Gerda ne put dissimuler sa moue lorsque la main de Sylvie vint tapoter sa tête. Geste empli de gentillesse mais surtout de pitié envers une individu qu’on considérait, tout au mieux, comme une enfant touchante mais un peu gauche. La Russe tenta de se focaliser sur les lèvres de la meneuse mais même ce langage lui était désormais inconnu. Tout autant que les lettres inscrites sur le bois. Néanmoins le geste qui l’accompagnait, la main sur le coeur, lui était limpide.

Mais ne pouvant lire l’inscription qui se présentait à elle sous la forme d’un galimatias (ǝıʌlʎs), la femme resterait une inconnue qu’elle surnommerait la Meneuse.

Gerda tenta bien de graver le sien aux côtés de celui de la femme mais allez comprendre ce que signifiait ɐpɹǝƃ. Si Lovecraft avait été parmi eux, il aurait vu en ces mots une invocation aux Grands Anciens.

La prenant par la main, littéralement, la Meneuse l’attira plus loin dans les bois. Les frondaisons s’écartèrent pour laisser place à une colline complètement dégagée. En contrebas une jungle luxuriante étendait ses racines, incongruité géographique.

L’endroit ne lui disait rien. Un tel lieu ne pouvait pas avoir surgi sans raison et, surtout, aussi rapidement. Enfin allez savoir depuis combien de temps c’était là.



Gerda partagea son étonnement avec Sylvie. De l’index elle désigna la jungle puis elle-même. Comme l’avait fait la Meneuse quelques minutes auparavant, ses doigts mimèrent une marche sur sa main.

Elle irait explorer cet endroit.