Tout allait bien aller, n’est-ce pas, Poppy? Tu souriais, sautillais sur place, telle une puce pleine d’énergie, telle une enfant qui a bu un café, comme une fille sous boisson énergisante. Tu te préparais à aller faire cette mission avec ton innocence habituelle. C’était une journée comme une autre dans ta tête. C’était comme faire une livraison, mais avec de gros camions, avec de gros colis, avec plus de gens pour aider. Pour aider à protéger, mais protéger de quoi? Pourquoi quelqu’un voudrait nuire à cette livraison? Tu te le demandais bien, mais tu n’avais pas hésité à proposer ton aide. Ainsi, tu étais prête à l’expédition, avec un kurta d’un orange délavé qui t’arrivait aux genoux, un peu trop grand pour toi, et un shalwar, ce pantalon traditionnel qui se serre à la taille et à la mi-mollet, ample entre les deux, tel un pantalon d’aladdin. Ta chevelure rousse se cachait sous une chèche beige noué sur ta tête, sans cacher ton visage, et tu arborais tes lunettes comme à l’habitude.

Tu étais en train d’ajuster les ganses de ton sac d’expédition remplis de vivres, de petites bouteilles d’eau et d’objets utiles, pendant qu’Arwell, le maître des opérations donnait les explications. Tu regardais les autres personnes qui se joignaient à ta mission, certains visages te sont connus alors que d’autres sont de nouveaux minois à ajouter dans tes connaissances. Tu n’écoutes pas vraiment ce qu’il dit, occupée à faire la curieuse en observant les alentours, les camions, en te posant mille et une questions. Tu ne réalises pas qu’il parle de danger pour la cargaison, tu ne réalises pas l’ampleur de cette mission, mais ce n’est pas grave. Tu as déjà affronté un caïman et des rats à deux têtes, n’es-tu pas prête à voir pire? Tu n’as peur de rien, Poppy, c’est bien ça le plus inquiétant.

Il termine son discours et le petit groupe que vous êtes commence à bouger, tel de petites fourmis qui œuvrent à leur tâche. Tu entends la voix de Moebius qui appelle le premier groupe à se joindre à lui, il est difficile de manquer sa voix, mais sa présence te fait sourire. Tu aimerais bien aller avec lui. Et puis, non loin, il y a Germain. Tu es heureuse de le voir même s’il ne fait pas partie de ton royaume. Tu leur fais signe de la main, tout sourire et tu hoches la tête à la question du berger. Tu feras partie de leur groupe, mais avant, tu dois retrouver quelqu’un. Une personne à qui tu avais envoyé un message plus tôt et dont tu espérais la présence, pour mieux le connaître et parce qu’il serait cruel d’inviter une personne pour ensuite la laisser avec des étrangers.

En cherchant dans le groupe, tu vois Nemesis qui parle avec Maverick. Tu t’étonnes de voir qu’ils se connaissent, mais en même temps, Maverick a tellement de connaissances, ce n’est pas surprenant. Tu continues de chercher et vois finalement le visage que tu voulais : Lucius. Le gentil Lucius, celui que tu attendais tant. Or, tu sens ton bras se fait attraper par le détecteur humain d’objets en tout genre et tu te débat un peu, non pas comme une personne en train de se faire agresser, mais comme une petite truite qui tente de sortir du filet sans succès, parce que tu veux aller le chercher avant qu’il ne se retrouve seul.

▬ Oui, oui, mais attends!!

Tu fais de grands signes de bras, tu ressembles à un ventilateur et tu souris en voyant qu’il s’avance vers toi, toi qui se déplace à reculons, Maverick qui continue de te traîner. Tu arrêtes ton tournoiement de bras lorsque ta main arrive à saisir celle de Lucius et par défaut, vous avez l’air d’un petit train qui se bouge jusqu’au premier camion.

▬ Poppy est contente de te voir aujourd’hui !

Tu tiens sa main droite et tu ne la lâches pas, comme si tu craignais qu'il puisse disparaître dans le sable. Tu as les yeux qui brillent en voyant la sucette et sans attendre, tu la poses sur ta langue, profitant de sa saveur de cerise en mâchonnant un merci à moitié audible, étant donné l’objet dans ta bouche. Maverick finit par te lâcher et tu observes les autres sans te présenter puisque tu les connais tous. Ce sera une belle journée, tu en es certaine.

Tu scannes avec insistance l'assistance. Chaque petite tête dépassant du rang. C'est avec un brin de tristesse que tu te rends compte que tu ne connais personne. Pas surprenant pour un nouvel arrivant dans le désert. Pourtant, tu espérais au moins voir un visage familier, entendre une voix que tu connaissais déjà avant de te lancer à l'assaut de la traversée du désert.

Tu jauges tranquillement les cinq autres personnes qui semblent déjà se connaître. Soit. Le deuxième groupe serait alors composés d'étrangers. L'homme au bob semble s'animer, vous salue un par un. Dans un effort évident tu le salues, espérant lier contact avec lui mais à peine as tu levé le bras qu'il est déjà passé à la prochaine personne, ne te prêtant finalement que peu d'intérêt.

Tu roules des yeux avant de t'approcher de l'autre convoi. Le guignol au bob faisait sa pub, la jeune rousse semblait essayer de prendre en charge l'élan du groupe de quatre. De ton côté tu n'adhères pas franchement à sa démarche alors que tu précèdes tout le monde pour poser ton postérieur sur le siège avant. C'était ta manière de signifier ton envie de protéger le reste des anonymes de ton groupe.

Habitant du désert ou non, tu es principalement là pour la récompense. Aider à améliorer le niveau de vie des autres c'était bien beau, mais tu préfères améliorer le tien. Nerveux, tu t'allumes une clope avant le début de l'opération. La nicotine aide mais ne suffit pas à chasser cet étrange sentiment. Tes mains se glissent sous ton col, tes ongles grattent ta peau. Décidément, tu ne la sens pas cette mission. La nervosité t'empêche d'être vecteur de bonne humeur dans le groupe, comme un poison qui s'immisce dans tes relations. Tu jures à voix basse, jettant ta clope dans le sable. Il va bien falloir que tu réapprennes à être avenant un de ces jours.

TLDR: César fait le dark boi en se plaçant directement dans le véhicule sans dire bonjour à personne. Il est visiblement tendu.