents à tes trousses plutôt que tout l’escadron. Raziel et Pavel s’en étaient allés les premiers, choisissant très rapidement d’emprunter le chemin inverse que celui que vous aviez parcouru jusqu’ici. Un jeu de vitesse pur, osé mais tentable à dire vrai. Cybèle, de son côté, avait réduit sa distance avec le sol pour vraisemblablement passer par la fenêtre. Tu ne doutais pas vraiment d’elle, ces petits instants en sa compagnie t’ayant plus ou moins conforté dans l’idée qu’elle était capable de réfléchir et de mesurer le poids de ses actions, toutefois, elle abattait là un atout qui allait requérir une certaine dose de chance si elle n’usait pas d’un tour mystique qu’elle gardait jusqu’alors secret. Enfin, tu n’avais pas vraiment le temps de t’inquiéter pour les autres.

Prenant le temps de pianoter sur ton Holokit, tu balayas le clavier de quelques frappes avant de te focaliser de nouveau sur ton problème.

« Bon. 'Fait chier. »

Parce que tout avait été plus mouvementé que tu ne l’aurais espéré sur la fin. Pas trop affolé, tu t’avanças vers la fenêtre de la pièce, la déverrouillant avant de jeter un œil vers le bas, légèrement subjugué par la hauteur te séparant du sol.

« Vive la science, il faut croire en la science. » Le tout récité peu comme une prière.

Enjambant le dernier obstacle te séparant du vide, tu t’élanças, débutant ta chute inéluctable vers cette surface qui, en cas de choc, signifiait une mort inévitable. Alors pourquoi quelqu’un d’aussi pragmatique s’était jeté, suicidé même ? Parce que tu croyais en ton savoir et presque autant en ta capacité. Tu n’étais pas encore un véritable maître de ton don, mais tu espérais que ta maîtrise serait suffisante pour cette fois, que ton corps le supporterait sans réellement broncher, parce que là aussi, ce n’était pas le genre d’expérience que tu réalisais tous les matins.

Petit à petit (en accélérant quand même, c’est pas comme si t’étais en chute libre), tu diminuas le poids de ta carcasse, le réduisant graduellement jusqu’à ce que la densité de ton corps ne te permette de ralentir progressivement. Dans le meilleur des cas et si tout se déroulait selon ton plan, tu allais être capable de même flotter une fois à quelques centimètres du sol, devenant grosso modo moins dense que l’air et te permettant ainsi de pouvoir atterrir sans le moindre mal. Enfin, ça c’était la théorie. Pour ce qui était de la pratique… tout restait à confirmer.

Si l’opération s’avérait être un succès, tu n’aurais plus qu’à courir et rejoindre un lieu sûr, l’étape la plus simple, normalement.