Quand on t’a parlé de la potentielle fin du monde causée par le Maitre des Rêves, t’aurais pas pensé que ça impliquerait du temps de (mauvaise) qualité avec Donovan. Comme lui tu restes silencieuse pendant le trajet, daignant à peine hocher la tête lorsqu’il t’a demandé si tu étais prête. Oh, t’aurais pu le questionner sur ce qu’il savait, sur ce qu’il avait fait, mais rendu là, t’as aucune confiance en lui. Le fait qu’il se cramponne constamment à une petite bourse n’aidant certainement à ce niveau.
La seule bénédiction, c’est de retrouver des têtes familières une fois dans l’aile de ce qui doit être le quartier général de cette opération - peu importe ce que cette opération était. Félix est une surprise en soit, mais t’es bien contente de voir que Mackenzie a accepté de venir après que tu aies insisté lors de votre dernière conversation. C’était peut-être pas le comportement à avoir dans une opération que tu supposes secrète, mais tu préfères avoir quelqu’un de confiance à tes côtés. Tu salues Félix et l’inconnu avant de te poster près de Mackenzie à qui tu souffles : « Merci d’être là. » T’espères qu’il ne le regrettera pas.
Même si les affirmations de Donovan n’ont rien d’encourageantes ou convaincantes à tes yeux. Tu gardes tout de même le silence, plus par curiosité de voir le fameux contexte.

T’es surprise par ce que c’est. Des tapisseries pourries…
Et une relique.
Une putain de relique. « C’est pour ça que vous avez soudainement décidé de sauver Raeb ? » Parce que tu reconnais la pierre, parce que le comportement de Donovan a été louche dans cette histoire. Est-ce que c’est le moment de régler tes comptes avec quelqu’un qui est essentiellement ton supérieur ?
Non, probablement pas. Mais si c’est pour être le showdown final, t’as rien à perdre. « Parce que à ce compte-là, vous êtes aussi dangereux que le Maitre des Rêves. » Parce que Donovan est au minimum un meurtrier, de ça tu as des preuves, c’est plus que des paroles vides sur une supposées menaces.

Bon en attendant, tu vois pas tellement l’intérêt de dépoussiérer des vieilles toiles. Ne devrais-tu pas être en train de faire quelque chose de plus utile ? De plus à même de défendre ? C’est ça ton rôle après tout.
Mais soit, l’histoire d’Althea semblerait-il. Tu soupires, retenant ton envie de confronter Donovan plus que nécessaire. T’es pas suicidaire au point de te lancer contre une relique au pouvoir inconnu. Tu souffles à Mackenzie. « Il y a quelque chose qui cloche dans l’histoire. » Et pas celle d’Althea, même si tu te tournes les différentes tapisseries histoire d’obtempérer un minimum. T’essaies de voir s’il n’y en aurait pas une sur la Jungle, peut-être que tu pourrais y voir un indice.

Lire les grandes lignes de la vie c’est ma spécialité et une invitation du gouvernement n’en est pas l’exception. Il fallait que j’aille à Polaris, pas besoin d’en savoir plus car le pourquoi était évident.

J’arrivai un sac rempli de merguez à la main, je m’attendais à voir Tatsuya et le maire Han-Gyeol agenouillés, me suppliant de les pardonner d’avoir méprisé mes merguez. Mais la situation était loin d'être aussi plausible, je me retrouvai avec des inconnus parlant de “Maître de rêve” et de “reliques” et je ne sais quoi.
“Moi le maître des merguez j’ai mes précieuses reliques ici même dans ce sac.” Aurai-je aimé dire, or la situation n'avait pas l’air appropriée, la tension se sentait encore plus que mes merguez dégoulinantes du sac.

Je me contentais alors d’essayer de faire passer mes cartes de visites en guise de salutation et d’obéir à l’étrange ordre de fouiller des tapisseries, on aurait dit qu’on allait être payé avec des pierres précieuses après tout.
Voyant que je n’étais pas le seul à convoiter le contenu de la bourse, j’en profitai pour partager une petite préoccupation qui vint à moi avec toute cette histoire.

“Est-ce qu’on serait pas en train de cambrioler cet endroit ?” Demandai-je à la personne la plus proche de moi avant de poursuivre ma recherche.

En examinant chaque bout de tissus, je me rendis vite compte que je ne comprenais rien, surtout en regardant celui qui avait une grosse tache orangée en plein milieu, puis je compris enfin quelque chose, c'était du jus de merguez.
Paniqué, je regardais autour de moi si on m’avait vu et je jetais la tapisserie dans un coin de la chambre.

“Celui-là on peut même pas le lire !” M’écriai-je feignant être indigné.

“Ça sent la merguez au poisson tout ça”

Le plan avait été révélé et le nier le rendit encore plus évident. “Le musée d’accord mais encore une histoire de magie ?” Je commençais à regretter d’être venu, si c’était pour être avec des spiritualistes louches je serais resté avec mes clients à Caer avec leurs “cristaux-ci, magie-ça…” et tout leurs délires car eux, au moins, m'achetaient des merguez.

Mais c’est lors de la dernière phrase du fanatique que mon attention monta en fusée. “Égal à un dieu” ne parlait-il pas de moi ? Non, on ne se connaissait pas assez.

La moindre possibilité que ce qu’il disait soit vrai m'obsédait, si ces reliques avaient un tel pouvoir il me les fallait. Ainsi le “Roi des merguez” deviendrait enfin le “Dieu des merguez” !

Tout d’abord je devais gagner ses faveurs pour avoir la relique de sa bourse. J’inspectais chaque fibre des tapisseries, chaque recoin des murs pour enfin trouver au sol une étrange forme ondulée à forme changeante.

“Venez voir ! J’ai trouvé quelqu-”

Me rendant compte que la forme était orangeâtre et que l’endroit en question fut le dépôt de mon sac à merguez pendant quelques minutes, je décidai de changer intelligemment et élégamment de sujet.

“Euh, quelqu’un veut une merguez ?” Dis-je en levant le bras muni d’une merguez au chameau.

T’écoutes distraitement la réponse qu’offre Donovan à Félix. Ce n’est pas que ça ne t’intéresse pas, tu te demandes seulement ce qu’il vous cache, parce qu’il y a forcément quelque chose qui manque au portrait qu’il vous dresse. Depuis combien de temps connait-il l’existence des reliques ? Qu’est-ce qui s’est passé après la chute ? Tu gardes tes questions pour toi, n’ayant guère le temps de lancer de nouvelles accusations. Tu lances un regard exaspéré à Mackenzie lorsque le chef de la Vallée te prend en retrait pour… essentiellement te traiter comme une enfant. Comme si tu n’étais qu’une gamine qui faisait un caprice alors que tu soulèves le fait qu’il a laissé Raeb pourrir dans la jungle pendant des semaines pour venir le sauver lorsqu’il était question d’une relique. Relique qu’il a pris pour lui visiblement.

Agacée, tu lui réponds. « Il n’est pas question de nos relations. » Si c’était le cas, t’aurais essayé de lui mettre une droite depuis longtemps. « Je pense que vous allez mettre tout le monde en danger pour votre profit personnel, comme vous l’avez fait avec Raeb. Qui n’aurait pas envie de devenir un dieu après tout ? » Tu ne nies pas que le Maitre des Rêves est aussi un être abject, mais tu trouves qu’il y a plus qu’une personne à blâmer. Si les reliques sont si puissantes pourquoi n’étaient-elles pas mieux protégées ? Pourquoi personne n’a vraiment cherché à prévenir la population du danger que représente le Maitre des Rêves ? Pourquoi attendre à maintenant pour cette alliance ? Visiblement t’aurais pas de réponses à tes questions de toute façon.

Tu restes en retrait lorsqu’il retourne vers les tapisseries. « Mais soit, comme vous voulez. » Oh, tu ne te vois pas vraiment retourner au QG, pas avec la (deuxième) fin du monde qui arrive supposément, mais s’il n’es pas capable de donner d’autres explications que ‘le maitre des rêves est pire que moi’… eh bien tant pis. Tu reviens vers Mackenzie. « Ça t’inspire quelque chose ? » En désignant les tapisseries. Si ça se trouve, vos talents seraient plus utiles ailleurs.