L’absence de réponse de la part de Donovan n’a rien d’étonnante, mais elle t’énerve quand même. Tu te demandes comment les hauts placés de la Vallée ont pu lui faire confiance et le laisser monter à la tête de votre pays. Tu te demandes ce que tu fais là en fait, comme Mackenzie l’a souligné, peut-être que vous devriez juste les laisser tomber. Ce n’est pas comme si on te faisait confiance ou si on te laissait te montrer utile. T’es la Cheffe de la sécurité, pas une historienne ou une scientifique. T’as pas ta place ici.
Tu serais certainement partie si ce n’était de la présence de Félix - et de la potentielle fin du monde. Tu t’es attachée, un peu malgré toi, à ellui et tu n’as pas confiance (du tout) en Donovan pour lo protéger si jamais un danger se levait.

Et danger il y aurait forcément. T’es plus énervée que surprise lorsqu’une voix inconnue se fait entendre. T’observes la scène en silence, ne pouvant t’empêcher de penser que c’est convenient. Des plans pour que Donovan s’en serve pour te prouver qu’il avait raison - ce dont tu doutes encore cela dit. Mais voilà qui met un terme à la possibilité de partir, même lorsque Mackenzie - voix de la raison qu’il est - parle de se téléporter hors de cette situation. Tu secoues la tête. « Je peux pas les laisser. » Enfin, tu parles bien de Félix et de l’autre avec les merguez là, mais c’est aussi ton devoir de protéger Donovan.

Tu regardes donc Mackenzie se sortir de là facilement avant de te lancer vers les transcendés. T'as ton arme, mais tu doutes que ce soit vraiment utile contre cinq transcendés d’un coup. De mémoire, Félix n’a pas de cristaux offensifs et tu doutes que les merguez soient d’une réelle utilité. Alors tu te sers du fil de fer que tu trimballes depuis que tu as le contrôle du métal. T’utilises ton cristal d’amplification pour te donner un meilleur contrôle avant d’essayer d’entourer les transcendés. « Ce serait le moment de se servir de la relique. » Qu’il se rende utile au moins. Ça rendrait sa présence presque tolérable.

Tout allait bien. Deux nouvelleaux intéressé.es par les merguez s’étaient exprimé.es, je répondis à Félix avec joie et je tendis la merguez vers le magicien allumé dont l'arrivée ne me surprenait pas trop vu les propos que notre hôte mettait en avant.

Mais même la meilleure merguez du monde finit par pourrir un jour.
Les tensions croissantes avec les gens autour ne me dérangeaient pas, tout bon commerçant sait comment ignorer les situations qui ne l'arrangent pas, c’est après la disparition de mon client à chapeau que l’horreur arriva. Cinq monstres, pas quatre ni six, CINQ monstres surgirent de nulle part, cinq étant mon chiffre interdit depuis l’incident des cinq merguez enflammées pendant ma jeunesse, ajoutant de l’impact à mon choc.

Des créatures j’en ai connu, mais celles-ci je ne les avais jamais transformées en merguez et je n’oserais même pas.
Mon premier réflexe fut inacceptable, un sacrilège qui n’aurait jamais dû exister : Je jetai mon sac de merguez vers les cinq abominations, me rendant compte seulement après de mon action.

"Rendez-moi mes merguez !” criai-je avant même que le sac atteigne sa cible et que je m’immobilise de peur devant ces événements inconnus.

Me trouvant entre la merguez et le mur, craignant la perte de mes merguez et la moindre attaque des monstres, je me retournais vite vers la personne émanant le plus de courage qui avait l’air de jouer avec un fil de fer et je suppliais avec de seyantes sueurs autour de mon visage : “Sauvez-nous !!”.

La technique fonctionne, en grande partie grâce à la relique que Donovan utilise. Il n’en avait pas le choix de toute façon, parce que si tu aurais peut-être pu affronter un ou deux transcendés, tu ne faisais pas le poids face à cinq. Tu soupires de soulagement lorsque tu les vois s’effondrer - sans trop te préoccuper du chef de la Vallée. « Ça va ? » Question un peu hypothétique considérant la panique qui s’est fait sentir quelques instants plus tôt, mais bon, c’est aussi ton rôle de t’en assurer. Et maintenant que tu t’es intéressée à tes deux comparses.
Peut-être qu’il est temps de t’occuper de ton patron.
Tu t’accroupis près de Donovan. « Ça se déclenche seulement lors de grosses utilisations ? » Tu te fiches un peu de son inconfort, il faut que tu comprennes, que tu saches ce que ça implique pour la suite. Tu attrapes sa main, celle qui tient la relique, et prends ton bâton en métal pour pousser la relique hors de sa main. Si elle est aussi brûlante qu’elle en a l’air, t’as pas envie de la toucher, mais que Donovan la garde dans sa main n’est pas une si bonne idée. « Qu’est-ce que ça implique de l’utiliser ? » Une part de toi aurait envie de le laisser là et de faire autre chose, mais malheureusement, t’as un peu trop de principe pour ça.

Ce pourquoi tu te tournes vers Félix, sachant qu’ille est généralement bien équipé‧e. « T’as quelque chose à lui donner ? » T’as une gourde avec de l’eau si besoin il y a - mais tu préférerais éviter d’avoir les microbes de Donovan sur tes choses. « Et une merguez peut-être ? » Tu te tournes vers votre autre compagnon. Arès tout ce serait sans doute la moindre des choses considérant que Donovan a été utile cette fois.

Il suffisait de quelques secondes avec les yeux fermés pour que les monstres disparaissent. Je pensais halluciner, “J’aurais trop abusé des merguez à l’herbe à chat ?...” me disai-je en ramassant mon sac de merguez sans trop faire attention aux formes à moitié cachées par des tapisseries tombées du mur.

La personne interpellée pour nous “sauver” me croyant fou questionnait ma santé mentale, je lui répondis pour démontrer le contraire.

“Tout va bien, ça ne pourrait pas aller mieux !” Criai-je avec les yeux bien ouverts et un grand sourire afin de faire comprendre que tous mes muscles faciaux étaient fonctionnels et bien connectés à un cerveau actif, un cerveau de génie.

Mais même avec une telle tête je n’avais pas vu notre employeur au sol, la relique exposée dans la main.
Les rouages de mes pensées changèrent vite de direction, "Laissez-moi vous aider !” disais-je en enchaînant un mouvement naturel afin de prendre la fameuse pierre pour finalement juste me brûler au contact de celle-ci.

“Nom d’une merguez brûlante !” Je regardais avec rage la relique qui fut aussitôt écartée par un bâton en métal me laissant moi et ma main, aussi brûlée qu’une merguez cramée, avec une sensation de défaite.

“Pas besoin d’eau, le jus de mes merguez suffira !” Hurlai-je de douleur tout en essayant de regagner mon honneur. Je pris une des merguez les plus revitalisantes de mon sac, la merguez de méduse. Peu de gens avaient goûté cette récente spécialité, mais lorsqu’ils le faisaient leurs réactions regorgeaient d’énergie.

“Tenez !” Criai-je à nouveau en donnant la merguez au soldat tombé. “Ça fera 19,99 !”

Tout le monde va bien, supposément. T’hoches la tête en direction de Félix, la seule personne dont tu te préoccupes dans cette histoire. T’es tout de suite plus exaspérée par le comportement de ton autre coéquipier dans ce malheur. « Peut-être éviter de toucher la relique brûlante. » Super. T’as quelqu’un d’autre à surveiller maintenant. Voilà ce que tu te dis avant de soupirer à nouveau devant la scène qui se déroule devant tes yeux.
Sans surprise, Donovan refuse la merguez - qui ne semblait pas particulièrement appétissante de toute façon. Tout en affirmant (mentant surtout) qu’il allait bien. Tu ne réponds rien te contentant de rouler les yeux. Ce qu’il dit par la suite fait presque du sens. Ça explique au moins son état à défaut de tout le reste.

Surtout vu ce qu’il affirme finalement. « Protéger Althea est une bonne cause. » Si c’est vraiment ce qu’il veut faire, parce que franchement qui voudrait l’empêcher de mourir d’épuisement pour ça - ou tout court. « Mais au final, si vous avez déjà une théorie, pourquoi sommes-nous ici ? » Tu n’aimes pas perdre ton temps, tu n’aimes pas qu’on te fasse perdre ton temps et t’as la fâcheuse impression que c’est ce qu’il tente de faire. N’aurais-tu pas été plus utile à tenter de récupérer les reliques ? T’es pas une spécialiste de l’histoire et à ta connaissance les deux autres ne le sont pas non plus. « De toute évidence, vous en savez beaucoup plus que nous sur l’histoire d’Althea. Et même si l’histoire est importante, il n’y a pas plus pressant à faire ? » La réponse est oui, peu importe ce qu’il te répondrait. Parce que vous pourriez décoder les tapisseries après avoir récupérer les reliques. Et s’il faut les trois reliques, vous auriez même pu vous contenter de protéger celle de Donovan.