et on pend comme des bouts de loques
au vent ; sur un pont aussi suspendu que les questions
qui déchirent les lèvres les yeux la

et ça tangue ça tangue
chaloupe comme un bateau en détresse
un radeau qui s’échoue dans la mer
mer de tous les flots que narcisse ne voit pas vraiment ;

l’apothicaire manque de tomber par-dessus bord ((ah adieu narcisse tu pensais
pouvoir t’en sortir ainsi peut-être que c’était finalement
ton destin de dormir au fond d’un ravin plein de plantes mortes)) qui t’attendent

cependant, la vie en décide apparemment autrement et
ça se débat ça tombe ((iel entend là
des battements d’ailes qui s’enfoncent dans la rumeur des échos
du ravin qui engloutit bien vite)) le son qui s’évanouit ;
les cris de la gamine qui ne supporte pas d’en voir un poil

les planches qui craquent la panique les essais
narcisse ne le voit pas ;

iel ne sait pas réellement ce qui se passe.

alors iel reprend son souffle se tient à la rambarde fragile,
une chance qu’être danseur.se lui assure un tant soit peu l’équilibre ;

ah, c’est vrai
tournoie autour
et lui demande lui murmure ((que c’est un peu le chaos
et que les planches ont cassé
et que des gens sont tombés)) ;

sauver sa peau ou celle du rouquin tombé par-dessus bord ?

narcisse soupire ; iel aurait fait un tout autre choix
si jill n’était pas derrière ellui et iel sentait
toute sa tension néfaste glisser sur sa nuque
dans le dos
c’est le mauvais élève qui n’aura jamais que le dernier tour pour voir les bêtises de ses camarades de classe.

iel a ces quelques gestes de main qui demandent à cette liane
de
foncer foncer courir
vers le bas pour tenter de rattraper le corps qui s’échoue

pense-t-iel au kakapo ?
peut-être, ce serait à la plante de faire le bon choix
pas le dixième,

iel se sait aussi démuni qu’un enfant dans les bois

alors il faut tenter comme le petit poucet et
((ça fait déjà cinq minutes cinq minutes narcisse))
annuler tous les mauvais sorts qui leur sont lancés ;

en convoquent bien d’autre pour
tout faire tout faire tout.e seul.e comme toujours

une liane pour tenter d’assommer d’un coup sec le primate
((est-ce que ça lui brisera la nuque ? ça, iel ne le savait pas non plus))

et dix autres pour tenter de tisser une toile sous leurs pieds ;
mais eux,
ont le néant qui mangent les blessures.

les mains ont lâché la rambarde
et tracent des arabesques dans les airs pour tenter de
réparer
tout ça
à se balancer sur le vide comme un cygne en perdition

et tout ça, par
pure générosité ;
((tic tac les minutes passent, il faut))

avancer ;
et iel s’échoue peu à peu sur le plancher
en conscience qui s’effiloche
chantonner pour aider,

c’est fatiguant, c’est fatiguant.

résumé : narcisse ne ressent que la panique et le pont qui tangue dangereusement, entend les craquements et les gens qui tombent. iel fait le choix d’essayer de sauver tout le monde, et fait des gestes de danse avec ses bras, en lançant la liane qui attendait rattraper léo. puis en fait foutu pour foutu, iel invoque dix autres lianes pour tenter d’assommer le primate (si ça ne le tue pas dsl félix) et faire un espèce de filet de secours sur le trou causé par les planches cassées afin de traverser. mais ça draine son énergie tout ça et iel est en train de perdre peu à peu connaissance sans s’en rendre compte.

comme un brouillard épais qui l’entoure,
muse hyaline
dans son étreinte pâteuse ;
ou celles qui s’étalent,
sans frontière
dans le recoin de son esprit

ça,
narcisse ne savait pas encore le distinguer ;

car c’est la lassitude qui engourdit les muscles
fait pendre les membres comme les bras des pantins désarticulés
((car en dansant,
on y perd ses os on y perd ses maux on y perd la grâce et puis))
c’est le chant du cygne la mort au cou
qui craque.

mais pas aujourd’hui
((les hurlements de macaque lui parviennent ;
mais de loin))
veut juste
s’étaler
par terre

dormir un peu ;
sur un champ de fleurs
dans la lumière qui se lève pour nimber les vivants
((mais pas ellui pas ellui))

ce ne sera pas pour maintenant ni aujourd’hui.

iel pense avoir réussi ; non, pas à récupérer leur feu camarade
((pourtant il n’y eut point d’os qui craque de chair flasque en bas de la cavale)) ah
s’était-il envolé vers un autre monde comme un angelot flamboyant ?

narcisse ne sait pas narcisse n’y pense même plus ;

que les bras de jill (ah jill ?) c’est
étonnant
(oui c’est vrai il est maintenant possible de traverser traverser
de l’autre côté de l’océan terrible) et
c’est un peu flou un peu lointain un peu
sucré
((sucré ??))
fronce un peu le nez ;

iels traversent le pont et ses pieds se traînent
son souffle s’accélère en tentant de suivre le rythme que madame
la cheffe de la milice
lui impose mais

la surprise a un léger haussement de sourcil ;
toujours capable d’ironie même à moitié endormi.e

d’un bras à l’autre
l’apothicaire se ballotte ;
c’est dans les bras de félix qu’iel se retrouve maintenant
((iel ne demandait qu’un peu tout petit peu de repos))

mais les paroles de lo biologiste l’interpellent oh ?
si ça brille

« j’aimerais admirer d’un peu plus près ((encore plus près)). »

à défaut cependant, car on va à droite
et
ce n’est pas la bonne

iel veut voir iel veut voir les trésors qui sont interdits
à ses yeux

« oh félix,
je me permets un instant. »

c’était un emprunt comme une dette qui s’accumule pour assouvir une curiosité
qui se presse à ses sens ;
un peu de ses couleurs c’est ((joli quand ça brille))
et il n’y a qu’un flash rapide

l’étoile se détache de félix encore plus près ((ah encore s’il vous plaît)) mais comme
tantale condamné.e n’aura jamais son eau ni son pain
douce folie sans hérésie.

le regard s’évade,
car il suit le mouvement de sa main ((non pas à ellui à félix pas narcisse)) qui s’empare
d’un truc tout collaant une

narcisse soupire,
ses amies qui elles,
lui manquent un peu ((lui manquent un peu)).

au regret de tourner le dos aux écailles-qui-brillent,
iel prend le bras de félix pour lui soigner les morsures et griffures infligées par les macaques.

« tu saignes un peu. »

comme une réponse à une question qui ne s’est pas posée
et qui ne sonnera jamais ;
iel ne savait pas, iel le faisait simplement.

résumé : narcisse dizzy après avoir usé de son cristal de plantes, aimerait aller vers les écailles qu’iel voit ((et ça lae fascine)) après avoir encore emprunté la vue de félix. mais il faut suivre le chemin parce qu’iel serait incapable d’y aller seul.e et aveugle ; iel soigne les morsures et griffures de macaque sur le bras de félix.