D’une façon ou d’une autre, vous réussissez à maitriser les soldats kiwis. Tu ne sais pas ce qui fonctionne exactement, mais la voix se fait entendre pour vous indiquez que vous êtes arrivez à bon port. Toi qui aurait voulu t’entretenir avec Alexander pour mille et une raisons, tu n’aurais jamais cru le faire dans de telles circonstances. Surtout considérant le comité d’accueil que vous découvrez de l’autre côté de la porte. Tu retiens une grimace lorsque vous êtes qualifiés des renforts, puis de bonnes. Il faut dire que ta patience est quelque peu éreintée entre votre situation qui ne s’améliore jamais complètement et l’usage de ton don de pacifisme.  Germain réagit avant toi cela dit et tu ne peux que croiser les bras en signe de mécontentements.

Et puis il y a Fred qui, magiquement, vous donne l’information demandée. La chambre 3, tu le notes sans pour autant chercher à partager l’information. Leur dire reviendrait très certainement à condamner le roi, comme Germain le souligne vos dons de pacifisme ne suffiraient probablement pas. « Pas assez longtemps surtout. » Et dans une autre vie, t’aurais peut-être eu la confiance nécessaire pour vous défendre de façon traditionnelle, mais face à des dons inconnus, tu sais que ce  serait inutile. Il vous faut un plan… C’est encore une fois Germain qui prend les devants (quelle mouche l’a piqué celui-là ?). T’as pas le temps de protester, de lui dire que c’est une mauvaise idée, qu’ii hausse la voix et s’adresse au groupe.

Que faire ?
Tu pourrais le contredire, dévoiler la vérité, mais ça ne vous aiderait très certainement pas. Déjà parce qu’ils ne seraient sans doute pas content que Germain leur ait menti, mais aussi parce que tu ne veux pas assister à une exécution. Le détrôner oui, pas le tuer. Tu soupires. « On va s’assurer qu’il n’y a pas de mauvaise surprise dans les autres chambres. » Tu doutes qu’il y en ait, tu doutes qu’ils te croiraient vraiment. C’est pour ça que t’insistes un peu. « Après ce qu’il y avait dans cet ascenseur, on est jamais trop prudent. » Et sans vraiment attendre d’autorisation, t’attrapes Fred et fais signe à Calliopée de te suivre. Tu te dis que tu pourrais le contenir avec ton don si besoin il y a et comme ça, Fred et son drôle d’état ne pourrait pas dévoiler le subterfuge. Est-ce que tu sais ce que tu ferais une fois devant le roi ? Non. Mais ça n’empêche pas que tu prennes la direction de la chambre 3. Vaut mieux toi que des gens qui veulent sa tête dans le sens littéral de la chose.

Tu pensais pouvoir gérer Fred et Calliopée, peut-être que tu les as un peu trop sous-estimer, peut-être que tu t’es surestimée. Quoi qu’il en soit, c’est l’intervention de Margot qui vient sauver la donne et tu regardes avec horreur le poignard se planter dans son bras. Une part de toi a envie de faire remarquer que tuer un homme ne sera jamais comparable avec ce que le roi de Caer Hrid a fait, mais tu te tais. Ce n’est pas le moment et la dernière chose que tu veux, c’est encourager Fred à retenter son attaque. Ça ne t’empêche certainement pas de rouler les yeux aux mots d’Alexander. Même dans cet état, il trouve le moyen de sonner condescendant à tes oreilles. Tu tiques tout de même à l’idée qu’il soit en train de mourir. Serait-il malade ? Est-ce la transcendance ? Mille et une questions se bousculent dans ton esprit, mais tu n’as pas le temps de les poser que du raffut se fait entendre dans les couloirs. Est-ce Germain ? Tu te demandes si tu ne devrais pas aller l’aider.

Mais tu ne fais rien. Parce que le roi vous parle de sa soeur, la Générale, et vous donne une porte de sortie. « Margot, vous devriez partir avec Fred. » Tu ne penses pas que ce sera si simple, mais tu sais qu’elle a le coeur à la bonne place. Puis elle est blessée ce n’est pas le moment de la laisser se faire mettre en prison. « Vous aussi Calliopée, je doute qu’une arrestation fasse du bien à votre carrière. » À la tienne non plus en soit, mais t’as beaucoup de chose de dire à ce supposé-roi. Tout autant de choses à dire à la Générale qui a décidé de défendre un criminel plutôt que d’aider le peuple.

C’est pour ça que tu te tournes vers lui, bras croisés. « Et vous alors, de quel droit vous terrez vous dans votre chambre après ce que vous avez fait ? De quel droit vous êtes vous couronner roi après avoir causé le Kamikakushi ? Vous n’êtes qu’un lâche qui se cache derrière une mort prochaine sans même penser à ceux qui souffre à l’extérieur. » Tu sens la tempête dans ton coeur s’emballer. Il faut dire que ton don de pacifisme te met souvent à fleur de peau. « Et maintenant vous osez nous faire la morale. Je ne suis pas ici pour vous tuer, mais vous devez faire face à la justice. Abdiquez et répondez de vos crimes. Laissez le peuple décider pour eux-mêmes, vous n’avez aucun droit à la couronne. » Et puis pourquoi pas pousser Caer Hrid vers la démocratie. Ce serait ça qu’il devrait faire avec le peu de vie qu’il lui reste. En attendant, toi t’es prête à défendre tes convictions, prête à utiliser ton don de pacifisme pour empêcher des horreurs de se produire à nouveau.

T’aimerais avoir la satisfaction d’avoir raison, ça aurait été quelque chose à quoi te rattacher, mais non. Parce que malgré l’affirmation initiale d’Alexander, rien de ce qu’il ajoute n’est satisfaisant. Tu n’es pas convaincue par ses mots, dégoûtée du fait qu’il estime que la mort de tous ces gens n’auraient été qu’un mauvais souvenir dans l’hypothèse - jamais réalisée - où il les auraient ressuscités. Tu fronces les sourcils, cherchant à retenir tout le venin qui vient te brûler les lèvres. Est-ce un débat inutile ? Est-ce un entêtement idiot de ta part que de vouloir lui crier que ça ne change rien ?

Peut-être.

T’as pas vraiment le temps de t’y attarder qu’un nouveau groupe fait irruption dans la pièce, à sa tête la Générale des armées. Peut-être est-ce ainsi que tu trouverais la mort, mais tu prends sur toi pour ne pas bouger. Tu n’as pas fini. Alexander non plus. Il ne t’apparait toujours pas convaincant, même lorsqu’il semble presque se ranger de ton avis, qu’il devrait abdiquer. T’as un espoir, pendant un bref instant, t’as cette espoir que Caer Hrid entrerait enfin dans la modernité.

Mais non.

Tu déchantes bien vite lorsqu’il continue. Un conseil de ministres ? Ses ministres. Sa soeur aussi. Tu ne retiens pas ton soupire. Tu ne doutes pas de leur dévotion pour le royaume (quoi que) mais qu’ils n’aient rien à voir avec le fait qu’il ait causé l’apocalypse ne t’infuse pas de sympathie à leur égard. Ils ont rien fait lorsque la vérité est sortie, lorsque le monde entier aurait du demander justice, lorsqu’ils auraient du s’assurer de la donner. Tu ricanes malgré toi lorsque la Générale accepte le poste. Personne ne semble se préoccuper de la légitimité d’un tel gouvernement, pas plus de celle de cette femme. Tu n’as aucun apriori la concernant - si ce n’est que l’histoire des Villas qui te revient en tête - mais tu trouves infâme qu’on puisse considérer qu’une militaire ait sa place dans un Conseil qui dirigerait un Royaume.

Et pourtant tu restes silencieuse, parce que les mots d’Alexander te prennent de cours. Il laisse à Germain le choix de prendre sa vie ? Tu regardes le monarque déchu, puis l’homme avec qui tu as vécu une partie de cette aventure. C’est la Générale qui prend la parole en premier et malgré toi tu dois te ranger de son avis. Une mort ainsi donnée serait trop facile. T’as encore bien des choses à lui dire à ce faux roi. Alors tu fais toi aussi appel au bon sens de Germain, t’approchant d’un pas de lui. Tu te mettrais entre la Générale et lui s’il le fallait. « Elle a raison, il doit faire face à la justice et réparer ses tords. Il ne peut pas s’en tirer si facilement. Tu n’es pas venu pour le tuer. » Après tout, n’est-ce pas lui qui voulait que tu convaincs la foule plus tôt.

C’est d’ailleurs ce que tu comptes tenter de faire. On te donne le droit de faire des dernières demandes avant l’arrestation, tu vas en profiter. « Mais il y a des tords à réparer. » Tu te tournes à nouveau vers Alexander. « Vous avez quand même tués tous ses gens, même si vous aviez réussi à les ressusciter, ils seraient morts par votre faute quand même. De quel droit avez-vous pris cette décision ? De quel droit avez vous condamner des gens au désert par la suite ? Vous avez tué avec chacune de vos décisions. » Tes mots s’enfilent alors que tu ramènes les Oubliés dans la conversation. De quel droit pouvait-il les juger ? De quel droit pouvait-il les abandonner ? «  Vous n’aviez pas la légitimité d’être roi, vous ne l’avez certainement pas pour décider de l’avenir du pays. C’est au peuple que cela devrait revenir. Et sans vouloir vexer personne ici. » Surtout pas celle qui pourrait certainement te tuer en moins de deux. « Ils ont décidé de vous défendre en sachant vos crimes, ils se sont retournés contre le peuple. Ils ne méritent pas plus de diriger Caer Hrid que vous. » La démocratie est la seule voie valable pour toi. Celle que tu sais qui ne sera sans doute pas retenue. Quitte à vivre dans une oligarchie, dans une telle farce, tu préférerais pratiquement être exilée au désert. Devrais-tu le demander ?