cérémonie d'adieu

Un message. Un message que tu n’aurais jamais voulu lire. Un message que tu attendais peut-être aussi un peu sans trop te l’avouer. Elle t’aime. C’est ce qu’elle te dit, de ces quelques mots qui s’affichent sur ton écran. Et tu ne la vois plus, elle est partie. Elle est plus loin. Elle est dans cette masse de monde qui montent les escaliers, ceux qui retournent à la surface. Ton coeur se serre un peu tandis que, finalement, tu te dis que c’est peut-être mieux comme ça. Oui, c’est sans doute mieux qu’elle soit partie. Comme ça, tu ne te poses pas plus de question. Comme ça, tu n’es pas tentée de fuir juste pour ne plus affronter son regard. Tu n’es pas douée dans ce genre de situations. Tu refuses que les choses deviennent sérieuses. Tu refuses de sincèrement t’attacher. Ça t’effraie, te pousse à fuir, partir, ne pas te retourner. Parce que tu crains ces poids que tu sens s’attacher autour de tes poignets, tu refuses tout simplement de te voir entraver de ces liens qui te terrifient.

Ouai, c’est sûrement mieux qu’elle soit partie.

Surtout que ton regard s’attarde ailleurs. Une silhouette que tu reconnais sans problème. Eirik. Cela fait un petit moment que tu ne l’as pas vu. Que tu ne t’es pas aventurée du côté que Caer Hrid. Que tu ne lui as pas envoyé de messages pour retrouver temporairement la chaleur de ses bras. Un de ceux que tu as fui. Un de ceux avec qui tu as pris peur. Peut-être parce que tu l’avais senti, ce qui naissait en toi ? Ce que tu refusais aussi catégoriquement. Ce que tu t’empêchais de ressentir. T’hésites à aller le voir. Tu te demandes même vaguement ce qu’il fait ici. Sans doute qu’il avait été demandé à l’armée de Caer Hrid d’être présente, peu importe la raison ce pour quoi. Au cas où certains se révolteraient face à cette ascension ? Finalement, tu te ravises, te dis que c’est peut-être pas une bonne idée que d’aller le voir. T’es triste. T’es vraiment triste. Ahsoka est partie, elle est dans cette foule. D’ici peu, elle serait à la surface. Et toi, tu te connais. Il te suffit de l’approcher pour décider de l’inviter pour noyer ta tristesse d’un moment éphémère en sa compagnie. Ce qui ne serait pas juste, tant pour lui que pour celle qui vient de te quitter. Et sans doute que ça finirait par te faire plus de mal que de bien.

Prête à partir, tu ne sais pas pourquoi est-ce que tu t’attardes. Tu n’as plus rien à faire ici. T’as juste envie de rentrer chez toi. Et si tu sais que tu devrais tenter de trouver Claire dans la foule, pour que vous puissiez toutes les deux rentrer, au final, ton regard reste accroché à l’escalier.

Elle est partie.

Une part de toi a envie d’être égoïste. Tu veux pas qu’elle t’abandonne. T’aimerais qu’elle change d’idée. Qu’elle revienne. Et finalement, peut-être devrais-tu revoir les souhaits que tu fais. Ne t’a-t-on pas appris que c’était dangereux ? Que tu pourrais le regretter ? C’est ce que tu constates tandis que du bruit se fait entendre, que la foule se fait voir. Des pas qui dévalent quatre à quatre les escaliers. Des cris. Puis un bruit encore plus horrible. Il n’y a pas que tous ceux ayant décidé de quitter Althea qui reviennent, non, ils ont autre chose à leur trousse. Ces choses qui viennent envahir la place, monstres plus ou moins imposants qui se dessinent tout autour de vous. Et toi, tu fais la seule chose absolument pas rationnelle que tu pourrais faire dans une telle situation.

T’as peur pour elle.

La panique s’empare de toi. Un sentiment que tu connais peu et qui, pourtant, se fait violent cette fois-ci. Tu t’élances, t’as besoin de traverser l’endroit, de rejoindre l’escalier. Mais avant ça, tu t’approches finalement de la Lame de Caer. Homme imposant aisé à retrouver. La mort dans l’âme, des larmes aux yeux, tu poses une main contre son bras, te concentre même temporairement. - Eirik ! Il faut… Tu sais même pas pourquoi est-ce que c’est vers lui que tu te tournes. Sûrement parce qu’il a quelque chose de rassurant. Quelque chose qui te fait sentir bien. En sécurité. - Il faut les aider. Vous sauver, aussi. Tu ne pensais jamais rien voir de tel et, de toute évidence, tu ne comprends pas tout à fait l’ampleur de la situation. Tu veux juste aller retrouver celle que t’as laissé partir, juste pour t’assurer qu’elle est en vie. Que t’as pas perdue définitivement l’amie t’étant la plus chère.

Tu fais donc la seule chose que tu peux vraiment faire. Tu t’éloignes d’Eirik, te rapproches des monstres. Et tu lèves la main, tentes de manifester peu importe ce que tu lui as volé comme don. Tu sais pas trop ce que c’est, alors t’essaies à peu près tout et n’importe quoi. Jusqu’à ce qu’une flamme s’échappe. Quelques étincelles. Vraiment tout au plus de quoi attirer l’attention des petits monstres qui vous entourent, à l’image du géant qui se dresse au centre, sans pour autant vraiment les menacer.