Souffrance fœtale et dépendance d'un bébé né d'une mère Héroïnomane. Les débuts de Calliopée n'ont pas été dignes de sa grandeur. Retard de croissance et psychomoteur, une mère incapable de prendre soin de son enfant. Oh la belle Calliopée aurait pu terminer son enfance et remonter au Mont Olympe, mais la rage de vivre ne l'a jamais quittée. Sa génitrice en a tiré profit, elles se sont élevées toutes les deux. Actrice déchue et sans grande valeur, jouant des petits rôles, ce n'était pas assez. Jamais assez. La colère d'une mère, les coups cachés, jamais à la vue des autres. L'amour si fort pourtant, l'amour qui arrache, qui blesse. Les scarifications ensuite. Infliger souffrance et terreur pour mieux protéger et guérir.

Adolescente méchante et peu appréciée. Mais douée pour jouer la comédie. Que cela lui plaisait de jouer à la gentille, de jouer à la maman aimante, caressante. Tout autant que de crier sur les autres et leur infliger les pires punitions. Personnalité cassée et certainement troublée par l'image maternelle. Jalousée par son modèle, elle traça sa rage sur sa peau. Calliopée ne l'en empêcha pas.

Adulte détestée et adulée, elle tend à prendre le même chemin que sa mère. Petits rôles qui ne lui vont pas, la rage au cœur de ne pas être aimée à sa hauteur. La fin du monde à mit fin au sien. Elle a pleuré, tant pleuré devant le gouffre de Washington, tombe de sa mère. Oh elle a tant ris. Pleuré de rire, rire de toute sa peine. De folie, de peur.

Qu'elle aurait voulu se jeter à sa suite, suivre la voie que sa mère a toujours suivi. Mais un mur invisible les séparaient.

Jouer la comédie, suivre un groupe puis l'autre. Détester et aimer. Calliopée n'a jamais su se faire une place parmi les autres. Elle ne vivait plus, comment allait elle se regarder jouer la vie des autres si les cinémas fermaient ? Toutes ces années, elle a tenté de rejoindre celle qui la comprenait. Et toutes ces années, elle pleurait de rire devant la cruauté de sa mère.

Jusqu'à sa chute à elle, un peu trop choquée pour crier. Tomber dans le silence, arrêt de son cœur.

Des voix hachées. La tête écrasée, surtout. Des douleurs jusqu'au fond des os et la vie imprimée dans l'âme. La chute n'a pas tué Calliopée, si elle n'a pas pu le faire, qui le pourrait ? C'est certain, les dieux ont écrit la renaissance de la muse. Sous ses bleus, Caer hrid a vu sa splendeur. Ils s'épanouissent comme des fleurs sur sa peau, lui rappelant des souvenirs d'autrefois, oh comme ils sont beaux.

La muse est impatiente, crache sa noirceur aux dieux qui l'ont oubliée une fois de plus. Une fois de trop. Rien ne change vraiment, les petits rôles s'enchainent et l'écorchent. Mais Calliopée a le cœur déchiré, ses pensées sont retranchées aux souvenirs de sa mère qu'elle n'a pas retrouvée. Si seulement elle- oh une âme si belle vient de la reconnaître. La muse se rend belle, la muse embrasse ses rêves. Pour la première fois on fait son éloge pour un rôle de figurante, pour une fois on lui propose quelque chose de plus grandiose. Caer Hrid prépare toi.