«
Votre enfant n’est pas comme les autres, il apprend plus vite, il s’ennuie plus facilement. Je pense qu’il serait plus saint pour lui de sauter une classe. » affirme l’enseignante d’un ton grave.
«
Je ne suis pas d’accord. Othello apprend certes rapidement, mais il n’a pas d’amis, il n’arrive pas à se lier avec les autres, il est toujours plongé dans son monde, ce serait mauvais pour lui de partir de sa classe. » Réplique la mère.
«
En effet ça ne ferait que bousculer ses habitudes, nous refusons. » Ajoute le père.
Les yeux écarquillés, l’enseignante les écoute.
Mais en même temps. Ils n’ont pas torts : ils connaissent déjà trop bien leurs fils. Il est certes d’une habilité hors norme pour mémoriser, apprendre et comprendre mais il n’arrive pas a aller vers les autres. Souvent seul, souvent rejeté, souvent moqué aussi mais au fond, cela ne l’a jamais touché tant Othello sait déjà qu’il est différent au fond.
Pour les parents c’est une autre paire de manche, il s’agit plus de s’obstiner sur la voie de la « normalité » en espérant que leur fils arrivera à se lier avec d’autre enfants de son âge. Pour eux, plus le cadre est stable mieux c’est. Faire sauter de classe Othello en plein milieu de l’année impliquerait qu’il soit troublé lui-même et qu’il devienne la curiosité des autres élèves : la crainte de le voir se renfermer encore plus d’être le centre d’attention est sans appel.
Alors Othello restera dans sa classe d’âge.
Il restera le premier de la classe et fera la fierté de ses parents.
Il grandit alors entourer de livres et de distractions pour son esprit. Seul. Avec pour unique contact sa famille.
Une vie qui s’annonce déjà difficile tant il est dans sa bulle : mais il est encore jeune il a encore le temps d’évoluer, voilà qui n’inquiète pas ses parents.
Le temps passe doucement… Othello passe les étapes avec une facilité déconcertante.
Et finalement il finirait presque par trouver sa vie ennuyante tant il n’arrive pas à stimuler son esprit au maximum. Mais en même temps cette vie monotone maintenant qu’il y pense, c’était peut-être le mieux.
Car au grand jamais son esprit de génie n’aurait pu imaginer ce qui allait se produire.
Tout est passé si vite.
Il était avec ses parents et l’instant d’après c’était le chaos.
Les minutes qui suivent, ça a été la déchéance de sa vie paisible.
Des parents absents.
Probablement monté au ciel trop tôt.
Incompréhension.
Perdu au milieu de nulle part.
Il se sent impuissant.
Triste.
Abattue.
Il a du mal à réaliser mais il a eu de la chance de s’en sortir. Il peut se faire la réflexion aujourd’hui, mais il fait partie de ces survivants qui ont pu continuer leur vie dans un autre monde.
Entrainé par la foule, l’espoir et les évènements Othello a suivi le mouvement. A ce moment précis, son esprit s’est fermé, il ne voulait plus réfléchir à rien. Il ne voulait même plus comprendre tant l’incompréhension qu’il avait subi l’avait touché.
Il était en état de choc.
On l’a poussé à franchir ce tunnel avec d’autre, emporté dans ce gouffre il a découvert ces nouveaux paysages.
Othello fait partie des survivants du Kamikakushi et il n’avait que 10 ans et demi à l’époque.
Voilà comment Othello verra pour la dernière fois Londres et qu’il dira adieu à sa vie paisible.
*
* *
Le temps passe et il va falloir du temps pour que Othello aille mieux.
Il se renferme.
Il ne dit plus rien, il reste seul dans son coin et il suit le mouvement.
Et puis vint la découverte des dons.
On se rends compte que c’est grâce aux cristaux. Le monde commence à reprendre sens.
Et si ce monde avait plus de potentielle qu’il le pense ??
Petit à petit, le petit fait son deuil, petit à petit les étoiles reviennent parer ses yeux. Les idées recommencent à se bousculer dans son esprit.
C’est plus des pensées éparpillées, de possible rêve qui seront peut-être jamais réalisés.
Mais c’est déjà ça.
Les groupes se forment.
Bien évidemment qu’il ne suivra pas ceux qui rejette les enfants et les « faibles »
Mais en même temps il y a cet autre groupe plein d’espoir, plein d’envie de reconquête : tourné vers l’avenir c’est ça qui lui faut.
C’est ainsi qu’il rejoint le groupe qui formera plus tard le Royaume du Mont Celestia.
Les années passent encore.
Il arrive petit à petit à reprendre confiance, il commence à imaginer plein de choses pour l’avenir : les études l’aident beaucoup.
Il peut enfin déployer pleinement ses ailes.
14 ans et demi. Sa route croise celle d’une personne importante.
Une personne qui va tout changer pour lui.
Il expose son orale sans comprendre à quel point il est en train de changer drastiquement son avenir en se promettant une place parmi les grands.
Il se présentera sous le nom de Kazuki. Le directeur du CRP. Il va sans dire que Othello a su directement qu’il n’avait pas vraiment le choix, son insistance prouvait bien que Kazuki le voulait à ses côtés.
Et Othello a donc fini par céder.
Avide de toujours plus de connaissances. Il aurait pu difficilement refuser.
Le voilà embarquer dans quelque chose qui le dépasse.
Fidèle à lui-même il sera d’une utilité redoutable dans l’amélioration du système. Il se donnera pour ainsi dire à fond dans ses idées.
Othello se sent pleinement à sa place. Il ne regrette rien.
Et puis à ses 16 ans il entendra parler de cette catastrophe : une nouvelle ouverture malheureusement soldée par un échec. Remonter sur terre, une bien belle idée, ses pensées se bouscule à l’idée de retourner là-haut. Idée balayée rapidement par l’échec de l’expédition : on parle de monstres qui traineraient sur le territoire.
Othello ne veut pas y penser.
Il veut juste faire fonctionner sa matière grise pour l’avenir : il ne veut plus angoisser. Alors il préfère éviter de penser aux problèmes et il travail encore et encore… Il se convainc qu’il est bien, qu’il est stable et qu’il n’a pas à s’inquiéter.
Et puis … viendra la pire des surprises pour lui.
Une nouvelle perte.
L’homme n’est pas mort, mais il l’a abandonné, il a fui après avoir commis un certain nombre de délits.
Bien évidemment que Othello ne se doutait de rien : peut être que Kazuki aura tenté de le ramener dans son monde mais Othello est beaucoup trop concentré sur ses propres projets pour l’écouter, il n’a jamais pu répondre à ces indices qui aurait pu lui être laissé et laissant présager la trahison car il demeure trop obnubilé par ses propres pensées.
Mais quand il fait face à la réalité a présent. Il se sent mal. Ça recommence a tourner dans sa tête. Il a été abandonné par son mentor.
L’incompréhension reprend place.
Et ce qu’il ne comprend pas l’angoisse.
Et dans un accès de colère, il l’affirmera d’une voix inhabituellement forte quand on tentera de lui tirer les vers du nez pensant probablement qu’il est impliqué dans la trahison.
« Je sais rien bordel ! »Mais au fond il devrait le savoir, ce n’est pas sa simple parole qui l’aidera à baisser les soupçons. Alors il s’isolera.
Et au lieu de se bloquer comme par le passé il va simplement mettre les bouchés doubles sur son travail.
Il travaillera beaucoup trop.
Allant jusqu’à se bousiller la santé.
Aujourd’hui il sort à peine d’un repos forcé.
Aujourd’hui il doit faire face à la réalité : il a été abandonné mais il doit aller de l’avant.
Plus facile à dire qu’à faire.