Tes oreilles siffles, Les poings en sang, ne sait plus où frapper. Ne sait plus où diriger sa haine ; colère qui englobe le monde. Essoufflée par l'effort, réconfortée par la présence de Pandore dans son ombre. Aujourd'hui, elles sont côte à côte, main dans la main. N'aurait pas imaginé qu'une horde de monstres soit finalement l'élément qui les rassemblerait. Qui accorderait un instant leur cœur brisé.

Et un hurlement perçant la fait se retourner dans un mouvement brusque. Dans une vision d'horreur. Son amante et son bras manquant, se tordant de douleur à quelques mètres d'elle. Le rouge de ses mains ; la souffrance dans sa voix. Peut-être qu'elle crie aussi, souhaiterait partager la moindre goutte de sang perdu.
Tout leur chaos.
Voudrait lui murmurer que tout va bien ; s'en sortiront comme elles l'ont toujours fait. Peut-être lui avouer les mots gardés si précieusement depuis tant d'année. Mais déjà, le vent se lève ; tourbillons de sable où elle se retrouve trop vite harcelée. Tout juste le temps d'apercevoir Pandore être éjectée bien plus loin par l'immense créature. Alors la fossoyeuse crie son nom ; hurlement enseveli sous le sable qui lui colle à la peau, sous ses cheveux fouettant son visage avec force. Dans la tempête de sable qui le coupe maintenant du monde. Ne voit plus Pandore. Ne voit plus rien du tout. Forcée de fermer les yeux, de se cacher sous son t-shirt pour respirer encore un instant. Ne pense qu'à Pandore et ses blessures ; en oublie les siennes, fouettés par le vent.
Avance sans savoir où aller, balayée par la fureur du vent et la colère du sable.

Altagracia sent ses forces la quitter peu à peu tandis que la bête perd son ouïe. Le monstre est déstabilisé un moment sous les attaques ; probablement pas assez. Ouvre la bouche pour ordonner à Astrée de ne pas rester aussi proche mais déjà, l’adolescente se fait éjecter dans un geste qu’elle n’avait pas vu venir. Alors la cubaine jure, maudit ces monstres et Tatsuya pour ses idées plus que bancales. Occupée à chercher Astrée du regard, la brune se voit soudain recouverte de sable. Balayée par la force du monstre aux côtés d’Alexander et de deux autres personnes qu’elle ne reconnaît pas. Déjà, le sable comprime ses membres, brûle sa gorge et irrite ses yeux. Lui fait perdre l’emprise de son pouvoir. Ne peut plus bouger. Ne peut plus respirer. Arrive à extirper ses bras et le haut de son buste. De son pouvoir de télépathe, la détective sent soudain une pensée qui lui est adressée. Se concentre un instant, oubliant tout le sable qui l’enseveli. Reconnaît instantanément la voix de Meish en une fugace pensée. Quelques mots brouillons concernant ses araignées qu’elle ne pourrait plus cacher. Et de portes de la Mort. S’insurge aussitôt, usant de son pouvoir pour répondre à ces quelques brides.
« Meish ne critiques pas mes araignées, je suis en situation critique ce n’est vraiment pas le moment ! » S’empêtre à nouveau dans le sable de part ses mouvements précipités. « Et ne me parle pas de mort, personne ne va mourir aujourd’hui. A part ce monstre dès que je serais sortie de ce putain de sable. »

Aucune réponse. Altagracia se tord le cou pour le chercher du regard, sans grand résultat dans cette pagaille qu’elle ne voit qu’à moitié. Dans un dernier effort, s’extirpe finalement entièrement pour rouler sur le dos et expirer de fatigue.
Elle n’aimait décidément pas le Désert.

Un cri de la générale des armées la fait se relever instantanément. Le combat n’est pas terminé. Elle se concentre donc une dernière fois pour enlever cette fois-ci partiellement la vue du monstre. Doute de pouvoir faire plus. Les autres allaient devoir l’achever rapidement.
Après, il serait temps de retrouver Meish, de renter à la Vallée et de faire de fabuleux cookies.
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Tu fatigues. Mais tu ne t’arrêtes pas. Tant que cette créature représentera un danger tu ne t’arrêteras pas. Tu persistes, encore et encore alors que ton corps est à bout de force. Ton illusion ne tient plus, la diversion se fait de moins en moins crédible, de moins en moins réelle, mais tu t’accroches. Tu essaies.

Soudain dans les cris, les pleurs et la panique tu entends la voix de Mariette. Instinctivement, tu tournes la tête pour la chercher du regard, sans te douter une seconde que cette minuscule inattention te coûteras cher. Et alors que tes yeux quittent la bête tu te fais frapper de plein fouet, te retrouvant projetée à plusieurs mètres.

Tu n’as rien vu venir. Tu es là, immobile, complètement sonnée. Tu vois flou. Ton corps refuse de bouger. Tu ne comprends pas ce qui t’arrives. Tu tentes de te redresser, naïvement, mais tu t’effondres aussitôt, crachant du sang alors que ton corps frappe de nouveau le sable.

Et tu sens impuissante, tu te sens prisonnière, incapable. Tu as envie de hurler, de crier ta détresse. Mais seules les larmes s’autorisent à se montrer. Tu as mal, terriblement mal. Mais la douleur que tu ressens n’est rien face à celle de l’impuissance. Alors tu rampes. Tu veux avancer. Tu dois avancer. Tu ne sens plus tes jambes. Tu souffres. Tu penses à tous ceux qui sont encore là, à tous ceux qui continuent de se battre. Ça te garde éveillée, ça devrait te maintenir éveillée. Mais chaque tentative ne fait que renforcer la douleur, ne fait que t’affaiblir davantage. Et tu supplies « Bouge, bouge, bouge » mais ton corps n’écoute pas. Il ne t’écoutera plus. Il est à bout de force. C’est déjà un miracle qu’il soit encore entier.

Tu te sens partir. Tu ne veux pas. Tu finis par hurler. Par hurler ta colère et ta douleur. Tu frappes du poing. Tu pleures, encore et encore. Et finalement tu tombes. Mais cette fois tu ne te relèves pas.

Le vacarme. Le chaos. Les cris. La mort.
Si tu avais réussi à amener une poignée de personnes vers les tentes où se réunissaient les quelques médecins qui bravaient la mort pour sauver ceux qui devaient l'être, tu n'étais pas en sécurité pour autant. Quand bien même tu étais relativement loin des créatures et de leur raid meurtrier tu n'étais pas en sécurité pour autant. Le combat faisait toujours rage non loin et si le chef de cette horde ne semblait pas apprécier les efforts conjoints des personnes ayant la possibilité de l'atteindre avec leurs attaques, nombreux étaient ceux à se faire repousser avec une violence indescriptible. Volant comme de véritables poupées de chiffons, tu voyais quelques corps inanimés être balancés au loin tandis que les rares encore en vie après l'impact de la bête massive laissaient entendre les râles de leur agonie et que leurs visages se déformaient de douleur et d'horreur.

Mais tu n'avais pas le loisir de te préoccuper de cet ennemi massif, du sable volait à présent dans toutes les directions et si la puissance des rafales de la tempête dans laquelle toi et quelques autres vous trouviez n'était pas aussi implacable que celle d'un véritable ouragan du désert, elle restait suffisante pour handicaper tes mouvements, ta vue et soulever tout ce ne donnait pas son maximum pour rester attacher au sable et à la roche.
Tout ce que tu peux faire c'est attraper un talisman que tu traines depuis longtemps maintenant. Priant pour que ses effets, temporaires et limités, suffisent à aider quelques personnes. Tu le brise et sens ce nouveau pouvoir s'éveiller, parcourant ton corps lentement.
Tu te dirige difficilement vers la chose la plus solide et lourde à ta portée à savoir un petit rocher, l'encercler d'un bras et étendis l'autre aussi loin que tu le pouvais avec ce don éphémère...
Trois mètres. Trois petits mètres. Trois petits mètres à peine droits car ton bras était emporté sur le côté, la faute appartenant à la force des rafales et ta pseudo maitrise.
Tu essayes de te faire entendre, criant aussi fort que possible aux quelques personnes que tu sais à quelques pas de toi, que tu es là et qu'il faut s'attraper les uns les autres, se tenir le plus proche du sol et... et tu souffre. Le sable balaye tellement la zone qu'il fouette ton bras. Ta bouche finit également par recevoir du sable et c'est pas forcément une bonne nouvelle puisque ça te coupe dans tes indications.
Tu sens que quelqu'un attrape ta main. Tu le tire aussi fort que possible. Tu ne sais pas qui c'est où combien de personne l'ont attrapé lui aussi, mais tu arrives à peine à le faire bouger.

Pestant contre ton impuissance face aux danger, à la tempête et à ton incapacité à aider les autres correctement, tu maudis cette journée et ce destin qui se joue une fois de plus de vous.


Résumé : Hee-Jun s'approche autant qu'il peut de l’hôpital de fortune et se fait prendre dans la tempête. Il utilise son talisman d'élasticité et allonge son bras pour attraper l'une des personnes qui le suivait tout en attrapant un rocher lourd proche de lui.