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Mouais, mouais, mouais. Plus les semaines passent, plus les choses à l'abattoir ont l'air de se compliquer. Si un semblant d'ordre y est revenu grâce à l'enquête (si on peut vraiment parler d'enquête) menée par la Vallée, l'ambiance y est franchement encore plus maussade qu'avant. De toutes façons, étant revenu de Célestia avec une très jolie plaie à la jambe (à croire qu'il les collectionne), Gégé a pu enfin poser ses très nombreux jours de congé accumulés pour partir vadrouiller ailleurs, là où ça sent moins les problèmes. Du moins il croit.
Plus question des mers du sud, adieu les journées passées à larver sur le sable chaud : le Désert lui a retiré ce privilège à lui et à tous ses confrères caeriens (Caer se fait de plus en plus petite dernièrement). Pour ses vacances, Gégé a songé à la capitale mais sa dernière virée à Caer Callabus s'est transformée en tel capharnaüm à cause d'une sombre histoire de merguez que l'ouvrier n'a plus vraiment envie d'y remettre les pieds avant un moment. Reste alors la jungle, territoire vierge que l'on vient de découvrir. Gégé a toujours préféré Star Wars à Indiana Jones mais pourquoi pas. Après tout, n'est-ce pas censé être un territoire de substitution pour les Sylvestres ?

Alors hop, direction la jungle. Pour l'occasion Gégé a même mis son beau chapeau et ses lunettes. Les chiens sont restés à la maison, chez un gentil voisin, ils viendront une fois que leur maitre se sera assuré que l'endroit est assez sécurisé pour eux (Mac serait bien du genre à vouloir se battre avec un crocodile et Hard Rock pourrait aisément se faire gober par un anaconda). Et puisqu'il ne peut pas roupiller tranquillement à la plage, le caerien décide d'opter pour une autre de ses activités favorites : la pêche ! Depuis la mort de Meish, il n'a pas ressorti son matériel, n'y remis les pieds au lac noir-luisant d'ailleurs. C'est l'occasion de tourner la page donc. Et puis les guides touristiques parlent tous de ce fameux marécage plein de créatures faciles à attraper, une aubaine pour les chevronnés comme lui.

Assis donc sur tronc d'arbre, clope au bec, seau déjà grouillant d'anguilles derrière lui, Gégé médite sur le sens de la vie ou plutôt laisse son cerveau se mettre en mode veille comme il mérite bien de le faire puisqu'il est en vacances. S'il a déjà eu plusieurs grosses prises, fixer le vide en regardant sa canne lui fait un bien fou. Il songe aux derniers événements, aux révélations du Manoir de Célestia, en espérant peut-être trouver une illumination au bout de son fil. On ne sait jamais.
Hélas, ce n'est pas un trait de génie que Gégé entrevoit mais une chose étrange, absurde, terrifiante qui émerge non loin de son coin de vase. Une forme humanoïde et sombre, recouverte d'algues qui perce à la surface de l'eau croupie.

▬ Un transcendé ?! Décidément il a bien fait de ne pas rameuter sa meute !

Lâchant sa canne (plouf) dans la panique, l'américain bondit sur ses deux pieds prêt à... prêt à rien en fait, hésite un moment entre partir en hurlant ou à vaillamment défendre son butin d'anguilles, puis finit par sortir son canif qu'il pointe vers le monstre.

▬ N'approchez pas, je suis armé ! Prévient-il la voix toute aussi tremblante que ses bras.

Ce n'est certainement pas comme ça que l'on chasse les créatures du marais mais Gégé aura au moins le mérite d'essayer.

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Un transcendé ? Tiens il y a de l'écho dans ce marais ? Non c'est la chose qui parle. Un transcendé perroquet ? Gégé lâche un hoquet surpris puis comprend enfin en plissant des yeux qu'il à faire à un collègue humain et non pas à vilain monstre. Dieu merci, pour une fois l'univers lui accorde un peu de répit.

Enfin façon de parler, l'inconnu tout recouvert de vase n'a pas l'air bien impressionné par ce grand brun et son petit couteau et s'approche - un peu trop au goût du fermier, pour tourner autour de son seau. L'américain range alors sa lame, dubitatif mais curieux, et toise l'énergumène en tenue de plongée, non sans faire un pas en arrière par peur qu'un geste brusque ne lui projette un peu de boue du marais.
Mais ses défenses sont bien rapidement mises à mal quand le plongeur se jette sur son seau et se saisit d'une de ses prises en lui expliquant que l'animal brille au fond de l'eau. Alors les yeux du pêcheur s'illuminent :

▬ C'est vrai ? Comme les poissons du lac noir-luisant ! Peut-être viennent-ils du même milieu ? On sait si peu de choses sur la faune et la flore d'Althéa, pourquoi est-ce que anguilles et poissons ne pourraient pas venir du même endroit ? Un sprotch ragoûtant l'arrête et en baissant les yeux, Gégé voit que ses chaussures sont pleines d'algues. Il a une grimace de dégoût puis se souvient que ses bottes en caoutchouc sont faites pour ça. Vous pouvez les prendre si vous voulez. Je vais les relâcher de toutes façons. Qu'est-ce qu'il ferait d'une armée d'anguilles ? Bon d'accord de base qu'est-ce qu'il fait à les entasser dans un seau ? Si depuis qu'il est végétarien il ne tue plus ce qu'il attrape, il ne s'est pas défait de toutes ses vieilles habitudes.

Son doigt pointe le tissu de sa combinaison :

▬ Vous n'avez pas peur des sangsues là-dedans ? Parce que ça lui parait pas bien épais comme protection et qu'il a vu dans les documentaires animaliers que ça passait même à travers les chaussettes ces saletés. Alors à Althea, il imagine même pas !

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Le labo ? Gégé penche la tête, intrigué. Est-ce un collègue chercheur de Gavrila ? À Caer ? Les Astres ne sont-ils pas interdits sur le territoire du royaume. Oh ce n'est pas lui qui va le dénoncer, il n'a que faire des querelles entre bleus et verts mais c'est tout de même assez peu ordinaire pour être souligné.

Puisque l'homme-grenouille ne se prive pas de le tutoyer et de se pencher sur ses prises, Gégé se permet également de se pencher sur lui, examinant avec un air songeur ladite combinaison. Wow c'est fou comme la technologie évolue vite, une combine anti-sangsues c'est dingue ! Peut-être aurait-il du s'en procurer une avant de venir ici ?
Ceci dit, il se recule vite avec une grimace en voyant l'autre retirer d'un geste nonchalant l'espèce de petite limace à dents collée dans sa nuque. Beurk, beurk, beurk, les anguilles okay, les trucs visqueux suceurs de sang, non merci !

▬ Wow euh... bin c'est une méthode comme une autre... Ça s'enlève vraiment aussi facilement que ça une sangsue ? Bear Grylls avec ses longs commentaires à la télé lui aurait-il menti ? Et quid des infections ? Ah attendez vous saignez, je dois avoir des bandages sur moi. Il fouille dans sa banane (oui Gégé a une banane comme tous les bons pêcheurs) et sort entre les clefs de sa bagnole et son paquet de clopes, un paquet de pansements avec des petits dessins de chiens dessus. Il a complètement oublié qu'on lui avait offert pour la blague et rougit un peu de proposer un truc clairement pour les enfants à un inconnu mais après tout, peut-être que s'il fait semblant de trouver ça parfaitement normal, le plongeur ne va rien dire ?

▬ Non c'est la première fois que je viens ici. Je ne sais pas si c'est très intéressant mais les anguilles ici n'ont vraiment pas peur de l'homme. Et elles mordent à tous les appâts, même les faux ! Répond-il alors essayant d'avoir l'air naturel avec sa paume tendue et ses bandages roses et bleues, motifs fesses de corgis.

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Ni une, ni deux, les anguilles sont ou fourrées dans une glacière ou relâchées dans l'eau vaseuse suite à un tri que Gégé n'est pas certain de comprendre. Il espère brièvement que son.a interlocuteur.rice ne vient pas de séparer un couple ou des familles parce que sinon ce serait un peu triste, puis réalise que dans le grand ordre des choses il y a bien plus inquiétant que le bien-être de deux-trois anguilles. Et puis, ce curieux personnage n'a pas l'air d'un scientifique fou qui s'amuse à disséquer les bestioles pour rien. Ces anguilles seront sûrement bien traitées.

▬ Ça peut oublier les hommes les animaux ? Ça a l'air pratique. Lui aussi parfois aimerait oublier la présence de ses comparses humains et vivre terré dans son coin de forêt. Mais il y a tant d'espèces animales à Althea qui ont l'air d'avoir été plus ou moins domestiquées. Ça voudrait dire que les gens ici ont disparu avant les autres alors. Ou alors peut-être que les cristaux y sont pour quelque chose ? Rien ne fait vraiment sens à Althea avec leur influence mais Gégé n'a pas de problème avec ça. Il n'a pas besoin de tout savoir ou de tout comprendre. Tant qu'il trouve son bonheur.

▬ Ah oui mes marmots... Commence-t-il à répéter les joues un peu rosies avant de se figer comme un lapin pris entre les phares d'une voiture quand on vient lui rendre ses pansements dans sa banane. Euh... bin de rien ?

Puisqu'il a perdu tout son butin et qu'il commence à avoir les lombaires qui tirent, Gégé entreprend alors de rassembler son matos. Sa canne à pêche passée sur son dos avec son gros sac contenant tous ses fils et ses appâts, il ramasse son seau désormais vide et pointe la glacière du.e la plongeur.se :

▬ Vous avez besoin d'aide pour transporter tout ça ? Il lui proposerait presque de le prendre en stop si besoin mais depuis la fois où Erina a crashé sa bagnole, il évite de faire monter n'importe qui dedans.

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Gégé n'est pas sûr de savoir comment interpréter le regard plein de malice de son.a interlocuteur.rice. Il lui fait vaguement penser à Columbus venant de découvrir un nouvel os. Mais le fermier lui répond tout de même de bon coeur. C'est drôle comme en Althea ce genre de questions est devenu banal. On ne se dit plus « Salut ça va ? » mais plutôt « Salut t'as quels cristaux ? ».

▬ Pacifisme, lumière, fermeture de l'esprit et euh... Il compte sur ses doigts et puis se souvient de sa dernière visite au marché noir. La première fois qu'il y a mis les pieds il s'y est senti comme un adolescent visitant le deep web sur l'ordinateur de ses parents avant de comprendre que finalement c'est une plateforme de commerce comme une autre. Avec un nom qui fait peur. Mais presque tout le monde utilise le marché noir maintenant. On arrête pas le marché libre. Annulation de dons. Et toi ?

Et Gégé est gentil (le genre bonne poire), il prend la glacière avec lui, s'apprête à s'engager sur le sentier qui mène là où il est garé et ce n'est que lorsqu'il se retourne pour répondre qu'il comprend que son vis-à-vis s'est mis.e à nu. Sbam ! La glacière retombe lourdement dans la boue et se déverse au sol, le fermier se jette alors à quatre pattes pour la redresser et rattraper les quelques anguilles qui y ont vu une aubaine inespérée pour se sauver. Hélas, plusieurs lui filent entre les doigts.

▬ Ah merdouille et fvdhusij... Le caerien étouffe un juron en se cachant derrière le conteneur, rouge comme une tomate et ayant perdu tous ses moyens. Je suis pas si vieux que ça d'abord... Chouine-t-il, accroupi les genoux et les doigts salis.

Sont bizarres les scientifiques d'Alexander quand même.