Ce fut si rapide que Gerda n'eut pas le temps de réaliser. Tout juste eut-elle le réflexe de tirer plus à elle l'homme sans pour autant avoir la possibilité de le protéger comme il le fallait. D'un coup sec, sans aucune hésitation, la chevalière (ainsi la définissait-elle à défaut d'avoir un nom à lui accoler) avait réduit à néant l'ourse.

Choix efficace mais ô combien discutable.

Sentant quelque chose de chaud sur sa joue, Gerda y porta les doigts et les retira emperlés de sang. Du revers du poignet, la femme s'essuya au mieux. Son nez la chatouilla. La pulpe de ses doigts souligna les fines vibrisses qui s'étaient épanouies sur son épiderme.

Son cristal de transformation animale s'était emballée sur le coup de la surprise et du choc de ce qu'elle venait de voir. Elle n'avait pas besoin de fourrager dans ses cheveux pour savoir que des oreilles toutes pelucheuses en sortaient.

Déjà la faim la tiraillait, tordant son estomac. Fichu contre-coup.

Alors que le protégé de la chevalière s'extasiait sur l'ourson (le petit allait peut-être trouver un parent d'adoption) Gerda relâcha l'homme. Ses mains lui tapotèrent les épaules.



Du regard, Gerda quêta Sylvie mais la vieille femme semblait avoir fui les lieux. Peut-être attendait-elle à proximité. La Russe ouvrit la bouche pour l'interpeller, se ravisa. En agissant ainsi, elle interpellerait sans doute d'autres dangers encore plus épineux qu'une simple mère ourse.

Se levant, elle tendit la main à Rosario pour l'aider.

Tu avais rapidement détourné ton regard du cadavre de l'animal. Une équipe adéquate nettoierait la carcasse à la fin de l'exploration. Si tu avais été réactive, tu avais surtout gardé la tête froide. Tu avais préféré prendre cette lourde décision (bien que barbare) que d'avoir pu laisser l'animal blesser tes compagnons.

Sylvie vous alerta sur quelque chose et tu braquas ton regard dans le sien, sincèrement intéressée et curieuse quant à ce qu'elle avait bien pu découvrir. Cependant, sa colère, bien que légitime, te semblait injuste et déplacée. Tu perdis ton sourire et t'approchas de l'ourson. Tu le soulevas par la peau du cou.

— « Très bien Sylvie. Il est vrai qu'il valait peut-être mieux l'ours défendre son enfant, au péril de la vie d'innocent ici. Quelqu'un aurait été blessé. Peut-être que quelqu'un serait mort. J'aurai du laisser la nature défendre ses droits. »

Tu tenais fermement l'animal en usant de ton cristal de force, à une certaine distance pour ne pas qu'il puisse te donner des coups de griffe.

— « Peut-être je devrais m'éloigner le temps de m'en occuper. Avancez sans moi, je vous rejoins juste après. »

Si elle croyait que tu y prenais un quelconque plaisir, elle se trompait.
Tu contournas le groupe pour te poser au dessus de la mère.
Leur adressant un regard, très vite détourné (les yeux brillants à la limite du craquage).

— « Ne vous infligez pas cela, allez-y. »