La lame d'Isadora avait tranché : le Transcendé était voué à mourir. Dorothea avait brièvement aperçu le coup du coin de l'œil, concentrée qu'elle était sur la destruction de la porte. Isadora l'avait bien fragilisé. La glace se fendilla sous les doigts de la jeune femme, se réduisant peu à peu à un amas de fragments.

— C'est bon, c'est ouvert, clama-t-elle.

Le Transcendé lui répondit avec un hurlement de rage et de douleur. Le coup de poing provoqua une secousse. Dorothea vacilla, se rattrapant en s'accrochant au mur le plus proche. Avisant ce qui les attendait de l'autre côté, la jeune femme sentit la peur la gagner. Il y en avait un second. Et un homme inerte (mort ?) au sol.

— Euh... Je crois qu'on ait pris en sandwich.

Jouer le rôle du morceau de tomate coincé entre deux tranches de pain n'avait jamais fait partie de ces projets d'avenir.

Remarquant les roches au sol, Dorothea tendit les mains en avant.

— Je peux utiliser les rochers et les morceaux de glace comme projectibles sur les ennemis. Je vais commencer par finir celui qu'a planté dame Isadora.

En espérant que ça suffirait à le calmer. Si elle pouvait envoyer un pic à glace pile dans le cœur...

Mauvaise idée, ou mauvais coup d'épée. Merde, tu ne l'avais pas achevé d'un seul coup ? Tu te mords la joue et râle en voyant les murs se fissurer sous les coups hasardeux du transcendé au coeur brisé. Pourtant, la porte est ouverte et un plus gros vous attend - et à ses pieds le presque cadavre d'un soldat bien trop loyal (l'armure de ta patrie !) pour être abandonné. Le vrai, évidemment, parce que le faux avait déjà réussi à te piéger.

— « Mais c'est pas vrai ! On ne peut pas bosser tranquillement ici ?! »

Tu pointes Erina du doigt à l'intention de Dorothea.

— « Non mademoiselle, dégagez le corps d'un coup de vent pour placer Hakim hors de portée ! Je m'en occupe avec mon futur mari. »

Haussement de sourcil à l'attention de Fenrir.

— « On verra ça plus tard. »

Première étape, faire taire pour toujours le géant pour ensuite s'attaquer au colosse. Tu hoches la tête face aux autres, te retient de sourire (mais tu échoues) au clin d'oeil de Fenrir. Tu te positionnes à la réception, enflammes l'épée d'un coup de main et quand la bête glisse vers son trépas, tu écourtes ses hurlements à coup de destin.

— « Allons les aider, maintenant ! »

Tu étires un léger sourire quand Hakim te salue. L'heure n'est pas aux retrouvailles mais soit, tu fais signe au soldat de venir se placer derrière vous. La vision du transcendé t'arrache des frissons. Est-ce que vous allez mourir aujourd'hui ? Non, tu n'es plus cette femme depuis l'an dernier. Tu es beaucoup plus forte, et armée. Le bouclier peut le faire chuter et vous protéger lors d'un relai d'attaque, le feu brule et tranche, la lame de poids aussi. Regénérer t'empêcherait de mourir trop vite. Tu réfléchis à tout ce que tu peux faire Isadora, oubliant un instant que tu n'es pas seule. Les autres sont là, et Fenrir aussi surtout.

— « Je crois que vous pouvez oublier l'option de la fuite pour le moment. »

Tu places ton bouclier devant vous, l'activant pour provoquer une onde de choc capable de le renverser. Gagner un peu de temps afin que vous puissiez discuter.

— « Je peux encaisser en premier ligne s'il le faut. Nous avons besoin d'être... »

Tu n'arrives pas à croire ce que tu es capable de dire aujourd'hui.

— « ... unis. Nous ne le vaincrons qu'en étant parfaitement coordonnés. »

Tu te redresses.

— « Ça tombe bien, je suis cheffe de guerre. Fenrir ! Il va falloir leur faire appel. »

A cette nuée de clones sauvages.

Ne pouvait-on pas les laisser respirer cinq minutes ? Dorothea avait l'impression de participer à un raid sur un MMORPG. Si le plus petit Transcendé était désormais hors circuit, le géant, lui, était plus furieux que jamais. La jeune femme se rangea derrière la protection d'Isadora, tout en craignant, par avance, l'instant où le bouclier volerait en éclats.

— Je peux assurer les arrières. Tout à l'heure, ça a bien aidé Fenrir. Il reste encore assez de gravats pour en faire des projectiles et occuper notre cible.

Se tournant vers le dénommé Hakim, Dorothea osa le questionner :

— Vous auriez quelques atouts ? Des cristaux utiles en combat ou des amulettes ?

Elle avait totalement omis d'en prendre. Ce qui aurait pu être fort utile vu la situation.

— Erina, tu peux encore utiliser ta séduction ?

Si ça pouvait tempérer les ardeurs du géant...