Gavrila n’a pas le temps de rétorquer à l’attention de Raeb que la toxicité potentielle vaut également pour la boue dont le groupe se badigeonne allègrement : il le fait très bien tout seul. Du reste, la perspective d’avoir affaire à une ourse et sa portée, sombre redite de sa première expédition à Perdition, ne l’enchante pas du tout. Le soigneur n’imite pas encore ses équipiers – n’en déplaise à leur cheffe de la sécurité – mais reste attentif à l’état de chacun d’eux, sous ses extérieurs sceptiques.

Sans rechigner cependant, il suit leur guide qui commence à leur tailler énergiquement un passage dans la végétation de plus en plus dense ; de plus en plus… étouffante ? Gavrila fronce les sourcils, s’immobilise un instant pour chercher dans son sac un outil susceptible d’aider Raeb dans sa tâche, mais n’a hélas pas le loisir de brandir sa bonne vieille scie chirurgicale bien longtemps : très vite, des lianes s’enroulent étroitement autour d’eux pour entraver leurs mouvements. « Fantastique. » grogne-t-il sans chercher à se débattre contre celles qui le tiennent prisonnier. Il n’a pas besoin de s’épuiser en vaines gesticulations pour utiliser son cristal d’Anima et contrôler sa scie chirurgicale – malgré le risque de provoquer un accident d’un tout autre genre. Il se concentre pour manipuler l’outil aussi prudemment que possible et s’ajouter aux efforts du clone que Jill vient de déployer afin d’aider Raeb à se libérer. « Bien sûr, raille-t-il sans méchanceté en s'adressant à ce dernier et comme pour se donner du courage par la légèreté d’une plaisanterie, elle ne vient pas du tout de vous glisser des mains aussi soudainement qu’une savonnette – mais nous vous attendons, Raeb, prenez tout votre temps. »

Résumé:

La jungle ne lui permet pas de se raccrocher à l’espoir de voir Raeb enfin libéré : malgré leurs efforts, elle se déchaîne à nouveau, avec plus de véhémence encore, comme irritée par leurs agressions. L’hypothèse d’un mécanisme de défense avancée par Félix semble tout à coup l’emporter, mais ils ne sont pas dans Harry Potter – Dieu merci, aurait-il songé s’il en avait eu le loisir – et il lui paraît bien difficile, maintenant, de faire en sorte que tout le monde se tienne tranquille. Sentant la nervosité le gagner, Gavrila préfère rompre brusquement l’Anima, pour ne pas risquer d’insuffler une vie chaotique à la scie chirurgicale qui pourrait aggraver les dégâts déjà causés. L’outil demeure inerte, prêt à être utilisé par quiconque s’en emparera. Le soigneur perçoit avec horreur le cheminement progressif des lianes sur lui, et même s'il essaie de toutes ses forces d’exécuter l’ordre de Jill et Félix, il remarque comme tout le monde la posture sacrément mauvaise d’Orion : « Le petit homme blond est en bonne voie pour y réussir mieux que nous, avec la grande diligence de ces lianes. » maugrée-t-il avant de prendre une dernière inspiration pour faire le mort – et des vacances à tout le monde. C’est ainsi qu’il assiste, impuissant, à l’accès de panique de Raphaëlle, qui s’élance avec l’énergie du désespoir à la rescousse de son camarade.

Résumé: