Cérémonie d'adieu

C'est encore pire qu’il se l’était imaginé… Bien sûr qu’il s’attendait à une foule, mais le constater de ses propres yeux était une réalité de plus à avaler. Le gamin était à deux doigts de tourner les talons et s’enfuir. Il se sentait comme cet élève retardataire sur qui tous les yeux allaient se poser à son arrivée. Non pas qu’il désire inconsciemment être le centre d’attention… Les évènements publiques n’avaient jamais été sa tasse de thé. Son regard arrive à peine à balayer les visages des innombrables étrangers. Tout de même, il espère croiser une tête familière en vain. Il aimerait se tenir à l’écart, se frayer un chemin en plein cœur du rassemblement ne ferait qu’empirer son anxiété sociale. Ses jambes sont tremblotantes et pourtant, il va de l’avant. Ses pas sont mécaniques ; son corps semblent être téléguidé.

Personne en particulier n’attendait sa présence… Parce qu’il n’avait pas réussit à amasser assez de courage et envoyer un message à un(e) ami(e) ou une connaissance. Il ne se juge pas assez important, tout simplement. Puis, s’imposer et prendre les devants n’ont jamais fait partis de lui. Il n’est pas comme ce bâtard qui n’a d’attachement pour personne. Au contraire, il aimerait ressentir quelqu’un de confiance à ses côtés… Un support moral avec qui il se changerait les idées. Afin de lui rappeler qu’il n’est pas seul pour affronter une telle terreur.

Jusqu’à aujourd’hui, l’ascension n’était plus chose envisageable. Raziel avait presque réussit à abandonner toute appartenance à la Terre. Sauf qu’il offrit à l’opportunité une seconde pensée lorsque cet annonce s’était partagé sur tous les Holokits du continent. Si cela impliquait qu’il y retrouverait ses deux parents en bonne santé et en vie, il n’hésiterait pas une seconde. Il serait prêt à retourner en Enfer rien que pour eux. Toutefois, rien ne lui était garanti et son subconscient s’était déjà laissé emporter par le pire scénario. Du coup, l’adolescent n’a pas d’avis fixe… Il ne saurait s’il doit se donner à l’avis majoritaire et escalader la Tour du cadran Solaire. D’ailleurs, comment se portait la Terre depuis le Kamikakushi ? Il se le demande bien… Arriveraient-ils sur un territoire ravagé par les conséquences de la connerie Humaine ? Était-il plus sécuritaire de rester en bas, au final ? D’autant plus qu’il craignait l’avis des Terriens sur leurs corps modifiés aux habiletés surnaturelles.

Les discours furent prononcés. Le temps était maintenant aux adieux. Pendant ce temps là, Raziel observait les interactions qui se déroulaient sous ses yeux tout en sirotant un verre de jus. L’entracte d’une pièce de théâtre durant lequel il ne sait pas trop quoi faire. Enfin, une tête particulière ressort du lot. Une chevelure aux teintes similaires aux siennes. De tous les lieux et occasions qui existent, il n’y croit pas… Il allait enfin rencontrer la star du Web : Sunnybubble.eon ! Une personnalité populaire qu’il n’avait la chance de voir qu’à travers un écran.  Il prend quelques minutes pour t’observer. Tu ne sembles pas être dans une conversation… En ce moment, il te voit comme une bouée en pleine mer. Autrement, tu es une source d’inspiration pour lui.

Suite à une longue inspiration, il finit par s’approcher de toi. « Coucou, Eon… !» il t’interpelle timidement d’un petit wave de la main. « Je suis Raziel, l’ami de Pavel ! » Il avait jugé le moment peu opportun de te parler de votre dernière conversation virtuelle. « Ça me fait peur de remonter… Pas toi ? » Il écoute ta réponse, portant le verre à ses lèvres. Celles-ci s’entre-ouvrent ensuite pour ajouter à tes dires, mais pas un mot en ressort. À travers la foule se démarquait la petite Poppy qui se régalait dans les aliments offerts sur place. Un pas part en sa direction après quoi il se retourne vers toi. « Je n’avais pas remarqué Poppy ! Veux-tu venir avec moi ? Tu vas voir, elle est vraiment sympathique ! » Il attrape une parcelle de ton vêtement et t’entraîne avec lui voir la jeune Celestienne. Tranquillement mais sûrement, le gamin commence à se sentir plus à l’aise. « Poppy !! » il s’exclame, te surprenant qui porte un morceau à ta bouche. « Ça me rassure de vous voir », dit-il en s’adressant à vous deux. En fin de compte, cet évènement ne serait peut-être pas aussi angoissante qu’il le croyait…

#iwhae

cérémonie d'adieu

Tu n’as pas envie de partir. Tu ne partiras pas. Ça, tu le sais déjà. Après tout, il n’y a rien qui t’attend à la surface. Ici, tu as cette vie tranquille que tu as appris à apprécier. Ici, il y a ces gens à qui tu tiens à ta façon, ces gens que tu n’as pas envie de laisser derrière toi. Ici, tu es celle que tu n’as jamais pu être, celle qui a réussi à plus ou moins faire taire ses fantômes du passé. Tu vas bien. Et si le début a été plus difficile, si tu t’es retrouvée un peu perdue ici, loin de tous tes repères, au final, tu t’y es fait. Tu n’as peut-être pas ta précédente fortune, ton nom ne veut peut-être rien dire ici mais, au final, ta vie, elle est ici maintenant. Elle est dans cette maison que tu partages avec deux merveilleuses personnes (chose que tu ne leur dirais jamais même si tu n’en penses pas moins). Alors, si tu es ici, si tu te trouves à la tour du cadran solaire, ce n’est pas pour remonter avec tous les autres, c’est que tu as des adieux à faire.

Parce que si toi tu veux rester, tu connais aussi la position de certains de tes amis sur la question.
La position de l’une d’entre elles, plus précisément.

C’est elle que tu cherches dans la foule alors que tu as abandonné Claire à peine vous étiez arrivées sur place. Sans doute qu’elle aussi à des personnes à qui elle a envie de parler avant que ces derniers ne fassent le grand saut. Ou, enfin, peut-être qu’elle aussi, elle veut remonter ? Tu chasses cette pensée de ton esprit. Elle te l’aurait dit, non, si elle voulait remonter ? Tu penses. Tu penses qu’elle vous l’aurait dit, à Kyle et à toi, si tel était le cas. Quoique, tu peux jamais être trop sûre lorsqu’il s’agit d’elle. T’espères donc juste ne pas avoir de mauvaise surprise une fois qu’il serait temps pour toi de rentrer à la Vallée des Constellations. De préférence avec elle.

En cherchant la joueuse de football au travers la foule, tu écoutes aussi ce qu’il se dit, le discours adressé par celui à la tête de Célestia. T’étais contente pour eux. Pas que toi tu y voyais un réel intérêt de remonter mais t’étais contente pour tous ceux qui attendaient avec impatience ce moment. T’étais juste un peu triste de savoir qu’elle allait partir. Tu le savais, au final, qu’une fois que ce serait possible, elle retournerait à la surface. Tu l’as toujours su. T’y avais juste pas vraiment cru. Tu voyais pas comment c’était possible. Comme quoi tu avais fait erreur, raison supplémentaire pour rester. Il y avait encore tant de choses tu ne connaissais pas de ce monde, tant de choses que tu souhaitais apprendre, découvrir. Puis tu la vois. Tu la vois qui s’approche et tu forces un sourire sur tes lèvres. Tu n’as pas l’intention de la convaincre de rester. Tu n’as pas non plus l’intention de lui partager qu’elle va te manquer. Parce que t’es trop fière pour ça. Parce que tu penserais pas qu’elle te manquerait autant. Sans doute parce qu’elle est l’une de tes plus vieilles amies, sur ce continent. Celle que t’as rencontré dans le chaos que c’était, dans les souterrains, lors des instants suivant la chute qui vous avait tous amené ici.

- Tu ne peux déjà plus te passer de moi ? C’est plus facile de faire dans l’humour, c’est moins embêtant, moins dérangeant. T’aimes pas te sentir mal. T’aimes pas ce sentiment qui te serre le coeur. Celui de l’abandon. Parce que tu sais qu’elle ne t’abandonne pas, qu’elle a une vie qu’elle attend, celle dont elle rêve. Son avenir en tant que joueuse étoile. Tu pourrais insister qu’elle l’est ici aussi, mais ce n’est pas ta place que de chercher à la faire rester. T’en as pas le droit. - Hélas, je vais rester ici. Je n’ai pas encore eu le temps de tout voir et tout découvrir, ce serait dommage de partir maintenant, non ? Puis, honnêtement, il n’y a rien qui t’attends là-haut. Il y aurait elle, certes, mais ce n’est malheureusement pas suffisant. Ta vie n’existe plus, à la surface. Ou, plutôt, tu n’as plus envie qu’elle existe, tu n’as pas envie de retourner à celle que tu étais autrefois. Tu es bien, ici. Tu es bien avec celle que tu es devenue.