“Mais, une merguez c’est de la viande de mouton, pas de poisson !”

C’était la merguez qui fait déborder le vase. Mais, aussi offensant qu’il soit, ce commentaire de Pedro (amateur de merguez paraîtrait-il) m’ouvrit les yeux : Pourquoi est-ce que “le roi des merguez” continuerait-il à perdre son temps à créer l’extase chez les papilles des habitants de Agua Amarga ? Il était temps de partir, étendre mes horizons, aller à la capitale ! Ça allait être un choc pour mes habitués, je ne savais même pas s’ils tiendraient le coup.

Je partais, ils ne trompaient personne avec leurs sourires, je savais qu’ils étaient tristes, mais mes ambitions étaient plus importantes, plus primordiales, plus délicieuses.

Je me rappelle bien de ce jour-là, déjà que je galérais à sortir mon stock de merguez du train mais en plus il ne faisait vraiment pas beau. Or, rien ne me découragea, je pensais bien devenir LE vendeur de merguez de Madrid. Mais la capitale me réserva un accueil des plus originaux, un tremblement de terre suivi d’un toboggan d'obscurité qui me mena directement au monde des rêves. Ce rêve qui décida de s’introduire entre mes pensées mergueziennes était spécial, étrangement réaliste. Dans celui-ci, je vendais des merguez au Diable lui-même ! C’était une vision utopique où Mariano était le nom qui faisait écho dans le monde des mortels grâce à son charisme et ses merguez. Puis je me réveilla, d’abord déçu de la triste et sombre réalité qui se présentait devant moi avant de me rendre compte qu’il faisait vraiment plus sombre qu’à Madrid. Je me contentais de suivre sans réfléchir les gens proches de moi, mais c’est au moment où j’ai vu que certains avaient développé des pouvoirs par je ne sais quelle raison que j’ai eu un déclic. Ce rêve n’était pas anodin, j’avais développé un pouvoir et pas n’importe lequel, je possédais désormais la capacité de persuader n’importe qui de n'importe quoi ! J’en étais convaincu, le roi des merguez était enfin de retour et l’empire des merguez ne tarderai à apparaître afin de dominer ce nouveau monde.

Rappel : Don d’invisibilité.

Mais où aller ? Peu importe, où que j’aille mes merguez feraient fureur, cependant je ne prenais pas en compte l'idiotie de certaines personnes. Ce Tatsuya par exemple, il m’avait refusé l’entrée du Mont Cacastia, non mais pour qui il se prend ? Ça doit être un amoureux des chipolatas, c’est tous les mêmes, la prochaine fois que je le vois je le saucissonne.

Alexander par contre c’est un chouette type, il a tout de suite vu mon potentiel et m’a invité à Caer. J’ai immédiatement accepté l’offre et je me suis installé dans ce somptueux royaume, dans la Grande place à Caer Callabus.
Mais dès que j’ai su que la Vallée des Constellations était une terre où l’invention d’artefacts était la norme, j’ai regretté ma décision. Mon génie avait besoin de plus de liberté, comment allait être créés sinon le ventilateur coupe-merguez, l’appareil photo avec filtre merguez et le fer à repasser… merguez ? Et ce n’est pas toute l'histoire de ma déception, je me rappelle lorsqu'une magnifique statue en forme de merguez avait capturé mon attention au même moment où l'on me passait un soi-disant caillou conférant un pouvoir. J'ai alors (difficilement) redirigé mon regard vers ma main où était censé être le minéral à deux balles, mais il n’était plus là. Une simple étourderie ? Je ne pense pas.
Puis le soir de ce même jour j'ai eu un autre rêve, il y avait des mouches qui passaient devant moi, des pigeons les suivaient pour les manger et enfin ce fut le tour d'une chèvre qui dévora les pigeons.
À ce moment là je n'étais toujours pas conscient de l'importance de ce rêve, mais une chose dont j'étais sûr c'est que mon prochain prototype de merguez serait au pigeon.