Par malheur, le sanglier les force à abandonner tout espoir de le pacifier en se dédoublant pour se ruer vers Germain avec la dernière brutalité. Si le fermier semble avoir réussi à se jeter sur le côté, Gavrila n’est pas certain qu’il s’en soit sorti tout à fait indemne et Donovan l’interrompt d’une nouvelle protestation avant même qu’il n’ait pu s’enquérir de son état. Impossible de poursuivre les soins jusqu’au bout, se résigne-t-il dans un claquement de langue. La situation achève de tourner au cauchemar lorsque le sanglier se quadruple. De toute évidence ils ont été trop tendres et il déteste l’idée que l’agressivité chronique de Donovan puisse bel et bien être la solution. Maintenant que Camillien et Solveig sont pris au piège, menacés de se faire faucher par une charge mortelle, leur tentative de rester les grands amis des animaux lui semble bien ridicule. Et lorsque Donovan insiste, qu’il pousse l’horreur jusqu’à poignarder l’un des marcassins, comme guidé par quelque instinct qui leur fait défaut, Perdition lui donne insolemment raison : le gros sanglier semble diminué, les invitant ouvertement à poursuivre le massacre. Gavrila serre la mâchoire de dépit face à la cruauté des règles du jeu ; mais soit, il sait gré à Thelma de prendre une initiative qui semble tout à fait contraire à ses convictions. Et lui ? L’injonction de Donovan lui arrache un soufflement de nez agacé : « Est-ce que j’ai l’air d’un foutu combattant ?! » s’impatiente-t-il en demeurant obstinément auprès de lui. Il ne l’abandonne pas, veut reprendre ses soins, têtu comme une mule ; mais avant ça, il dégage ses épaules de son sac de chirurgien dont les sangles d’ouverture se desserrent un peu. C’est à ce moment-là que son stéthoscope à double pavillon, enragé d’avoir été laissé pour compte jusqu’à maintenant, en profite pour s’extirper de sa prison. Raccordé aux préoccupations de son maître – qui lui en donne sans doute l’ordre, même inconsciemment –, il se jette avec la vélocité et la hargne d’un Face Hugger sur le dernier marcassin pour s’enrouler autour de lui dans une sauvage strangulation. Gavrila aurait volontiers essayé d’animer sa scie chirurgicale pour venir en aide à Solveig et la libérer des racines qui la retiennent, mais c’est un risque auquel il ne peut se résoudre dans un lieu aussi imprévisible que Perdition – il espère donc qu’elle trouvera un moyen de s’en sortir par elle-même ou, à défaut, que le reste du groupe parviendra à maîtriser le sanglier affaibli avant qu’il n’inflige plus de dégâts.

Résumé : Gavrila est atterré par la tournure de la situation mais refuse d’abandonner Donovan à son sort. Décidé à poursuivre ses soins, il se défait de son sac, libérant ainsi Furieux, son stéthoscope à double pavillon, qui se jette violemment sur le dernier marcassin pour un remake d’Alien, le huitième passager.

HRP : Je suis partie du principe que Germain a réussi à esquiver la charge du sanglier – au moins en partie, si jamais tu veux le blesser quand même. /paf

Si la charge furieuse d’un sanglier se voyait être un scénario prévisible, sa démultiplication quant à elle est tout autant imprévue qu’indésirable. Le don de Donovan – à défaut de l’homme – s’avère une gracieuseté passagère à l’assaut des racines qui mues de quelques volontés indésirables en nouent ses jambes ; bien que sous la chaleur qui en tourmente sa peau ses dents claquent d’agacement. A l’aune de toutes ces années d’acharnement Camillien exalte la discipline estampillée au moindre de ses pores, si tant est qu’il se conforme sans plus grande contestation – maudit soit l’insubordination qui grondait inlassable, tue sous le vif éclat de leur situation. Et silencieusement au creux fiévreux de ses pensées s’échoue la funeste idée que nulle pauvre âme n’aurait pu survivre de longs jours durant au sein de ce lieu si ce n’est en interminable agonie : la cruauté d’une telle réalité l’indispose un instant avant qu’elle ne se voie dispersée au gré du tumulte.

Non loin de lui il en avise Germain dont la sacro-sainte bénédiction pacifique vient à échoir à son rôle, et à la vue ses dents de descellent de leur carcan d’émail en avertissement précipité : Att— Mais ah Camillien loin d’être paladin ne peut empêcher l’offensive qui balaie le caerien et l’injonction qui en foudroie sa langue se voit avalée sous la virulence de l’impact. Merde. Le souffle meurt entre ses lèvres meurtries tandis que ses tempes battent toujours sous le coup de céphalées.
Du coin de l’œil, il s’assure qu’aucun de ses partenaires d’expédition ne vient d’y délaisser sa vie : mais bien que deux soient à terre, Thelma et le soigneur semblent s’investir maîtres du débordement, à défaut de l’existence des marcassins trépassée entre leurs mains –ou stéthoscope. A cette chtonienne vision, Camillien l’air de rien se recentre sur son propre enfer, un sarcasme au bout de lippes emplies d’aigreur : Et bien, si leurs corps ne disparaissent pas, au moins aurons-nous des vivres pour un moment. Tout autant consciencieux que pragmatique, il espère muettement ne jamais être confronté au soigneur ainsi qu’à toute atteinte de son équipement.

La précédente injonction de Thelma convient à Camillien qui en trace son chemin : déjà furieuse la lumière s’extirpe d’une de ses mains pour en aveugler la charge tandis que l’autre il en extrait des tréfonds de sa poche la miséricorde d’un talisman de télékinésie. Entre ses côtes son myocarde flanche crescendo, l’épinéphrine injectée en son sang en bienheureux ichor ; à mi-chemin entre le désespoir et l’exaltation, il essaye de renverser l’une des bêtes au joug moindre d’une impromptue psychokinèse.



Résumé : camillien grogne, camillien sarcasme, et camillien essaie d’aveugler les sangliers avec son cristal de lumière ainsi que d’utiliser son talisman de télékinésie dans la mesure où celui-ci peut s’avérer utile pour en balayer une (ou pas). Plus tard, il rejoindra le groupe de soutient aux traumatisés des médecins.

En perdition

 
Germain et Camillien ne parvenaient pas à calmer la bête ; pire, elle se dédoublait et s’apprêtait même à charger à nouveau. L’un des deux sangliers fixait la suédoise, qui comprit qu’elle serait la prochaine à subir un assaut.

« Attention ! Ils vont à nouveau nous charger… »

Elle s’apprêtait à bondir, à l’éloigner au maximum de sa portée. Mais ses jambes étaient entravées, prises dans des plantes qui se mirent à croître autour de ses jambes. Merde. Elle était bloquée, incapable de bouger. Elle savait que Perdition était une terre de danger, mais elle avait baissé sa garde. Elle paniquait, se débattait, sans crier d’abord. Mais ses gestes et son regard trahissaient sa peur, qui commençait à grandir en elle. Elle n’observait pas vraiment ses alliés, elle n’avait pas ce luxe. Elle remarqua que ses camarades avaient achevé les petits marcassins pour permettre d’affaiblir les plus gros. Elle vit aussi non loin Germain se prendre un coup de défense dans la cuisse. Merde Sa respiration s’accélérait, elle cherchait désespéramment dans sa poche  son petit canif, ou quoi que ce soit qui aurait pu trancher d’une manière ou d’une autre les plantes. Solveig pensa même à se transformer en volatile, mais malheureusement, le sanglier chargerait que son processus de  métamorphose ne serait pas complet.

« Aidez moi putain, aidez moi ! »

La suédoise criait, perdant son sang-froid. Cela ne lui arrivait jamais, mais la blonde n’était pas surhumaine. Elle craignait pour sa vie. Camilien tenta bien d’éblouir et de se ruer sur la bête, mais résignée Solveig préféra fermer ses paupières. Elle se recroquevilla sur elle-même, ses bras autour de son crâne, espérant de tout son cœur que ses coéquipiers avaient suffisamment affaiblis les créatures pour qu'elle puisse s'en sortir.

LS Halloween

HRP:

Interdit, Gavrila regarde le sanglier s’effondrer après avoir diminué de taille une ultime fois. Il s’étonne de ne pas entendre Donovan se réjouir, éructer quelque mot déplacé, mais contre toute attente, celui-ci paraît tout aussi affecté qu’eux par l’amertume de leur victoire. S’il se laisse approcher et toucher, ce n’est qu’avec réticence, cependant il se sent lui-même beaucoup trop las pour lui faire la moindre remarque – il aurait pourtant bien mérité de se faire rabrouer : n’aurait-il pas pu copier son pouvoir plus tôt ?! Du moins Germain semble-t-il tout à fait remis sur pied.

Se murant obstinément dans un silence un peu écœuré, Gavrila rappelle Furieux qui s’enroule capricieusement autour de son cou puis ramasse son sac pour se remettre en route, fermant la marche. Evidemment, Perdition ne leur laisse aucun répit. Bientôt, c’est une mer qui leur apparaît, prenant en pleine nuit l’apparence lugubre d’un nouvel Achéron. Il crispe la mâchoire avec appréhension en constatant que l’embarcation étiquetée « Perdition de l’âme » n’est plus à quai. Qu’est-ce que cela signifie ? Il ne peut s’empêcher de songer à Hee-Jun, espère de toutes ses forces qu’il aura très bientôt l’occasion de le traiter de con pour avoir consenti à monter sur cette satanée barque – car comment pourrait-il en être autrement ?

Après avoir inspiré profondément, il doit bien avoir la connerie, lui aussi, de s’embarquer pour une nouvelle mésaventure dont le début n’est pas bien difficile à prévoir. Très vite, Perdition leur fait le plaisir de les délester de leur corps – c’est-à-dire le plus grand bourreau qui soit –, et les miaulements de Donovan manquent de lui arracher un petit ricanement : « Vous avez peur qu’il ne reste rien de vous une fois votre corps complètement disparu ? Pas même un petit bout d’âme ? » En dépit des bêtises qu’il peut proférer, il a tout de même anticipé la directive de leur leader et achève de retenir Solveig d’une main, pour saisir l’avant-bras de Camillien de l’autre. Et maintenant ? « Je trouve ça inquiétant mais étrangement libérateur... Pas vous ? » En vérité, il se demande comment Perdition va les persécuter à travers leur surprenante intangibilité.

Résumé : Gavrila est amer mais il ferme la marche sans protester jusqu’à l’apparition de la plage. Très enthousiaste à l’idée de perdre son corps – non. –, il embarque avec les autres, agrippant Solveig et Camillien sitôt qu’ils commencent à devenir intangibles. Comme à son habitude, il oublie de paniquer et laisse échapper quelques conneries.