Il n'y a dans la tête que de la colère. De la colère froide, des poings serrés. Un visage oublié. Mars a la rancœur au fond de la poitrine, qui serre le palpitant, serre la gorge, laisse au fond de la gorge le goût amer de cette vengeance qu'il pensait avoir oublié, dont il ne voulait pas parler. Mais celle contre Carmen s'était estompée.
Elle avait fait de la place pour les meurtriers de sa seule famille (et dans sa tête résonnait la raison: il y a le père aujourd'hui qui foule ces terres). Mais la mère, elle, était morte. De la main d'Alexander, soit, mais Kazuki (et Cassandra) avaient aidé. Et s'il ne pouvait plus fouler les terres de Caer Hrid, il se ferait un plaisir de glisser les doigts contre le gras de la gorge de ce traître pour mieux l'immobiliser.

Mars glisse un regard à Orion, rassuré d'être à ses côtés. Peut-être est-ce bête, mais il se demande s'il ne vaut pas mieux qu'il soit accompagné de proches pour ne pas déraper (pour ne pas finir comme Carmen). Aiden, quant à lui, ne lui dit rien. Il ne s'en soucie pas vraiment, écoute les indications glissées dans leurs oreilles avec calme. Si les yeux flambent, les épaules restent détendues. Et c'est certainement ce qui fait le plus peur. Cependant, la dernière remarque de Chris lui fait hausser les sourcils, serrer les poings sur les gants revêtus. Peut-être devrait-il s'empêcher d'user de leur don face à lui.

Une fois dans le sable, le voilà qui dégourdit aussi ses jambes, qui lance un regard à Aiden et hausse un peu les épaules, sourit légèrement.

« J'étais persuadé que tout le monde ici venait pour une balade de santé, pas pour faire la peau à qui que ce soit. »

Pas qu'il soit certain de pouvoir faire plus que d'assommer cet affreux personnage (pour l'instant). Mars a le regard qui glisse sur chaque visage avec une neutralité surprenante. C'est qu'on évite de croiser trop de regards, au marché noir. Il ne faudrait attirer trop de curieux. Alors Mars, bien que menton relevé, évite d'avoir l'air de trop observer.

Ah, ils se sont bien faits avoir.
Si c’est la première fois qu’Orion monte dans véhicule militaire, il commence en revanche à être bien habitué aux sables arides du Désert et à sa chaleur étouffante. Il a naturellement pris place aux côtés de Mars dans le fourgon.

Roulés dans la farine.
Il ne sait pas vraiment si c’est de la colère ou quelconque sentiment intense du genre. Plutôt de la lassitude, quelque chose comme ça. Il y a comme un vide qui s’est creusé, peut-être aussi que c’est nerveux.

Les dindons de la farce.
Tout le monde descend du véhicule et Orion replace ses vêtements avant de faire tourner un peu son cou. Il glisse un « compris » dans l’oreillette lorsqu'on leur parle à tous les trois avant d’observer les alentours et ses deux coéquipiers.
Il n’a aucune idée de qui est cet Aiden qui arbore un air bien désinvolte - mais bon, qui est-il pour parler, lui le monsieur-tout-le-monde venant tout droit de le Vallée des Constellations. (Et puis en dehors de Fenrir et Mariette, il ne connaît pas grand monde de Celestia.) Et d’eux trois, c’est lui qui a le lead, celui directement envoyé en tant que traqueur - l’Astre compte bien écouter attentivement ses directives.
Avec un petit grain de sel - il ne se souvient que trop bien d’Annabella.
Mars, en revanche, l’inquiète un peu. Il reconnaît cette posture calme et ce regard fixe. Il est furieux - et il en a bien le droit. Orion n’est pas là pour le surveiller, mais en partie pour l’accompagner. Pour être là avec lui.
Et surtout parce que :

« Pas exactement, c’est surtout que j’en ai marre de leur conneries, » répond-il à la conversation qu’Aiden essaye de lancer.

Un peu marre de voir des gens mourir sous ses yeux, d’en voir d’autres finir mutilés, un peu marre de les voir devenir dingues en un claquement de doigt. Une lassitude profonde.
Ah, oui. C’est facile de provoquer la fin du monde, d’anéantir des vies et d’en briser d’autres et ensuite arriver tels des messies pour offrir aux survivants un refuge à la catastrophe que l’on a soi-même proposé. De diviser des population, de les mener les unes contre les autres et de laisser toute une partie crever comme des rats dans un désert. Pour euphémiser, Orion trouve ça tout de même un peu culotté.
Et, quand on fait des conneries (comme, au hasard, provoquer la fin du monde), la moindre des choses est de répondre à ses actes. C’est simple comme ça. Alors comme les autres il regarde aux alentours, peu sûr de quoi chercher - mais ils trouveront.

Un sourire un peu contrit se forme sur son visage à la remarque d’Aiden, mais après tout il ne sont pas vraiment là pour bavarder. Preuve en est : un éclat rose se fait voir non loin d’eux, visible comme un feu dans le noir au milieu de marché noir.
Si vite ? Et puis, honnêtement, un veston rose. C’est un peu trop évident, non ? Il y a de grande chances pour que ce soit un leurre et donc, un piège. Un piège gardé derrière une montagne de muscles qui dépasse Orion de facilement deux têtes - oh non ce n’est pas la peur qui prend place dans son esprit, lui qui a fait face à un Transcendé de deux fois sa taille (en en sortant au bord de la mort, certes). Ou à un autre tout plein de dents qu’il s’est contenté de carboniser en un claquement de doigts.
Bref, ce n’est pas un garde qui l’intimidera.

Le chef de leur opération agit immédiatement pendant que le regard d’Orion se balade sur un stand au hasard.
Malgré la situation la suite le fait un peu sourire alors qu’il écoute les instructions - ça se voit au coin de ses yeux. Même s’il n’a pas vraiment d’avis à donner, il approuve mentalement le plan proposé. Mars est l’homme idéal pour entrer. En revanche, il ne sait pas vraiment quoi faire du talisman de persuasion qui se retrouve au creux de sa main. « Ah, merci. » Un talisman ne durerait qu’un temps et il ne faudrait que quelques minutes pour que le garde se rend compte de la supercherie. Sauf s’il ne s’en rendrait pas compte… bon.

« Très bien. Par contre, » il ajoute avec un petit sourire, plus amusé qu’autre chose et pas offusqué pour un sou. « Lui, c’est Mars, et moi Orion. »

Cependant, avant d’y aller, il s’approche de l’Oublié. « N’hésite pas à utiliser ta télépathie s’il le faut. » C’est qu’il connaît Mars. Et Orion le lui a dit - le rempart mental de sa fermeture de l’esprit lui ferait mal à chaque fois qu’un cristal de niveau supérieur tenterait de s’immiscer dans sa tête mais - ils n’ont pas le luxe de s’en faire pour cela.
Un appuie sur lui un regard, un fais attention à toi silencieux qu’il ne peut pas empêcher

Maintenant, il faut agit. Après une approbation de la part de tout le monde, Orion se tourne vers la porte, là où veston-rose-cheveux-blancs a disparu.
L’air de rien, il s’approche, un peu à l’écart du battant, une distance suffisante pour l’attirer loin de la porte mais pas trop - et fait ce qu’il espère fonctionnera.

Sa main prend soudainement feu, les flammes remontent doucement mais dangereusement vers sa manche.  « Ah !! » Une douleur factice gagne son visage, il fait mine de chercher la première personne à portée en craquant le talisman lorsque son regard tombe sur le garde. « Aidez-moi ! » Agite sa main comme un forcené, comme s’il cherchait à éteindre le feu qui gagne du terrain. A côté d’autant de tentes en toiles, ce serait un sacré problème s’il devenait une torche humaine, non ? « Mon cristal, il- il fait n’importe quoi ! »

Mars glisse le regard sur la stature de l'homme qu'ils viennent d'apercevoir, avec la curiosité piquée à vif. Mais comme Orion le pense, cela semble gros (une veste rose? et puis quoi encore, il aurait pu changer de couleur préférée depuis, qui sait). Il reste à écouter Aiden prévenir Chris, puis suit les directives sans trop broncher, même s'il s'était trompé de prénom entre lui et Orion. Un simple sourire laisse sous-entendre que cela ne le chiffonne pas du tout.

« Je m'en charge sans souci. »

Tourne la tête vers Orion, fronce un peu les sourcils mais acquiesce. Il n'aime pas particulièrement l'idée de scier la tête de l'Astre, mais si même lui estime cela nécessaire pour leur mission, il n'ira pas le contredire.

« Et n'hésite pas à me le dire, si c'est trop. »

Fait glisser un doigt près de la joue, peut-être brièvement, juste assez pour lui confirmer qu'il ferait attention (pour s'assurer que ce serait aussi son cas), et le voilà totalement disparu. Il ne prend pas longtemps avant de devenir petit oiseau, ne redevenant humain que brièvement pour ouvrir la porte, la refermer, et s'envoler à la recherche de la cible.

« C'est bon, je suis entré. » Qu'il communique par la pensée. Il commence à décrire brièvement la pièce au cas où et cherche où leur homme a bien pu s'enfuir là-dedans.